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Critique de Bibliozonard


"Une expérience terrifiante, mais magistrale."
Nicolas Ungemuth, le Figaro Magazine

« Monsieur Ungemuth avait raison. »
Chris Mo, le passe-temps blog :-)


L'auteur est né en 1948 en Virginie, il a grandi dans une famille populaire de la région, il a connu les années 1950 pleines de convenances, de cocktails à la mode, de discussions sur le passé américain, et les tendances de l'époque. Il a suivi son cursus universitaire dans cette ville, à Johns Hopkins à Baltimore. Il espérait devenir peintre ou acteur lorsqu'il vécut en Europe. Mais après son premier livre (Féroces), ses parents le déshéritèrent. Il est retourné aux États-Unis, à NY, juste après, il y a travaillé en tant que publicitaire, période pendant laquelle il poursuivait l'écriture. Depuis, sa plume a touché des millions de lecteurs, il a écrit deux autres livres qui eurent un succès considérable : « Une femme simple et honnête » paru en août 2009/pocket 2011 et « Arrive un vagabond » paru en août 2012/pocket 2013.

Le contenu du livre « Féroces » reprend — sans le nommé directement — une partie de ce qui est dit dans la présentation de l'auteur. Il n'y a pas que ça bien sûr.

C'est l'histoire d'une enfance détruite, d'une vie d'adulte explosé, d'un vécu déstabilisant – c'est le moins que l'on puisse dire. Tout s'y trouve pour écraser un individu. On présente l'image de parents exemplaires de prime abord, mais très vite on constatera leurs complètes absences, leurs défaitismes, des parents malheureux et alcooliques dans les ombres de vies emplies de popularité. L'auteur dévoile des secrets durs de cette période nauséeuse en famille. Les raisons sont multiples et inattendues. Graves et irréparables.

Adulte, Robert Goolrick, ne supporte plus d'être abandonné (entre autres, par sa maîtresse et son amant) ; cette déception est le déclencheur qui le pousse dans la dépression chronique, l'alcool, les médicaments et le comportement suicidaire avec auto mutilation compulsive. Il poursuit sa vie seule et devient un écrivain solitaire reconnu.

Après avoir lu cela, vous vous dites certainement que vous avez une sensation de déjà vu à propos du thème et que des comme lui, il en pleut des cordes.

J'étais bien parti pour affirmer la même phrase. Franchement, dès le départ je ne voyais pas où Monsieur Goolrick voulait en venir. Certes, j'y ressentais un récit autobiographique triste, mais cela ressemblait beaucoup plus dès les premières pages à une démonstration technique prétentieuse, d'un usage et d'une maitrise de l'écriture. Donc, oui, pour moi c'était de la frime.

En même temps, à contrario, on trouve aussi un style simple. L'auteur joue avec les deux genres. J'ai ressenti les quatre-vingts premières pages comme une espèce de préparation pour le lecteur.

Après, on s'engouffre dans des périodes hallucinantes (des phrases de plusieurs pages sans points finaux !), stupéfiantes ; sonnant comme une rage, un hurlement. À terme, le lecteur pourrait respirer après ces longues diatribes, mais c'est impossible, car dans ces passages qui pourraient ressembler à du verbiage, il y a des éléments qui se révèlent, frappent, choquent et amène le lecteur à comprendre la démarche de l'auteur et évidemment à continuer la lecture avec beaucoup d'impatience.

Rien ne devient futile. Il y a des répétitions de mots pour insister sur leurs importances dans un contexte donné. Il ya un jeu étonnant de séquences passées et présentes sans que l'auteur et le lecteur ne s'y perdent. Un exercice pointilleux sur les éléments lâchés à propos des personnages, leurs actions, les répercussions sur les uns et les autres.

Tout à sa place. Un résultat brillant, à la juste mesure amère et féroce.

Remarque

Je trouve que l'attitude des parents Goolrick est une variante de celle de « La famille Fang » de Kevin Wilson (presse de la cité 2013/Pocket 2014), en plus de jouer sur les apparences – même si les motivations des deux familles sont différentes. Ce que je pointe, ce sont les conséquences sur la vie des enfants. Ils suivent les parents plus par amour que par choix, ils en souffrent, ils sont déchirés par le basculement entre les apparences données en public et les vérités cachées. Perturbés par la relation parents-enfants. Une relation amour-haine de laquelle résulte un avenir difforme, incertains pour ces enfants qui n'arrivent pas à se débarrasser de cet état de dépendance familiale même si ça leur est néfaste. C'est un peu l'histoire de l'égoïsme parental ou de la soumission enfantine.
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