Goossens est, pour moi, le maître de l'humour décalé. Je sais qu'il y en a qui n'aime pas cette expression, personnellement, je l'entends dans le sens d'une inadaptation du ton au contenu, d'un parallèle ou d'un rapprochement absurde ou grotesque. Par exemple, quel rapport y-a-t'il entre le film “À l'heure zéro” (déjà parodié avec Y-a-t'il un pilote dans l'avion ?) et l'apprentissage du langage chez les enfants. Il n'y en a pas, pourtant cela ne pose pas de problème à René
Goossens, pour tenter de nous édifier, c'est bien le principe d'une encyclopédie. Alors ça part dans tous les sens, surtout ceux qu'on attend pas, c'est complètement loufoque, absurde, déjanté, il mélange allègrement les clichés du cinéma viril hollywoodien, les vieux intellos des émission de débats à la télévision, la recherche scientifique, les publicités, le bricolage et même la religion, tout ça dans un foutoir jubilatoire et hilarant. le burlesque, le cynisme, l'ironie et l'humour noir ne sont pas absent non plus. C'est bourré de références, mais utilisées de façon incongrues. On retrouve des cowboys dans une parodie de “La Rivière Rouge” avec John Wayne et de Lucky Luke, sauf qu'au lieu de convoyer un troupeau de vaches, c'est d'un troupeau de bébés, ou une parodie de “Le retour des morts-vivants” où les fayots se font attaquer par les cancres. Alors c'est un humour particulier, il faut aimer, et c'est mon cas. Tout ceci est appuyé par un graphisme naviguant entre réalisme et burlesque, tous les personnages sont laids, ridicules, affichent des expressions grotesques et parlent avec un sérieux et une gravité pour n'exprimer que des inepties. J'ai ri de la première à la dernière page, couverture comprise.
PS, il y a quelques bonus dans cette intégrale où on retrouve des variantes de planches entre l'édition dans le magazine
Fluide Glacial et les albums, et quelques planches sur le même thème issues d'autres albums (L'enfance d'Eisntein,
Passions)