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Pierre Boyer (Traducteur)
EAN : 9782264025883
335 pages
10-18 (17/06/1999)
3.61/5   9 notes
Résumé :
" Avec Personne pour m'accompagner, la romancière imagine la réflexion d'une femme sur sa propre identité et sur celle de son pays, une Afrique du Sud en pleine transition vers la démocratie.
Avocate vouée à la défense des droits de l'homme, Vera Stark a combattu l'apartheid autant que son métier le lui permettait, sans pour autant s'engager dans la lutte politique directe. Une fois passées les premières élections libres, une fois revenus les exilés et libéré... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
J'ai découvert Nadine Gordimer il y a longtemps, je crois par un article du Courrier International sur Ceux de July, un livre que j'avais trouvé intéressant bien que je ne m'en souvienne guère. C'est plus tard que j'ai vu qu'elle avait reçu le prix Nobel et que je me suis dit que je pourrais bien la relire. Au gré d'une vente d'occasion me voici avec ce livre, et c'est maintenant que j'écris cette note de lecture que je m'aperçois qu'elle est morte il y a seulement quelques mois et qu'il n'y aura donc plus de nouveaux livres de sa plume.

Pour un écrivain qui a combattu l'apartheid, la fin de ce régime a aussi été une remise en cause de ce qui faisait le terreau de son écriture, une perte de sa principale source d'inspiration. Ce livre marque ce moment pour Nadine Gordimer ; elle y évoque non plus la période de l'apartheid, mais cet entre-deux pendant lequel un nouveau système se met en place tandis que l'autre se défait peu à peu, du moins en surface. Pour aborder ce thème, elle se concentre sur le personnage de Véra Starck, une femme blanche dans la soixantaine, impliquée dans la lutte contre l'apartheid, mais pas jusqu'au point d'y sacrifier sa vie personnelle. Son pays est à un tournant, elle voit certains de ses amis noirs revenir d'exil, ses engagements prennent une autre direction. Et elle aussi est à un tournant de sa vie, faisant un bilan de sa vie de femme, voyant ses enfants construire à leur tour leur vie d'adulte, regardant avec lucidité ce que seront les années à venir pour elle.
J'ai aimé ce portrait de femme, bien que je sois encore bien loin de ces âges, mais peut-être l'apparition de quelques cheveux blancs et l'addition encore récente d'une génération de plus à la famille m'amènent-elles à me projeter plus dans ce futur où le passé est plus long que ce qui s'annonce devant. J'ai certes préféré, et de loin, Best love Rosie de Nuala O'Faolain, que j'ai lu il y a un peu moins d'un an, sur ce thème, mais Vera Starck, si elle m'est moins proche et si elle me paraît plus froide, plus cynique, plus égoïste surtout, m'a intéressée et j'ai aimé la suivre dans ces petits évènements de sa vie amoureuse et maritale, des évènements auxquels elle ne semble pas prendre part, qu'elle semble observer et, on finit par s'en apercevoir, qu'elle laisse arriver, si elle ne les provoque pas, tout à fait consciente de la signification de sa passivité apparente ou de son air de ne pas y toucher. Vera Starck n'est pas de ces personnes que j'aimerais compter parmi mes amis, mais sa capacité à assumer ce qu'elle est et à vivre selon ses envies forcent le respect.
Avec cela, je dois avouer que la transition politique en Afrique du Sud est un peu passée au second plan lors de ma lecture. Et peut-être aussi au second plan de l'écriture. Car « qui trop embrasse mal étreint » dit le proverbe, et il me semble que c'est un peu par là que pèche le livre. Entre réflexion sur l'âge mûr et transition politique, le livre s'éparpille un peu et, même s'il livre des informations et une vision intéressante sur cette période où la réalité de l'exercice du pouvoir commence à brouiller les lignes entre les bons et les méchants, il ne va peut-être pas assez loin dans l'analyse qu'il donne. Peut-être parce que Nadine Gordimer n'avait pas, en 1994 à la date de parution de ce livre, le recul suffisant pour faire de cette époque si récente une matière romanesque, peut-être parce que la vision qu'elle donne se trouve plus dans le parallèle entre un certain désenchantement d'une femme qui, du fait de son âge, perd ses illusions comme les militants des jours glorieux de la lutte anti-apartheid s'accommodent des réalités de la politique au quotidien.

En définitive, mais si ce livre a quelques défauts, il m'a permis de remettre les pieds sur le continent africain, moi qui lis bien peu de littérature africaine en comparaison de mes excursions sur d'autres continents. Je l'ai lu avec plaisir et intérêt et je sais que je continuerai, même si c'est à petites doses, à découvrir l'oeuvre de cette auteure qui n'a cessé d'entremêler dans ses récits son amour pour son pays et la dénonciation de ses dysfonctionnements.
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Ce n'est pas le meilleur roman de Nadine Gordimer, écrivain sud-africaine, prix Nobel de Littérature 1991.
Mais après deux recueils de nouvelles, j'avais envie de me plonger dans un texte plus long, plus étoffé, dans lequel on puisse s'évader et « habiter » le temps de la lecture.

Et ce fut le cas. Pendant quelques jours, j'ai partagé la vie de Mme Véra Stark, une avocate blanche en Afrique du Sud. Elle travaille pour une Fondation qui défend les personnes noires déplacées, avant et après l'Apartheid. Cette question des Homeland, township, fermes, squats, … ces batailles pour un bout de terre et une cabane en tôle est un combat récurrent dans le roman. J'ai trouvé cette question très bien traitée et intéressante.
En parallèle, on suit les relations de Mme Stark avec ses collègues et/ou amis noirs. C'est très bien décrit, très subtil, Nadine Gordimer ne fait pas d'amalgame et décrit très bien comment chacun voit l'autre.
Parmi ces amis, il y a un couple de militants, d'exilés, qui reviennent au pays après l'Apartheid. Quel est leur accueil au pays ? Sont-ils attendus ? Auront-ils une place parmi les décideurs politiques, anciens membres, comme eux, du Mouvement ? Et surtout, pourront-ils bénéficier d'un logement décent alors qu'ils ont sacrifié leur vie pour la cause ?
C'est un roman très riche, qui couvre beaucoup de sujets. Il aborde également la violence qui peut s'abattre aléatoirement, pour un vol de voiture ou d'une montre.
Enfin, Nadine Gordimer fait une très bonne étude de la psychologie de Vera Stark, une femme volontaire et autonome. Elle raconte sa vie amoureuse, sa relation avec son mari et ses enfants, ses infidélités, son incompréhension devant le choix de sa fille de vivre avec une femme. Là aussi, l'auteur couvre tout un panel d'évènements et de situations avec talent.
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On retrouve dans cette oeuvre Nadine Gordimer, avocate de formation, blanche de peau, activiste convaincue dans la lutte contre l'apartheid.
A travers ses personnages, on revit les grands moments de la lutte anti-raciale en Afrique du Sud dans la seconde moitié du 20e siècle ; sujet quelque peu oublié dans notre actualité.
Le livre évoque aussi les liens amicaux qui se sont tissés entre les "hommes de bonne volonté", Noirs ou Blancs qui ont permis de faire progresser une situation hautement dangereuse et insupportable.
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Un livre très intéressant sur l'après-apartheid, qui montre un certain désenchantement des anciens militants...
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Un livre très intéressant sur l'après-apartheid, qui montre un certain désenchantement des anciens militants...
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Les mots tombèrent de la bouche de Ben avec le bruit sec d’une arme dissimulée sur sa personne. – Je ne pourrais pas vivre sans toi. –
Un haut-le-corps de peur, de refus au fond d’elle-même.
Il se mit à ranger et à empiler les papiers disséminés comme des feuilles mortes sur la couverture qui épousait le contour des jambes de Vera. Devant le silence consterné de Vera, cette tâche ridicule à laquelle il s’appliquait, ramassant les papiers qui glissaient du sofa, classant des documents dont il ignorait l’ordre, confirmait le rejet.
Elle ne pouvait pas considérer que la scène de violence qui avait eu lieu au bord de la route révélait ce qu’elle était pour lui. Elle ne pouvait pas partager cette expérience avec lui à ces conditions-là. Elle n’était pas responsable de l’existence de Ben, non, non, l’amour n’implique pas un tel pacte ; non, non, ce n’était pas ce dont on était convenu dans la montagne, cela ne pouvait pas être, nulle part. Que faire de cet amour. Maintenant elle voyait de quoi il s’agissait, cette question soudaine et hors de propos, une sorte de détresse au fond d’elle-même, qui dernièrement s’emparait d’elle de temps à autre.
(p. 208-209, Chapitre 13, Partie 2, ‟Transit”).
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Vera lisait les journaux et des rapports, des livres blancs, elle était attirée vers les gens tiraillés entre leurs attachements personnels et ces autres tentacules, le besoin d’aller au-devant de la détresse des autres, de cet enchevêtrement de frustrations et de misères ; vers des femmes, des femmes comme elle, enlevées à l’humble bric-à-brac de leurs vies et déposées, manquant de tout, dans le veld, vers des hommes, des hommes comme le sien, expulsés d’une ville où ils auraient pu trouver un emploi, chassés des fermes où leurs pères avaient prodigué leur travail ; vers des enfants qui n’étaient pas comme les siens parce que pour eux il n’y avait pas d’enfance, des enfants qui mendiaient et se consolaient en reniflant de la colle dans la rue. Elle sut enfin ce qu’elle voulait. Elle décida de travailler à la Fondation, non pas en raison de cette culpabilité des Blancs qui alimentait les conversations, mais par besoin de prendre sa part, de faire contrepoids, avec les moyens qui étaient les siens, à son appartenance à une époque et à un lieu dont elle faisait partie, elle le comprenait, de par sa naissance, qu’elle le veuille ou non. Ce besoin avait dû grandir en elle sans qu’elle s’en rendît compte – comme une graine apportée dans une fiente d’oiseau et qui germe, bourgeonne, à côté d’un arbre d’ornement.
(p. 30-31, Chapitre 2, Partie I, ‟Bagages”).
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Une ivresse de solitude l'envahissait. Elle était liée à quelque chose d'autre: à une liberté; à une attirance entre elle et un homme qui ne s'acheminait nullement vers l'issue habituelle. Ben est persuadé que leur mariage a été un échec. Véra le considère comme une étape sur son chemin, parmi d'autres, nombreuses et diverses. En fin de compte, chacun avance seul vers son moi profond.
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Vidéo de Nadine Gordimer
Vendredi 18 septembre 2020 / 9 h 45
Jean Guiloineau part sur les traces des petits cailloux semés par Geneviève Brisac et qui font écho ou référence à l'oeuvre de Virginia Woolf. Lectures par Anne Mulpas, poète, performeuse et artiste multimédia.
Directeur de la revue Siècle 21, Littérature & société. Jean Guiloineau est aussi traducteur : Nelson Mandela, Toni Morrison, Nadine Gordimer, André Brink, etc.
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