Les enfants fichus

Donnez-moi un

A pour Alice qui alla là-bas
B pour Bartleby qui ne préféra - pas

C pour Cendrillon qui dansa si tard
D pour Don Juan qui charma, queutard

E pour Emma (B.) qui s'empoisonna
F pour Fridolin qui souvent rêva

G pour Gertrude qui picora trop
H pour Hippolyte qui n'est noyé tôt

I pour Isolde qui but son breuvage
J pour Jean-Jacques qui fut bon sauvage

K pour Karenine qui mena grand train
L pour Louis qui manqua d'entrain

M pour Marie qui porta l'enfant
N pour Nathan qui fut hésitant

O pour Ophélie qu'il abandonna
P pour Perceval qui ne se donna

Q pour Queenie qui coupa des têtes
R pour Romeo qui fut bel esthète

S pour Salomé qui eut mal aux pieds
T pour Tybalt qui se doit d'expier

U pour Ursula qui n'exista(it) pas
V pour Virgile qui vit les trépas

W : Wendy, jeune fille vieillie
XXXXXXXXXX

(B)loquée xxx

Voici un recueil bien particulier. Les Enfants Fichus est un ensemble de 26 doubles-pages composées d'un vers et d'une illustration prenant une page entière. Là encore pourrait s'arrêter la spécificité, laissant le tout calme et presque banal. Mais il n'en est rien : l'auteur nous présente, dans ce recueil, 26 morts d'enfants qui suivent un abécédaire très précisément respecté. le tout est assez noir, très sombre pour sûr. Cela peut mettre mal à l'aise certaines personnes, c'est certain, mais je pense honnêtement que l'intérêt du livre dépasse ces petits détails que sont les enfants morts. Il y a un esthétisme propre dans les dessins de Gorey qui présente une noirceur encore plus profonde que celle provoquée par la mort omniprésente. Les enfants se représentés habillés, marchant, semblant presque âgés, se rapprochant des dix ans, mais ils sont toujours représentés dans un environnement en proie au gigantisme, et semblent avalés, écrasés sous le poids du dessin et des décors. C'est assez étrange à voir, cette difformité qui tue plus les enfants que la mort elle-même. Chaque vers accompagnant chaque dessin est un alexandrin parfaitement maîtrisé offrant une nouvelle ouverture aux dessins – parfois nous ne comprenons pas que ceux-ci sont synonymes d'une mort certaine, mais les vers apportent la connaissance du phénomène. Il s'agit d'un petit objet d'art qui a inspiré nombre de personnalités connues de l'illustration gothique et morbide (entendez par là Tim Burton qui a ouvertement exprimé qu'il s'en était beaucoup inspiré pour ses films et ses ouvrages dessinés, et cette influence s'est tellement ressentie que parfois je me disais que Burton aurait faire lui-même ce recueil d'enfants), très connu aux Etats-Unis surtout, il est resté confidentiel en France et je trouve cela bien dommage. Ce petit ouvrage mérite bien plus de respect, bien plus de considération, des larmes ou encore de la peur.

Ainsi bonne découverte que ce recueil, le sanglant et la finesse de la mort omniprésente m'ont absolument fait chavirer le coeur. C'est d'une beauté froide et cruelle. On suit un abécédaire d'enfants, un abécédaire de mort, et c'est dans la complétion que tout se fait. Malgré leur jeune âge, leur mort ne pourrait avoir de meilleure représentation. le morbide est, ici, si envoutant. {20}
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Morbide à souhait! Ou comment se délecter de fins tragiques de petites têtes blondes ...sans ressentir une once de honte! (ou peut-être un peu)

Ce livre est en réalité un abécédaire de différentes morts d'enfants allant de A à Z.
Il est construit avec des vers qui riment deux à deux, des alexandrins. Ce livre sonne clairement comme une comptine d'enfant. Il est illustré.

Il s'agit d'un des premiers livres d'Edward Gorey qui est très connu aux USA, très peu en France. Ce livre a été traduit pour la première fois en 2011 alors qu'il est sorti pour la première fois en 1963… !

Tim Burton a avoué s'être inspiré d'Edward Gorey et lui a rendu hommage avec La triste fin du petit enfant huître et autres histoires.

Les illustrations sont singulières, l'ambiance est sombrement envoûtante. J'ai trouvé ça morbide mais très intéressant.

J'ai trouvé que la plupart des morts ne sont pas des craintes ou cauchemars qu'ont les enfants mais bien plutôt des angoisses paranoïaques habituelles des parents.

À la fin, on trouve une courte biographie de l'auteur que j'ai vraiment beaucoup apprécié. Cela explique pas mal de choses.

En conclusion, il s'agit d'un ouvrage très intéressant, noir à souhait. Il peut très bien occasionner une petite discussion sur la mort avec les enfants…
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Il y a une semaine, j'ai fait une très belle découverte à la librairie spécialisée jeunesse Libr'Enfant (à Tours), mon paradis livresque. Il s'agit d'un petit abécédaire tout en rimes, Les enfants fichus, écrit et illustré par Edward Gorey, célèbre illustrateur américain du XXème siècle. le livre date de 1963 et a été réédité en France par les éditions le Tripode en 2014. le style, à la fois macabre, grotesque et burlesque, a inspiré les créatures de Tim Burton, notamment son recueil de poèmes La triste fin du petit garçon huître et autres histoires, qui serait un hommage à Gorey. Cet abécédaire raconte la mort plutôt soudaine, inattendue, et parfois ridicule, de jeunes filles et garçons. Chaque page correspond à la première lettre d'un prénom ; chaque mort est décrite en un alexandrin, qui rime avec celui de la page suivante. Des illustrations singulières, une ambiance envoûtante, poétique : un petit trésor d'humour noir !
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