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Critique de djathi


Attachement féroce ( Vivian Gornick)
La couleur est annoncée d'emblée avec un titre pareil et le lecteur se met en condition pour se confronter de plein fouet à une histoire qui en appelle au couperet .
Quelle surprise alors , dès les premiers pages de ce récit autobiographique de découvrir une autre tonalité .
Déjà, il faudrait s'en référer au titre original , "Fierce attachements" : ainsi dilués dans le pluriel , ces mots correspondent plus justement au prisme de Vivian Gornick qui relate sa relation douloureuse , à la mère ,mais aussi par loi de cause à effet à l'amant , à l'ensemble du tissu sociétal dans lequel elle grandira , s'affirmera dans un mouvement d'adhérence et de recul qui rythme sa vie .
Ce fut pour Vivian Gornick , âgée de 52 alors en 1987, une première incursion dans le récit romanesque/autobigraphique , jusque là son travail d'écriture uniquement orienté vers sa carrière journalistique, publiant chroniques et reportages féministes dans Village voice .
Alors oui bien sûr , de férocités il en sera . Alors oui d'attachements il en sera aussi . Tout autant que de douceur et de liberté .Et c'est toute la richesse de ce témoignage cette ambivalence .Voire même cette équilibre , résultat que l'on devine d'une vie de tâtonnements . Pudique , elle glissera là-dessus ...Et puis le chemin intérieur ne s'emprisonne pas dans les mots , elle choisira de raconter plutôt ses promenades avec sa mère , et le flux et reflux de la mémoire qui accompagnent le mouvement de la marche .
Vivian Gornick déambule dans les rues New-yorkaises , au gré des envies et du temps qui passe , avec sa mère dans une atmosphère de road-movie planante . Et elle raconte , dans le lâcher-prise de l'instant et du caprice mémoriel , sa vie ...Par petites touches impressionnistes ,surgit de sa plume toute une époque , un contexte social , un univers codifié . Un monde de femmes . Juives . Au sommet trône La mère . Puissante , dévoreuse , castratrice , amour toxique ? Vivian Gornick a mis plus de trente ans avant d'écrire cet ouvrage : il en résulte une hauteur de vue , une forme d'acceptation , de douleur assumée qui dément en partie ces affirmations si faciles , réductrices et surtout profondément stériles ...
Alors oui , dans une ondulation toute féminine , mère et fille n'ont cessé d'arpenter les rues New-Yorkaises , libérant les souvenirs , chacune dans sa vérité et dans l'incapacité de trouver la jonction pour se rencontrer ....Mais elles marchent , côte à côte , inlassablement , tissées l'une dans l'autre . Et la vie n'en finit pas de passer . Les hommes passent aussi , mais sans existence réelle dans cet univers matriciel ....Alors oui , en ce sens on peut qualifier Vivian Gornick de féministe , bien que son regard délicatement détaché de la platitude du réel démentirait cette affirmation, car loin de toute force vindicatrice acharnée .
Subtile , caustique parfois dans la fulgurance d'une blessure dénudée abruptement , c'est dans une forme d'attachement détaché que ce récit autobiographie claque avec douleur et douceur pleinement vécues, sensualisées .
Un immense tour de force dans une veine qui n'est pas s'en rappeler , Virginia Woolf , Katherine Mansfield mais aussi Alice Munro .
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