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Critique de brigittelascombe


Mon couple est mort. Je la tue. Point. Simplissime. D'emblée les dés sont jetés. Anne Goscinny n'est pas Colombo (tête chercheuse d'indices et de mobiles), elle nous livre, clefs en mains, IL, "psychanalyste que tout Paris s'arrache" suspect numéro un dans le meurtre de son épouse.
C'est tellement simple qu'on en est dérouté.Lisez le rapport, nous incite-t-elle. Et tour à tour, défilent chaque personnage impliqué de près ou de loin (le psy chez lui ou à son travail,sa femme morte qui prend la parole, un petit voisin angoissé par son rat Jean Paul à la péritonite fulgurante,une patiente intrusive,un groupe d'amis vu lors d'une dernière invitation, sa mère et son propre thérapeute qui donne la valeur à l'attente sur le banc des soupirs.
Outre l'écriture alerte et sans fioritures, l'humour (la scène du rat élevé à la Dolto est hilarante) c'est la fine analyse des relations (le meilleur ami qui se fache de but en blanc sans tendre la main) qui est excellente.
Chaque mot pesé, calibré nous ouvre un monde. "Louis-Albert": Tiens le XVI°. "Yiddish":Tiens elle est Juive. "Chambre d'amis": Tiens: plus de sexualité. "Frère prêtre": Ah, des cathos.....
Et dans les coulisses de ce théatre, c'est la figure du père démythifié qui pointe son nez de soupirant désabusé.
Un grain de poussière introduit dans la machine bien huilée (une mèche "moins blonde,plus grise"),une désaccoutumance progressive,un transfert à double sens (très dur pour un thérapeute de garder sa carapace),un mot de trop (Jean Paul), une attitude excessive (un rat soigné comme un pacha),un prénom-fruit à la place d'un autre,un regard en moins et tout peut déraper....tout est en train de dérailler....tout est déjà foutu.
Le banc des soupirs, à l'instar du pont éponyme, moins simplissime qu'au prime abord démontre que sans amour on meurt même si l'on essaye d'en puiser dans les paradis illusionnaires de thérapeutes à cent euros la séance qui ne sont pas des dieux mais des simples hommes qui attendent un jour ou l'autre sur un banc que leur tour vienne.
Anne Goscinny, fille du célèbre dessinateur humoriste, critique littéraire, journaliste et auteur de plusieurs romans chez Grasset a obtenu le prix de la Wizo pour le père éternel.
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