Oumpah-Pah contre Foie-malade

Fort-Petit est en liesse. La tribu des shavashavah est venue se joindre aux soldats et aux officiers du roy pour fêter le retour de Oumpah-Pah et du chevalier Hubert de la Pâte Feuilletée.
Oumpah-Pah a ramené des chevaux d'Europe.
Hubert, lui, rapporte un message secret du roy...qui dit, en substance :
"Notre cher cousin, le roy des prussiens, et nous-même, avons décidé d'un commun accord de nous déclarer la guerre...Nos espions nous ont appris que notre cher cousin a envoyé une expédition dont la mission est de s'emparer de nos colonies d'Amérique.
Veuillez avoir la bonté d'empêcher cela. Merci".
Les soldats prussiens, après un duel d'artillerie qui tourne en leur défaveur, décident de "broboser" une alliance aux magnifiques "zoldats beaux-rouches" !
Devant le refus dédaigneux de Gros-bison, chef de la tribu shavashavah, de trahir ses amis de Fort-Petit, une alliance coûteuse est conclue avec Foie-Malade, le fourbe et cruel chef de la tribu des Yeux-Pochés....
L'année 1962 voit le retour dans "Tintin" d'Oumpah-Pah et de ses compagnons.
Cette cinquième aventure sera la dernière.
Elle est ma préférée.
Ce duel entre Français et prussiens, entre shavashavahs et Yeux-Pochés est une réussite.
René Goscinny et Albert Uderzo sont au sommet de leur art.
Le 18 janvier 1962, dans les kiosques, le 117ème numéro du journal "Pilote", avec en dernière page "Astérix chez les Goths", est posé à côté du 691ème numéro du journal "Tintin" qui annonce, grâce à une superbe couverture, le retour du fier guerrier peau-rouge.
La même fantaisie est distillée savamment dans ces deux bandes-dessinées.
Et le talent y est également partagé.

Cinq albums et puis ils s'en vont... déjà ! Voici donc la fin des aventures de l'intéressant duo formé par Oumpah-Pah et par Hubert de la pâte feuilletée. Les deux compères nous quittent après un album réussi. Les quelques pistes laissées n'y changeront rien, sinon à aggraver notre déception.

L'humour bon enfant est au rendez-vous. Il faut dire que pour l'occasion, René Goscinny fait appel aux Prussiens (ce qui offre le prétexte a de très nombreux jeux de mots) et à une nouvelle tribu indienne (Les yeux pochés… tout un programme) commandée par Foie-Malade (qui ressemble beaucoup à Louis de Funès avec des cheveux). Il y a donc de nombreux ingrédients et le nombre de gags prouve que le tour de main y est aussi : il n'en faut pas plus pour réussir une recette.

Le rythme est assez intense, sans temps mort. La préparation à la guerre, la bataille (fort originale au demeurant) et enfin la conclusion nous offrent des perceptives humoristiques évidentes. Comme dans les autres albums, l'humour et l'ironie jouent à plusieurs niveaux. Après la Seconde Guerre Mondiale, se moquer gentiment de l'art de la guerre de l'Ancien régime n'est pas neutre, tout comme de proposer certaines pistes de réflexion sur le poids des hommes dans l'histoire…

Ces thèmes inciteront une lecture intergénérationnelle, même si l'humour bon enfant reste le trait d'esprit prépondérant. le style qui a fait le succès de Alain Uderzo est à l'unisson. Assurément voici un album qui achève avec panache une série qui mérite que l'on s'intéresse à elle, avec de bons moments en famille à la clé !

Cette bande dessinée est la cinquième et dernière aventure d'Oumpah-Pah, qui ne fera plus qu'un clin d'oeil dans Les douze travaux d'Astérix. Et oui, c'est bien dommage, mais les lecteurs ne peuvent décider de l'inspiration ou des opportunités des créateurs.
Oumpah-Pah est de retour parmi les siens, mais la guerre qui s'est déclarée entre la France et la Prusse a des répercutions jusque dans les tribus indiennes : la Prusse a tout intérêt à trouver des alliés là-bas, contre les français et les Shavashavas. Cela donne des alliances, et des combats qui ne sont pas sans anticiper Astérix et son fameux village gaulois qui résiste encore et toujours à l'ennemi. de même, les talents de chanteur et de danseur d'un certain sorcier n'ont pas grand chose à envier à Assurantourix - si ce n'est que personne n'utilise les grands moyens pour le faire taire.
Aventure, oui, mais aussi allégorie de la fragilité des alliances et de la facilité avec laquelle les grands de ce monde jouent avec les destins de leurs sujets, et des répercussions, lointaines ou proches sur leur vie. le courage d'Oumpah-Pah n'est plus à démontrer, celui du gaffeur Hubert de la Pâte Feuilleté non plus, et ils le montrent assez dans cette ultime aventure. Place maintenant à Petit frère aux ailes qui bougent.