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EAN : 9782848766584
236 pages
Philippe Rey (15/03/2018)
3.95/5   432 notes
Résumé :
Ma mère se suicidait souvent.
Ainsi commence la confession d'un jeune adulte qui ne se remet pas de la séparation d'avec sa mère, survenue en bas âge. Ses propos vibrent d'une rage contre ceux qui la lui ont arrachée. Sa mère, devient sa véritable obsession, il pense l'avoir enfin localisée à Sherbrooke. Mais saura-t-il se faire accepter par celle qu’il a tant idéalisée ?
D'où vient que le récit de cet homme manipulateur, sans pitié, accro aux jeux et... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (58) Voir plus Ajouter une critique
3,95

sur 432 notes
De son enfance, il en garde des souvenirs plutôt marquants. Outre les multiples déménagements à travers le Québec, il a vu sa mère se suicider plusieurs fois. Plusieurs tentatives qui ont, à son grand soulagement, échoué mais qui, au final, l'auront séparé d'elle. La faute à ces services sociaux qui s'en sont mêlés et l'ont ainsi placé en famille d'accueil. Des familles d'accueil qui se sont succédé, lassées et désemparées, aucune n'étant visiblement dans la capacité de garder cet enfant turbulent, menteur, violent parfois, perturbé et perturbant. À 17 ans, on a jugé qu'il pouvait vivre seul, en appartement. Ne lui restait alors plus qu'à trouver un emploi. Peu actif dans ses recherches, lui n'a dorénavant qu'un seul objectif : retrouver sa mère...

Le narrateur, dont on ignore le prénom, au vu de son enfance difficile, avec peu de repères, peu d'amour et de considération, semble déconnecté de la vie en société. Petit délinquant, accro aux joints, au sexe, voleur, menteur, peu de choses l'intéressent. Il n'a qu'une seule obsession, retrouver sa mère à qui, il en est sûr, il doit manquer. C'est de son point de vue, avec l'utilisation du je, que l'on assiste à ses déboires, ses délires, ses transgressions, ses emportements, sa lente descente aux enfers. Lui, en revanche, ne voit pas et ne comprend pas la portée de ses actes, ses sentiments faussés tant sa logique est déformée et fantaisiste. Aussi, si l'on assiste à des scènes violentes, incompréhensibles ou crues, l'on sourit pourtant parfois face à ce comportement décalé et déconcertant. Pour autant, étonnamment, l'on s'attache à ce narrateur en manque d'amour, de repères, de balises, d'attention, de considération. Si l'écriture directe et sans filtre nous immerge, parfois avec effroi, dans la tête de ce jeune homme, David Goudreault ne manque pas d'humour et de causticité pour alléger le propos.
Un roman détonnant...
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"Ma mère se suicidait souvent. Elle a commencé toute jeune en amatrice." Quand un roman débute ainsi, on peut s'attendre à être remué, sinon heurté. Bang ! En pleine face. Pour "La bête à sa mère " de David Goudreault, le lecteur doit se compromettre. Aucune distance n'est possible. On ne fait pas dans la dentelle. Tout est bien trop "vrai". "La bête à sa mère" ou peut être "Anatomie du délinquant", est une malaisante critique. Une embarassante critique sociale mais tellement juste de notre hypocrisie commune, des trous de nos systèmes sociaux. C'est le parfait portrait d'un vaurien, un véritable "looser" et de sa longue descente (montée ? ) dans la déviance. Accroc aux amphétamines, à la porno, à l'alcool, au sexe, au jeu etc. c'est un homme seul. Malade, blessé à mort, en manque de tout, d'amour, de mère, de famille , il interprète constamment sa vie. Se la joue "cool" tout le temps. Ce qui est vraiment fou, c'est que rien dans ce roman ne nous est vraiment inconnu. Il suffisait de nous le dire crûment. L'écriture de David Goudreault est ryhtmée, ses mots sont durs mais justes , attention aucune rectitude politique permise ici, et surtout, ils résonnent longtemps dans notre tête. Définitivement moderne, d'actualité et légitime, on ne doit pas passer à côté de cette lecture. Un premier roman qui décoiffe , qui détonne.
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L'enfance de la bête, où comment on devient psychopathe…

Un bambin qui assiste aux tentatives de suicides de sa mère et qui à 4-5 ans devient celui qui appelle les urgences. Mais ensuite, les services de protection de l'enfance le séparent de sa mère. Il sera hébergé chez des familles d'accueil qui se lasseront vite de ce gamin perturbé. Et le garçon gardera un souvenir idéalisé de sa mère qu'il cherchera désespérément à retrouver.

Écrit au je, c'est du point de vue de l'esprit dérangé de la bête qu'on assiste à l'histoire. Sa logique complètement tordue est déconcertante, mais on se rappellera que l'auteur est travailleur social et s'est probablement inspiré des bizarreries des clients avec qui il a traité.

Pour faire passer l'horreur, des touches d'humour avec des citations complètement farfelues allègent le texte. Car la bête est aussi un lecteur. Il nous servira par exemple « Si la montagne ne vient pas à toi, va à la montagne » écrivait Laurence Darabie, une poétesse maghrébine. (p. 181)

Une écriture intelligente, mais un thème brutal, une trilogie à découvrir.
(et le deuxième de la série est encore meilleur…)
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La bête à sa mère ou le journal d'un jeune dégueulasse.
Le narrateur est un sociopathe narcissique, toxicomane, masturbateur compulsif, alcoolique, voleur… et j'en passe. Une vraie de vraie bombe à retardement, un narrateur se constituant une véritable bible de vengeance. Enlevé à sa mère suicidaire dès son plus jeune âge, commence alors pour lui la succession de familles d'accueil et de centre fermé. Son profil de dérangé se forge, se consolide. Il deviendra obsédé par le fait de retrouver sa mère. Sur les bons conseils d'une barmaid cocaïnomane, il se rendra à Sherbrooke, retrouver la femme qu'il croie être sa mère. Commence la traque et une lente descente aux enfers.
Une histoire sordide, crue, noire, gore… tout ce qu'il y a de mauvais chez l'être humain se retrouve dans ce court roman. Mais étrangement, j'ai aimé. Je l'ai littéralement dévoré et lu d'un trait. Goudreault écrit dur, mais écrit vrai. On lit le travailleur social en lui et il sait mettre en mot les profondeurs de l'âme. Mais vous ne sortirez pas indemnes de cette lecteur. Pas de zones grises, par contre. On aime ou on n'aime pas ; mais l'avantage à ça, c'est que ce roman ne laisse pas indifférent.
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C'est une amie qui m'a fait découvrir ce livre lors de la dernière Foire du livre à Bruxelles : un chat sur la couverture et des chats à l'intérieur, ça ne pouvait que m'attirer tout comme elle. Et puis j'ai entendu David Goudreault, en compagnie de Nicolas Dickner, Stéphane Larue et un quatrième dont j'ai oublié le nom, dans une rencontre du Festival America : quatre héros souffrant d'addictions diverses, quatre jeunes romanciers contemporains qui renouvellent vraiment le genre au Québec. Sachez aussi que David Goudreault est travailleur social mais aussi poète ; il anime des ateliers d'écriture dans des écoles et des prisons et il a remporté la Coupe du monde de slam à Paris. Lors du débat, parlant de son livre, il nous a prévenus : « la réalité dépasse la fiction ». Oufti, comme on dit à Liège (petite expression belge contre savoureux langage québécois) : je ne m'attendais pas à prendre pareille claque dans la figure !

La bête du titre, c'est le personnage principal qui nous raconte son histoire, dont nous ne connaîtrons jamais le nom : mère suicidaire, placé dans des familles d'accueil puis des centres fermés, très vite émancipé (à vrai dire pour se débarrasser de lui), il a appris sur le tas et est devenu un petit délinquant accro aux amphétamines et aux joints, au sexe (porno évidemment), masturbateur de compétition, avec un rapport… particulier aux animaux, entre autres exploits. Il ne manque pas de lettres (« c'est documenté »), il est sans cesse en train de chercher des coups (de plus en plus foireux) pour nourrir ses addictions (et se nourrir tout court) mais surtout il a gardé l'espoir de renouer avec sa mère. Il croit la retrouver à Sherbrooke, s'y installe, se fait engager à… la SPA et réfléchit à la meilleure manière d'approcher sa mère. « Les liens du sang sont plus forts que tout, c'est documenté. » (p. 71) de son point de vue personnel donc, nous assistons alors à ce qui est en réalité une descente aux enfers, alors qu'il se voit presque comme un bienfaiteur de l'humanité.

Il y a des pages de ce roman qui peuvent au minimum vous faire les yeux ronds, voire vous soulever de dégoût, et il me faut bien avouer que je me suis parfois demandé pourquoi je continuais à le lire. Mais comme je me souvenais de l'avertissement de l'auteur, je l'ai lu au trente-sixième degré, goûtant l'humour sans limite de David Goudreault et appréciant au passage la critique sociale que son personnage nous renvoie à la figure. Un personnage qu'on finit par trouver attachant, si si… Je suis curieuse de lire la suite c'est une trilogie), j'espère qu'elle monte en puissance.
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
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critiques presse (2)
Culturebox
12 avril 2018
Écrit dans un truculent français du Quebec, "La bête à sa mère" (Philippe Rey), premier roman de David Goudreault, embringue le lecteur dans une fuite en avant désespérée à bord du cerveau du narrateur, personnage écorché par la vie et complètement secoué.
Lire la critique sur le site : Culturebox
LaPresse
06 juin 2016
Le livre amène une prise de conscience, essentielle: on ne naît pas bête, on le devient.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Citations et extraits (68) Voir plus Ajouter une citation
Je me rappelle les anniversaires en centre fermé. Je recevais un cadeau orné d'un chou. (…) Une carte accompagnait aussi le cadeau. Les éducateurs y griffonnaient quelques mots porteurs de morale ou de renforcement positif. Passionné de lecture plus profonde, je me débarrassais rapidement de la carte pour déballer le cadeau, excité. Chaque fois, j'ai été déçu.
J'ai reçu des sous-vêtements, des montres, même des étuis à crayons. Que des choses pratiques. Ce ne sont pas des cadeaux, ça ! Les cadeaux, c'est le luxe, l'inattendu, le flafla. Ça ne sert à rien, un cadeau qui sert à quelque chose.
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J'ai glissé un chaton, puis deux sous ma chemise. Leur fourrure était douce. Il restait de la place et je suis parvenu à saisir Jean-Pierre. Laura est apparue avec la chatte à ce moment.
- Ha ha ! Qu'est-ce que tu fais ? (...)
- Je développe un système de chauffage à base de minous, tu veux essayer ?
- Tu me fais penser à Lenny.
- Qui ?
- Lenny, le personnage de Steinbeck, tu connais ?
- Ah oui, oui, je connais.
Je déteste les gens qui se croient supérieurs d'avoir vu un film avant les autres. Si elle voulait jouer les intellos, elle n'avait pas pigé le bon numéro. J'ai lu des dictionnaires, moi, madame !
- Tu as déjà lu L'Alchimiste, de Paulo Coelho ?
- Ouais, Paulo Coelho, évidemment, pourquoi ?
- Pour rien, c'est un bon livre philosophique, c'est tout.
Paf ! Aussitôt, j'ai senti que j'avais fait mon effet et remis les pendules à l'heure.
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Le soleil de midi est violent pour le peuple de l’ombre. Il faudrait noter cette réflexion, c’était un titre de recueil de poèmes, ça. Ça devrait être bien payant de publier de la poésie, c’est un genre noble. Ça devait aller chercher dans les six chiffres, un bon poète au Québec. Il devait aussi exister une grande fraternité entre les poètes, et plein de femmes qui veulent poser nues pour les inspirer. Oui, j’allais faire de la poésie, entre deux albums de rap. Avec les revenus des machines en plus, aucun doute, j’allais me faire des couilles en or et passer à l’histoire. Tant qu’à être au monde, autant le marquer.
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L'argent est la mère de tous les vices, c'est une sagesse millénaire. Les hypocrites qui affirment que ce n'est pas la chose la plus importante pour eux en ont juste assez pour faire semblant. Ce sont des résignés, des gagne-petit. Peu importe la devise, peu importe l'endroit sur la planète, on se vend, on se tue, on se prostitue et on accepte d'abandonner son corps, sa force et son temps pour de l'argent. Je ne suis peut-être pas meilleur que les autres, mais je suis plus conscient et ne me laisse pas noyer dans l'hypocrisie générale. Le temps, les amis et les amours passent, l'argent reste.
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Le besoin de parler est souvent plus fort que celui de bouder. Le bouddhisme et la bouderie nécessitent un silence et une concentration peu accessibles au commun des mortels. Reynald était très commun et très mortel.

(p. 160)
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Vidéo de David Goudreault
Le Salon dans tes oreilles - S1E38 - La fuite, un remède au mal-être?
Parfois, se retrouver implique de partir, de suspendre la course des jours et de s'offrir un nouvel angle de vue sur ce qui nous pèse. Ce mouvement nécessaire est au coeur du travail des trois auteurrices qui participent à cette table ronde.

Présenté par SALON DU LIVRE DE MONTRÉAL
Et ALTO ÉDITIONS DE LA PLEINE LUNE STANKÉ
Avec Hélène Dorion, Auteurrice David Goudreault, Auteurrice Valérie Garrel, Auteurrice Tristan Malavoy, Animateurrice
Livre(s) Pas même le bruit d'un fleuve Ta mort à moi Rien que le bruit assourdissant du silence
+ Lire la suite
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