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EAN : 9782914704519
291 pages
Jigal (24/09/2008)
4.07/5   14 notes
Résumé :
Qu'un légionnaire assassiné nous entraîne dans les méandres de la guerre d'Algérie... passe encore ! mais quand deux, trois puis quatre de ces mercenaires à la retraite sont retrouvés égorgés, difficile d'imaginer que d'autres guerres plus anciennes, l'Indochine ou la 2e guerre mondiale, puissent en être la cause !

Et pourtant... Des faubourg d'Alger au trésor des nazis, du delta du Mékong aux lacs autrichiens, de New York au camp des oubliés, Clovis,... >Voir plus
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"Les vrais durs meurent aussi" de Maurice Gouiran - La chronique qui ne fera pas de vieux os !

Le mistral souffle sur la Canebière, les olives se dégustent avec délectation, les boissons ont un goût anisé, les hommes qui ont soif parlent avé l'accent du Midi et les anciens légionnaires se font buter.

Nous allons donc suivre les investigations de Clovis - personnage récurrent de l'auteur - ancien journaliste, nouveau curieux, pour tenter de démêler les fils d'une intrigue qui, comme vous l'avez compris, dessoude salement du vieux légionnaire. Engagez-vous, rengagez-vous qui disaient. Ce n'est pas la meilleure façon de traiter le problème du financement des retraites, tout de même.
Maurice Gourian fait s'abattre la tempête sur la politique post-coloniale de la France en appuyant là où ça fait mal, les deux défaites de l'empire colonialiste français : l'Indochine et l'Algérie et sa gestion désastreuse des rapatriés.

Mélangeant la réalité à la fiction, on y apprend (moi, ne le savais pas) comment furent parqués, dans la ville de Sainte-Livrade, les exilés d'Indochine, notamment les réfugiés politiques aux yeux bridés. Les Harkis ne sont donc pas les seuls à avoir été bafoués par notre belle République. Ingrate et à la mémoire sélective.

L'avantage avec les lectures polardesques est que l'on apprend et se cultive toujours beaucoup et celui-là ne déroge pas à la règle.

Gouiran nous régale aussi d'une belle histoire d'amour contrariée, un torrent d'amour dévastateur entre le héros et sa donzelle, une belle au parfum de rose mais aux épines acérées. Ouch !

Maurice nous croque une bien belle galerie de personnages. Incarnés avec de la gouaille et tonitruants. Du genre a résonner longtemps dans la caboche.
"Les vrais durs meurent aussi", en plus d'un titre savoureux nous régale du "patois" marseillais (frappez-moi ou corrigez-moi, ami(e)s de La Provence, je ne connais pas son nom) des plus iconoclastes et à la langue bien pendue !

Donc, meurtres d'anciens légionnaires, relents de vengeance colonialiste et comme si ça ne suffisait pas, Maurice Gouiran nous ajoute une chasse au trésor palpitante d'un vieux magot nazi enfoui dans un lac. Belote, rebelote et dix de der ! Mais où s'arrêtera donc l'imagination de Maurice ?

Un Jigal ? Quel régal !

Lien : http://cestcontagieux.com/20..
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Nous sommes à Marseille, en plein mois d'août. Ambiance estivale dans la cité phocéenne, quelques effluves de bouillabaisse arrivent jusqu'à nos narines, mais aussi de maquereaux fraîchement pêchés, grillés au bord de la Méditerranée. Un vrai festival de senteurs. Il y aura par contre quelques zones d'ombre qui vont se placer dans ce décor pas si désagréable: des retraités de la Légion étrangère sont retrouvés morts, les uns après les autres, aux abords des routes, poignardés et mutilés, les testicules dans la bouche.

Soit-dit en passant, ces zones d'ombre ne restent jamais trop longtemps dans notre esprit, car l'auteur nous en envoie plein la gueule avec ses personnages d'une puissance remarquable au niveau du caractère! le langage, le franc-parler, ces piliers de bistrot qui se désaltèrent comme ils peuvent avec cette canicule, accompagnés de propos crus, honnêtes parfois, intègres souvent, mais toujours sans aucun détour.

Mais, si on connaît les romans de Maurice Gouiran, nous savons d'avance que nous allons mettre les pieds dans une merde monumentale, qui prend sa source dans le passé, un passé souvent très peu glorieux et limite dégueu. Cela sera le cas ici. Les couilles dans la bouche des victimes légionnaires nous donneront déjà une direction: la guerre d'Algérie. Mais pas seulement.

Nous allons suivre Clovis Narigou, ancien journaliste, un homme de la région que nous connaissons bien, à présent, à condition bien sûr d'avoir suivi les romans de cet auteur marseillais. Clovis, à la demande d'un vieil ami, - le vieux Biscottin -, va aller trainer et tendre l'oreille à gauche et à droite dans la région afin d'obtenir quelques informations sur un vieux Polonais qui aurait disparu depuis quelques temps. Ce Polonais, apeuré, se serait rendu chez le vieux pour lui remettre une boîte à chaussures en lui précisant qu'il était en danger. Ce Pollack, vous vous en doutez, est un retraité de la légion étrangère qui a oeuvré en Algérie et en Indochine. Fait-il partie des légionnaires assassinés?

L'enquête ne révélera pas grand-chose au grand public: eh oui, lorsque l'on touche à L Histoire, il y a des choses qu'on ne dit pas, qui restent tabous, et qu'on voudrait voir enterrées bien profond. Mais la merde, lorsqu'elle est bien épaisse, déborde de partout et devient difficile à cacher. Et bien évidemment, le temps ne suffit pas à effacer le passé. Honte nationale.

Revenons à notre enquête... Un homme enragé ne va justement pas vouloir laisser les choses entre les mains nouées du passé et va agir. Nous aurions presque envie de dire qu'il a de bonnes raisons de le faire, si on se laisse prendre par les émotions. Oui, car l'auteur va nous fournir un sacré paquet d'éléments issus du passé qui vont pas mal nous toucher. Des faits historiques, respectivement des actes malheureusement réels.

Clovis, par ses recherches pointues, ses investigations pertinentes, va ajouter un volet géographique à son enquête concernant le Polonais: le Vietnam, ou encore l'Indochine.

Cet aspect de ses investigations va l'amener au camp du Moulin-du-Lot, au sud-ouest, un camp de rapatriés d'Indochine. Cet endroit existe toujours, un parc à laissés-pour-compte, un lieu renié et quasiment oublié par l'Etat français. Une honte, y a pas photo (heureusement d'ailleurs).

Lors de cette enquête, nous en saurons également un peu plus sur quelques thèmes qui ont modelés L Histoire, à l'image de ces juifs qui devaient fabriquer des fausses livre-sterling et de faux dollars, durant la Seconde Guerre mondiale. Cette opération, appelée "Opération Bernhart", consistait à déstabiliser le marché anglais et américain, soit les adversaires du Reich.

Que vient faire une telle histoire dans notre histoire? Ah ça... Maurice Gouiran sait utiliser des pans de l'Histoire pour créer les siennes!

C'est en Autriche, vers la commune de Bad Ausse, dans la Styrie, que nous nous rendrons pour aller chercher les réponses dont nous avons besoin pour dénouer cette intrigue. Un paysage qui change radicalement par rapport à Marseille, la ville caniculaire que nous venons de quitter. Nous apprendrons, par le biais de divers récits, ce qui s'est tramé dans cette région montagneuse en 1945, en rapport avec le nazisme.

Un joli pied-de-nez dans ce dénouement; Maurice Gouiran met un terme à son histoire qui prend une dernière tournure intéressante.

L'histoire se terminera pour nous, lecteurs, mais connaissant l'auteur, L Histoire n'a de loin pas fini de faire couler encore pas mal d'encre sous sa plume qui déplume et décortique le passé.

Bonne lecture.
Lien : http://passion-romans.over-b..
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Des guerres, des légionnaires, des femmes, des enfants des souvenirs, ,une Marseille emblématique, un trésor et évidemment un héros altruiste, curieux et démerde... Secouons le tout avec méthode et nous obtenons ce roman plutôt bien troussé et agréable à lire.
L'enquête permet d'aborder divers sujets historiques francais dérangeants, les exactions de la guerre d'Algérie, le camps "de concentration" installé dans le Lot pour les indochinois ayant quitté leur pays pour suivre le colonisateur défait et vivant dans des conditions difficiles, et de manière anecdotique le trésor des nazis dans un lac autrichien.
une certaine truculence de Frédéric Dard transpire dans l'écriture de cette oeuvre qui se tient, et dont l'enchaînement de chapitres courts maintient un rythme inversement proportionnel à celui de la vie provençale des personnages secondaires.
La fin, optimiste, reste tout de même morale en phase avec celle de Clo, faux dilettante et vrai journaliste façonné par l'auteur peut-être à son image.
Un auteur régionaliste à suivre.
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Les vrais durs meurent aussi de Maurice Gouiran, Editions Jigal
A l'Estaque, près de Marseille, de drôles d'événements se produisent, des anciens légionnaires sont assassinés sur fond de vengeance de guerre d'Algérie. Clo, ex journaliste, mène l'enquête. Son ami, le vieux Biscotin, est jusqu'au cou dans les ennuis, le "Pollack", lui aussi ancien légionnaire, se sentant menacés, lui a confié des documents secrets et voilà que le vieux Biscottin est attaqué par des "chinetoques"! Que vient faire l'Indochine dans cette histoire, et la seconde guerre mondiale qui s'en mêle!
Voilà un polar qui sent bon mon chez moi, cela se passe à Marseille, je me suis retrouvée sur les lieux que je connais bien, le Centre Bourse, la rue Saint Fé, l'Estaque... avec le langage bien typique de la provence "degun", "le pastaga", "le ouaille", et bizarrement autant je n'aimais pas mon chez moi quand j'y habitais, autant là, j'étais tout émue de m'y retrouver, un peu comme quand je lisais du Pagnol. L'atmosphère de ma ville est si bien rendue, que ce polar est vite devenu un coup de coeur.
Et puis, l'histoire évoque la grande "Histoire", et surtout ma période préférée la seconde guerre mondiale et l'Indochine, nous perdant pour mon plus grand bonheur dans les méandres secrets de ces événements.
C'est aussi un polar qui veut rendre hommage aux rapatriés d'Indochine parce qu'il n'y a pas eu seulement ceux d'Algérie, à ces femmes indochinoises épousées dans la chaleur de Saigon et ramenées dans une terre qui ne voulait pas d'eux.

Un grand merci aux éditions Jigal pour cette découverte, ce fut vraiment une excellente surprise. Par contre j'ai un peu de mal avec la couverture du roman que je ne trouve pas très parlante.
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Clovis Narigou, le héros récurrent de Maurice Gouiran est à l'oeuvre dans ce roman sorti en grand format en 2008 et édité en poche cette année, toujours par Jigal. le principe de Maurice Gouiran est de plonger Clovis dans des histoires liées à la grande Histoire, celle du vingtième siècle. Ici, on parle beaucoup des guerres d'indépendance perdues par la France, Indochine et Algérie, dans lesquelles les légionnaires ont été particulièrement actifs. Pour les légionnaires, le corps auquel ils appartiennent passe avant tout ; ils viennent de divers horizons, ont des histoires dures et tout est oublié en entrant dans la Légion. Dès lors, on y retrouve des gens au passé trouble, surtout lorsqu'ils l'intègrent vers 1945. L'Indochine et particulièrement Dien Bien Phu furent mal vécus par les Français qui ont très rapidement été appelés en Algérie pour une guerre qui ne disait pas son nom et qui allait se révéler un même traumatisme pour eux et pour les Algériens. Maurice Gouiran parle de la torture que l'armée française a utilisée pour faire parler des indépendantistes algériens, du viol des femmes algériennes, tout cela pour garder un territoire qui devait rapporter, au moins aux colons ; ainsi parle Zouba, un ancien de l'Armée de Libération Nationale : "Mes grands-parents étaient autrefois agriculteurs dans la plaine. Ils vivaient modestement mais correctement de leur labeur, et puis les domaines de Européens se sont étalés peu à peu aux dépens des nôtres. Les colons nous ont chassés et sont devenus propriétaires de toute la plaine fertile. Alors nous avons dû quitter nos terres pour la montagne où nous avons créé des villages. Là-bas, c'était une autre vie, beaucoup plus difficile au milieu des terres arides." (p.59/60)

L'enquête de Clovis le mènera à Sainte-Livrade, dans le camp aménagé à la hâte pour accueillir en 1956 les Français d'Indochine. Plus de cinquante ans après, certains y vivent encore, totalement oubliés, qui ne rêvent selon Clovis que d'être traités comme les Harkis, ce qui en dit long sur leur misère puisqu'on sait que les Harkis ne sont pas particulièrement bien considérés par la France.

Ce que j'aime dans les romans de Maurice Gouiran, c'est qu'à chaque fois, j'apprends quelque chose, un pan oublié de l'histoire de notre pays ou d'autres nations (ce fut l'Espagne par exemple pour L'hiver des enfants volés). Et il fait cela très bien, en alliant enquête, Histoire, personnages marseillais typiques -avec leur parler qu'un mec du nord comme moi ne capte pas toujours, mais qui ne nuit pas à la bonne compréhension générale des dialogues- , un peu d'humour, de légèreté avec Alexandra, l'ex de Clovis qui revient le voir pour une quinzaine torride -je rassure les lecteurs chastes, tout est suggéré, rien n'est décrit, du tourisme à Marseille -d'ailleurs la pâtisserie tunisienne dans laquelle Clovis rencontre Zouba ressemble fort à l'une que nous avons fréquentée assidument lorsque nous étions dans cette ville en vacances il y a deux ou trois ans- et dans les environs, ... Avec tout cela on dans les mains un très bon polar, instructif et humaniste car, comme le dit Alexandra à Clovis -et je finirai là-dessus, car je partage son avis- : "Ce qui t'intéresse, bien plus que les faits, ce sont les hommes. Ça transpirait dans tous tes reportages et aujourd'hui tu prends à bras-le-corps des enquêtes et tu t'y investis jour et nuit alors qu'on ne te le demande pas forcément. Si encore c'était pour gagner quatre sous, mais même pas..." (p.236)
Lien : http://lyvres.over-blog.com
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Les femmes qui couchent avec les autres mais pas avec toi sont des salopes, contrairement à celles qui couchent avec tout le monde et avec toi sont des bonnardes et à celles qui ne couchent qu'avec toi qui sont de véritables saintes mais qui deviendront de grosses connasses dès que tu sauras qu'elles ont eu quelques faiblesses avec un de tes voisins.
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Mes grands-parents étaient autrefois agriculteurs dans la plaine. Ils vivaient modestement mais correctement de leur labeur, et puis les domaines de Européens se sont étalés peu à peu aux dépens des nôtres. Les colons nous ont chassés et sont devenus propriétaires de toute la plaine fertile. Alors nous avons dû quitter nos terres pour la montagne où nous avons créé des villages. Là-bas, c'était une autre vie, beaucoup plus difficile au milieu des terres arides. (p.59/60)
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Que Boualem ait voulu se venger, ça je le comprend, c'est humain et j'aurais sans doute fait la même chose. Mais ce que je n'admettrai jamais, c'est que des mecs confortablement installés dans leur salon, le ventre plein, nous condamne en buvant du champ' sous prétexte que nous avons torturé, en oubliant que nous avons ainsi sauvé la vie de beaucoup de femmes et d'enfants innocents. Je vomis ces planqués, ces porteurs de morale à deux balles !
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Ce qui t'intéresse, bien plus que les faits, ce sont les hommes. Ça transpirait dans tous tes reportages et aujourd'hui tu prends à bras-le-corps des enquêtes et tu t'y investis jour et nuit alors qu'on ne te le demande pas forcément. Si encore c'était pour gagner quatre sous, mais même pas... (p.236)
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