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Marcel Blanc (Traducteur)
EAN : 9782020122696
391 pages
Seuil (17/05/1991)
4.38/5   78 notes
Résumé :
Il y a plus de 500 millions d'années, d'étranges créatures peuplaient les mers : Opabinia avec ses cinq yeux et sa trompe frontale, Anomalocaris, redoutable prédateur à mâchoire circulaire, Hallucigenia dont l'anatomie justifie amplement le nom. Cette faune, fossilisée dans le Schiste de Burgess, est si extraordinaire qu'il a fallu près d'un siècle pour en reconnaître l'originalité. C'est l'histoire de cette révolution scientifique que nous conte ici Stephen Jay Gou... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Un livre passionnant qui raconte l'histoire d'une découverte fondamentale : celle des fossiles de Burgess. Les principaux fossiles ont été mis à jour assez rapidement (même si la plupart stockés n'ont été redécouvert que bien après)
Mais c'est là que le livre est passionnant :
L'interprétation correcte de ses fossiles a pris des décennies.
Pourquoi ?
Les connaissances et croyances de l'époque représentaient l'évolution comme un arbre du plus simple / primitif au plus avancé (dont l'humanité).
Or à Burgess, on est en plein Cambrien. La vie est tellement variée. Les formes, les plans d'organisations sont tellement divers (bien plus qu'aujourd'hui). Ces organismes nous sembleraient venir d'une autre planète tant l'organisation des êtres vivants semble cantonnée à quelques plans (comme les mâchoires, les pattes, ...)

Les scientifiques de l'époque ont tenté de faire rentrer ce foisonnement au chausse-pied : ils ont tenté de trouver dans ces fossiles des formes primitives des embranchements ultérieurs

Le livre raconte comment des chercheurs ont analysé, douté des études précédentes et fini par embrasser toute la forêt de l'évolution.
La conclusion est radicale : nous ne sommes que des survivants d' organismes mineurs de l'époque cambrienne.

Il faut prendre conscience que nos croyances et connaissances partielles sont des obstacles à une compréhension plus profonde de notre monde.
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Stephen Jay Gould explique, dans la préface, qu'il se propose de présenter le travail de trois paléontologues : Harry Whittington, Simon Conway Morris et Derek Briggs. Ceux-ci ont décidé, entre 1971 et 1985, de procéder à une nouvelle étude complète de l'anatomie des fossiles du Schiste de Burgess. Ces fossiles, découverts en 1909 par Charles Doolittle Wallcott, avaient en effet été mal interprétés, ou tout simplement rangés dans un tiroir et oubliés. Or, ils constituent pour les paléontologues les plus importantes traces de variété anatomique de toute l'histoire de la vie.
Ces fossiles sont si extraordinaires, si disparates, et parfois si hallucinants, qu'il y eut longtemps une controverse à leur sujet, et que, pour certains, l'énigme demeure. Pour Gould, la redécouverte des fossiles du Schiste de Burgess « entraîne une révision fondamentale des conceptions au sujet des débuts de la vie, et (...) remet en cause certaines conceptions de la Théorie de l'évolution ».
L'interprétation de ces fossiles constituant une énigme, l'étude menée est intéressante en elle-même, car menée comme une enquête. Mais le plus avec Stephen Jay Gould, comme toujours, c'est qu'il élargit ces questions à d'autres interprétations erronées, ce qui l'amène à une réflexion fondamentale sur la théorie de l'évolution..
Selon lui, il existe deux erreurs communes qui sont à la source de l'interprétation traditionnelle inexacte du Schiste de Burgess :
- les « exemples classiques » d'évolution, présentés dans les manuels scolaires, sont ceux dans lesquels la lignée évolutive est présentée comme une progression. (par exemple, « la marche au progrès », avec le dessin des différents hominidés en file indienne, et qui se redressent peu à peu pour aboutir à un homme « moderne », constitue une représentation archétypale de l'évolution)
- on représente généralement l'arbre évolutif de la vie en un « cône de diversité croissante », selon un mode qui conforte notre espérance dans l'inévitabilité du progrès (alors qu'il faudrait représenter son caractère buissonnant : diversification lors des explosions de vie, et décimations tout aussi importantes ; non pas un sapin à l'envers, mais plutôt un buisson touffu où de nombreuses branches ne donnent rien)

Dans cet essai, Gould montre que nos conceptions, nos idées pré-conçues, nous empêchent souvent d'appréhender une toute autre voie, d'autres solutions, une nouvelle conception remettant en cause les idées traditionnelles.
Ces conceptions et représentations ne sont pas anecdotiques, car elles reflètent une vision du monde – et de la place de l'homme – totalement différentes, voire opposées.
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Ce livre est un peu compliqué et nécessite, malgré les grands efforts de simplification de l'auteur, quelques connaissances de base sur la biologie animale. Néanmoins, il aborde un sujet important de la théorie actuelle de l'évolution et est indispensable à toute personne qui souhaite connaître le sujet.
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Tombée parfaitement par hasard sur ce livre, je savais vaguement que Stephen Jay Gould était un vulgarisateur scientifique, mais pas plus (je le pensais même plutôt versé dans l'astrophysique ;-) ).
Dès les première spages on est complètement happée par cette espèce d'aventure / enquête policière, un vrai page-turner, étonnant quand on pense que les héros sont des fossiles de petits mollusques disparus il y a des millions d'années! le fait de plonger aussi dans la vie des divers scientifiques qui se sont consacrés à leur étude est une vraie bonne idée : ça permet déjà de respirer un peu entre deux passages techniques sur les appendices pré-oraux et post-oraux, mais surtout, et c'est le deuxième sujet du livre, cela permet de comprendre comment l'environnement, l'éducation, le caractère, les préjugés d'un scientifique peut l'amener à des conclusions erronées, fut-il le meilleur dans sa discipline. Cette "théorie du chausse-pied" est très éclairante sur les débats d'aujourd'hui autour de la science.

N'hésitez pas à lire ce livre, pour en apprendre sur l'évolution, le précambrien, la démarche scientifique en général, ne lésinez pas sur l'observation des petits croquis pour rendre concrètes les descriptions de ces adorables bêbêtes. Un must de la vulgarisation scientifique, sur un sujet au moins aussi important que l'extinction des dinosaures, mais totalement méconnu du grand public : les fossiles du schiste de Burgess!
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J'ai lu cet ouvrage au lycée, sur les conseils de ma prof de SVT : à l'époque, je maîtrisais peu la biologie, encore moins la paléontologie et je n'avais jamais entendu parler du Schiste de Burgess...
Et pourtant, grâce à M. Jay Gould, je me suis laissée prendre par cette fabuleuse histoire !
Une deuxième lecture m'a permis d'apprécier encore plus ce livre !
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Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
Vingt ans d'un travail de méticuleuse description anatomique par trois paléontologues anglais et irlandais — qui n'ont pas eu, en s'y attaquant, le moindre soupçon de sa portée révolutionnaire — ont […] mis en question nos conceptions traditionnelles sur le progrès et la prédictibilité dans l'histoire de la vie, pour faire face à une notion bien connue des historiens : la contingence ; de sorte que l'on est obligé à présent de regarder l'imposant spectacle de l'évolution de la vie comme un ensemble d'événements extraordinairement improbables, parfaitement logiques en rétrospective et susceptibles d'être rigoureusement expliqués, mais absolument impossibles à prédire et tout à fait non reproductibles. Si l'on pouvait rembobiner le film de l'évolution de la vie jusqu'à ses débuts à l'époque du Schiste de Burgess, et recommencer son déroulement à partir d'un même point de départ, il y aurait bien peu de chance pour que quelque chose de semblable à l'intelligence humaine vienne agrémenter la nouvelle version de l'histoire.
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Le darwinisme conventionnel continue, à juste titre, d'exercer une grande influence ; mais sa domination n'est plus exclusive, et de nouvelles conceptions se sont récemment répandues, telles que celles qui attribuent aux organismes un rôle actif dans l'imposition de limites aux directions pouvant être prises pour leur changement évolutif. L'évolution est le résultat d'une dialectique entre l'interne et l'externe, et ne se borne pas à l'action de facteurs écologiques amenant en douceur des structures malléables à prendre des configurations adaptées.
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Et donc, si vous désirez poser la question immémoriale : pourquoi les hommes existent-ils ? une bonne part de la réponse concernant certains aspects du problème dont la science peut traiter peut se formuler comme suit : parce que Pikaia a survécu à la décimation. Cette réponse n'invoque pas une seule loi de la nature; elle ne repose sur aucun raisonnement au sujet de la prédictibilité de certaines voies évolutives; ni sur aucun calcul de probabilité basé sur l'écologie ou les règles générales de l'anatomie. La survie de Pikaia a été contingente; elle a relevé du "rien que l'histoire". Je ne pense pas qu'on puisse donner de réponse contenant un message plus élevé, ni que je puisse imaginer de solution plus séduisante. Nous sommes les enfants de l'histoire, et devons tracer nos propres voies dans le plus riche et intéressant des univers - indifférent à notre souffrance et offrant donc le maximum de liberté pour que nous nous épanouissons ou fassions fiasco en toute responsabilité.
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Je crains qu’Homo sapiens ne soit qu’une « chose si petite » dans un vaste univers, un événement évolutif hautement improbable, relevant entièrement du royaume de la contingence. Faites de cette conclusion ce que bon vous semblera. Certains trouvent une telle perspective déprimante. Je l’ai toujours considérée comme vivifiante, à la fois source de liberté et de responsabilité morale conséquente
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“ ...pourquoi jamais, pas une seule fois, un nouvel embranchement n'est apparu depuis l'époque de Burgess ? Le darwinisme conventionnel continue, à juste titre, d'exercer une grande influence ; mais sa domination n'est plus exclusive, et de nouvelles conceptions se sont récemment répandues, telles que celles qui attribuent aux organismes un rôle actif dans l'imposition de limites aux directions pouvant être prises pour leur changement évolutif. L'évolution est le résultat d'une dialectique entre l'interne et l'externe, et ne se borne pas à l'action de facteurs écologiques amenant en douceur des structures malléables à prendre des configurations adaptées. ”
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