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Critique de Belem


Belem
29 septembre 2013
Une fois n'est pas coutume, je suis très déçu par ce livre de Stephen Jay Gould. Mais peut-on considérer ce livre comme un produit fini ? That is the question !
Le livre est présenté par son éditrice, qui rend un vibrant hommage à celui qu'elle appelait « Steve ».
Stephen Jay Gould est décédé avant d'avoir eu le temps de relire les épreuves de ce livre, et elle prie donc le lecteur de bien vouloir excuser l'auteur. « Car Steve est mort avant d'avoir vu les épreuves de ce livre, avant d'en avoir scrupuleusement vérifié les faits et les chiffres, avant d'avoir pu y apporter la moindre correction ».
Un éditeur pressé, une épreuve non relue, l'auteur qui décède, mais voilà, ce monsieur a un public fidèle et nombreux, alors l'éditeur décide, avec le minimum de scrupules, de publier un livre tout en sachant sûrement qu'il ne donnait pas entière satisfaction à l'auteur !
Car voilà ce qu'écrit Gould dans les dernières pages (juste avant une conclusion bâclée, ce qui ne lui ressemble absolument pas...) : « Étant avant tout essayiste, je suis depuis longtemps persuadé que les meilleures discussions générales, et les plus efficaces, commencent par des petits détails intrigants qui captent l'attention puis mènent vers une réflexion plus vaste. On ne peut s'attaquer de front à la 'nature de la vérité', de façon abstraite et générale, sans devenir ennuyeux ou pédant. Pourtant, je m'aperçois que j'ai failli à mon propre précepte en refermant ce livre sur une défense abstraite de ma version de la consilience… »
Cet aveu est pour le moins consternant, comme une réflexion, une intention livrée dans le corps d'un texte que l'on s'apprête à remanier (si ce n'est à renier). Je doute qu'après avoir écrit cela, Gould eu donné le feu vert à la publication d'un essai qui ne le satisfaisait pas... à ce point-là !
Oui, ce livre est « ennuyeux et pédant ». J'ai souffert tout le long du bouquin, puis-je dire, et je cherchais mes mots pour cette critique, et voilà, arrivé à ces quelques lignes de la page 249, c'est Gould lui-même qui en donne l'appréciation la plus juste.
Cela signifie qu'il a totalement raté (le premier jet) de ce livre.
Comme toujours, Gould fait preuve d'une grande érudition, mais, alors que celle-ci « sert » d'habitude son propos, là, ses références confinent au ronflant. Pire, sur le fond, il est passé à côté de son sujet. Son argumentation est mal construite, embrouillée, alternant des considérations générales avec des exemples factuels qui troublent son propos plutôt qu'ils ne l'éclairent.
A la lecture du sous-titre, « Comment combler le fossé entre la science et les humanités », je m'attendais à du grand Gould, à un essai intelligent et séduisant, appuyé sur une argumentation bien construite, comme il en a l'habitude. Mais rien de tout cela ; comme il le dit : « j'ai failli à mon propre précepte ».
Finalement, je suis persuadé que, s'il en avait eu le temps, il aurait jeté ce livre à la poubelle, et aurait totalement revu son argumentation, en prenant le temps de choisir des thèmes et des exemples plus judicieux, bref, en procédant selon son « propre précepte ».
(J'en viens même à me demander, à la lecture de la conclusion, bâclée, rabougrie et absolument pas convaincante, si c'est vraiment lui qui l'a écrite. En effet, dans ses conclusions, Gould a pour habitude de reprendre les principaux éléments de son argumentation, de formuler explicitement sa contribution personnelle au sujet, et d'ouvrir la question sur une autre, plus générale... rien de tout cela ici !).
Alors, hormis la première partie du livre, qui présente un intérêt – mais sans primeur non plus – dans le domaine de l'histoire des sciences, le livre, selon moi, ne constitue pas un incontournable donc, ne serait-ce que pour cette ultime raison : Gould n'en était pas satisfait !
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