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EAN : 9782848051536
373 pages
Sabine Wespieser (10/10/2013)
3.66/5   19 notes
Résumé :
La petite ville côtière d’Ashkelon, au Sud d’Israël, est pour les trois protagonistes du nouveau roman de Michal Govrin le théâtre d’un amour d’été. Avec l’argent que ses parents lui ont donné pour un stage de secrétariat, Esther Weiss, qui vient d’achever sa scolarité dans un lycée religieux, s’offre une robe à bretelles et descend au dancing de la plage. Au bar, Moïse Derhy, arrivé droit de Paris pour l’enterrement de sa mère, boit un Campari. Son regard est aiman... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Merci, merci, Idil, de m'avoir conseillé ce livre! Tu connais bien mes goûts 😉

Envoûtant, poignant, quel roman! L'auteure israélienne est aussi poète, ce qui transparaît dans l'écriture que j'ai trouvée si belle, fluide et lyrique.

Comment rendre le souffle pur, tragique, de cette histoire que l'on prend au départ pour un amour d'été déchiré, brûlé par la mer et qui est bien autre chose encore?

C'est le destin d' Esther, portant le poids familial des ombres des camps et des massacres mais voulant tant s'en libérer. Esther la mystérieuse, troublante étoile de désir... C'est la fuite en avant de Moïse, devenu un riche parisien à la vie vide , loin du Maroc et des siens, dont il a pourtant la nostalgie. C'est le regard profond, sous ses longs cils, d'Alejandro, exilé d'Argentine et du terrible père. Au-delà de ce triangle amoureux, ce sont aussi toutes ces voix brisées par des secrets, des morts inoubliables. C'est le chien Mercury, fidèle et sage. C'est le visage blanc sculpté dans la pierre d'une femme , ses ailes au vent...

Ce sont les vies qui s'entrecroisent, s'échappent, se cherchent, au gré de l'Histoire, des drames humains.

C'est surtout le mot lumineux: vivre! Vivre malgré les ténèbres du passé, aller vers l'avenir, déployer sa jeunesse, ses espoirs de flots d'amour, de flots d'amour...." Car mon cri de joie atteindra les plus lointains soleils" ...Là, sur le rivage.

Une merveille, ce roman. Vraiment.

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Esther est belle, d'une beauté sans artifice, celle que l'on appelle « la beauté du diable ».
En cet été 1960, l'adolescente termine ses études de secrétariat et profite de quelques jours de vacances avant d'aller à l'armée. Avec ses économies, elle s'offre une robe bleue à bretelles. Une robe dans laquelle elle ne se reconnait pas vraiment. La jeune fille qui la regarde dans le miroir est-ce vraiment elle, Esther ou une inconnue ? Lorsqu'elle pénètre dans le bar de la plage Moïse, un homme mûr boit un Campari. Son regard est aimanté par la silhouette à la robe légère qui se tient, solitaire, à l'autre bout de la piste.
Derrière le comptoir, Alex suit le regard de cet homme, dont l'élégance lui rappelle Buenos Aires, sa ville natale, lui non plus n'aura de cesse de conquérir la jeune fille, inconsciente de sa beauté.
La tension est palpable entre les trois protagonistes et nous sommes entrainés à leur suite dans un trio amoureux. Michal Govrin dépeint avec justesse les sentiments et les rivalités mais aussi les émotions humaines. Elle dresse avec beaucoup de finesse le portrait et le parcours de vie de chacun des personnages, leurs blessures et leurs fragilités, tout en révélant les malentendus, les non-dits et les secrets enfouis des uns et des autres, mettant alors petit à petit en lumière le caractère de chacun. « Amour sur le rivage » se lit avec régal, on s'attache à tous ces personnages délicieusement croqués !

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Nous sommes dans une petite ville côtière du nouvel État d'Israël, au début des années 1960. le temps d'un été, Esther va vivre une tempête amoureuse sans précédent, en charnière de sa vie d'étudiante et sa vie de soldate puisqu'à la rentrée, elle entamera son service militaire, obligatoire pour tous en Israël. le temps d'un été chaud et lumineux, nous suivons ses pas dans le sable : entre le club de plage où travaille Alejandro – Alex – et l'appartement de Moïse, revenu dans son pays natal au chevet de sa mère. le trio amoureux se dessine rapidement : la jeune fille, fragile mais volontaire, va être déchirée entre ces deux hommes si dissemblables. le jeune garçon ténébreux et l'homme à l'approche de la quarantaine. Les deux vont pourtant subir une semblable évolution, un virage dans leur destin : l'un fera le deuil total de son passé, l'autre s'interrogera sur son futur. Car ces personnages ne sont pas sans blessures, comme souvent dans un tel État, construit sur des trajectoires brisées, des rafles, des dénonciations. Il faut pourtant aller au bout du texte pour que, dans un final grandiose, leur histoire se mêle et que l'on découvre que l'Histoire les lie bien plus qu'on peut l'imaginer … Car au-delà de ces trois personnages, la toile de fonds est celle de l'histoire d'un continent : de Paris à Tel-Aviv en passant par l'Argentine, c'est l'héritage de la Seconde guerre mondiale qui ressurgit à chaque instant, sans être jamais dit. Roman d'un été, roman méditerranéen d'une grande beauté, Michal Govrin m'a ébloui le temps de 400 pages bien serrées. Des scènes rythmées par la musique du club, par la danse sensuelle d'Esther qui se découvre femme, aimante. J'y ai retrouvé des impressions proches de Camus, des sensations propres à des personnalités marquées par le soleil, la douceur de l'air qui rend la vie plus douce, mais également les émotions plus violentes, plus profondes. Je suis restée fascinée par cette Esther qui, à 18 ans, sait ce qu'elle veut et pourtant se retrouve troublée entre deux choix de vies, deux hommes.

Texte poétique, travail de mémoire, analyse politique, fiction, l'oeuvre de Govrin est tout cela à la fois, nous apportant un roman choral intéressant et d'une grande beauté. de plus, entendre la voix d'Israël ne manque pas d'intérêt. Par exemple, cette phrase qui m'a marquée : "Aujourd'hui, le seul devoir qu'ont les Juifs, c'est de se préserver, de survivre, tu me suis ? Survivre !"

En bref, une belle réussite à découvrir chez une éditrice qui ne me déçoit que rarement ! Un de ces livres qui me font penser comme Alejandro : "J'ai le sentiment que [Borges] dit quelque chose que je possède au fond de moi, quelque chose que je ne peux cependant pas exprimer. Car il y a des choses que nous ne voyons pas, et pourtant elles existent … c'est ce que nous révèlent les écrivains."

Pour aller plus loin, retrouvez une interview de Michal Govrin qui décrypte un peu son roman ici.
Lien : http://missbouquinaix.wordpr..
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L'histoire se passe à Ashkelon,une ville côtière au sud d'Israel,au début des années 60.Esther,une jeune fille qui vient de terminer sa scolarité dans une école religieuse va partir à l'armée.En attendant ses parents l'ont inscrite à un cours de dactylo.Elle s'ennuie et un jour après les cours,elle s'offre une robe à bretelles avant de descendre au dancing de la plage.Là son regard va croiser celui du jeune barmen Alejandro,immigré d'Argentine et celui de Moïse,un homme d'âge mûre,venu de Paris enterrer sa mère.Ecrit avec une sensibilité à fleur de peau,c'est une histoire d'amour triangulaire,qui se déroulera dans un court laps de temps vers la fin de l'été.L'auteur creuse dans la vie intime des personnages,dont les parcours respectifs se relient dans la "grande histoire".Dans un décor sublime de mer,sable,ruines antiques...et une langue poétique d'une extrême douceur,Govrin raconte une histoire envoûtante.
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Ce pourrait être la description d'un banal coup de foudre sur une plage en été , une péripétie tout juste susceptible d'imprimer un agréable souvenir dans une vie ordinaire .Le roman de Michal Govrin se passe en Israël au début des années soixante .

Esther Weiss, jeune apprentie en sténographie et dactylographie, vient de terminer sa scolarité dans une école religieuse ; elle va partir à l'armée. Pour fêter cet événement, elle s'achète en secret une robe à bretelles, qui la dénude, un peu, et se rend au dancing de la plage à Ashkelon, nouvelle cité du littoral méditerranéen du jeune état. On y écoute Paul Anka, Alain Barrière, Put your head on my shoulder, Elle était si jolie. Au bar de ce dancing, un jeune homme, arrivé de Paris, boit un Campari ; il s'appelle Moïse Derand .Sa présence se justifie par la cérémonie de l'enterrement de sa mère.

Derrière le comptoir se tient Alex Morgenstern, barman de l'établissement. Il suit le regard de Moïse, individu qui lui rappelle sa ville natale Buenos Aires. Mais le décor est loin d'être aussi idyllique et paisible qu'il n'y paraît : Israël à cette époque, est un pays loin d'être sécurisé. Les incursions et infiltrations de Fédayins aux frontières y sont fréquentes, on vit encore dans leur hantise. Les habitants d'Ashkelon sont rappelés au passé par la présence d'une zone archéologique, par les vestiges d'un ancien souk qui rappelle, accessoirement que la population état arabe il y a à peine quelques années. C'est aussi l'époque du procès Eichmann, enlevé par les Israéliens, qui rappelle à tous la Shoah.
Il y a dans ces trois personnages une volonté commune de s'émanciper, de se libérer d'un passé parfois trop lourd à porter. Pour Esther Weiss, c'est l'héritage familial : l'arrivée de ses parents en Israël, parsemée d'embûches, de drames, d'attentes à travers des camps de transit en Europe, à Chypre, avant l'arrivée finale en terre promise. Ses parents sont pieux, veillent au salut moral de leur fille, qu'ils surnomment avec affection Estherleh.
Pour Moïse, c'est l'abandon de son Maroc natal, qu'il peine à résorber et à surmonter .Il pense, sans remords, à son épouse Catherine, restée en France, à l'état de leur couple, très précaire. Alex , pour sa part, a nourri des idéaux révolutionnaires en arrivant en Israël .Etait-ce pour compenser la culpabilité éprouvée par son père Léon Morgenstern , psychanalyste à Buenos Aires à cause de son mariage quasi obligé avec Hanka , rescapée de la guerre .
La volonté de circonscrire cette culpabilité, le désir de commencer une nouvelle étape de leur vie font se rencontrer Moïse, Esther, Alex à cette terrasse de dancing d'une plage israélienne. Ils découvrent , au fil du livre, que leurs parcours respectifs se relient à l'histoire, la grande, par des allusions, des retours en arrière sur la rafle du Vel d'Hiv, sur la guerre d'Indépendance de 1948 , sur le passé de l'Argentine , qui a accueilli des réfugiés juifs et servi , aussi , de filière d'évasion aux nazis .
Le récit est un peu long à mettre ces faits et ces vies en relations les uns avec les autres, mais il parvient, malgré tout, à illustrer le caractère prégnant de ces liens.

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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Esther se mouvait, exposée à la nuit, à tous ceux qui s'étaient regroupés autour de la piste. Elle n'avait aucun mot pour exprimer ce qui s'était levé en elle dans des pépiements d'oiseaux et la submergeait à son insu ; quelque chose saignait depuis la voix qui chantait, comme les mots du poète qu'elle avait déclamés ; des mots consumés par les flammes qui détruisirent le Temple de Jérusalem, où un ultime frisson traversa les braises. Son corps était porté vers quelque chose qu'elle ne contrôlait pas et dont les branches, lourdes de cris d'oiseaux, l'enchevêtrait à Moïse, à Alex-Alejandro, à ses parents qui l'attendaient à la maison, autour de la table de la cuisine. Car la femme blanche au visage brisé, c'était elle ; seul le vent l'avait arrachée aux abîmes de la mort, la déchirant de son souffle immense. Vivre !
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Mais mille sources vives sourdaient en mon coeur,
et mon âme n'aspirait qu'à des flots d'amour, des flots d'amour...

Haïm Nahman Bialik
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"J’ai le sentiment que [Borges] dit quelque chose que je possède au fond de moi, quelque chose que je ne peux cependant pas exprimer. Car il y a des choses que nous ne voyons pas, et pourtant elles existent … c’est ce que nous révèlent les écrivains."
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Le corps d'Esther, qui avait encore minci durant sa maladie, frissonna au contact de l'air chaud, et, au même moment, en d'autres lieux encore du monde, des lieux dont Esther n'avait même pas idée de l'existence, un tremblement se levait. Chacun était alors ramené à sa solitude.
Mais tel un battement d'aile qui suscite une tempête à l'autre bout du monde, le tremblement retentit en écho au frisson d'Esther. Cet après midi, elle était pourtant sortie avec une vitalité renouvelée, dont elle n'avait pas encore déchiffré le sens. P 295
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Et, dans la fulgurance d'une intuition, il lui arriva de s'asphyxier à l'idée que la haine resurgirait, bouillonnerait, puis déchirerait le silence, s'élèverait en flammes saturées de cris, d'explosions, avant d'embraser les collines de sable, les maisons, et les champs qui se trouvaient de chaque côté de la frontière. Tout cela, Alex l'éprouvait telle une vague puissante, sans qu'il puisse néanmoins exprimer ce qui résonnait en son sein.
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