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EAN : 9782714303363
149 pages
José Corti (31/03/1996)
4.21/5   46 notes
Résumé :
« Il reste (…) que cette matière [de Bretagne] n’est pas épuisée, et que ce serait vraiment faire peu de confiance au pouvoir de renouvellement indéfini de la poésie la plus pure — la plus magique — que de le croire. Le cycle de la Table Ronde appartient à l’espèce de mythes la plus haute : il est par essence un de ces carrefours où les très petits déplacements du promeneur correspondent à chaque fois à un foisonnement de perspectives nouvelles. Vu sous un certain a... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Poésie sauvage — étrange et minérale — du "Roi Pêcheur", cette pièce unique de 1948... Poésie des noms de lieux, poésie de personnages mythiques devenant vite nos "familiers" : Montsalvage et ses ruines... Amfortas, roi déchu "au corps pourrissant" régnant sur les brumes de ce marécage au crépuscule éternel... Belle, fière et libre silhouette de Kundry au coeur compatissant... Errance sans objet de Perceval "le très pur", confronté ici à l'échec et la mort de tous ses idéaux...
Viendra cette longue scène (ou cène ?) finale — éblouissante mais aux lumières tamisées — du nain Kaylet qui doit escalader l'épaule de la belle Kundry pour tenter d'apercevoir – oh, juste l'espace d'un instant — ce "Saint-Graal" planant puis se penchant sur l'étrange procession de la grand-salle des chevaliers située de l'autre côté du mur : Kaylet est cet être difforme, supposé "impur", devenant ainsi l'unique "voleur de feu" en son humble mission de décrire au fur et à mesure — et dans le détail — tout ce que lui seul parviendra à épier de l'assemblée mystique. Vision toute fortuite d'un "Autre Monde" et spectacle aux lueurs indicibles auquel Perceval et les autres n'accéderont, eux, jamais... Plus jamais.
Comme un Livre d'Heures aux miniatures toutes mentales et inaltérables en leurs couleurs vernissées.
Comment ne pas deviner que vivra pour toujours cet art romantique — aussi immortel que la Quête du Graal ou celle de "l'impossible étoile" de Jacques Brel — forgé si patiemment par notre cher Julien Gracq ! [*]

___________________________________________________________

[*] Rares humilité et accessibilité, extrêmes gentillesse et politesse de l'homme... Me souvenant encore du cadre de cette unique fenêtre dominant la Loire langoureuse (oeuvre paysagiste vivante inattendue), comme de la lumière grise qui régnait — dehors comme dedans — ce jour-là. Après notre conversation d'une paire d'heures dans son petit salon de réception de la rue du Grenier-à-Sel, l'écrivain de St-Florent prenait encore le temps de dédicacer à son visiteur-lecteur (quasi-inconnu de lui, malgré quelques lettres échangées au fil de douze années) l'exemplaire bleu clair de ce petit chef d'oeuvre de "Matière de Bretagne" dont nous nous étions muni pour répondre à son invitation bénie de ce 28 août 2007... Fin d'été en cette première et dernière visite à sa "Maison Haute" de St-Florent-le-Vieil, et si terrible nostalgie éprouvée jusqu'à aujourd'hui ! "Nostalgie", ce mot que Gracq n'aimait guère...
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Il y a plusieurs années de cela, j'avais déjà eu l'occasion de lire le Roi pêcheur. J'en gardais un souvenir enchanté mais, soyons honnête, assez flou, et j'étais curieuse de voir si la seconde lecture me happerait de la même façon.
Dans le château endormi de Montsalvage, le roi Amfortas et ses chevaliers attendent la venue du Pur, le chevalier qui sera le roi du Graal. Amfortas aurait pu l'être, sans doute, s'il n'avait chuté en tombant dans les bras de Kundry, envoyée par le magicien Clingsor précisément dans ce but. Depuis, son côté saigne et le Graal attend, et c'est là que débute la pièce, alors qu'un jeune chevalier inconnu vient de pénétrer dans la forêt entourant les lieux.

Évidemment, le déroulement de la pièce, ses thèmes, la confrontation du Roi pêcheur et de Perceval n'avaient plus la saveur de la surprise de la première fois. Cela n'empêche que j'ai de nouveau été charmée par ce texte, par la beauté de l'écriture de Julien Gracq, par la façon dont il travaille le thème si classique du Graal, par l'atmosphère extraordinaire qu'il offre à cette pièce. Montsalvage, on y est, on y croit, on a l'impression d'être pris aussi dans son ombre, et en même temps, quand paraît le Pur, on en vient aussi à se demander si c'est une si bonne idée... La pièce tourne toute entière autour d'Amfortas, plus qu'autour du classique chevalier errant qu'on voit si souvent dans les oeuvres inscrites dans l'histoire de la Table Ronde et cela donne une perspective très différente sur le thème: chez Gracq, le Graal est trop pur, trop terrible pour ce pauvre monde et c'est finalement la confrontation de l'humain et du divin que Perceval va devoir affronter ou refuser.

Une excellente pièce, pas assez connue.
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Le Roi pêcheur est la seule pièce de théâtre écrite par Julien Gracq, publiée en 1948 et créée au Théâtre Montparnasse de Paris en 1949. Il s'agit d'une réécriture du mythe arthurien et notamment de l'histoire de Perceval, largement inspiré du Parsifal de Wagner.

"Wagner est un magicien noir - c'est un mancenillier à l'ombre mortelle - des forêts sombres prises à la glu de sa musique il semble que ne puisse plus s'envoler après lui aucun oiseau." (Avant-propos, p.14)

Dans le château de Montsalvage, tous, chevaliers et dames, attendent l'arrivée du Simple, du Pur qui viendra les délivrer et soigner leur roi. Amfortas, le roi du Graal et du château est terriblement blessé, la cuisse transpercée par une lance. "La plaie est affreuse. On dirait une bouche qui mâche une écume de sang noir. les lèvres bougent." (p.21).
Le Graal refuse de se montrer depuis la faute d'Amfortas, qui a été séduit par la belle Kundry, aujourd'hui aide-soignante dévouée. Cette maladie qui le ronge, altère aussi le château et le royaume, où le jour tombe, comme la nuit, enveloppé d'un brouillard humide et étouffant. "C'est le silence du Graal. Nos yeux s'éteignent, notre oreille s'endort, notre souffle se raccourcit et se gèle depuis qu'il n'est plus que pierre froide pour nos coeurs, et pain chiche et amer pour notre bouche. Depuis la faute d'Amfortas." (p.20).
Arrive alors Perceval, jeune, beau et fort chevalier, en quête du Graal. Clingsor, ennemi du roi Amfortas et du Graal, le repère et tente par tous les moyens de l'empêcher de réveiller le Graal...

J'ai beaucoup aimé cette pièce de théâtre et le beau langage poétique de Gracq, qui a su rendre avec brio l'atmosphère lourde et pesante qui règne sur le château. On reconnait très bien le mythe arthurien dans cette pièce, et notamment la trame de Perceval ou le conte du Graal de Chrétien de Troyes, mais Julien Gracq ajoute des éléments nouveaux que j'ai beaucoup appréciés. En effet, le Graal apparaît comme dangereux tant il éblouit ceux qui le contemplent, voire brûle ceux qui ont pêché. Être roi du Graal revient à endosser une lourde charge, quitte à le regretter : "Le Graal est exigeant. On n'endosse pas, comme un costume, ne fût-ce qu'un reflet de la divinité" (p.139). Julien Gracq fait du Graal un objet, quasi-vivant, terrible, purificateur sans concession, assez loin de l'image traditionnelle du Graal et de sa fonction nourricière. le Mal ne vient pas forcément de là où on l'attend dans cette très belle pièce de Julien Gracq, dont je conseille vivement la lecture.
Lien : http://leschroniquesassidues..
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Une lecture qu'il faudra que je reprenne. Je trouve la plume de Julien Gracq hypnotique. J'adore sa vision du Graal et surtout son talent à rendre une atmosphère mystérieuse et oppressante.
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< Rédigée en 1943 , second temps de la seconde guerre mondiale , et tournant mondial dans la conduite de la guerre : les Allîés commencent à l ' emporter. >

Litterature théàtràle sacrée , ( confirmant l' apparentement a une litterature sacrée contemporaine de l ' ouvrage anterieur ) , allant vers un Mystere Mystique moderne , ( et pastichant les " Passions " médiévales theàtrales nommées ' Mysteres" ), mystere mystique moderne subjectivo - matérialiste , et neo - tragique.

▪︎ la rencontre impossible entre deux ordres spirituels -- l ' ordre des gardiens du Temple du Graal , pierre météorite salutaire venue de la profondeur énigmatique de l ' infini ( les Templiers) et l ' ordre Arthurien de la Table Ronde , démocratie collective de l ' Individualité aventuriere , coureuse de " merveilles " -- rendant la " Liberation " ou Relève Improbable , en l ' exténuant dans une attente messianique à venir , au foyer vif de une Esperance : " pas celui qu ' il faut " , ..., " un autre viendra....".

Excepté pour Kundry : c ' était bel et bien celui qu il fallait, ici et maintenant, et sans attendre, dans la crainte du profilage à l ' horizon d' une Apocalypse inconjurable.


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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Il reste (…) que cette matière [de Bretagne] n’est pas épuisée, et que ce serait vraiment faire peu de confiance au pouvoir de renouvellement indéfini de la poésie la plus pure – la plus magique – que de le croire. Le cycle de la Table Ronde appartient à l’espèce de mythes la plus haute : il est par essence un de ces carrefours où les très petits déplacements du promeneur correspondent à chaque fois à un foisonnement de perspectives nouvelles. Vu sous un certain angle, il donne sur l’histoire du roi Saül et la légende du prêtre de Némi — sous un autre, Wagner a pu y voir une apologie de la pitié, et même assez curieusement, comme on sait, le prétexte à une prédication végétarienne. Il fournit l’archétype du "Bund " idéal, — de la communauté élective. Il noue une gerbe d’éléments concrets propre à matérialiser comme nulle autre le thème de la fascination. Reste au centre, au cœur du mythe et comme son noyau, ce tête à tête haletant, ce corps à corps insupportable — ici et maintenant, toujours — de l’homme et du divin, immortalisé dans Parsifal par la scène où le roi blessé élève le feu rouge du Graal dans un geste de ferveur et de désespoir qui figure un des symboles les plus ramassés que puisse offrir le théâtre — un instantané des plus poignants que recèle l’art — de la condition de l’homme, qui est, seul entre tous les êtres animés, de sécréter pour lui-même de l’irrespirable, et, condamné à ce tête à tête fascinant et interminable avec ce que de lui-même il a tiré de plus pur, de ne pouvoir faire autre chose que de répéter l’exaltante et désespérante formule : « Je ne puis vivre ni avec toi, ni sans toi. » La température d’orage que dégage ce tête à tête sans rémission est à elle seule d’une nature assez attirante, je le crois, pour conduire à donner au personnage d’Amfortas la place centrale : c’est de ce changement de perspective que je m’autorise pour le titre que j’ai donné à cette pièce. Dans ce nouvel éclairage, il m’a paru qu’il pouvait n’être pas sans intérêt de suivre une fois de plus le héros dans une démarche dont tout le mythe tend à démontrer qu’elle est au dernier point dangereuse et semée d’embûches, et de s’arrêter avec lui à quelques-uns des écueils dont sa route était jalonnée. Ces écueils sont de nature spirituelle et leur garde remise tout naturellement aux mains les grands naufrageurs. Le personnage du prêtre ne saurait se séparer de la silhouette essentiellement noire qui lui est échue dans une représentation populaire finalement bien avisée : il se présente ici sous deux formes : l’homme de sage, mais borné conseil, dont le héros trouve traditionnellement la main secourable — et vaine — tendue au bord le sa route au moment où il aborde le dernier tournant. L’autre a l’orgueil du gardien et du détenteur les objets sacrés : lieu de contact du divin et du terrestre, il a deux faces : par l’une il sécrète et répand l’ombre comme la seiche son encre, il embrouille, il est par vocation le grand avorteur — par l’autre il est le point d’attache à la terre d’un climat difficilement soutenable, le lieu d’un écartèlement absorbant, une de ces pierres de foudre exemplaires qui jalonnent une des frontières — et non la moins brûlante — de la condition humaine. Les propos qui lui sont prêtés souhaitent de n’emprunter quelque force qu'à l’impartialité apparente, mais dans une certaine mesure loyale, que doit l’auteur à ses personnages, à partir du moment où il leur fait assez de crédit pour leur enjoindre de se manifester.

[Julien Gracq, "Le Roi pêcheur" : avant-propos, Librairie José Corti (Paris), 1948]
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– KUNDRY : " Tu vois cette fenêtre..... là-haut ? Tu peux y grimper ? "
– KAYLET : " Mais c'est très haut. "
– KUNDRY : " Poltron !..... tu es très agile. Tu grimpes à tous les arbres de Montsalvage. Tu grimpes même sur le dais du trône d'Amfortas. Je t'y ai vu perché, quand il n'est pas là ! "
– KAYLET : " Il ne faut surtout pas le dire. "
– KUNDRY : " N'aie pas peur. Mais alors grimpe à cette fenêtre, Kaylet. Grimpe vite ! Tu verras dans la grande salle. Il faut que je sache. "
– KAYLET : " Je n'ose pas..... Si on me voyait ! "
– KUNDRY : " Personne ne te verra. Tu es trop petit..... "
– KAYLET : " Mais c'est défendu de suivre l'office !... "
– KUNDRY : " Monte ! Je prendrai tout sur moi ! " (Kundry le pousse en hâte. Kaylet escalade la fenêtre et regarde.) " ..... ..... ..... Tu vois ? "
– KAYLET : " Oui. "
– KUNDRY : " Le chevalier est là ? "
– KAYLET : " Oui. Il est près du roi..... Oh ! c'est si beau, Kundry..... si tu voyais. Je vois Léhelin, Yvain, Kingrival..... tous ! "
– KUNDRY : " Et le chevalier ? Tu le vois bien ? "
– KAYLET : " Oui..... Il est tout pâle..... "
– KUNDRY : " Regarde ! Regarde de tous tes yeux -- regarde bien ! "
– KAYLET : " Il y a tout un cortège qui entre dans la salle..... Il y a des hommes d'armes..... Oh ! c'est si brillant : des lances, des casques..... Il y a Bohort. "
– KUNDRY : " Bohort ! "
– KAYLET : " Oui. Et maintenant..... Oh ! Kundry..... Kundry, j'ai peur ! "
– KUNDRY : " Regarde, imbécile ! "
– KAYLET : " Kundry ! c'est le Graal !..... Mes yeux me brûlent. "

[Julien GRACQ, "Le Roi Pêcheur", 1948, éditions José Corti, Quatrième Acte, p. 143-145 – exemplaire dédicacé par l'auteur le 28 août 2007 : "à M. [...] cet écho moderne de la matière de Bretagne (souligné), en bon souvenir de son passage à St-Florent"]
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AMFORTAS : – Quelque chose a passé ici il y a longtemps, dont Montsalvage a gardé l'empreinte, et rien n'a pu l'effacer, car Montsalvage est un lieu clos, car le temps et la vie n'y trouvent plus de prise, car Montsalvage pétrifie – et c'est ce qui fait de moi pour les passants une pierre de foudre au bord de la route, un fantôme en plein soleil, une tête de Méduse qui fascine et que tu n'oublieras jamais plus de regarder, Perceval...

[Julien GRACQ, "Le Roi Pêcheur", 1948, éditions José Corti, Troisième Acte]
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Pour cette époque qu’on nous représente toujours comme foncièrement prostrée, l’homme s’y montre redressé d’une fierté singulière, armé d’une ambition sans limites. Ils représentent pour moi dans cette époque qui a gémi sous la condamnation comme aucune autre un domaine préservé, et presque à lui tout seul la part de lumière. Le tragique n’y paraît guère : la tragique du Moyen Âge, c’était le christianisme, alors intensément vécu, et il n’y en avait pas d’autre. Mais les deux grands mythes du Moyen Âge, celui de Tristan et celui du Graal, ne sont pas chrétiens : par beaucoup de leurs racines ils sont préchrétiens : les concessions dont leur affabulation le plus souvent porte la marque ne peuvent nous donner le change sur leur fonction essentielle d’alibi. L’étrangeté absolue de « Tristan » tranchant sur le fond idéologique d’une époque si résolument chrétienne a été mise en évidence par Denis de Rougemont. À toute tentative de baptême à retardement et de fraude pieuse, le cycle de la Table ronde se montre, s’il est possible, plus rebelle encore. La conquête du Graal représente – il n’est guère permis de s’y tromper – une aspiration terrestre et presque nietzschéenne à la surhumanité tellement agressive qu’elle ne s’arrange décidément qu’assez mal d’un enrobement pudique et des plus hasardeux dans un contexte chrétien aussi incohérent que possible, où figurent plutôt mal que bien, vraiment au petit bonheur – le Golgotha, Joseph d’Arimathie, Vespasien – bien d’autres encore. (Avant-propos)
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Nous ne sommes pas ici chez Trévrizent, Perceval, et il ne s’agit pas de te punir. Tu m’as appelé tout à l’heure un oiseau de nuit en plein jour, et en effet, il ne s’agit que d’une manière de cligner des yeux. Il y a des oiseaux qu’on endort en leur faisant fixer une ligne blanche et il y a derrière chaque acte un sillage, une trace qui s’élargit, et si on la fixe des yeux assez longtemps, il vous prend un vertige qui chavire le cœur, et qui a pourtant un charme, parce qu’il endort. Ainsi Montsalvage s’est endormi dans ses branches, comme un navire sur les vagues, pour avoir déserté la proue et s’être mise à fixer trop longtemps un sillage.
Perceval, si les hommes se retournaient seulement une bonne fois, ils verraient se dresser derrière eux autant de Sodomes et de Gomorrhes levées de chacun de leurs pas et capables de les changer en statues de sel. C’est là ce que Montsalvage contemple, et c’est pourquoi tu trouves qu’il y fait nuit en plein jour. Tu as vu dans tes voyages de ces rochers qui gardent les pistes de bêtes fabuleuses qu’on ne voit plus nulle part. Ils étaient boue pour recevoir l’empreinte — ils se sont faits pierre pour la garder… Perceval ! quelque chose a passé ici il y a longtemps, dont Montsalvage a gardé l’empreinte, et rien n’a pu l’effacer, car Montsalvage est un lieu clos, car le temps et la vie n’y trouvent plus de prise, car Montsalvage pétrifie – et c’est ce qui fait de moi pour les passants une pierre de foudre au bord de la route, un fantôme en plein soleil, une tête de Méduse qui te fascine et que tu n’oublieras plus jamais de regarder, Perceval, parce que tu m as vu, parce que ce que j’ai fait tu pourrais le faire, et tu l’as désiré dans ton cœur, et que tu sais maintenant que je te ressemble.

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À travers les différents ouvrages que l'auteur a écrit pendant et après ses voyages à travers le monde, la poésie a pris une place importante. Mais pas que ! Sylvain Tesson est venu sur le plateau de la grande librairie avec les livres ont fait de lui l'écrivain qu'il est aujourd'hui, au-delàs de ses voyages. "Ce sont les livres que je consulte tout le temps. Je les lis, je les relis et je les annote" raconte-il à François Busnel. Parmi eux, "Entretiens" de Julien Gracq, un professeur de géographie, "Sur les falaises de marbres" d'Ernst Jünger ou encore, "La Ferme africaine" de Karen Blixen. 
Retrouvez l'intégralité de l'interview ci-dessous : https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/
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