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EAN : 9782714302960
256 pages
José Corti (01/01/1967)
4.41/5   35 notes
Résumé :
Avec "Lettrines", si Julien Gracq inaugure un style d'écriture qui échappe à une définition classique, il ne paraît pas exagéré de penser qu'il renouvelle une forme d'expression originale — appréciée de certains romantiques allemands — que d'autres écrivains vont emprunter après lui.

Littérature en fragment, aphoristique, c' est « un ensemble très libre, une mosaïque de notes de lecture, de réflexions, de souvenirs », dira-t-il dans une interview.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
"Lettrines" est - avant tout - une chasse aux trésors. Et Gracq, une sorte de "Robinson Crusoë" ne s'adressant, au fond, qu'à un "lui-même lecteur" (c'est-à-dire humble chasseur-cueilleur de merveilles : merveilles qu'il semble trouver accidentellement et préférentiellement dans "les oeuvres du passé"). Gracq OSE donc se forger - toujours, et d'abord - sa propre opinion. Irréductible. Imperméable à toute influence avérée des plus insidieux moutonnismes, d'hier ou d'aujourd'hui. [*].

C'était en 1967. Après son premier essai critique publié en volume (en 1961) et intitulé "Préférences", l'écrivain a l'idée de rassembler certaines de ses notations produites "au fil des jours", "longues impressions" solidement argumentées (au diapason de son sens esthétique personnel). Avec visite affective d'un long passé littéraire (bien oublié, aujourd'hui, de la plupart d'entre nous...). Souvenirs émus de lectures... mais aussi souvenirs lumineux d'une enfance du début du [XXe] siècle... Poétique rare cachée en chaque ligne merveilleusement ciselée... Rythme mélodieux, étudié, de chaque phrase... Et rien de narcissique ici [**]... Pourquoi l'écrivain Julien Gracq fut-il épargné, lui, par cette véritable "maladie du siècle" ? Pourquoi, au fond, fut-il si "autre" ? Curieux, tout de même, au Royaume hexagonal de tous ces égos auto-centrés (à la pullulation redoutable)... Mais cela - fort heureusement - restera un mystère "gracquien" de plus.

Et discrètement, comme distraitement, notre monde intérieur s'ouvre enfin, s'élargit...

Là où, entre les lignes, s'entraperçoit une admiration amoureuse - et pudique - des plus belles oeuvres d'Edgar Poë, de Stéphane Mallarmé, d'André Breton, de Victor Hugo, de Paul Claudel, de "Stendhal", d'Honoré "de" Balzac, de Gérard Labrunie "de Nerval", d'Arthur Rimbaud, de René-Guy Cadou, de Jean-René Huguenin, d'Etienne Pivert de Senancour...


Lien : http://www.regardsfeeriques...
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Les émergences nouvelles , en boutons, historiées en leurs commencements , comme champs de novations --- scientifiques, poétiques, expérimentales, exploratoires --- ' linéamentaires ' , à anticiper temporellement.

Dont les trouvailles gracquiennes de la translation - paysagiste et situationnelle -- imageante : illustration, correspondance, " hiéroglyphie " comme poetique gracquienne de la matérialisation vécue , éprouvée d' une dimension de l ' Imaginaire.

L ' illustration : le paysage ou la situation du moment présent qui illustrent, incarnent , soudainement , une oeuvre d'art : littéraire, picturale, ou historique.

La correspondance : un paysage proche ou familier qui en un arrangement circonstanciel et circonstancié de détails ou de parties évoque et matériellement nous fait vivre ou nous transporte en un continent étranger ou en une réalité totalement exotique : Afrique, Océanie, Polynésie, Asie.


L ' hiéroglyphie : le jeu narratif analogique de la métaphore filée qui en regard d' une situation et d' un paysage référentiels litteraux décrits transportent le lecteur en une Autre dimension immanente et vécue , en parallèle.

Dimension narrative mytho - allégorique ou allegoro - symbolique.

Ex : le tableau de la Bretagne, ou le tableau des Landes.

En ce qui concerne la litterature : l ' idee d ' " opera romanesque " par l' entrée en resonance universelle produite par l ' interconnexion choisie et voulue d' éléments et dimensions consonnantes ou dissonantes , de lieux, d ' heures, de tonalités et de couleurs, d' eclairages , de moments --- pièces du montage mental fictionnel multiple projectif dont le roman est le matériau tramé.


Et beaucoup d' autre chose encore.....



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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Aucune des gloires massives de la littérature française qui n'ait été depuis deux siècles de part en part entachée de politique : Voltaire, Rousseau, Chateaubriand, Lamartine, Hugo, Zola, France, Barrès. Même dans cette après-guerre, c'est le mouvement de la Résistance qui a porté d'abord Sartre et Camus. A noter d'ailleurs que les clivages infinis qui divisent les familles politiques françaises se ressoudent par miracle dès qu'il est question de littérature : ici c'est soudain toute la droite unie ou toute la gauche unie qui se serre autour de son porte-fanion : il va de soi que c'est seulement au prix d'infinis malentendus. La puissante simplification de la vie politique américaine s'opère ainsi quelquefois en France, mais c'est seulement quand il s'agit de porter un écrivain au Panthéon. Comme un ministre de la Troisième République, l'écrivain peut d'ailleurs changer de majorité; mais, contrairement au leader parlementaire, qui évoluait en général de la gauche au modérantisme, la règle non écrite semble être pour lui de mettre progressivement du vin dans son eau (Chateaubriand, Lamartine, Hugo, Zola, France, et même Gide). Malraux y a contrevenu à ses dépens, et même peut- être Mauriac dont les fluctuations de clientèle, sur un plan plus modeste, repro- duisent à distance celles de Chateaubriand : droite - gauche - puis droite à nouveau.
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Des tabous littéraires : chaque époque semble connaître de ces écrivains - parfois de second ordre - que pendant un temps personne n'ose attaquer ni même critiquer, au milieu de l'universelle malveillance parisienne, comme si les protégeait une armure d'archange - devant lesquels chacun se découvre d'abord, de confiance, comme au passage d'un enterrement.
Puis vient une première piqûre, et l'odeur du sang brusquement flotte dans la mer - les requins on ne sait comment prévenus accourent par nuées du fond de l'horizon, chacun n'ayant de cesse qu'il n'ait arraché son morceau : on dépèce.
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Fiche signalétique des personnages de mes romans :
Epoque : quaternaire récent.
Lieu de naissance : non précisé.
Date de naissance : inconnue.
Nationalité : frontalière.
Parents : éloignés.
Etat civil : célibataire.
Enfants à charge : néant.
Profession : sans.
Activités : en vacances.
Situation militaire : marginale.
Moyens d’existence : hypothétiques.
Domicile : n’habitent jamais chez eux.
Résidences secondaires : mer et forêt.
Voiture : modèle à propulsion secrète
Yacht : gondole, ou canonnière.
Sports pratiqués : rêve éveillé – noctambulisme.
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Les saules floconneux sont l'état diurne des brumes du fleuve, que l'on a roulées et pelotonnées sur la berge, en attendant le petit matin.
Le plus bel aspect arborescent des rives de la Loire à Saint-Florent, je le découvre le long de l'île Batailleuse, en amont du Pont de Vallée : une grise et haute fourrure de saules, mousseuse et continue, doublée immédiatement en arrière par une muraille de peupliers. Le saule trempe aux eaux brumeuses et les marie aux berges aussi doucement que le petit gris bordant la peau nue ;...
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Personne, sans doute, n’écrit réellement pour la postérité (dont
il n’est au pouvoir de personne, en 1964, de deviner quelle figure
elle pourra bien prendre, ne fût-ce que dans quelques années).
Je ne crois pas non plus que la postérité soit pour l’écrivain une
«illusion commode» – je crois qu’il en use, plutôt, sans y croire
vraiment, comme d’un artifice de procédure pour maintenir son
procès ouvert – un procès qu’il ne peut envisager de perdre: ainsi Jeanne d’Arc en appelait au pape et Luther au concile: sans
excès de conviction, m’a-t-il toujours semblé. La vérité est qu’il
y a probablement dans l’écrivain, à certains moments privilégiés
où il tourne vers ce qu’il fait, un regard qui lui paraît naïvement
intemporel, un fou qui sait, qui a raison contre tous les autres,
présents ou futurs, et à qui la postérité même apparaît pour le
juger sans justification suffisante. La postérité, avec ses goûts et
ses jugements, ce n’est après tout que la littérature militante de
demain – lui, dans ses moments, il est sur un autre plan: il s’intègre d’emblée à la littérature triomphante.
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Vidéo de Julien Gracq
À travers les différents ouvrages que l'auteur a écrit pendant et après ses voyages à travers le monde, la poésie a pris une place importante. Mais pas que ! Sylvain Tesson est venu sur le plateau de la grande librairie avec les livres ont fait de lui l'écrivain qu'il est aujourd'hui, au-delàs de ses voyages. "Ce sont les livres que je consulte tout le temps. Je les lis, je les relis et je les annote" raconte-il à François Busnel. Parmi eux, "Entretiens" de Julien Gracq, un professeur de géographie, "Sur les falaises de marbres" d'Ernst Jünger ou encore, "La Ferme africaine" de Karen Blixen. 
Retrouvez l'intégralité de l'interview ci-dessous : https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/
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