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EAN : 9782757824672
256 pages
Points (08/09/2011)
3.64/5   36 notes
Résumé :

Le rêve de la femme du pêcheur d'Hokusai est l'estampe érotique japonaise la plus connue. La plus énigmatique aussi. Union de la femme et de la bête marine. Scène d'hypnose, de sexe, de vigilance animale et de volupté surnaturelle. Patrick Grainville n'aborde pas le sujet par le biais d'une biographie d'Hokusai et d'une reconstitution de son époque. Il va droit au coeur du motif et raconte l'histoire de ce couple im... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
J'ose espérer que tout le monde connait « le rêve de la femme du pêcheur », la surprenante estampe d'Hokusai, remarquable témoignage de l'imaginaire érotique si fertile des Japonais. C'est à partir de cette image que Patrick Grainville a inventé l'histoire d'Haruo.
Haruo, un jeune et bel adolescent, habite avec ses parents sur une petite île. Pur et vierge, il n'a jamais connu du monde que cet environnement, les paysans et les pêcheurs de son village, une communauté de moines bouddhistes qui vit non loin de là et un étranger prénommé Allan, un scientifique à la recherche d'une panthère endémique de l'île. Haruo est tombé amoureux de Tô, la jeune veuve d'un pêcheur qui le fascine au-delà de tout.
Cette île qu'on peut situer dans l'archipel japonais au début du vingt-et-unième siècle est pourtant largement fabuleuse, à peu près préservée de la modernité. Un petit paradis, entouré d'une barrière de corail, dominé par un volcan en activité avec ses sources d'eau chaude. La vie est rythmée par le labeur tranquille des paysans dans les rizières, et pourtant l'île garde sa part de sauvagerie et de mystère. Je ne sais pas, d'ailleurs, si c'est à cause de l'atticisme de l'auteur ou de la très grande liberté de moeurs qui règne sur cette île, mais elle m'a autant évoqué le Japon que les légendaires îles grecques de l'antiquité, Lesbos, Cythère… une sorte d'Arcadie de l'amour où les tabous sexuels n'ont pas lieu d'être.
La sensualité est très importante dans ce livre. Tout la rappelle, elle est tellurique, végétale, animale, elle suinte de tous les paysages, elle déborde du volcan, de la mer et bien sûr des personnages principaux et d'abord d'Haruo qui bande pour un rien, à la simple vue d'une bufflonne se faisant traire, par exemple. Ah, la belle libido de l'adolescence ! Et même les belles amours adolescentes, car au fond le romantisme n'est pas absent dans ce roman. Il serait assez facile de se moquer de cette omniprésence charnelle dans l'écriture de Patrick Grainville et il est vrai qu'elle donne parfois l'impression de tourner au simple exercice de style, un peu gratuit. Mais on peut trop facilement se moquer de tous les grands stylistes (Patrick Grainville en est assurément un) et, après tout, il a écrit une belle fable sur l'éveil à la sexualité, forcément obsédante, irrésistiblement attrayante et inquiétante comme tout inconnu, où le fantasme pénètre la réalité.
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Un conte étrange,envoûtant, tout en érotisme et sensualité .

La passion du jeune et beau Haruo pour la belle et jeune veuve Tô,va l'amener tous les soirs à l'espionner ; or un soir, il va assister à un étrange spectacle:cache dans les roseaux ,il entend un gros clapoti et voit émerger une bosse ,la tête ,et des tentacules : c' est la pieuvre Oryui qui se dirige vers la maison de la belle Tô,pour une union très charnelle :"Tous ses sexes de braise s'ouvraient à elle.Et cela se glissait,entrait,la caressait ,la prenait,la vrillait, l'élançait....Alors ce fut un chant qui monta du magma de la couche ,celui de la jeune veuve Tô ,tordue de délices."
Effaré,le jeune Haruo ne regardera plus la jeune veuve avec le même regard.Mais son désir obsessionnel ira en grandissant porté par Hô un moine lubrique ,peintre,qui va les peindre nu ,l'un en face de l'autre.
Nous suivons Haruo dans son éveil a la sexualité au travers de magnifiques paysages du Japon où règne une nature luxuriante.Une atmosphère,une ambiance propice à la volupté la jouissance et au plaisir.En même temps, c'est un peu " la patte de l'écrivain" pour ceux qui connaissent.J'ai aimé. ⭐⭐⭐⭐
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Sur la petite île de Nayoa, les habitants du village de Kô vivent en harmonie avec la nature. La vie y est simple et paisible et seules les secousses sismiques provoquées par le majestueux volcan Gû viennent ponctuer, de manière occasionnelle, le quotidien des villageois. C'est à la faveur de la nuit que l'adolescent Haruo découvre la nudité de la veuve Tô. de là naît une véritable obsession du jeune homme pour cette femme à la beauté envoûtante. Jusqu'au jour où il la surprend en plein acte de plaisir avec la pieuvre Oryui, déesse de la mer et maîtresse monstrueuse. Face à cette scandaleuse découverte, l'émerveillement se mêle à l'effroi, à la honte et à la haine de cette rivale surnaturelle. Fort heureusement, l'étranger Allan ou encore Hô, le moine lubrique, seront des alliés de taille pour aider Haruo dans l'éveil de sa sexualité et dans sa conquête du coeur de Tô.
Patrick Grainville, en s'inspirant de la célèbre estampe d'Hokusai : « La femme du pêcheur », nous fait voyager dans un univers fantasmagorique, régit par les croyances surnaturelles. La pieuvre géante, loin d'être assimilée à l'horreur, est au contraire un vecteur de l'érotisme et du plaisir pur, sans fécondité. La nature, à l'inverse, apparaît dans toute sa splendeur et sa luxuriance, tantôt inquiétante et dévorante, tantôt féconde et protectrice, telle une mère. C'est dans cette atmosphère propice à la sensualité qu'Haruo fait l'expérience du désir et des sens. L'écriture est lascive, poétique et chargée d'érotisme. Elle envoûte et séduit son lecteur avec une certaine volupté. le récit se fait avec une lenteur, parfois frustrante, mais nécessaire à la montée du désir, comme à celle du plaisir. Un texte d'une grande beauté qui éveillera les sens du lecteur…
Un grand merci à Libfly et aux éditions Points pour cette étonnante découverte !
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Patrick Grainville est parti d'une simple estampe du japonais Hokusai, mais quelle estampe !!! Un vrai hymne à la volupté et la jouissance.

Sur une île japonaise, Haruo adolescent en plein éveil sexuel est subjugué par Tô, jeune veuve de pêcheur, qu'il guette chaque jour au moment du coucher. Un soir, surgit de la mer Oryui, La pieuvre-déesse qui va rejoindre Tô dans son lit et là, quel vertige lorsqu'il assiste à leur voluptueuse union.

L'île participe également à l'envoûtement. Les descriptions des travaux liés à la culture du riz, le volcan, la forêt, les sources chaudes….. Les habitants ne sont pas en reste dans ce tableau idyllique. le moine, peintre, caresse les formes de Tô et Haruo pour mieux en peindre les courbes !!! entouré de jolis moinillons qui ne craignent pas de batifoler dans les sources chaudes. Sato, femme mariée mais volage aime l'amour charnel et ne s'en cache pas. Les seules ombres sont données par le monde occidental, tel Allan, géographe et, surtout, trafiquant de statuettes rares. le réveil du volcan crachant feu et lave comme une image amène Haruo vers le moment du passage à l'acte.

Nous y trouvons également l'ambivalence de Haruo. Il se trouve partagé entre son île, ses traditions ancestrales, la culture du riz et le monde moderne régi par la rentabilité et l'argent représenté par le bateau-usine qui petit à petit épuise Mâ, la mer nourricière.

En tout état de cause, un très bon livre qui allie la houle voluptueuse, telle la vague du même Hokusai. et une écriture fine et poétique. C'est un vrai petit bijou

Ce livre est un véritable petit bijou de la littérature libertine et érotique d'une écriture fine, imagée et poétique, sans être jamais graveleuse.

Pour bien comprendre, allez voir la reproduction de l'estampe japonaise « la femme du pêcheur »


ce petit bijou va entrer dans mes coups de coeur.

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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Onirique, érotique, alchimique, allégorique, fantastique, volcanique, unique, philosophique, mélodique, hypnotique.
Autant d'adjectifs, nulle phrase superfétatoire pour qualifier cette oeuvre admirable.
Remarquable.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
"La nuit venue, l’adolescent s’approcha comme d’habitude de la maison de Tô. Il guetta la jeune veuve, surprenant sa silhouette qui passait devant la fenêtre dans le halo de
la lampe. Il ne distinguait rien de précis malgré le clair de lune, mais un bruissement, un mouvement de lignes, un volume ondoyant, une ombre de délice. Il écouta la jeune femme aller et venir, toucher des objets familiers, boire une dernière fois, avant de se coucher. Il entendit un froissement léger d’étoffe, de pagne défait. Puis le craquement de la couche. Et la lampe s’éteignit.Une forte chaleur submergeait encore le village. Un parfum de vase et de roseaux venait de la lagune. On n’entendait plus que les clapotis, la soie de l’eau. Et l’adolescent resta ainsi suspendu à écouter encore la maison de Tô endormie. Soudain le sol tressaillit. De la mer montèrent un grondement sourd, un roulement des fonds. Puis la terre palpita en deux pulsations vives. Le toit de la maison pencha, une partie bascula. Après un moment de saisissement et d’angoisse, l’adolescent se précipita pour porter secours à la jeune veuve. Elle n’avait pas poussé un cri mais il perçut un court gémissement. Il se saisit du panneau à demi effondré, le souleva, le déplaça. Dans le phare de la lune, il découvrit la nudité de Tô. La
vision le frappa : toute la peau blanche et l’angle noir.
Elle demeura un instant sur sa couche, dans la stupeur de la lune éclatante et du toit béant. Des appels retentissaient dans le village alentour, les gens jaillissaient des maisons.
Il l’aida à se lever. L’épanouissement des cuisses traversa son regard, la rondeur des mamelons, leurs bouts foncés. C’est plus tard qu’il se souvint de ces détails. Mais, tandis
qu’il s’empressait, il n’avait eu l’impression de ne fixer aucune image de Tô. Elle se ceignit d’une étoffe et sortit avec lui.
On avait entendu un souffle, une grande rumeur de l’autre côté de l’île, derrière la masse du volcan. Des bébés pleuraient dans les bras de leur mère. Les vieux s’appuyaient sur leur canne sans rien dire. Des garçons couraient de tous côtés à la recherche des porcs et des buffles qui s’étaient enfuis de panique. Mais le village n’avait pas subi de dégâts sérieux. On connaissait les caprices et les colères du volcan Gû. La lagune brillait, à peine plus agitée de vagues. On voyait les halos des lampes se balancer sur les pontons et le long du rivage
parmi les exclamations des pêcheurs.
Ce furent la première surprise et la vision blanche qui s’incrustèrent dans l’esprit de l’adolescent, entaillant son être même. L’onde de la peau laiteuse, le sombre pubis.Les perceptions plus précises des cuisses, des seins, de l’ovale sinueux des fesses qui lui revinrent plus tard ne parvenaient pas à faire corps avec l’éblouissement initial.
Elles en étaient désaccordées. Elles-mêmes restaient isolées les unes des autres. Elles surnageaient avec un relief poignant. Mais il ne réussissait pas à les composer dans une vision unique et harmonieuse de la femme qu’il avait désiré voir nue depuis l’enfance, son premier trouble. Ainsi il resta la proie de la fulgurante hallucination de la nudité de Tô qui l’avait subjugué quand il avait soulevé le couvercle du toit. Toute la substance de son cerveau, de ses nerfs fut livrée à ce velours de lumière. Il en fut violemment pénétré, pétri. L’empreinte de Tô immaculée, immobilisée d’effroi, son signe nu, le vaisseau de sa chair tatouée de noirceur."
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La nuit venue,l'adolescent s'approcha comme d'habitude de la maison de Tô.Il guetta la jeune veuve ,surprenant sa silhouette qui passait devant la fenêtre dans le halo de la lampe.Il ne distinguait rien de précis malgré le clair de lune, mais un bruissement ,un mouvement de lignes,un volume ondoyant ,une ombre de délice.Il écouta la jeune femme aller et venir ,toucher des objets familiers,boire une dernière fois,avant de se coucher.Il entendit un froissement léger d'étoffe,de pagne défait.Puis le craquement de la couche .Et la lampe s'éteignit. ( Page7).
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Les lobes se frayaient des sillons le long de ses seins, entre ses fesses, entre ses cuisses.... Et cela se glissait , entrait, la caressait, la prenait, la vrillait, l'élançait, faisait danser ses membres sur la roue d'une torture sans nom. Haruo ne pouvait plus distinguer le corps lunaire de la veuve de la fleur vorace et tentaculaire qui l'envahissait. Alors, ce fut un chant qu monta du magma de la couche, celui de la jeune veuve Tô tordue de délices.
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Mais le volcan secrètement suintait, respirait, vivait. C'est pourquoi d'en bas, il gardait toute sa puissance de sidération, tout bombé de ses forces plutoniennes.
La marmite flamboyait. Le sexe béant et chauve de sorcière incinérée cachait l'autre : la vierge éjaculation des fonds l'effervescence jeune et rousse du sperme infini.
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Haruo savait qu’il ne retrouverait jamais plus le mélange de désir et de souffrance dont il jouissait lors. Il se tenait indéfiniment au bord d’un paradis impossible. C’était la définition même de l’adolescence. Il était enveloppé de la présence la plus dense. L’île était bombée de forces tendres et voluptueuses. La pieuvre ouvrait dans son sein un précipice d’effroi qui le happait. Il regrettait ses épouvantes, ses révoltes, et l’envoûtement dont elles le berçaient.
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Vidéo de Patrick Grainville
Lecture de Patrick Grainville tiré du livre Figures d'écrivains, dirigé par Étienne de Montety.
Découvrez un portrait inédit de la littérature française. La visage, la plume et la voix de 70 grandes figures des lettres réunies pour un cadavre exquis historique.
Pour en savoir plus : https://www.albin-michel.fr/figures-decrivains-9782226436351
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