C’est toujours le même port. Les mêmes oiseaux du matin criant de joie sur les vagues de la mer. Ce sont les mêmes maisons de pêcheurs, propres et nettes, enfantines au bord de la route. Et comme la morte-eau, tranquille sur le sable, abandonne l’arc de la grève au soleil, le jour neuf délivre mille douceurs. C’est Trévignon, autrement dit la Pointe…
Ici aussi, les migrations estivales ont amené des êtres étranges. Ils sont rouges, tout cuits ! Ils portent des petites boîtes noires qui transistorisent des chansons idiotes. Ils ne doivent pas aimer le silence de la mer. Ils amènent avec eux les bruits de la ville. Et la poitrine sur le zinc, d’avantageuses créatures, fardées et faubouriennes, commandent sans façon le pastis rituel. C’est vrai : il existe une certaine vulgarité touristique. Elle souille nos rives et nos paysages. Je me réjouis d’être d’ici, sauvage, autochtone.
Les commerçants de Concarneau ont sorti leur camelote. La bretonnerie atroce fait recette : faïences mièvres, bricoles vaguement celtiques, poupées de Cornouaille. On ne vend pas encore la tête de Jakez Hélias sous un chapeau breton. Ca viendra, vive les Bretons !
Ce sont toujours les mêmes routes, fantaisistes, sous la bannière des châtaigniers, mes routes secrètes, cantonales et vicinales, les routes bergères, vachères, paysannes et odorantes qu’enchantent les tourterelles. C’est l’été surtout que je les emprunte, puisque les touristes, toujours empressés, les négligent. Et parfois je m’arrête pour écouter mon vrai pays, cette Bretagne qui moissonne ses blés et ses avoines, qui parle sa propre langue dans la cour de ses fermes et qui débouche son cidre rieur sur la longue table, par les après-midi lourds, pleins de mouches et d’abeilles. Et je retourne à Botzulan et puis voilà l’été…
C’est toujours le même port. Les mêmes oiseaux du matin criant de joie sur les vagues de la mer. Ce sont les mêmes maisons de pêcheurs, propres et nettes, enfantines au bord de la route. Et comme la morte-eau, tranquille sur le sable, abandonne l’arc de la grève au soleil, le jour neuf délivre mille douceurs. C’est Trévignon, autrement dit la Pointe…
Ici aussi, les migrations estivales ont amené des êtres étranges. Ils sont rouges, tout cuits ! Ils portent des petites boîtes noires qui transistorisent des chansons idiotes. Ils ne doivent pas aimer le silence de la mer. Ils amènent avec eux les bruits de la ville. Et la poitrine sur le zinc, d’avantageuses créatures, fardées et faubouriennes, commandent sans façon le pastis rituel. C’est vrai : il existe une certaine vulgarité touristique. Elle souille nos rives et nos paysages. Je me réjouis d’être d’ici, sauvage, autochtone.
Les commerçants de Concarneau ont sorti leur camelote. La bretonnerie atroce fait recette : faïences mièvres, bricoles vaguement celtiques, poupées de Cornouaille. On ne vend pas encore la tête de Jakez Hélias sous un chapeau breton. Ca viendra, vive les Bretons !
Ce sont toujours les mêmes routes, fantaisistes, sous la bannière des châtaigniers, mes routes secrètes, cantonales et vicinales, les routes bergères, vachères, paysannes et odorantes qu’enchantent les tourterelles. C’est l’été surtout que je les emprunte, puisque les touristes, toujours empressés, les négligent. Et parfois je m’arrête pour écouter mon vrai pays, cette Bretagne qui moissonne ses blés et ses avoines, qui parle sa propre langue dans la cour de ses fermes et qui débouche son cidre rieur sur la longue table, par les après-midi lourds, pleins de mouches et d’abeilles. Et je retourne à Botzulan et puis voilà l’été…
…la vie s’en vient la vie s’en va
lonla lonlaine et caetera
S
SOL
L
O
ma rose des vents
mon signe de croix
S
O
ILE
O
Mon ex-voto
dans la crypte marine
chantez saxos
S
O
L
FOL
stèle et fanal
flamme
amer du littoral
signe vertical
de la raison
face aux fatales démences
de la mer et des lames
…
Seigneur me voici c'est moi
Je viens de petite Bretagne
Mon havresac est lourd de rimes
De chagrins et de larmes
J'ai marché
Jusqu'à votre grand pays
Ce fut ma foi un long voyage
Trouvère
J'ai marché par les villes
Et les bourgades [...]
Seigneur mettez vos doigts
Dans mes poumons pourris
J'ai froid je suis exténué
Ô mon corps blanc tout ex-voté
J'ai marché
Les grands chemins chantaient dans les chapelles
Les saints dansaient dans les prairies
Parmi les chênes erraient les calvaires [...]
[Xavier GRALL, "Solo" : in "Solo et autres poèmes", Editions Calligrammes, Quimper, 1981 - pages 15 & 17]
Son âme dans le couloir
Extrait 3
Il a mis son âme dans le couloir et il la laisse là, telle une
étrangère qui ne sait plus s’il est permis de pénétrer dans la
demeure aux fenêtres aveugles, aux bancs cassés.
Son âme dans le couloir, brisée, sanglote une complainte
de la Chandeleur. Son âme en Février comme une lampe qui
vacille.
Il a mis son âme dans le couloir, n’entendant plus l’appel
des collines, la chanson violette de l’Arrée, la verte objurgation
de la mer.
Son âme dans le couloir, comme une chienne perdue, se
couche pour mourir entre l’horloge de Kemper et les photos
de famille.
…