Ce qui est là derrière

Il est part, elle reste seule dans l'appartement, les murs, les objets du quotidien, les odeurs, les couleurs, les sons, les images.

Elle découvre le manque, le vide ; comment elle doit maintenant prendre un tabouret pour attraper la boîte de céréales ; comment elle sait finalement par coeur jouer les morceaux au piano alors qu'il ne s'en est jamais douté.

Elle se laisse d'abord envahir par toutes ces choses insignifiantes en apparence qui font l'autre en permanence, puis elle s'en détache, les hais, pour enfin les inclure dans un nouvel espace possible : le sien.

Elle ouvre doucement sa porte aux autres siens, aux autres couleurs, aux autres histoires pour finalement reconstruire la sienne.

Ce recueil de poèmes en prose est un voyage intérieur où les sentiments s'entre-déchirent au gré des rencontres avec les souvenirs qui surgissent des petits-riens. L'auteure décrit avec justesse et précision ses émotions, ses vides, ses colères.

Elle sait donner une âme aux objets inanimés qui peuplent le quotidien. Ils deviennent alors média et vecteur de ses errances dans cet appartement qu'elle doit ré-investir seule.

C'est une lecture agréable si l'on sait ne pas s'identifier au personnage principal par crainte qu'elle ne devienne trop intrusive voire comparative. L'écriture de Geneviève Gravel-Renaud sait, malgré tout, restituer ce que quiconque qui a déjà vécu une séparation, a ressenti.

La poésie en prose est toujours particulière, de mon point de vue, car j'ai souvent l'impression qu'il lui manque la rythmique des pieds et des vers mais ici, elle offre néanmoins l'évasion connotée au style.

Cette lecture fut une bonne découverte.
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