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Call me Baby tome 1 sur 7
EAN : 9782371260344
352 pages
Editions addictives (29/01/2015)
4.21/5   61 notes
Résumé :
En débarquant à Londres avec sa sœur jumelle, Sidonie s’attendait à tout sauf à devenir la nounou de Birdie, la petite fille capricieuse du richissime Emmett Rochester. Alors que la jeune Française vient de perdre sa mère, son nouveau patron, lui, pleure sa femme, disparue deux ans plus tôt dans un violent incendie. Cabossés par la vie, ces deux cœurs meurtris se sont endurcis. Leur credo : pour ne plus souffrir, il suffit de ne rien ressentir. Mais entre eux, l’att... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Je voulais une histoire pour me changer les idées, donc, légère, sans prise de tête. Je savais aussi qu'avec Emma Green, c'est ce qu'il me fallait.
Effectivement, cette auteure est pour moi une valeur sûre ; je pouvais me lancer sans problème dans cette lecture.

Sidonie est française et débarque en Angleterre avec sa soeur Jumelle, Joe, après le décès de leur mère.
Joe travaille comme barmaid et Sidonie vient de décrocher un emploi comme nounou pour un richissime homme d'affaire. Son travail : veiller sur sa petite Birdie, âgée de deux ans à peine.
Mais voilà, la petite va lui en faire voir de toutes les couleurs et va falloir s'accrocher pour ne pas perdre son emploi.
Alors tout le long du livre, on suit les mésaventures de notre chère nounou et la charmante petite Birdie. On rigole avec tout ce qu'elle fait voir à Sidonie. Elle a de la repartie, ça c'est certain. Puis nous découvrons aussi, notre cher patron. Pas souvent là, car il travaille beaucoup mais quand il débarque à la maison, il préfère montrer son côté froid, intransigeant, autoritaire....celui qui règne sur son trône. Pourtant au fil des pages, on ressent toutes ses blessures, ce mal depuis le décès de sa chère épouse. C'est une âme blessée qui a du mal à remonter la pente, du coup, se cache derrière tout ça. On va les voir évoluer, s'approcher, se détester, se chamailler, se titiller avec de la jalousie pour pimenter le tout. Joe, la soeur jumelle est la soeur ultra protectrice. Elle veille sur Sidonie comme un garde du corps. J'ai d'ailleurs beaucoup aimé sa façon d'être, son côté déluré et franc. le Je vis ma vie et on verra demain, c'est tout à fait, Joe. Elle est carrément aux antipodes de sa soeur, qui, elle, est beaucoup plus réservée, pudique, sage. Mais au final, ces deux-là, sont complémentaires. Souvent des prises de bec qui ne durent pas et c'est vraiment intéressant de capter ce côté mystique chez les jumeaux. Et pour Joe, Sidonie perd son temps à être nounou. La vie lui réserve beaucoup mieux et si elle pouvait trouver un moyen pour lui faire changer d'avis, ça serait cool. Mais dans toute l'histoire, j'ai adoré Birdie. Elle est vraiment amusante, cette petite. J'ai énormément apprécié le meilleur ami du patron, même si on le voit que très rarement. Et, j'ai beaucoup plus apprécié Joe que Sidonie. Sidonie est parfois à côté de la plaque. On la ressent très fragile même si on comprend qu'elle vient de sortir d'une relation compliquée avec un auteur. Mais bon, ce n'est pas une raison pour vite succomber et c'est sur point là, où je suis complètement d'accord avec la soeurette.
Alors, certes, l'histoire n'a rien d'extraordinaire vu que c'est du vu et du revu...pourtant, on passe un très bon moment avec tous ces protagonistes, en tout cas, pour ma part.
J'ai tellement aimé ce livre que je l'ai lu en une après-midi.
Il y a un peu d'érotisme mais comme d'habitude, Emma Green, dose tout ça. Rien de vulgaire, ni de désagréable ; juste ce qu'il faut pour oublier ses soucis pendant quelques heures. Totalement addictif !
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Bon cette saga me faisait de l'oeil depuis un moment à la médiathèque. Couverture guirly un peu coquine et une auteure que je ne connaissais pas du tout. J'avais essayé un de ses romans que j'ai abandonné. Vu les avis positifs je me suis lancée.
Donc nous avons Sidonie qui se fait engager comme gouvernante pour un Lord dont sa fille Birdie est une vraie diva voire peste. Emmett son employeur est sexy, milliardaire. Mais ils ont deux points en commun : avoir perdu un être cher et un sale caractère mais surtout une attraction sexuelle mutuelle.
Je vais être honnête ce n'est pas de la grande littérature, c'est simple, frais et franchement on passe un agréable moment de détente et de rigolade. J'ai dévoré le tome 1 en moins d'une journée et j'ai adoré. Un roman sans prise de tête qui accomplit son devoir : nous évader des histoires compliquées. Pas besoin de suspens qui ne servent à rien, juste le quotidien chaotique et rocambolesque d'une Nanny qui tente comme elle peut de résister aux charmes de son Apollon de patron.
Deux héros attendrissants et franchement drôles ensemble. Des personnages secondaires hauts en couleur : Joe dont il me tarde de connaitre son histoire, Camilla la peste de service, Connor personnage attendrissant et les autres. Un choc de culture : les milliardaires face à la population lambda comme on pourrait le dire. Mais nous avons une Sidonie qui vous fera bien rire avec sa répartie bien à elle, vous émouvra avec son passé douloureux et va jouer avec vos nerfs sur sa relation avec Emmett. Emmett d'ailleurs qui reste un sacré mystère pour la lectrice mais se dévoilera au fur et à mesure.
Donc Emma M Green d'ailleurs je n'arrive pas à savoir si c'est 1 ou 2 auteures nous offre une romance fraiche, divertissante et sensuelle. Pas besoin de plus pour passer un moment agréable et sans prise de tête. Une plume simple sans chichi, une trame simple aussi sans besoin de rajout superflu.
Une bonne découverte. Je ne dis pas que je suivrais cette auteure à chaque fois mais de temps en temps ça me fera du bien.
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Encore une fois je suis comblée ! Il y a simplement un couac ... la suite sort en septembre ! Noooon ! Vous l'entendez ce cri de douleur qui sort du coeur ?⠀

△ Bon plus sérieusement, j'ai adoré !⠀

Préparez vos valises et embraquez direction Londres et pas n'importe où, le fameux quartier de Mayfair où le mystérieux Emmett vit avec sa merveilleuse et terrible fille Birdy.
Comme indiqué dans le résumé, Sidonie va être la nounou de notre petite capricieuse préférée âgée de 2 ans seulement, elle va lui en faire voir de toutes les couleurs, pour notre plus grand plaisir !⠀

Ce roman n'est pas centré exclusivement sur ces 3 personnages, certes ils en sont le coeur mais d'autres gravitent autour d'eux. Alors imaginez mon bonheur lorsque j'ai lu le résumé de « Call me Bitch » !! Parce qu'en pleine lecture de ce livre et plus particulièrement à la fin, je me voyais déjà envoyer un message rempli de supplications et même de pitié aux auteures pour une suite sur Joe (la soeur jumelle de l'héroïne) 🍒⠀

Je me suis fortement attachée aux personnages, il faut dire que les auteures savent y faire. Emmett est si touchant, et pas seulement pour son passé ; Sidonie est attachante mais j'avoue qu'à certains passages je voulais la trouver et la secouer fortement.⠀
J'ai particulièrement apprécié leur relation, leurs sentiments, c'est si joliment tourné et développé, à la fois tendre, passionnel et émouvant...⠀

Mais clairement, LE personnage de cette histoire est Jo(séphin)e, drôle, naturelle, spontanée, honnête, pleine d'esprit, de vie, l'incarnation de la liberté.
J'ai aimé cette relation fusionnelle entre elle et Sidonie, ces deux soeurs qui depuis toujours se soutiennent, s'aident et se comprennent sans pour autant avoir besoin de communiquer.⠀

Pour conclure, ce roman est frais, dynamique, romantique, érotique, plein d'humour. Encore une fois, la plume des auteures est sublime, toujours aussi juste, addictive et prenante !⠀

Évidemment je vous le conseille, j'ai hâte de pouvoir découvrir la suite qui s'annonce riche en émotions ! △
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Nous allons faire la connaissance de Sidonie et Joséphine deux soeurs jumelles venues vivre à Londres après la mort de leur mère.
Joséphine est la plus extravertie des deux, attachante, rebelle, elle n'a pas sa langue dans sa poche. Une croqueuse d'hommes, elle ne veut pas d'attache, elle ne croit plus en l'amour.
Sidonie notre protagoniste à beaucoup souffert. Elle a longtemps vécu sous l'emprise d'un homme qui la rabaissé sans cesse. Maintenant, elle n'aspire qu'à être libre, elle se dit vacciner des hommes.
Jusqu'à sa rencontre avec Emmett, qui va l'embaucher pour s'occuper de sa fille Birdie. Sidonie est une jeune femme que j'ai beaucoup aimée, malgré qu'elle ne se laisse pas démonter face à l'arrogance d'Emmett, c'est une jeune femme très douce, et sensible.
Emmett quant à lui, c'est un homme à l'humeur très changeante. Au départ, il m'a beaucoup agacé, il était arrogant, imbu de sa personne, se croyant toujours meilleur que Sidonie. Jusqu'au moment où sa carapace commence à se fissurer. Il a perdu sa femme deux ans auparavant dans un incendie.
Cette disparition, il a beaucoup de mal à s'en remettre. J'ai ensuite réussi à apercevoir au travers de son armure, et ce que j'ai vu m'a tout de suite plu. Il est d'une tendresse incroyable, il a un coeur immense, prêt à tour pour rendre sa fille heureuse.
Nos deux héros vont vite comprendre qu'il leur a difficile de résister à l'attirance mutuelle, qui les mènera dans un chemin semé d'embûches.
Une lecture totalement addictive, l'auteur a réussi à me faire adhérer malgré le cliché homme riche/femme perdue. L'écriture est fluide, on est tenu en haleine sans cesse, les situations s'enchaînent, les émotions nous transportent.
Et alors l'auteur nous offre une fin …..
OMG j'avais envie de rentrer de le bouquin et de dire à Emmett : Eh oh tu joues à quoi là? Tu te réveilles bordel ?????
Bref un premier tome addictif, des personnages attachants, de la sensualité, des secrets, des émotions, un cocktail qui fonctionne bien.

Call me baby T1 regroupe les volumes 1 à 3 de la version numérique.
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Un premier volume palpitant, une histoire addictive, avec des personnages prenants et un récit qui tient la route.

Nous faisons la connaissance de Sidonie et sa jumelle Joséphine, françaises, débarquées à Londres pour changer de vie et tout recommencer.

Sidonie postule pour un emploi chez un multimilliardaire : Emmett Rochester, pour s'occuper de sa princesse de 2 ans. Et contre toute attente, elle est embauchée. Si la garde de la petite Birdie la met à rude épreuve, l'attirance entre Emmett et elle est immédiate.

Sidonie est une jeune femme blessée en amour, profondément meurtrie par une ancienne histoire qui a laissé des traces. Sous aucun prétexte elle ne souhaite renoncer à sa liberté. Mais elle est romantique, sensible, tendre et douce. Elle a du mal à résister à son attirance envers son patron. Mais elle résiste tant bien que mal.

Emmett est un homme froid, professionnel, autoritaire et impressionnant. Il a bon fond, est honnête et sa fille est la prunelle de ses yeux. Après le drame qui a coûté la vie de sa femme, il se barricade contre l'amour. Mais son attirance pour Sidonie, jeune femme impertinente, fougueuse, mais tendre et sensible, est trop forte.

Ils vont passer alors un pacte.

Au fil du récit, leur histoire va être tumultueuse, cachée, secrète. Chacun a ses blessures, ses faiblesses et ses secrets. Cela ne va pas être facile pour eux. Surtout pour Sid, qui ne sait plus sur quels pieds danser.

Sid et la petite Birdie, après des débuts très difficiles, commencent à peine à créer un lien. Et surtout, elles ont une chose en commun.

Dans la vie de Sid, il y a sa jumelle Jo. Elles sont très liées et se confient tout mais elles ont aussi un caractère et une idée de l'amour diamétralement opposés.

A la fin de ce premier volume, l'ex de Sidonie refait surface, Emmett et lui se retrouvent confrontés et....

A vous de lire pour connaitre tous les détails de cette histoire savoureuse où les rebondissements ne manquent pas, et vous entraînent dans une spirale émotionnelle intense.

L'auteur a une très belle plume avec des mots simples et touchants, des situations qui vous font passer du rires aux larmes. Sid et Emmett sont deux très beaux personnages, qui battent le chaud et le froid, enfin surtout Emmett, mais aussi qui ne se dévoilent pas complètement dans ce premier volume. Il reste des zones d'ombres sur les sentiments et les blessures d'Emmett. Par contre, on sent qu'un lien les unis, on ressent leur attirance, mais parfois, cela ne suffit pas. Certaines révélations au court du récit nous plonge en plein coeur d'émotions intenses, où parfois justement mon petit coeur était très serré.

Beaucoup de choses et d'événements se passent au fil de notre lecture, que ce soit avec nos personnages principaux ou nos personnages secondaires. D'ailleurs, chaque personnage secondaire est essentiel à ce récit, que ce soit pour nous faire comprendre psychologiquement nos deux héros ou pour étoffer l'histoire, ce qui fait que ce roman est complet au niveau de l'intrigue et de l'environnement.

J'ai adoré cette lecture qui m'a tenue en haleine du début à la fin. Une lecture très addictive. Un récit parfait, avec des scènes sensuelles, parfois un peu sauvages, de l'humour et surtout de l'émotion. On se prend vite d'affection pour Sidonie et Emmett, leur couple caché, leur relation pas évidente, leur crainte. La petite Birdie est tout simplement adorable, même si au départ avec Sidonie elle ressemble plus à un petit démon, ce qui apporte d'ailleurs quelques situations assez rocambolesques.

En bref, une très bonne lecture, passionnante, qui vous tient en haleine tout du long. Les événements s'enchaînent, les relations s'approfondissent, pour disparaître ensuite. Beaucoup d'émotions, de sensualité, de secret, un récit tout en douceur, fluide.

Une fin de tome très.....frustrante !

Lien : http://mateiva.blogspot.fr/2..
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
6 h 58. Mon téléphone vibre sur la chaise qui me sert de table de nuit, me sortant brusquement de mes songes – dans lesquels une sorcière, au visage étrangement similaire à celui d’Imogen, me traînait par les cheveux le long d’un interminable couloir. Numéro masqué. Je déglutis difficilement en me redressant dans mon lit.

Mathias ? Non, il ne connaît pas mon nouveau numéro. Impossible.

Quelques secondes plus tard, je suis au bord de la crise de panique lorsque mon smartphone cabossé vibre à nouveau. Deux coups seulement. Message vocal. Je retiens ma respiration en plaçant l’engin contre mon oreille…

– Miss Merlin, Imogen Price à l’appareil. Mr Rochester souhaite vous rencontrer sur le champ. 8 heures. Soyez ponctuelle ou ne prenez pas la peine de vous déplacer. À 8 h 01, nous contacterons le candidat suivant.

Quelle idiote… Évidemment que ce n’était pas Mathias… 8 heures pétantes ? Challenge accepté, Miss Marple !

Je me rue jusqu’à la salle de bains, me prends les pieds dans le cordon du sèche-cheveux – laissé branché toute la nuit par ma chère sœur – et lâche un nom d’oiseau suffisamment fort pour la réveiller. Ou du moins, pour réveiller une personne lambda. Ce qui veut dire que Joe n’est pas concernée. Mme la Marmotte roupille toujours lorsque je franchis le pas de la porte, vingt-deux minutes plus tard. Pantalon noir et chemisier rose pâle, maquillage léger, queue de cheval lissée : pas d’effort superflu, juste le strict minimum.

7 h 29. Le temps était orageux hier soir et vu les flaques qui jonchent la rue, je devine que le ciel s’est défoulé pendant la nuit. Je m’éloigne de Cleveland Way – cette rue où je commence à me sentir chez moi – pour rejoindre une plus grosse artère. Mon timing est serré, je vais devoir me payer le luxe d’un taxi. Jusqu’à Mayfair, en prévoyant la circulation, le trajet devrait prendre une bonne vingtaine de minutes. Ce qui m’en laisse cinq pour arrêter un véhicule.

Le quartier est déjà en ébullition, le grand marché s’installe, les visages sont fatigués mais les corps s’activent. Ce coin de Londres n’a pas très bonne réputation, mais il nous a tout de suite plu, à Joe et moi. Nous ne sommes qu’à une dizaine de minutes de Whitechapel, le quartier de prédilection de Jack l’Éventreur. C’est ça qui a séduit ma jumelle, plus que tout le reste – allez savoir pourquoi... Moi, c’est le loyer qui m’a convaincue. Presque abordable : un miracle, dans cette ville. J’ai tout de suite apprécié le côté cosmopolite de ce « borough », toutes ces langues chantantes qu’on entend à chaque croisement de rue, tous ces artistes qu’on croise, ces restaurants exotiques qui font voyager vos papilles – sans creuser un trou dans votre porte-monnaie. Les galeries d’art qui exposent des toiles incompréhensibles mais captivantes, les magasins vintage, les bric-à-brac, les fresques de rue. Ce quartier est à l’image de notre vie, dernièrement. Un bordel perpétuel mais vivant, que vous apprenez à aimer avec le temps, un peu malgré vous.

Perdue dans mes pensées, je ne réalise pas qu’un taxi a vu ma main levée et se dirige vers moi à vive allure. Je n’ai pas le réflexe de reculer, il roule dans la mare sombre qui déferle le long du caniveau. Je me retrouve trempée, de la tête aux pieds. Mon chemisier rose est devenu… grisâtre.

Pas le temps de repasser chez moi pour me changer !

Je saute dans le « black cab » en me mordant les joues pour ne pas hurler ma fureur, le chauffeur bourru me jette un coup d’œil dans le rétroviseur et s’excuse à demi-mot. Puis me demande de faire attention à ne pas tremper la banquette. Je serre les poings, me retiens de l'éventrer – Jack, un petit coup de main ? – et lui balance l'adresse en beuglant.

7 h 58. Je sonne au 30 St George Street, un peu fébrile mais fière de ma ponctualité – moins de mon look de rat mouillé. Pas le temps de m’émerveiller une fois encore sur la façade blanche immaculée et ses baies vitrées avancées. Sourire poliment et ignorer le tissu qui me colle à la peau.

La grande porte couine légèrement en s’ouvrant. Je m’attends à me retrouver face à Imogen – gravure de mode du troisième âge – mais c’est un homme qui apparaît. Un homme d’une virilité et d’un magnétisme tels que j’en perds mon latin. « Good Lord ! » – Mon Dieu ! – sort de ma bouche, remplaçant le traditionnel « Good morning ». Ses pupilles noires me fixent sans détour, puis ses yeux me détaillent rapidement de la tête aux pieds. Il hoche soudainement la tête, puis m’invite à entrer. Il n’a pas prononcé un mot jusque-là.

«Good Lord » ? Quelle conne…

Je suis Mr Rochester jusqu’au grand salon, somptueux et intimidant – comme son propriétaire – et admire la vue directe sur le jardin verdoyant tondu au millimètre près. L’homme aux épaules colossales se retourne vers moi et me fait signe de m’asseoir sur le canapé Chesterfield en cuir marron. Je m’exécute, sans parvenir à le quitter des yeux. Il doit avoir une trentaine d’années. Son costume griffé bleu marine fait ressortir la blondeur cendrée de ses cheveux. Ils sont courts, coiffés à la va-vite. Je continue mon inspection alors qu’il se plonge dans la lecture de mon CV. Ses yeux sont sombres, perçants et vifs, entourés de longs cils qui confèrent un peu plus de douceur à son regard. Son nez est fin, à peine busqué, sa mâchoire carrée, ses lèvres pleines, une barbe de trois jours recouvre son menton, achevant de faire de lui mon fantasme personnifié.

De toute ma vie, je n’ai jamais croisé un homme tel que lui. Qui dégage autant de force, d’assurance. Il a quelque chose d’animal. Une petite cicatrice trace une ligne blanche au coin de son œil gauche. Je meurs d’envie de la toucher, du bout des doigts. Je tente de fixer mon attention sur autre chose. Ses mains. Immenses, tendues, à la peau légèrement hâlée. En un éclair de folie, je les visualise sur moi. Parcourant ma peau. Caressant ma nuque. Mon ventre. Mon…

– Vous avez peu d’expérience, mais Imogen m’a dit que vous ne vous étiez pas laissée démonter, lors de votre face-à-face avec Birdie.

Sa voix grave vient de traverser les airs, de percuter les murs, de résonner en moi… tout en bas. Il ne manquait plus que ça. Je papillonne bêtement des yeux, croise les jambes pour me donner une contenance.

Reprends-toi, Sid.

– Vous êtes ici chez moi, reprend-il en reportant son attention sur la feuille désormais posée sur la table basse laquée. Emmett Rochester.

Son ton ne s’adoucit pas, il reste glacial. Je suis totalement déstabilisée. Comme une adolescente en émoi, je détourne les yeux à chaque fois que nos regards se croisent. Il doit prendre ça pour de la faiblesse.

– J’élève ma fille seul et lorsque ma carrière m’oblige à la délaisser, je tiens à ce qu’elle soit entre les meilleures mains. Je ne cherche pas une personne surqualifiée, une nourrice qui a traversé le monde pour veiller sur des petites têtes couronnées. Je cherche une personne responsable, qui a des valeurs, les pieds sur terre et qui fera en sorte que Birdie grandisse le plus normalement possible. Bénéficier d’un train de vie privilégié n’est pas toujours une bénédiction pour un enfant. Je compte embaucher la personne qui saura lui prodiguer de l’amour, mais aussi toutes sortes d’attentions qui lui permettront de s’épanouir, comme toutes les petites filles de son âge.
– Je vois, dis-je d’une voix timide.
– Avez-vous déjà été en contact avec un enfant qui a perdu sa mère ? demande-t-il soudain, en plongeant ses yeux noirs dans mon bleu pétrifié.

« Perdu sa mère ? » Il n'est pas divorcé ? Il est... veuf ?

– Non… avoué-je en soutenant son regard. Mais je l’ai vécu moi-même.

Mais pourquoi est-ce que je me sens obligée de vider mon sac ?

Un ange passe, nos yeux restent liés, traversés par une intensité nouvelle.

– Vous comptez rester longtemps à Londres, Miss Merlin ? Vous n'allez pas rentrer à Paris sur un coup de tête ? Ma fille a besoin de stabilité, m'interroge-t-il soudain, en remontant ses manches.

C'est vraiment nécessaire, ce sex-appeal ? Comme si j'avais besoin de ça...

– Je suis bien à Londres et je compte y rester.
– Six mois, un an, cinq ans...? insiste-t-il, un peu agacé par ma réponse évasive.
– Dix ans. Minimum.

Cela semble lui convenir. Ses pupilles insondables font le tour de mon visage et commencent leur descente. Mon chemisier – aïe… – mon pantalon moulant et mes sandales noires à talons.

– Vous vous êtes dit qu’avant un entretien, c’était une bonne idée de participer à un concours de tee-shirts mouillés ? fait-il d’une voix moins sévère, mais sans esquisser le moindre sourire.
– Non ! Il a plu cette nuit… Le taxi… Je…
– Vous prenez toujours tout au premier degré ?
– Je ne sais pas. Vous vous amusez souvent à embarrasser vos futurs employés ?

Être respectueuse, oui. Se faire marcher dessus, non.

– « Futurs employés » ? Vous êtes bien sûre de vous… Et l’annonce était claire. Pas de personnes susceptibles.
– Je ne le suis pas.
– Bien. Je peux donc énoncer les règles sans craindre de vous offenser, fait-il en se levant.
– Je vous écoute.
– Vous ne les notez pas ?
– Je n’ai pas pensé à…
– Premier tiroir, me coupe-t-il en désignant la commode à ma droite. Servez-vous.

Je m’empare d’un petit cahier vierge et d’un stylo noir. Nos regards se croisent à nouveau, le sien semble plus détendu. Je me retiens de soupirer en étudiant sa silhouette de profil. Il se lance :

– Si vous êtes retenue pour ce poste, vous dormirez ici quatre nuits par semaine. Samedi et dimanche seront vos deux jours de repos.
– Dormir… ici ? bredouillé-je bêtement.
– Oui. Vous aurez votre intimité, tout le dernier étage vous sera réservé. Mais c’est un boulot qui requiert une attention constante et une disponibilité vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Un enfant ne s’arrête pas de vivre au coucher du soleil, vous savez… Pas de bouton off.

Un micro-sourire s’esquisse sur ses lèvres, puis disparaît avant que j’aie le temps de l’admirer.

– Entendu, indiqué-
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e fais claquer mes talons jusqu’au salon en tirant sur le col de mon tailleur strict. Pas franchement confortable, mais comme le disait ma mère : « Avoir fière allure, ça se mérite. » Je m’inspecte quelques secondes dans le grand miroir fixé au mur, rajoute un peu de rouge cerise sur mes lèvres, place quelques mèches blondes derrière mes oreilles, puis réalise enfin que je ne suis pas seule. Mon sosie aux cheveux noir corbeau – en short en jean et débardeur imprimé tête de loup – m’observe, assise en tailleur, à même le parquet.

– Sid, oublie ce foutu entretien. Tu n’as pas l’expérience demandée, ils vont te recaler direct ! Tu t’apprêtes à perdre deux heures de ta vie ! Et de la mienne. On est censées ranger tout ce bordel, soupire Joe en s’attaquant – au cutter – à un innocent carton qui avait le malheur de traîner là.
– Ils ont reçu mon CV et accepté de me rencontrer, c’est tout ce qui compte. Ah, et deux mots magiques : « rémunération attractive ».

Je lui décoche l’un de mes sourires les plus agaçants, elle me balance une Converse trouée – qui manque de justesse mon visage.

– Je te parie que tu vas t’enfuir au bout de dix minutes ! La mioche va faire un caprice parce que sa nouvelle dînette n’est pas incrustée de diamants mais de Swarovski, sa mère maniaco-dépressive va s’enfiler une poignée de Lexomil en douce, pendant que Mr X – encore un vieux beau qui te fera les yeux doux – tendra un billet de 100 à sa petite princesse. C’est tout ce qu’il aura trouvé pour la faire taire… Ça marche aussi avec « Môman », d’ailleurs, ça coûte cher, la cure botox, champagne et antidépresseurs…
– Qu’est-ce qui te fait croire que ce Mr X est richissime ?
– À ton avis, Einstein ? Mayfair, ça t’inspire quoi à part le fric, le fric et encore le fric ?
– Ça tombe bien, c’est justement pour le fric que j’ai postulé. Parce que ce n’est pas avec ton boulot de barmaid à mi-temps qu’on va payer le loyer… On a suffisamment galéré avant de trouver cet appart' tout juste médiocre. J’ai eu ma dose d’hôtels miteux et d'auberges de jeunesse crasseuses, je ne compte pas me faire expulser le mois prochain ! Compris, Coyote Girl ?
– Ouais, bon, je m’incline, rit-elle de sa voix grave. Va vendre ton âme, je gère les cartons.

Je promène mon regard aux quatre coins du salon. Un cimetière. Tous les cartons qui se trouvaient à sa portée ont fini éventrés. Je ne donne pas cher des autres…

Joséphine. Ma sœur jumelle. La délicatesse incarnée.

Je m’engouffre dans le métro – ou underground, version british – un quart d’heure plus tard et constate immédiatement que je fais tache. Mon tailleur étouffant et moi, nous nous creusons une petite place au milieu des Londoniens en tenues estivales et des touristes aux casquettes vissées sur la tête. Il fait une chaleur écrasante en ce début juillet, je rêverais d’être en terrasse, en train de siroter un soda bien frais dans une robe bain de soleil. Mauvaise pioche. Je suis dans un costume de clown triste, pressée contre un mur dans cette rame bondée, entourée de gens dont la politesse et l’hygiène ne semblent pas être des priorités. Et je m’apprête à baiser les pieds d’un certain Mr X, à sourire niaisement à une petite peste, juste pour empocher un job dont j’ai désespérément besoin. Mais qui ne m’enchante guère.

Quitter Paris, la pire idée que j’ai jamais eue ? Non, c’était vital.

Bienvenue dans le quartier le plus recherché, le plus élitiste de Londres. La case la plus chère du Monopoly anglais. Bordé par Hyde Park à l’ouest et l’ultra-tendance West End à l’est, sa situation est plus qu’idéale. C’est en tout cas ce que radote le vieux Guide vert Michelin des années 1990 qui traîne sur ma table de nuit.

Après avoir écrabouillé une demi-douzaine de pieds en m’extirpant du wagon, je sors à l’air libre, essoufflée, les joues cramoisies, mais ravie. Depuis mon arrivée au Royaume-Uni, un mois plus tôt, je ne me suis jamais promenée dans ce quartier à mes heures perdues. Ma sœur et moi, nous nous sommes cantonnées aux coins plus populaires – et plus adaptés à nos goûts modestes – tels que Camden Town ou Soho. C’était une erreur.

Sur mon petit bout de trottoir, je lève la tête et contemple mon environnement. Coup de foudre instantané – ce n’est pas mon genre, pourtant. Le ravissement coule dans mes veines. Tout ce que je prends le temps d’observer semble avoir été préservé dans un écrin de velours. Ici, pas de pubs sinistres ou de boîtes bruyantes, mais des bars à vin au charme désuet et des fumoirs intimistes. Les restaurants se veulent discrets mais subtilement décadents, les façades d’immeubles rivalisent de beauté et les rues sont d’une propreté éclatante.

Et ce sourire qui traîne nonchalamment sur toutes les lèvres…

Un coup d’œil à ma montre et je dégringole de mon nuage. Dans six minutes, il sera 15 heures. Dans sept minutes, le job me passera sous le nez. J’accélère le pas sur Bond Street, admirant sans m’arrêter les boutiques de luxe qui se suivent et ne se ressemblent pas – du moins, pas toutes. Chanel, Prada, Miu Miu, Cartier, Alexander McQueen, Louis Vuitton... Joe avait probablement raison. À moins d’habiter dans un studio insalubre et situé au dernier sous-sol, il faut être millionnaire pour se payer le luxe d’être propriétaire, par ici. Et ce constat ne me dit rien qui vaille. Je n’ai rien contre les gens riches, mais je préfère ne pas avoir à leur rendre de comptes. Surtout quand leurs moyens dépassent l’entendement. Et le PIB d’un petit pays.

Pense à ton salaire, pense à ton salaire, pense à ton…

Rue : St George Street. Numéro : 30. Étage : pas indiqué. Je comprends vite pourquoi. Mr X n’habite pas dans un appartement, comme le commun des mortels, mais dans une sublime maison victorienne à quatre niveaux. Une « townhouse », comme disent les Londoniens – avec une pointe de jalousie dans la voix.

14 h 59. Je tente de redescendre en température et fais une rapide vérification : tenue professionnelle – coiffure irréprochable – haleine fraîche. Tentée de faire demi-tour, je sonne précipitamment pour que ce ne soit plus une option. Face à cette porte probablement centenaire, je patiente en prenant la pause. Dos droit, tête haute, jambes serrées, mains jointes devant moi, posées sur mon petit attaché-case. La parfaite potiche. Pardon, nanny.

D’abord, je ne distingue que sa chevelure d’un blanc immaculé, comme on en voit rarement. Mes yeux descendent et rencontrent les siens, plissés, d’un bleu profond. Puis je m’arrête sur sa bouche pincée et délicatement ridée. Cette femme doit avoir une soixantaine d’années, peut-être plus et mériterait de figurer sur un tableau de maître. Son visage est marqué, mais ses yeux, eux, ont gardé la fougue, l’impétuosité de sa jeunesse. Mon cœur se serre alors que des images de ma mère défilent dans mon esprit.

– Quand vous aurez terminé de me détailler sous toutes les coutures, vous me ferez le plaisir d’entrer ? me demande sèchement mon interlocutrice.

Même son accent, sa voix sont d’une distinction incroyable... et froide.

Je la suis silencieusement jusqu’à un petit salon cossu, situé à l’entrée de la demeure, et m’assieds dans le fauteuil qu’elle me désigne. Je me sens toute petite, subitement. Je réponds à chacune de ses questions pendant presque une demi-heure, sans jamais savoir si mes réponses lui conviennent ou non. Par chance, je maîtrise parfaitement l’anglais – même si mon accent français trahit mes origines. L’Anglaise ne sourit pas, ne hausse pas le ton, se contente de m’interroger sans relâche en prenant quelques notes. Puis elle se lève et je l’imite. À ce stade, je ne sais toujours rien d’elle. Je m’attends à être mise à la porte, mais elle prend la direction inverse : les escaliers.

L’ancien et le moderne font bon ménage, j’en ai la preuve incontestable. Si l’extérieur de la townhouse était impressionnant, l’intérieur est saisissant. Je trottine derrière la Reine des Glaces – en manquant plusieurs fois de lui rentrer dedans – et tente de ne rien louper du décor sur mon chemin. Les grands espaces de vie, la très belle hauteur sous plafond, la décoration épurée mais design, ce que je devine être une salle multimédia, sur ma droite, puis une salle de sports, sur ma gauche. Les murs clairs et la lumière qui traverse les larges fenêtres contrebalancent les notes plus sombres du mobilier. Nous n’avons pas encore traversé tout le premier étage, j’ai l’impression d’arpenter les couloirs interminables d’un château. Ici et là, les plantes, fleurs, sculptures et tableaux abstraits ajoutent de la couleur à l’ensemble, apportant à cette maison une âme, une impression de vie et d’unité.

Finalement, la femme s’immobilise devant une grande porte blanche, derrière laquelle je perçois des pleurs. Elle pose la main sur la poignée et se retourne vers moi.

– Mon nom est Imogen Price. J’étais la nanny de Birdie jusque-là, mais ma santé ne me permet plus d’assumer cette responsabilité. Reste à savoir si vous, Miss Merlin, vous en serez capable. Vous avez une heure pour me prouver que vous êtes à la hauteur.
– Vous ne comptez pas me laisser observer d’abord ? Pour que je sache comment tout fonctionne et pour ne pas effrayer la petite ? paniqué-je à moitié.
– Non, ce serait une perte de temps. Vous êtes mise à l’épreuve, aujourd’hui, et Birdie est le meilleur test qui soit. Bon courage…

Imogen ouvre une première porte et m’invite à pénétrer dans la pièce. Pas de doute, l’enfant qui habite entre ces quatre murs ne manque de rien. À part d’une nanny dotée d’un cœur et d’un certain sens de l’humour, semble-t-il. Mes yeux survolent la moquette impeccable – que je devine ultra-douce et moelleuse, rien qu’au regard –, se posent sur les photos en noir et blanc et les illustrations colorées accrochées aux murs, puis sur les piles de jouets.

– Mr X a dévalisé un Toys'R'Us ? lâché-je bêtement, en tentant de faire sourire Mrs Price.

Échec cuisant. Elle lève les yeux au ciel, puis se rend jusqu’à la porte suivant
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Direction Camden Town, le quartier le plus rock et jazzy de Londres. Un coin à la fois branché et populaire où tous les mondes, les aspirations, les envies se mélangent, loin, très loin du calme et du luxe de Mayfair. Un coin où ma sœur bosse lorsqu’elle n’a rien de mieux à faire… Je la retrouve en plein inventaire, accroupie derrière son comptoir. L’« happy hour » ne va pas tarder à commencer, elle ne va pas avoir beaucoup de temps à m’accorder.

– Bienvenue au Crazy Monkey, je vous sers quelque cho… lâche-t-elle en se relevant, avant de me voir… Désolée Sid, ça va bientôt être le coup d’envoi.
– Je sais, je ne reste pas longtemps.
– Alors ? Tu as touché le jackpot ?
– Non, j’ai tout foiré. Mais je crois que ça vaut mieux. Tu aurais vu la baraque… Et les gens qui y habitent… Pas pour moi ! soupiré-je en attrapant le verre qu’elle me tend.

Je suis en train de grimacer – je ne m’attendais pas à un shot de vodka pure – quand Jasper nous rejoint et s’assied sur le tabouret à côté du mien.

– Ne pose pas trop vite tes fesses, toi ! lui balance Joe. On n’a pas assez de glace et je ne trouve pas les olives.
– Pas mon problème, ma brune, sourit insolemment le collègue de ma sœur. C’est toi qui gères ce soir, moi je suis juste venu en extra.
– Ça marche peut-être avec tes petites poufs, ton sourire de Casanova, mais pas avec moi. De la glace, tout de suite ! ordonne-t-elle en serrant les dents.

Le grand brun, hipster converti – il faudra m’expliquer le concept du bonnet en plein mois de juillet – lâche un rire franc et guttural, m’embrasse rapidement sur la joue, puis s’en va en direction de la machine à glace. Ma jumelle a toujours le dernier mot. Toujours.

– Joe, c’est le seul ami qu’on a ici. Si tu pouvais éviter de le faire fuir…
– Tu parles, il nous adore, il veut même venir vivre avec nous ! murmure-t-elle en me faisant un clin d’œil.
– Hum, vu le nombre de bimbos qu’il se tape et ramène chez lui, non merci.
– Il est mannequin, que veux-tu, c’est dans son ADN, blague ma sœur.

L’intéressé revient, tend le seau à sa collègue et passe derrière le comptoir.

– Alors, ma blonde, cet entretien ? me lance-t-il en essuyant un verre. Joe m’a dit que tu allais bientôt pouvoir nous payer des vacances au soleil !
– Non seulement je ne vais rien vous payer, mais en plus je vais peut-être devoir vous demander de me pistonner…
– Tu rêves, on est au complet ici, répond Joe. Et puis tu vaux mieux que ça, toi…
– Si ça t’intéresse, je pourrais parler de toi autour de moi, propose gentiment Jasper. Mon agent m’a parlé d’un casting pour des photos de lingerie. Il y a bien un corps de déesse, sous ce tailleur de mamie, non ?
– Sid, se mettre en soutif devant des inconnus ? Je donnerais cher pour voir ça ! se marre ma peste de sœur.
– Je ne suis pas aussi chiante que tu le penses, Joe !
– Ah ouais ? Prouve-le, Super Nounou !
– Bon, les clients commencent à arriver, je file, grogné-je en quittant mon tabouret.

Je suis sur le pas de la porte, prête à sortir du bar qui se remplit à toute allure, quand Joe me rattrape.

– Désolée, tu sais que je t’aime… glisse-t-elle à mon oreille.
– Ouais. Tu as parfois de drôles de façons de le montrer, mais je le sais.

Joséphine et moi, c’est le jour et la nuit. Nos visages sont identiques, mais ça s’arrête là. Notre couleur de cheveux est la première chose qui nous différencie, mais ce n’est rien comparé à nos personnalités. Elle porte à merveille son look grunge – quoique féminin et étudié. J’arbore un look passe-partout, sans grande recherche. Elle est tatouée, je tourne de l’œil à la vue d’une aiguille. Elle est instinctive, imprévisible, je préfère utiliser mon cerveau avant d’agir. Elle aime les hommes, ils le lui rendent bien, mais elle se lasse trop vite pour construire quoi que ce soit. Je me méfie des hommes, mais finis toujours par jeter mon dévolu sur le pire d’entre eux. Elle est grande gueule, rentre-dedans, casse-cou – voire plus… – je suis la même, mais en version très édulcorée. Trop, selon elle. Ma jumelle passe son temps à me dire que je suis bourrée de qualités, que mon avenir est tout tracé, que je devrais avoir le monde à mes pieds, mais que je ne sais pas saisir les opportunités. Par manque de confiance en moi. À cause de mes démons du passé. Elle a sans doute raison…

Pas totalement tort, disons…

Notre point commun : un chagrin immense, qui ne nous quitte plus depuis presque quatre mois. La disparition de notre mère, Hélène. Une fée aux yeux rieurs, au sourire mutin qui a passé sa vie à prendre soin des autres. Son métier d'infirmière, elle disait que c'était tout ce qu'elle savait faire. Joe et moi n’étions pas dupes, on savait qu’elle était bien plus que ça. Que malgré sa petite existence modeste, notre mère était un être exceptionnel. La seule personne au monde qui savait garder le sourire en toute occasion, même dans les pires moments, même à l’article de la mort. Elle qui nous a élevées seule, sans jamais nous faire payer la lâcheté de notre père. Elle dont nous étions le portrait craché et qui n’a jamais cherché à nous formater. Libre, forte, aimante, Hélène Merlin était tout pour moi. Le cancer l’a emportée, elle n’avait pas 50 ans.

Un nouveau départ dans une ville vivante, bruyante, anesthésiante, voilà ce qui a motivé notre arrivée à Londres. C’était ça ou laisser la tristesse nous ronger… jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien.

Laisser Mathias sur le carreau, je dois avouer que ça ne m’a pas déplu. J’avais besoin d’un déclic, je l’ai eu en achetant un billet aller, sans retour. Le grand, le réputé, le décrié Mathias Prevost. L’homme charismatique et manipulateur qui a tenté par tous les moyens de me retenir, mais à qui j’ai finalement échappé. Après six ans de relation avec un égoïste de première, pour qui seuls la notoriété et l’argent comptent, il était temps. Un écrivain qui gagne des fortunes en étalant, ridiculisant, brisant la vie des gens ? Ça aurait dû me mettre la puce à l’oreille. J’étais faible, naïve, un peu perdue et je me suis laissée éblouir par cette vie « de la haute ». Aujourd’hui, j’ai repris ma liberté et l’ai abandonné à ses livres-scandales, à son public de voyeurs, à ses interviews télévisées, à ses articles fielleux dans la presse. De lui, je ne veux rien garder.
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Elle dépose le monstre sur la moquette, allume la station iPod et une comptine retentit, estompant un peu les pleurs.

– Je pensais pouvoir veiller sur elle plus longtemps, reprend-elle à voix basse. Ma maladie m’en empêche. Si vous obtenez ce poste, vous devrez vous blinder. Elle va vous en faire voir de toutes les couleurs, au moins au début. Ne pas céder aux caprices : ce sera votre objectif. Travailler avec des enfants requiert une bonne dose de patience et d’astuce. J’espère ne pas m’être trompée sur vous…

– Comment ça ? Je suis là grâce à… vous ?

– Oui. J’ai insisté pour qu’on vous laisse une chance, pour que Mr Rochester vous rencontre. Malgré votre manque d’expérience, vous m’avez l’air débrouillarde et déterminée. Et vous avez étudié la psychologie infantile. Cela devrait vous être utile avec Birdie. Grandir sans mère, c’est d’une cruauté sans nom, chuchote-t-elle avant de se pencher vers la rouquine. On y va, trésor ?

– Pas belle ! s’écrie la petite en me désignant du doigt.
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Lundi matin. Comme une envie de démissionner...

La townhouse est plongée dans le silence lorsque je quitte mon quatrième étage - où je suis montée dix minutes plus tôt pour déposer ma petite valise et enfiler mon uniforme. Birdie dort paisiblement, pas de Connor à l'horizon, encore moins d'Emmett. La grande aiguille s'apprête à s'arrêter sur le huit, je prends le chemin de la grande cuisine pour préparer le petit déjeuner de la rouquine.

Qui, étrangement, m'a manqué...
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