Oyez, oyez,
Julien Green nous conte l'histoire de Wilfred, le neveu catholique et très pratiquant de l'oncle Horace, qui se meurt après avoir mené une misérable vie de pécheur. Wilfred, horrifié, assiste aux derniers instants de cet oncle dont les frasques ont choqué la famille, mais pour tous ses membres, lui Wilfred est un être pur ! d'ailleurs cela se voit sur son visage, un visage angélique !
Mais ...
Il vit sa religion comme un enfer, Wilfred, car il ne peut s'empêcher de suivre les femmes dans les rues, de fréquenter les bars louches, de se jeter frénétiquement dans le stupre. Et "les plaisirs font perdre la foi". Et pour ce garçon il n'y a pire que le péché de chair.
Du coup, de honte, il en enferme son crucifix dans un tiroir !
En outre, il est incapable d'aimer, ce jeune homme à l'agréable tournure que les femmes convoitent - quelques hommes aussi d'ailleurs - et il collectionne les conquêtes comme on égrène son chapelet, tremblant après l'acte de chair, conscient de souiller son âme de chrétien, mais incapable de résister au vif et vil appel du plaisir !
"Je suis de ceux qui se brisent contre le mur de cristal de la perfection." dit, quelque peu emphatique, ce garçon décidément très antipathique.
Le talent de
Julien Green apparaît ici éclatant, car, par un exceptionnel tour de force, cet ouvrage, tout en baignant dans la bondieuserie, transpire curieusement d'un érotisme des plus effrénés, alors qu'il n'y a pas une phrase, ni même un mot, évocateur d'étreintes sensuelles ! et pourtant le lecteur marine dans une atmosphère glauque et dépravée .... celle là même dans laquelle Wilfred se débat, entre stupre et élans vers la divinité !
L'auteur trace ici le portrait (plus ou moins moqueur ou pas ?) d'un jeune homme tourmenté par sa sexualité, qui pour lui représente le mal, alors que son âme aspire à l'absolu de la pureté chrétienne, ou de ce qu'il imagine être la pureté chrétienne. Il le fait avec infiniment de talent et le lecteur se trouve partagé entre l'amusement provoqué par les excès du héros et l'énervement causé par les outrances de ce catholicisme intransigeant.
Comme c'est pratique de voir ses fautes effacées par la confession !!
Mais interrogeons-nous, diable, qu'est-ce donc qu'avoir la foi, ?
Et, comment fait-on pour l'avoir, la foi ? .... eh bien, il faut prier tout simplement.
Allons, comme le dit si bien
Victor Hugo : "
Chaque homme dans sa nuit s'en va vers sa lumière"
Amen.