Anton Pétrovitch Malissof avait quarante ans, mais il n’en paraissait guère plus de trente-cinq. Ce n’est pas qu’il eût la tournure jeune, cependant : son visage sérieux et correct, ses tempes un peu dégarnies, sa façon sévère de porter le costume civil n’étaient pas d’un jeune homme ; bien qu’il eût demandé un congé illimité au grand regret de son ambassadeur, dont il faisait toute la besogne, ce n’était pas non plus une fantaisie de jeune homme qui lui avait fait quitter le beau climat du Midi pour son domaine de Russie. Il était fatigué et sentait un besoin irrésistible de se reposer.
Se reposer de quoi ? N’est-il pas convenu que les secrétaires d’ambassade n’ont jamais eu rien à faire ? Cependant la fatigue de Malissof était réelle, si réelle, qu’un savant docteur étranger lui avait conseillé l’air natal.