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EAN : 9782020321266
432 pages
Seuil (01/01/1998)
4.12/5   2023 notes
Résumé :
En ce 18 octobre 1988, Jeff Winston se trouve dans son bureau new-yorkais, et écoute sa femme lui répéter au téléphone : "Il nous faut, il nous faut..." Il leur faudrait, bien sûr, un enfant, une maison plus confortable. Mais surtout parler. À cœur ouvert. Sur ce, Jeff meurt d'une crise cardiaque. Il se réveille en 1963, à l'âge de dix-huit ans, dans son ancienne chambre d'université. Va-t-il connaître le même avenir ? Non, car ses souvenirs sont intacts. Il sait qu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (368) Voir plus Ajouter une critique
4,12

sur 2023 notes
J'ai été transporté par cet unique roman traduit de l'auteur, qui a obtenu le prix World Fantasy en 1988, date de sa sortie en France (1986 en VO).


Jeff a 43 ans. Petite vie qu'il considère peu, mariage qui prend l'eau. Crise cardiaque ferme et définitive ? Non il se réveille 25 ans plus tôt. Il peut tout refaire, d'autant qu'il se souvient de sa vie d'avant et donc d'événements historiques, de résultats sportifs. Nouveaux espoirs, nouveaux rêves. Argent, sexe, famille, bonheur, peut-on tout avoir ? Oui ? Non ? Peu importe, car le cycle est sans fin. du moins le croit-il....


Un retour dans le temps, sans machine, ni savant fou ou sage. Dans un style fluide et très agréable à lire, l'auteur nous livre des tranches de vie au ton doux amer. Une écriture limpide et poétique nous transporte dans l'histoire, dans les histoires de nos héros, sans ballottements mais de façon presque hypnotique. On se prend au jeu et on suit avec le plus grand intérêt le développement des protagonistes, leur évolution, leurs doutes et leurs espoirs déçus ou concrétisés, leur questionnement existentiel, qui ? Pourquoi ? Pourquoi nous ?
C'est indéniablement de la science-fiction mais pas au sens que le commun pourrait lui donner (pas de technique, pas d'explications, pas de futur, ni même vraiment de passé), et pour une fois (ou presque), on laisse l'effet papillon (corollaire pratiquement obligé du voyage dans le temps) au placard.
Dans le même style, où une et plusieurs vies sont passées au crible, on peut se rapprocher de l'excellente œuvre de Wilson : Spin.


Et nous ? Que ferons-nous de nos vies ?
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J'aurais voulu découvrir ce livre plus tôt...
Le lire à 15 ans...
Le relire à 20...
Puis à chaque fois que j'en aurais eu besoin...
Juste pour me rappeler ce qui est le plus important dans une vie. Sa vie.

Replay m'a chamboulé !
Ça bataille sévère là-haut maintenant !
Mais c'est très bien !
C'est nécessaire parfois !

Un bouquin, donc, qui ne laisse pas indifférent.
Ce roman a 30 ans, mais pas une ride.
Je l'ai lu, je l'ai savouré.
Et maintenant, il ne sera jamais bien loin.
Toujours dans un coin de ma tête et à portée de main sur ma table de nuit.
Qu'il soit là... quand j'en aurais besoin.
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"Replay" ne sera sans doute jamais considéré à sa juste valeur à cause du genre auquel il est rattaché. Pourtant, le livre de Grimwood est un grand roman, un chef-d'oeuvre.

Il y a tout d'abord un idée de départ tout simplement géniale. Un concept original et prometteur servi par une belle écriture et une maîtrise de la narration exemplaire.
Le récit démarre très vite. Au bout de 10 pages, le concept est posé sans pour autant que la caractérisation du personnage principal ait été négligée.
A chaque fois que le récit menace de se répéter et tourner en rond (de par son concept même), l'auteur a l'intelligence de relancer son récit dans de nouvelles directions. Ces nouveaux développements sont amenés de façon pertinente, subtile et avec une fluidité remarquable, s'intégrant de façon naturelle au récit, lui apportant de nouveaux enjeux, de nouvelles perspectives. Grimwood manie parfaitement l'art de l'ellipse qui apporte légèreté et finesse au récit. Ceci, jusqu'à un dénouement plein d'espoir et d'humanité.

Mais la grande réussite du roman réside dans le fait que l'auteur a choisi un angle de traitement original et inattendu. Là où le lecteur peut s'attendre ç un vertigineux thriller de science-fiction (ce qu'il est aussi d'une certaine façon), Grimwood choisit de nous conter une formidable histoire d'amour où l'émotion tient la place centrale. L'auteur ne cherche pas à vriller les nerfs du lecteur (même si le roman ne manque pas de suspense), il vise le coeur. Et le moins que l'on puisse dire c'est qu'il ne manque pas sa cible.
Véritable page-turning avec ce supplément d'âme qui manque à tellement de romans, "Replay" offre des passages qui m'ont ému aux larmes, comme ces instants fugaces mais si intenses où les regards des personnages se croisent et se reconnaissent. Des passages poignants, bouleversants pour quiconque a, un jour, aimé. Magnifique !
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En commençant ce livre, je n'ai pu m'empêcher de penser à l'une de mes grands-mères qui me disait toujours dans un soupir mélancolique « si seulement je pouvais avoir de nouveau ton âge en sachant tout ce que je sais…». Avoir le don de prescience, pouvoir rejouer sa vie tout en gardant intacts les souvenirs des joies et des peines, des succès et des échecs, la connaissance des tenants et aboutissants de tous nos choix ainsi que celle des grands événements de l'Histoire…et bien entendu des petits événements tels que résultats sportifs, ou encore succès d'entreprises dans lesquelles investir. Tel est l'objet de ce livre qui peut, à première vue, sentir le réchauffé, le déjà-vu. Pourtant Ken Grimwood nous emporte totalement dans cette histoire menée tambour battant.
Impossible de ne pas penser au film « Un jour sans fin » sauf qu'au lieu d'avoir la répétition sans fin d'une journée c'est tout une tranche de vie qui se rejoue, entre 1963 et 1988 exactement, des 18 ans du protagoniste à ses 43 ans. 1963…hé oui, impossible également de ne pas faire le parallèle avec le 22/11/63 du grand Stephen King et d'ailleurs, lors de la première répétition, notre homme va tenter tout naturellement de déjouer l'assassinat du Président Kennedy. le clin d'oeil est indéniable et malicieux.

Jeff a 43 ans. Il mène une vie triste et insipide avec sa femme Linda. Alors que cette dernière est en train de lui parler au téléphone, conversation qui montre à quel point leur mariage prend l'eau, Jeff meurt d'une crise cardiaque…Mais se réveille 25 ans plus tôt dans sa chambre d'étudiant. Stupéfait, il réalise peu à peu ce qui est en train de se passer, il prend conscience qu'il a conservé tous ses souvenirs et qu'il connait par avance tout ce qui va se passer. Son esprit et sa maturité d'homme de 43 ans dans ce corps jeune et virile de 18 ans…De nouveaux espoirs émergent. de répétions en répétitions, de replay en replay, il va tenter d'être milliardaire, ou encore de vivre l'amour le plus passionné imaginable, ou bien d'avoir une vie totalement débridée emplie de sexe et de drogues, ou encore de faire le bien, qu'importe puisqu'il a une quantité infinis d'essais. Essais sans fin, le cours de sa vie prend l'apparence d'un mandala, d'une roue, d'un cercle concentrique dont les roulements incessants donnent le vertige. Mais est-ce vraiment sans fin ? Et quelle est l'explication de ces répétitions ? Est-ce pour s'améliorer, un peu à l'instar de la réincarnation dans la religion bouddhiste ? Est-ce un projet divin, ou un projet extraterrestre ? Une bénédiction ou, au contraire, une malédiction ? Une explication d'ordre physique, comme une courbure dans le temps ? Et pourquoi ?

« le futur : des épidémies atroces, une révolution dans les attitudes sexuelles suivie de sa réaction, triomphe et tragédie dans l'espace ; les rues de la ville hantées par des punks au regard vide, bardés de cuir et de chaînes, leurs cheveux en épis roses ; des rayons de la mort en orbite autour d'une planète polluée, en train d'étouffer…Bon Dieu, se dit Jeff avec un frisson, de ce point de vue, son monde avait tout l'air d'un cauchemar de science-fiction. A bien des égards, la réalité à laquelle il s'était habitué ressemblait plus à des films comme Blade Runner qu'à la naïveté ensoleillée du printemps 1963 ».

Ce livre m'a donné le vertige. Car à chaque replay, je me disais que là où était mort Jeff, la vie continuait, ses obsèques avaient lieu, son épouse et ses amis le pleuraient, le nouveau replay le séparant de 25 ans désormais d'une vie parallèle possible … Plusieurs versions des gens entourant Jeff dans des vies parallèles toutes distantes de 25 ans, chaque existence poursuivant son propre cours depuis 1988, vous me suivez ? Autre réflexion liée à la précédente, tous les efforts menés, les créations réalisées, les enfants engendrés disparaissent, du moins dans la nouvelle réalité dans laquelle Jeff est projetée…mais existent dans un monde parallèle…Voilà, entre autres, le genre de réflexion que j'avais sans cesse. C'est vraiment le genre de livre qui obsède toute la journée alors que nous faisons tout autre chose et que nous nous réjouissons de reprendre dès que nous avons cinq minutes devant nous, et cerise sur le gâteau, pour ne pas nous faire tourner en bourrique avec les répétitions des répétitions, l'auteur instille une magnifique histoire d'amour permettant de rendre les personnages très attachants et l'histoire profondément humaine. Notre coeur de lecteur et notre tête sont totalement chamboulés !

« Toi et moi, Arjuna, avons vécu de nombreuses vies.
Je me les rappelle toutes. Tu ne te souviens pas ».
Bhagavad-Gita


Le style est fluide, agréable, bien adapté à l'histoire. le livre est hypnotique au point de ne pouvoir le lâcher, curieux de savoir quel est le replay suivant et ce qui va se passer. Quelques passages plus poétiques permettent de donner des ambiances particulières à chaque répétition (il y a même quelques passages poétiques présents dans plusieurs replay tels des fils directeurs, je vous laisse le soin de les découvrir si vous lisez ce livre). Ken Grimwood a un sens certain de la narration.

« le vent de mars, au large de la baie de Chesapeake, transformait la pluie fine en brume glacée, arrêtait les gouttelettes dans leur chute et les rabattait en rafales, formant comme des paquets d'embruns au-dessus des moutons blancs de la baie agitée. L'imperméable de Jeff lançait des reflets noirs brillants dans la brume qui noyait tout ; la bruine glacée qui piquait sa peau puis glissait sur des joues le revigorait ».

Surtout ce livre, qui a déjà trente ans mais qui n'a pas pris une ride, a une véritablement portée universelle car il interroge avec subtilité le sens de toute vie, l'influence de notre petite histoire individuelle sur la marche de l'Histoire. Il est impossible, en le lisant, de ne pas revenir sur notre propre vie, nos propres choix, impossible de ne pas se demander ce que nous ferions, nous, si nous pouvions revenir 25 ans plus tôt avec nos connaissances actuelles…Et je me rends compte avec tristesse, à chaque fois que ma grand-mère me disait son sempiternel regret, pas une fois je n'ai pris le temps de lui demander ce qu'elle aurait fait, elle, de toute cette précieuse prescience…

« Les vieillards, surtout, le fascinaient : leurs regards pleins de souvenirs lointains et d'espoirs perdus ; leur corps voûté comme en prévision de la fin des temps ».

Merci à Christophe (@Christophe_bj) qui m'a donné envie de découvrir ce livre !

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Le thème a été largement exploité dans le genre SF, même avant la publication de ce roman, et quelque soit le tempo utilisé : revivre sa vie, jour après jour, années après années, voire plus récemment sur une boucle de quelques minutes. Ici c'est une grande partie de sa vie que le héros
est contraint de réinventer. A chaque fois qu'il meurt à 43 ans , il se retrouve des années en arrière, à l'âge de 18 ans.
Si l'aventure peut être exaltante la première fois, riche de son expérience passée dont il n'a rien oublié, la répétition de la séquence est nettement plus lassante pour Jeff Winston et l'amène à envisager des stratégies variées pour réinventer sa vie. C'est toute la question du « si c'était à refaire ».

Sujet intéressant donc mais cela ne suffit pas, il faut pouvoir maintenir l'intérêt du lecteur . Et Ken Grimwood y parvient fort bien. En créant un personnage séduisant, qui appelle l'empathie et la compassion. Et en introduisant dans l'intrigue des variations qui ouvrent le champ des possibles et relancent l'intérêt de l'histoire .

Au-delà de la trame fictionnelle, s'inscrivent en filigrane de nombreuses questions existentielles.
De quelle marge de manoeuvre disposons-nous pour orienter notre destin? Comment nos actions peuvent-elles influencer l'Histoire ? Si cette option apparaît comme limitée , où et comment le déroulé inexorable de l'aventure humaine est-il inscrit?

C'est passionnant, et fort bien écrit . Une excellente lecture, que même de lecteurs hostiles à la science fiction devraient apprécier.
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Citations et extraits (159) Voir plus Ajouter une citation
- Dis donc, un des drive-in à l’entrée de la ville affichait Dr No ; tu veux qu’on y aille ?
- Nom de Dieu, Frank, combien de fois as-tu déjà vu ce film ?
- Trois ou quatre. Je le trouve mieux à chaque coup.
- Moi, ça me suffit. James Bond ne me branche plus.
Frank lui lança un regard étrange.
- James Bond ne te quoi ?
- Peu importe. Je n’ai pas envie de sortir, c’est tout. Prends la voiture, les clés sont sur la télé.
- Qu’est-ce que tu as ? T’es en deuil du pape ? Je ne te savais pas catholique.
Jeff éclata de rire et ramassa ses chaussures.
- Oh ! d’accord, on y va. Au moins, ce n’est pas Roger Moore !
- Qui est Roger Moore ?
- Il sera saint un jour.
Frank secoua la tête, les sourcils froncés.
- De quoi parlons-nous ? De la mort du pape, de James Bond ou d’autre chose ? Tu sais, vieux, des fois, je ne sais vraiment pas de quoi tu causes, merde !
- Moi non plus, Frank. Moi non plus.
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Il leva les yeux et aperçut son reflet sur le verre fumé foncé de sa bibliothèque : des fils d’argent dans ses cheveux, des bouffissures sous les yeux, son front qui commençait à se rider... Jamais plus ces marques de l’âge ne s’effaceraient. Elles ne feraient que s’aggraver et proliférer, nouveaux hiéroglyphes d’une jeunesse perdue, inscrites d’une manière indélébile sur son visage et sur son corps avec le passage des années.
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Tous les espoirs qu'il avait de reconstruire sa vie avec l'avantage de connaitre le futur...étaient-ils condamnés à ne produire que des changements superficiels, de pure forme ? Ses tentatives pour parvenir à un bonheur authentique seraient-elles inexplicablement vouées à l'échec comme son intervention dans l'affaire Kennedy ? Cela aussi dépassait l'entendement. Six semaines plus tôt, il ressentait une omniscience divinatoire, et son potentiel de réussite lui semblait sans limites. A présent, de nouveau, tout se trouvait remis en question.
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Toute vie implique des deuils. Il m’a fallu de très nombreuses années pour surmonter cela, et je ne crois pas pouvoir m’y résigner jamais. Mais cela ne signifie pas que nous devions nous détourner du monde, ou cesser d’exiger le meilleur de nous-mêmes. Nous nous devons bien cela et nous méritons amplement tout le bien qui peut en découler.
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Jeff Winston était en train de téléphoner à sa femme quand il mourut.
- Il nous faut...venait-elle de dire.
Il ne l'entendit jamais expliquer ce qu'il leur fallait, parce que quelque chose de lourd parut s'abattre sur sa poitrine et chassa tout l'air de ses poumons. Le combiné lui tomba des mains et fendit le presse-papier de verre sur son bureau.
(Incipit)
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