Moi, Mitounet-Joli

Pierre Gripari, « un drôle de paroissien, pourrait-on dire »… Jugez-en : communiste stalinien de 1950 à 1956, il passera à l'extrême droite sans activisme particulier… Un anarchiste de droite…
Rien de tout ça dans « Moi, Mitounet-joli »… Quoique …
Voltaire nous avait servi « Candide », puis Pierre Gaxotte, « le nouvel ingénu ». Pierre Gripari nous propose son candide en la personne de Mitounet-Joly, « bâtard de race martienne, mais conçu à l'image d'un père humain ».
Un coup d'oeil rapide sur l'ascendance du martien, pêle-mêle : Papa Frisé, oncle Nécessaire, tante Secourable… Encore ? Tante Urine qui donnera naissance avec le concours d'oncle Vorace à Courdemanche, Torchefouine, Persefroc et Trucmiche.

On l'aura compris, tout ça n'est pas très sérieux…

Pas de Huron ici, mais un demi-martien portant un regard corrosif sur les terriens et leur mode de vie, lui qui ne connaît aucune des obligations liées à la nature humaine : il n'a pas besoin de dormir ni de se nourrir, ni de travailler, par conséquent. Bref, un être sans besoins ni désirs d'aucune sorte…
Arrivé sur terre, il ira d'étonnement en étonnement : le mode de vie, la politique, la géopolitique, les religions… rien ne fait défaut à son inventaire naïvement iconoclaste.

« Moi, Mitounet-Joli », un livre parfois un peu « cucul la praline », comme son titre. Un peu facile également dans la mesure où il est toujours plus facile de tourner en dérision les travers de l'humanité que d'y remédier… Quelques passages amusants, néanmoins.

Le héros et narrateur, Mitounet-Joli est né sur la planète Mars, fils d'un ingénieur terrien et d'une martienne. La façon de faire des enfants sur cette planète « par fascination » à l'image de la personne par laquelle le porteur du bébé (homme ou femme) a été fasciné est assez amusante et intéressante je trouve. Nous découvrons au début du récit comment se déroule la vie sur Mars et les différences de physiologie et de civilisation des martiens par rapport aux terriens (ils ne portent pas de vêtements, n'ont besoin ni de manger ni de dormir, ne savent pas mentir et sont télépathes).
Mitounet-Joli va être amené à se rendre sur Terre pour rencontrer la famille de son père et notamment son grand-père en fin de vie et les descendants qui vivent sous son toit en attente d'un héritage. Sa nature et son caractère particuliers vont provoquer des quiproquos d'une part et des inimitiés d'autre part de la part de ses cousins, oncle et tante.
J'ai trouvé l'histoire intéressante car elle permet de dénoncer les relations familiales intéressées et quelques travers de la société humaine et puis le personnage de Mitounet est attachant. Au début de chaque chapitre il y a un résumé des chapitres précédents synthétique et bien fait ce qui peut sans doute permettre de n'en faire lire qu'un passage à des élèves par exemple.
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J'ai beaucoup aimé ce récit original et prenant, même s'il est extrêmement pessimiste. Ce n'est certainement pas un livre pour enfant malgré ce que le titre pourrait laisser croire. Au contraire, l'auteur présente comme un conte une satyre violente de notre monde et son étroitesse d'esprit.

Mitounet est un enfant métis, né de père humain et de mère martienne. Son père l'envoie sur terre faire connaissance avec sa famille, alors qu'il n'ont rien en commun. Mais vraiment rien puisque Mitounet n'a aucun besoin matériel. Et bien sûr ça se passe mal.

Triste donc, mais original et bien écrit.