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EAN : 9782709659789
200 pages
J.-C. Lattès (01/03/2017)
3.25/5   12 notes
Résumé :
En mai 1930, un paquebot quitte New York avec, à son bord, un groupe de mères et d’épouses qui vont se recueillir pour la première fois sur la tombe de leur fils, de leur mari.
Reste le chagrin est le récit de cette traversée, le premier pèlerinage des Gold Star Mothers. Ces femmes très différentes vont devoir partager leurs souvenirs, mesurer l’impact du temps sur leur douleur. Réfléchir. Quinze ans après, il n’est plus question d’honorer, de célébrer, de dé... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Voilà un sujet alléchant sur un pan de l'histoire pas souvent traité : la difficulté pour les femmes et mères américaines de faire leur deuil d'un fils ou d'un mari mort en combattant sur le sol français pendant la 1ère guerre mondiale et dont les corps n'ont pas été rapatriés. A partir de 1930, des voyages ont été proposés aux femmes qui le souhaitaient par le gouvernement des Etats Unis afin qu'elles puissent se recueillir sur les lieux de sépulture de leurs proches. Ces voyages duraient un mois ; ce roman nous embarque durant les 7 jours de la traversée en paquebot de New York à Cherbourg aux côtés d'un groupe d'une vingtaine de femmes obligées de cohabiter à cause de cette perte qui les relie, elles qui viennent de milieux sociaux et géographiques très différents. Parmi elles, Catherine dont le fils est mort à peine quelques heures après son arrivée au front alors qu'il n'avait que 18 ans. Refermée sur sa douleur, divorcée et éloignée de ses deux filles, Catherine a du mal à se libérer et à s'intégrer au groupe...
Un sujet et un contexte intéressants et bien alléchants. Pourtant, en privilégiant un parti de légèreté, l'auteur offre un livre qui ne marque pas et surtout n'émeut pas. Je ne me suis pas du tout sentie proche de cette femme et j'ai regretté un manque de fond dans la psychologie des personnages. On reste dans la superficialité là où le sujet aurait mérité un peu de solide. Je n'ai pas pu m'empêcher de le comparer avec le chagrin des vivants de Anna Hope et cela n'a certainement pas servi ma lecture.
C'est dommage, l'idée était intéressante.
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Je continue à lire et à vous parler ici des livres que j'ai eu l'occasion de découvrir par l'intermédiaire de la plateforme NetGalley.fr. Il s'agit cette fois d'un roman de Catherine Grive, un auteur que je ne connaissais pas du tout, mais dont le résumé m'avait attiré :

En mai 1930, un paquebot quitte New York avec, à son bord, un groupe de mères et d'épouses qui vont se recueillir pour la première fois sur la tombe de leur fils, de leur mari.

Reste le chagrin est le récit de cette traversée, le premier pèlerinage des Gold Star Mothers. Ces femmes très différentes vont devoir partager leurs souvenirs, mesurer l'impact du temps sur leur douleur. Réfléchir. Quinze ans après, il n'est plus question d'honorer, de célébrer, de déplorer, mais de comprendre.

Catherine Troake est l'une de ces femmes. Son fils Alan - inspiré par la figure d'Alan Seeger, jeune poète épris de liberté - s'est engagé à dix-huit ans et est mort les premiers jours de la guerre. Catherine n'a jamais compris, jamais accepté, jamais pardonné : à elle-même, à ce fils, à ceux qui l'ont laissé s'engager. Sa colère, sa solitude ne sont pas celles des autres femmes, elle se tient à l'écart, comme elle s'est tenue à l'écart de ceux qu elle aimait toutes ces années, comme elle s'est tenue à l écart de la vérité. Mais sur le bateau, dans ce huit clos, elle ne peut maintenir cette distance : en elle quelque chose doit se briser, céder. Elle a déjà fait ce voyage New York-Cherbourg, mais c'était un autre temps et elle était une autre femme : son fils était vivant et elle voulait lui faire découvrir Paris : les deux traversées se superposent, les deux vies, l'amour le plus fou et la douleur.

Ce roman est un voyage, une traversée de l'Atlantique, en compagnie de femmes endeuillées et en particulier de l'une d'entre elles, dont on ne saurait dire si elle est plus ou moins malheureuse que ses compagnes de voyage. On comprend vite que Catherine avait un lien très fort avec son fils Alan, qu'elle l'a aimé de façon très possessive, au détriment de son époux et de ses deux filles. Déjà mère de deux filles, Catherine voulait un fils, l'a eu, puis l'a perdu. le drame de sa vie tient dans cette phrase.

Le voyage en bateau des Etats-Unis jusqu'en France doit permettre aux mères et aux veuves de rendre hommage à leurs chers disparus et de faire leur deuil. Chacune des femmes réagit différemment au deuil et à la traversée et même si le roman est principalement centré sur le personnage de Catherine, il permet de dessiner un panorama de ses compagnes et de leurs réactions respectives face à la guerre et à la mort de leur fils ou de leur époux.

Ce livre n'est pas un pamphlet anti-militariste, il ne prend pas parti. C'est simplement un roman sur le deuil, sur la maternité, et sur le drame des mères - ou des parents - qui ont le malheur de survivre à leur enfant. A ce titre, c'est une réussite, même si j'ai regretté une écriture narrative parfois maladroite et surtout le fait que la Première Guerre Mondiale ne soit qu'un prétexte à un roman sur le deuil d'une mère. J'aime trop L Histoire pour qu'elle ne serve que de cadre pour une histoire qui aurait pu être contemporaine. Ne vous y trompez pas, malgré ce bémol, j'ai tout de même lu ce roman avec plaisir.
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Quel amour plus exclusif que celui d'une mère pour son fils ? Quelle vague plus forte, quel lien plus puissant ? Et quelle plus innommable tragédie quand cet amour est balayé par le ressac de la mort du fils tant aimé ? Ce drame universel se joue ici dans le contexte particulier de l'après-guerre, la « première » (première de son genre, première par son ampleur et le degré d'horreur auquel les malheureux soldats ont été confrontés ; à part cela, la guerre est vieille comme le monde). Dans ce roman, ce deuil inconsolable est celui de Catherine Troake, dont le fils Alan est mort à 18 ans, aux tout premiers coups de feu. En 1930, douze ans après la fin du conflit, des paquebots furent affrétés afin que les mères et les épouses de soldats américains morts sur le Vieux continent puissent se recueillir sur les tombes des corps non rapatriés : Catherine Troake est l'une de ces Gold Star Mothers. Dans ce microcosme féminin où le fils se trouve forcément idéalisé (forcément), le chagrin de Catherine se distingue par son caractère mutique et distant. Catherine a la souffrance hautaine : son fils n'est comparable à aucun autre et l'amour qu'elle lui porte non plus. Depuis plusieurs mois, la société américaine encaisse les contrecoups du krach boursier de 1929, « la grande dépression » matérialisée par le chômage, la misère et tant de tragédies humaines. Mais ce n'est que toile de fond lointaine pour Catherine Troake, qui semble n'en avoir que faire : seul compte son chagrin. D'autres femmes, embarquées dans le même pèlerinage, connaissent le même drame humain, mais leur chagrin est dérisoire, voire vulgaire aux yeux de Mrs Troake. Elle vient d'un certain milieu ; d'ailleurs, elle connaît personnellement l'épouse de Franklin D. Roosevelt. Déjà du vivant de son fils, l'amour qu'elle lui portait était d'une implacable exclusivité. Alors depuis que l'objet de cet amour lui a été retiré, elle s'est drapée de ce désespoir insondable. L'absent a pris le pas sur tout le reste, sur ses deux filles pourtant bien vivantes, mais qui ne représentent que des miettes au regard de ce qu'elle avait. Ce deuil impossible a également eu raison de sa liaison avec son mari. Cette semaine durant laquelle va durer la traversée aura-t-elle un effet cathartique ? Dans ce huis clos à ciel ouvert, sur les flots de l'Atlantique, Catherine va-t-elle puiser au fond de sa culpabilité ? Se laver de ses propres larmes ? Maudire ce fils parti se battre à la seule fin de défendre ses idéaux ? Ou bien se rendre compte que le rendez-vous avec la mort est inéluctable ? "Reste le chagrin" est le premier roman de Catherine Grive, paru aux éditions Lattès (mars 2017).
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Ce roman, c'est d'abord un sujet fort, un sujet plutôt méconnu mais ô combien lourd de sens et d'émotion : celui des Gold Star Mothers, ces mères et épouses américaines venues en France sur les tombes de leurs enfants et maris, tués pendant la première guerre.
Ce roman, c'est ensuite l'histoire d'une mère.
Catherine Grive aurait pu choisir la facilité et nous dépeindre une femme parfaite, sans accrocs.
Il n'en est rien. Catherine est distante voire hautaine. Catherine a ses parts d'ombre, ses faiblesses, ses extrèmes. Catherine a si follement aimé ce fils qu'elle en a délaissé ses filles et son mari et l'assume sans gêne aucune.
Malgré cela, tout doucement, cette femme touche notre coeur.
Parce que derrière une carapace, il y a tant de larmes contenues, tant de palpitations.
Derrière ces regards qui se détournent ou se haussent, derrière ces silences volontaires, il y a tant de pudeur et de questions en recherche désespérée de réponses.
Toutes ces mères ont beau avoir la même destination, avoir enduré la même perte, elles n'en demeurent pas moins des personnes différentes.
Les dernières pages m'ont émue aux larmes.
Quelques mots où l'on sent combien le personnage de Catherine aimerait renouer, sans trop savoir comment faire, sans trop vouloir s'excuser non plus.
Renouer avec sa famille, c'est aussi quelque part renouer avec cette vie laissée en suspens. C'est sans doute aussi devenir une « autre ».
Ce roman, c'est aussi une auteure qui de sa plume élégante et épurée nous laisse accompagner ces femmes dans le cheminement si intense, si bouleversant qui est le leur. Avec un vrai sens des détails et de la justesse.
Une très belle découverte, un très beau premier roman signé Catherine Grive !
Lien : https://livresetbonheurs.wor..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Cette autre chose, (que nous avons en commun ndlr) c'est de les avoir éduqués pour qu'ils aillent à la mort. Nous aurions pu tout aussi bien leur donner tous les matins quelques gouttes de poison que seul un médecin aurait su détecter... Mais non, nous les avons envoyés loin, très loin, animés par des idées de justice, de liberté que nous leur avons rentrés dans le crâne à coup de d'histoires de petits canards ou de mythologie grecque.
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Les premiers temps après sa mort, j’avais tenu la pièce fermée à double-tour. Il n’y avait pourtant pas joué longtemps, me répétaient filles et mari, mais c’était ici que je pensais le mieux à lui, qu’il me revenait en couleurs, vivant. Plus vivant qu’au pied des arbres où il construisait des cabanes, qu’au bord de la rivière où il érigeait ses barrages, que dans sa chambre pleine de recueils de poésie.
Plus vivant que le jour où il nous avait annoncé que nous allions devoir rentrer sans lui.
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