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Critique de Cath36


Cath36
18 décembre 2011
Ce livre du grand écrivain danois Jens Christian Grondahl pourrait lui aussi s'appeler "A la recherche du temps perdu" , à cela près qu'il est beaucoup plus court et beaucoup plus dense ! le Narrateur (dont nous ne savons pas le nom) débute son histoire au moment de la mort de son ami d'enfance Adrian, se remémorant ainsi toute sa vie.. Et dès lors, c'est une succession de flash-back reliés au présent par un jeu très habile d'écriture qui mêle l'imparfait au présent de narration (le passé composé et le plus que parfait exprimant eux aussi le temps où se situe le narrateur), et par lequel l'auteur parvient à faire ralentir ou accélérer le temps de la mémoire. Grondhal procède également par une série de phrases courtes avec une accumulation de détails comme si il y avait urgence à dire les choses et à les dire bien ; comme si la mémoire des évènements et des gens risquait de faire faux bond ; comme si le temps passé devenait une sorte de filet dans lequel s'englue la réalité présente ; comme si l'angoisse naissait de ce qui ne reviendra plus, et avec elle l'intensité et le chagrin de la perte, à travers le vertige de vivre. L'écriture est percutante et sait donner du sens en peu de mots à ce qui se passe. L'imparfait donne au présent ce sentiment de vertige fait de constatation devant le temps qui s'écoule et de sentiment d'irréparable face à ce qui a été raté, tandis que le passé composé assène en quelque sorte la continuité de ce qui se poursuit. Il en fait aussi un temps de réflexion, qui permet au narrateur de mieux comprendre ce qui se jouait alors ( "Du reste, il est faux de dire que j'avais oublié les femmes. Je pensais souvent aux derniers moments passés en compagnie d'Ariane, de Paula et de Julie. Je ne savais que faire de ma honte et j'ai laissé le temps l'enterrer sous des couches de jours") et de prendre du recul par rapport au présent. Ambiguïté du présent, perte du passé, impossible maîtrise de sa vie et relations aux autres faites d'égoïsme, d'inconscience, et de volonté d'exercer un pouvoir, et puis, la prise de conscience surgissant, de regrets et de remords, il y a tout cela dans ce livre et c'est pourquoi chacun d'entre nous peut s'y retrouver.
"J'envie ceux qui disent ne rien regretter, comme dans la chanson d'Edith Piaf. Si l'on ne regrette rien, on est soit un saint soit un philosophe. Ou alors on a la mémoire extrêmement courte. Ce qui ne serait pas le pire, d'ailleurs. Si seulement on pouvait oublier. Les gens disent toujours qu'il ne sert à rien d'avoir des regrets, mais est-ce une raison pour faire comme si rien ne s'était passé ?"
Un petit volume, mais un grand livre, assurément.
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