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Jean-Pierre Ricard (Traducteur)Xavier Chantry (Traducteur)Audrey Kichelewski (Préfacier, etc.)
EAN : 9782702141267
396 pages
Mémorial de la Shoah (08/09/2010)
4.1/5   5 notes
Résumé :
La Pologne de 1945 est sans doute la seule nation d’Europe où l’on dissimule le fait d’avoir sauvé des Juifs durant la guerre.
Le pays a alors perdu 90 % des 3,5 millions de Juifs qui y vivaient. Malgré cela, les rares survivants sont accueillis avec animosité à leur retour des camps de concentration ou de leur exil forcé en URSS. L’antisémitisme est très virulent : plus de Juifs y sont tués après 1945 qu’avant 1939. Et le plus meurtrier des pogroms en temps ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Un sujet grave et diffcile, celui de l'antisémitisme en Pologne après la Seconde Guerre mondiale. La Pologne a perdu 90% de sa population juive et rares sont les survivants qui sont revenus se réinstaller dans leur pays d'origine. Quand ils reviennent ils sont accueillis non seulement froidement mais avec une réelle animosité.
Ces personnes qui viennent de passer des mois en camps de concentration ou en exil en URSS, qui ont pour la plupart perdu toute leur famille, sont à nouveau victime d'antisémitisme.

Et l'incroyable se produit, alors que chaque famille polonaise eût à souffrir de l'occupation nazie, une hostilité se manifeste à l'égard des juifs survivants.
Il va y avoir plus de juifs tués après la fin de la guerre qu'avant celle-ci. Des pogroms eurent lieu dans plusieurs villes, presque en toute impunité. Ce qui paraît impossible et impensable a pourtant lieu. Il y eut sans doute plus d'un millier de victimes dans tout le pays.
Lorsque l'on cherche les causes de ce déferlement de violence la première raison invoquée est un soi-disant soutien apporté par les juifs au communistes lors de l'invasion d'une partie de la Pologne par l'URSS en 1939.
Cette explication est largement insuffisante « Il est surprenant que les tenants de cette explication, prompts à dénoncer l'accueil chaleureux que les Juifs réservèrent prétendument aux Soviétiques en 1939, n'évoquent jamais la joie que manifesta une frange de la population lors de l'arrivée des nazis, dans l'est du pays, en 1941… »

Jan Gross pense qu'une « des racines fondamentales du conflit entre les Polonais et les Juifs après la guerre, était l'appropriation illégale de biens appartenant à des Juifs pendant la guerre. »
Un peu partout des pillages avaient eu lieu lors de la déportation des familles juives, vols et pillages souvent perpétrés par ....leurs voisins. Des polonais occupèrent les appartements et des maisons des Juifs Polonais déportés, certains même passèrent de spectateur à délateur auprès des autorités nazies.
Après guerre des questions se posaient « qui s'était enrichi au dépens des juifs et dans quelles proportions ? » d'ailleurs l'administration n'avait pas été en reste dans cette main mise sur des biens juifs.

En juillet 1946 à Kielce un jeune garçon de 8 ans fugue pour aller rejoindre des amis à quelques kilomètres, il rentre le soir même à son domicile mais le lendemain le père porte plainte accusant les juifs d'être à l'origine de l'enlèvement de son fils.
La foule se rassemble, un homme juif est suspecté, des immeubles sont perquisitionnés sans rien trouver et tout dégénère.
La foule s'arme de barre de fer, de pierres, des juifs sont défenestrés, des coups de feu sont tirés.

Les personnes hospitalisées ont peur de représailles et craignent une attaque de l'hôpital par la foule.
« Tout au long de la journée, dans toute la ville, des hommes en uniforme, des soldats, des policiers, des scouts des cheminots, poursuivirent, agressèrent, frappèrent et tuèrent des Juifs »
Le Parti communiste avait tout à gagner aux dissensions entres les communautés, le PC local suggéra après le pogrom que « l'on crée une institution pour faciliter le départ des Juifs de Pologne »

L'Eglise catholique quant à elle ne trouva pas nécessaire de s'adresser à ses fidèles par une lettre pastorale et en réponse à 9 journalistes étrangers qui l'interrogeait, le Cardinal Hlond précisa « J'ai enquêté sur les faits et je n'ai pas découvert d'éléments justifiant la publication d'une lettre ». Plus tard il y eu une condamnation vague pour les « violences » commises, sans pour autant parler de pogrom ou de juifs.L'Eglise ferma les yeux une nouvelle fois.
Pas d'éléments ? 43 personnes furent tués ce jour là à Kielce.

Jan Gross livre une étude extrêmement précise et détaillée du pogrom de Kielce qui eût lieu le 4 juillet 1946 et d'une façon générale de la vague de violence qui se produisit, des réactions officielles, des mesures prises ou plutôt l'absences de mesures.
C'est un livre d'historien, tout est passé au crible, les documents policiers de l'époque, les enregistrements des témoignages, les interrogatoires des polonais spectateurs ou acteurs. Il montre les réactions de toutes les instances. : administration, Parti Communiste Eglise catholique, justice. « Là où il devrait y avoir une culpabilité et une honte absolues il n'y a qu'un silence gêné »

Jan Gross est américano-polonais ce qui lui donne une crédibilité certaine. Il fut la cible de procès en Pologne pour diffamation et incitation à la violence ! Les charges furent finalement abandonnées.
Il a publié un livre qui porte pour titre Les Voisins, porte sur les réactions du village Jedwabne dans lequel en 1941, les Polonais, inspirés par les Allemands, ont brûlé des centaines de juifs.

Pour moi un livre utile « Un livre écrit avec passion par un auteur engagé » qui a le mérite d'informer sur des faits passés sous silence. Comme dans de nombreux pays occupés, comme en France, comme dans les Pays Baltes, il est bon que des livres comme celui-ci paraissent. Ce n'est pas en niant le passé que l'on peut en éviter le retour. Ce n'est pas en niant l'antisémitisme qu'on le fera disparaître.
Lien : http://asautsetagambades.hau..
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Une des racines fondamentales du conflit entre les Polonais et les Juifs après la guerre, était l’appropriation illégale de biens appartenant à des Juifs pendant la guerre.
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Tout au long de la journée, dans toute la ville, des hommes en uniforme, des soldats, des policiers, des scouts des cheminots, poursuivirent, agressèrent, frappèrent et tuèrent des Juifs
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Là où il devrait y avoir une culpabilité et une honte absolues il n’y a qu’un silence gêné
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Video de Jan Tomasz Gross (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jan Tomasz Gross
Dans le cadre du colloque international La nouvelle école polonaise d'histoire de la Shoah du 21 au 22 février 2019 à l'EHESS à Paris, la Fondation pour la Mémoire de la Shoah et le Collège de France organisent une conférence publique de l'historien Jan Tomasz Gross, professeur émérite à l'université de Princeton.
Conférence du 21 février 2019 en anglais.
Plus d'informations : https://www.college-de-france.fr/site/conferences-cdf/Jan-Tomasz-Gross.htm
La recherche de Jan Tomasz Gross porte sur l'Europe moderne, en se focalisant par une approche comparative sur les régimes totalitaires et autoritaires, les politiques soviétique et est-européennes, et la Shoah.
Ayant grandi en Pologne et débuté ses études à l'université de Varsovie, il a émigré aux États-Unis en 1969 et obtenu son doctorat de sociologie à l'université Yale (1975). Son premier livre, Polish Society under German Occupation, est paru en 1979. Revolution from Abroad (1988) analyse comment le régime soviétique a été imposé en Pologne et dans les États baltes entre 1939 et 1941. Neighbors (2001 ; trad. française : Les voisins, 2002) restitue les événements qui ont eu lieu en juillet 1941 dans la petite ville polonaise de Jedwabne, au cours desquels quasiment tous les habitants juifs de la ville ont été tués en une seule journée.
En ayant recours à des témoignages directs, Jan Tomasz Gross démontre que les Juifs de Jedwabne ont été tués par leurs voisins polonais, et non par les occupants allemands, comme cela avait été prétendu auparavant. Cette histoire choquante a donné lieu à une réévaluation inédite des relations entre Juifs et Polonais au cours de la Deuxième Guerre mondiale et a entraîné des débats passionnés. En 2004, nombre des prises de paroles polonaises au cours de ce débat ont été publiées dans un recueil, The Neighbors Respond.
Après avoir traité de l'antisémitisme en Pologne après 1945 (Fear, 2006 ; trad. française : La peur, 2010), il a publié en 2011 un ouvrage sur les pillages contre les Juifs en Europe occupée par les nazis (trad. française : Moisson d'or : le pillage des biens juifs, 2014). Son dernier livre, en polonais, retrace son itinéraire intellectuel, sous forme d'entretien.
Jan Tomasz Gross a rejoint la faculté d'histoire de Princeton en 2003, après avoir enseigné à la New York University, à Emory (Atlanta) et à Yale (New Haven), en plus de charges d'enseignement à Paris, Vienne, et Cracovie. Il en est désormais professeur émérite.
Partenaires : Fondation pour la Mémoire de la Shoah Magazine L'Histoire
Découvrez toutes les ressources du Collège de France : https://www.college-de-france.fr
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