Je remercie Babelio et les éditions Acropole pour « Les salopes de l'histoire » d'Agnès Grossmann.
Agnès Grossmann, journaliste et auteur de documentaires pour la télévision, explique en préface qu'elle voulait faire le portrait de femmes célèbres ayant eu une « sexualité débridée ». Des femmes qui ont assumé leur sexualité, leur plaisir, leur envie, peut-être au mépris des convenances de leur époque. Par leur intelligence et courage, leur effronterie ou encore leur alliance, certaines ont pu côtoyer (dans tous les sens du terme) les dirigeants les plus influents, quand elles n'ont pas été elles-mêmes au pouvoir. Elles s'étaient ainsi retrouvées dans les plus hautes sphères du pouvoir. Pourtant, encore aujourd'hui, leur comportement, malgré une plus grande liberté sexuelle et liberté des moeurs (Mai 68, aux armes, et cætera.), fait qu'on les désigne par le terme de « salopes ».
Dans cet ouvrage, huit portraits de femmes de diverses époques sont dressés : Cléopâtre, Messaline, Marguerite de Navarre dit la reine Margot, Catherine II de Russie, Jeanne de Barry, Joséphine de Beauharnais, Madame Tallien, Mata Hari.
Le titre de l'ouvrage m'avait interpelée et j'étais curieuse de voir comment serait traité un tel sujet. J'y voyais là comme une continuité à mes récentes lectures et réflexions actuelles, ou plus exactement, cela me semblait un nouvel angle de vue sur les femmes qui pouvait s'avérer intéressant. L'autre intérêt à cette lecture était d'en apprendre plus sur ces femmes, elles qui avaient toutes, d'une manière ou d'une autre, marquées l'Histoire.
L'ouvrage est simple d'accès (cela ne signifie pas qu'il est à mettre entre toutes les mains. Il reste interdit aux moins de 18 ans, j'imagine…). Malgré la multitude des personnages présents tout au long des différents portraits, l'auteur pose bien le contexte et les liens entre chacun pour qu'on suive aisément. le texte est facile à lire, même s'il l'est parfois trop, frisant un peu trop les caricatures, à mon goût. Il vaut cependant par la découverte plus approfondie et détaillée (et ce n'est pas peu dire) de grandes figures par un autre bout de la lorgnette.
De ce fait, si on se retrouve en manque de sujets de conversation, lors d'une soirée en société, on sera à présent en mesure de raconter quelques détails croustillants sur Catherine II, impératrice de Russie pendant plus de 30 ans. D'accord, on sera bien en peine de discourir sur ses décisions et actions politiques alors qu'elle a gouverné tant d'années mais nettement plus sur ses agissements et pirouettes d'ordre plus privé…
J'ai malheureusement été déçue par ce livre. Aucun orgasme littéraire ou intellectuel ne s'est pointé à l'horizon. Je me suis probablement trompée sur ce que je pouvais en attendre. Il n'était pas pour moi. Ça arrive, ces choses-là, et plus souvent qu'on ne le souhaite. On se fait toute une histoire romantique de la soirée qu'on va passer, on s'imagine des choses, on fantasme… Et... Rien ou si peu. « Wateloo ! Waterloo ! Waterloo ! Morne plaine », aurait pu susurrer Joséphine à l'oreille de Napoléon, entre les coucheries de l'une et les batailles de l'autre… (Mais, sauf erreur, Joséphine n'avait pas croisé Hugo).
Bref, j'espérais lire un essai historique, voire politique et social de ces femmes (et des femmes de l'époque). Quelque chose de « plus sérieux », si je puis me permettre. En apprendre peut-être plus sur ce qu'elles avaient pu apporter sur le plan politique, et ce par leur ambition, intelligence et force de caractère agrémentées, bien sûr, de leurs atouts plus physiques…
Mais, si je connais à présent mieux ces femmes (et j'ai été impressionnée par le courage d'une bonne majorité), pour moi, cela n'a été souvent justement qu'une suite de descriptions des traits physiques de ces femmes et de leurs multiples amants qu'elles voulaient mettre dans leur lit (ou ailleurs).
Au fur et à mesure des divers portraits, il me semblait que ce n'était qu'une énumération de toutes leurs liaisons en tout genre, de relations sexuelles sous presque toutes les coutures, pour ne pas dire parfois orgies, jusque dans des bouges les plus mal famés et peu ragoûtants, et ce, jusqu'à épuisement des corps et de ma curiosité… D'ailleurs, je n'ai pas toujours compris quel était l'intérêt de faire le portrait (ou biographie sexuelle) de certaines d'entre elles. Certes, par leur inépuisable libido et appétence plus que largement passées à l'acte, quelques-unes auraient sûrement pu prétendre à entrer dans le Guinness des Records. Mais, ne les présenter principalement que par leur frasque et pulsion sexuelles, au risque de minimiser leurs autres qualités ou capacités, finissait par me lasser et même réveiller les souvenirs de mon éducation plus portée sur la bienséance et la bonne morale. C'était presque le comble… Et je ne suis pas sûre que de telles histoires X servent à la cause des femmes et à la « liberté » sexuelle.
Shocking, moi ? Peut-être, n'en déplaise à mon sentiment d'être relativement ouverte (d'esprit s'entend), d'estimer que chacun fait ce qu'il veut du moment que cela ne nuit pas aux autres (tant qu'il n'y a pas de gêne…), ou encore de considérer qu'il y a trop de « normes » imposées par la société, j'ai trouvé certains de ces comportements quelque peu déplaisants, fatigants. Chacun sait que « trop est parfois l'ennemi du bien ». Ainsi, je n'ai pas éprouvé de réel « plaisir » à lire cette longue et longue succession de coïts ininterrompus dans tous les coins et recoins.
Irai-je jusqu'à traiter certaines de « nymphomanes » ou de xxx, moi qui justement milite pour l'égalité des sexes (juste à cris…, il s'entend toujours) et qui considère que l'appétit sexuel n'est pas forcément une caractéristique purement masculine ? Autre temps, autres moeurs. Mais, si elles avaient été de nos contemporaines, nul doute que quelques-unes auraient dû consulter pour une ‘'légère'' addiction au sexe. Ça se soigne, Mesdames… Et ce n'est pas une remarque sexiste, pudibonde ou je ne sais quoi d'autre, c'est juste qu'il y a des dépendances qui peuvent avoir de malheureuses conséquences physiques ou psychologiques (certaines y ont perdu leur tête. D'ailleurs, Jeanne du Barry, si elle avait pu, en aurait probablement témoigné. Enfin pas sûre, peut-être qu'elle aurait encore eu la tête à autre chose…).
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Des salopes ou des femmes libres ?
Elles aiment l'amour, aiment faire l'amour. Elles en profitent comme elles profitent des hommes qui leur cèdent. Parce qu'elles sont entreprenantes aussi. Elles ont le sexe politique, financier, conquérant. Elles couchent, et savent pourquoi.
Des portraits de femmes libres, qui disposent de leur corps, c'est bien parce que tout cela manque cruellement dans notre paysage littéraire, culturel et historique. Mais quand même. J'ai quand même parfois l'impression que le trait est très grossi et que l'auteur ne prend pas beaucoup de précautions dans ce qu'elle énonce, surtout en ce qui concerne des époques lointaines, où les sources sont rares et pas toujours contradictoires (cependant, elle les cite, une bibliographie est disponible en fin d'ouvrage). Ca manque quand même de contexte, au moins sur la condition de la majorité des femmes de cette époque, dans les autres couches de la société.
Lecture plaisir, mais pas forcément pour un devoir universitaire ^^
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Elles n’attendaient pas. Elles étaient parées comme des reines, sachant se mettre en scène et en valeur. Elles savaient susciter le désir.
Leurs partenaires devaient leur donner du plaisir sinon elles en changeaient. Pas question pour elles de subir les assauts des hommes en fermant les yeux et en attendant que cela passe.
Elles ne s’ennuyaient pas au lit, et leurs amants non plus. Le sexe était un moyen de jouissance et de réjouissance qui les régénérait.
Même quand leur corps a été abîmé par l’âge, elles ont continué à séduire et à avoir une vie sexuelle. Jusqu’au bout, elles ont eu des amants dans leur lit.
Jamais elles n’ont renoncé à l’amour physique et au plaisir. Jamais elles n’ont abdiqué leur sexualité sous les regards réprobateurs des hommes ou, parfois même, des autres femmes. Elles n’ont jamais fait profil bas.
On les a traitées de salopes, c’était le prix à payer pour leur liberté. Elles l’ont payé de bon cœur.
Cléopâtre peut aussi se vêtir de simples robes de lin blanc ou pourpre ou de tuniques colorées en soie transparente qui laisse deviner son beau corps entretenu par les activités physiques qu’elle pratique intensivement. Elle sait parfaitement nager, monter à cheval et danser.
Elle a reçu une éducation très complète. Son père, Ptolémée XII, la jugeait la plus belle et la plus intelligente de ses enfants. Très jeune, elle a fait preuve d’un esprit très vif, curieux, ouvert. On lui a donné les meilleurs précepteurs pour lui enseigner les sciences, les mathématiques, la philosophie, la médecine, l’occultisme. Elle est férue d’astrologie, d’alchimie, de géographie et passe beaucoup de temps à la grande bibliothèque d’Alexandrie où sont entreposés les manuscrits les plus précieux de l’époque, tous traduits en grec, la langue du savoir.
Toutes, à leur époque, ont été traitées de salopes, voire de putains. Elles s’en fichaient complètement. Aucune ne se souciait du qu’en-dira-t-on.
Leur liberté d’esprit précédait celle de leur corps. À une époque où l’Église, les convenances leur dictaient une sexualité corsetée, dédiée à la reproduction, elles ont fait voler en éclats tous ces diktats. Elles ont joui sans entraves, multipliant les amants. Sans culpabilité.
Cette liberté sexuelle leur a donné beaucoup de plaisir mais aussi de l’énergie à revendre et une grande force qui les a aidées à s’accomplir dans des destins souvent complexes.
Contrairement à toutes celles, encore nombreuses, qui vivent une sexualité atrophiée, elles étaient en pleine possession de leurs moyens. Elles déployaient leurs ailes. C’étaient de vraies femmes.
Catherine est humiliée, et surtout frustrée car, contrairement à son mari, elle est très sensuelle. Elle n’aspire qu’à s’offrir. Son corps réclame les caresses. Enfant, elle sautait pendant des heures sur son lit, un oreiller entre les cuisses, jusqu’à épuisement des sens. Elle a le feu au corps. Pierre est incapable de l’éteindre, et ce n’est pas seulement un problème d’extincteur. Catherine a épousé un enfant qui se lève la nuit pour jouer avec ses soldats, qui fait venir ses chiens dans leur lit. Elle a besoin d’un homme et son mari est un gamin. Heureusement, très vite, il ne viendra plus. Au lendemain de ses noces, Catherine est toujours vierge. Elle va le rester pendant huit ans.
Jeanne a une qualité fort peu répandue à la cour de France : elle est simple. Ni servile, ni obséquieuse, elle parle et se conduit simplement. Elle est intelligente et très instruite. Curieuse, elle aime lire et a beaucoup appris en se frottant à tous les grands hommes qu’elle a rencontrés rue de la Jussienne. Et puis elle est gaie, toujours alerte et joyeuse. Pleine de gentillesse, elle sait aussi se montrer douce et câline. Elle le rassure, le divertit, l’écoute. Elle le console. Depuis que Jeanne du Barry est entrée dans sa vie, le roi ne s’ennuie plus. Et bientôt il ne peut plus se passer d’elle
Découvrez la soirée de lancement de la nouvelle collection des Presses de la Cité : Intime conviction où Sofia Bengana, directrice générale des Presses de la Cité, Agnès Grossmann, auteure du premier titre, et Nicolas Bastuck, directeur de collection, vous présentent la collection ainsi que son premier titre paru « L'affaire Rambla ou le fantôme de Ranucci » !
Écrits par des journalistes, experts en enquêtes judiciaires et affaires criminelles, ces récits vous permettront de plonger au coeur de ces affaires, célèbres ou moins connues, et apporteront un éclairage passionnant sur la société à l'époque des faits.
Et vous, avez-vous une Intime conviction ?
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