AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Luce Van Torre (Préfacier, etc.)
EAN : 9791090272132
Éditions Les Autanes (01/01/2015)
4/5   3 notes
Résumé :
En suite logique de la Biographie de la femme de lettres, Louise Grouès, voici proposé par Luce Van Torre,un des premiers romans de cette auteure féministe de la Belle Époque. Là encore, une écriture au service des droits des femmes, où Louise Grouès -Héra Mirtel en littérature- défend l'idée qu'à compétence et savoir-faire égal la femme doit bénéficier des mêmes conditions de travail et des mêmes considérations que ses collègues hommes. Un discours encore très cont... >Voir plus
Que lire après Une doctoresse aux Alpes et autres textesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Un grand merci à Babelio et aux éditions Les Autanes pour la découverte de cette auteure dont je n'avais jamais entendu parler.

On découvre par ce livre le combat féministe de Louise Grouès (de son pseudo Héra Mirtel) au tout début des années 1900. Elle veut faire annuler les lois du code civil, discriminantes pour les femmes, qui restreignent leur liberté de penser, d'agir et d'évoluer dans la société où elles ne sont pas des citoyennes à part entière.

Elle revendique l'accès aux métiers masculins, l'égalité des salaires. Elle est, en cela, très en avance sur son temps.

Elle propose des solutions pour aider les femmes à créer leur propre entreprise (loi qui sera votée en 1989 pour la mise à disposition de fonds pour la création d'entreprise créer par des femmes).




Pour faire entendre la voix des femmes elle fondera le journal « l'Entente » ou elle pourra s'exprimer pour faire changer les mentalités, Elle y dénonce le manque de moyens mis à disposition des femmes pour l'instruction de celles-ci, le manque d'ouverture pour une grande majorité de métiers (ou les femmes ne peuvent accéder) , les bourses donnés systématiquement aux garçons et non aux filles. Elle demande qu'à travail égal salaire égal là où les femmes ne sont payées parfois qu'au tiers du salaire des hommes.




Son combat est double : autant face au parlement que face aux femmes elles-mêmes qui n'osent point se révolter considérant que leur place est avant tout au foyer, auprès de leurs enfants.




A travers ce livre, trois genres littéraires nous sont proposés : un roman, un texte de conférence et des extraits de ses chroniques – où elle laisse libre cours à ses pensées sur la condition des femmes, les solutions proposés pour les sortir petit à petit de leur condition actuelle vers une vie meilleure .

Le livre se lit très bien, Louise Grouès/Héra Mirtel a une très belle plume, j'ai tout autant apprécié son roman, les extraits de ses chroniques ainsi que son texte de conférence.

Je dirais que si vous avez envie de découvrir qui était cette femme et son oeuvre, alors jetez vous sur ce livre vous n'en serez point déçus !
Commenter  J’apprécie          200
La situation de départ est on ne peut plus actuelle : un petit village perdu dans un recoin des Alpes peine à recruter un médecin, car personne ne veut s'aventurer dans une zone aussi enclavée. On se résout donc à y affecter l'héroïne du roman, désireuse de pouvoir exercer son métier, où que ce soit : après tout, une doctoresse c'est moins bien qu'un docteur mais c'est mieux que rien. Elle se heurte d'entrée à l'hostilité des femmes, avant même d'avoir pu faire ses preuves ; on devine rapidement que non, ça ne va pas rouler comme la charrette de Docteur Quinn.

Lorsque la doctoresse (ce terme me rappelle mon arrière-grand-mère, qui l'employait souvent, non sans un certain mépris, pour parler de la remplaçante de son médecin... Pourtant, elle avait bel et bien un nom ! "Ah, pauvre, je ne guéris pas vite cette fois-ci... Mais c'est parce que c'était la doctoresse, aussi. Mais c'est bon, je rappellerai le Dr. B. quand il rentrera de vacances...". Et croyez moi, elle n'était pas la seule à tenir ce genre de propos) Lorsque la doctoresse, donc, a enfin l'opportunité de sauver de la mort un jeune berger, se défiant de sa grand-mère qui ne veut d'abord pas qu'elle y touche, elle pense fermer le bec à toutes les commères qui la regardent en dessous. Pourtant non, bien au contraire ! Parce que l'une d'elles l'a aperçue ausculter le jeune homme, forcément à moitié à poil, on lui prête les pires rumeurs. Prouver qu'elle peut faire "aussi bien" qu'un médecin ne suffira plus, il faudra aussi qu'elle arrive à convaincre qu'elle n'est pas venue là pour se taper les garçons du village. Sous la pression, elle sera bien tentée de démissionner, mais des âmes bienveillantes lui rappelleront que sa vocation doit être la plus forte.

Une doctoresse aux Alpes est un roman sobre mais édifiant, pas aussi vieillot qu'on pourrait l'attendre d'un texte écrit au tout début du XXème siècle. Il gagnerait à être connu plus largement car malheureusement, les dialogues et les petits événements qui ponctuent le quotidien de ce village de montage sont encore parlants. de nos jours, on peut le lire comme un rappel de ce qui a évolué pour les femmes dans le domaine professionnel depuis, comme un constat de ce qui n'a pas vraiment changé, et ce qui nous pend au nez si on s'assoit sur nos acquis.
Lien : http://pulco-suivezlepapillo..
Commenter  J’apprécie          80
Une auteure que je ne connaissais pas du tout. Après avoir survolé la présentation, j'avais déjà une impression positive sur ce livre. J'ai donc abordé le roman avec enthousiasme. Dès les premières lignes, j'ai été accroché et j'ai aimé suivre ce médecin femme dans sa découverte des gens des vallées de l'Ubaye dans les Alpes. J'ai essayé de trouver d'autres livres de cette écrivaine et rien trouvé. Je trouve que c'est une bonne idée de rééditer cette femme oubliée. Dans une seconde partie, on peut lire des chroniques et des propos féministes de l'auteure.
Commenter  J’apprécie          50

Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Un paysage de rêve figea ses yeux éblouis. Il arrivait au second, rapide et périlleux tournant qui suit l’invraisemblable pont du Châtelet, reliant deux rochers à une hauteur de 118 mètres sur l’abîme, quand, à travers les mélèzes givrés en souples dentelles et les sapins ployant sous un amas de blancheur, la route apparut, barrée par un immense tas de neige. Le conquérant n’en fut point ému. Il sauta sur le chemin.

Un instant il s’attarda à dominer le divin horizon qu’il embrassait de ces hauteurs. Là-bas, très loin, des crêtes qui cernent Barcelonnette étincelaient comme de fantastiques flambeaux. Plus près, la tête de Moïse, les monts du Lauzanier et les cimes qui surplombent Larche brûlaient ses yeux de leurs reflets intenses. Et là, devant lui, s’étendaient l’immense gouffre où Sérennes et Saint-Paul s’alignent comme le calme et reposant décor au sein duquel le pâtre de Tannhäuser chante le bonheur de la vie des montagnes. Le fragile hameau des Prats à peine accroché, semble-t-il, au-dessus de Pratmontour rompait d’un point noir la ligne blanche qui court des métairies des Sérennes aux hauteurs du Mélézen. Et comme un trait léger, dans cet océan de remous blancs, la route stratégique qui monte à la batterie de Vallon Clos, en coupant l’Infernette et les bois sombrement groupés à l’Ubac, apparaissait comme un léger sillon laissé par une aile d’oiseau rapide et libre.

Abrité de la Montagnette, le coquet village de Tournoux auréolait harmonieusement son clocher. Et de toute la vallée féériquement vêtue de flamme, montait un mystère recueilli, une vapeur d’encens émané de blanches lumières qui engourdissaient et exaltaient à la fois tous les sens d’un ineffable vertige !
Commenter  J’apprécie          120
La neige a bloqué ma porte en cette belle nuit de décembre et pourtant il faut partir. Une terrible épidémie de diphtérie s’est déchaînée sur la vallée. Elle a commencé par Barcelonnette, et comme nombre d’enfants des campagnes sont pensionnaires dans les établissements scolaires de la petite ville, en les licenciant pour éviter les foyers de contagion, on a répandu le mal. Il sévit brutal et intense sous les chaumes.

À la ville on l’enraye encore, on le domine à coups de sérum. Mais dans les hameaux à peine accessibles aux chamois, dans ces demeures solitairement campées entre le rocher échancrant les nuages et la forêt tapissant les pentes jusqu’à l’abîme où rugit le torrent, les petits souffles frêles s’éteignent en grand nombre sous l’étreinte du fléau. Et je croise souvent, dans mes courses aux maisons désertes et infectées par l’horrible mal, un traîneau ouvrant les chemins neigeux à un petit cercueil suivi de quelques femmes en pleurs. C’est que je n’ai pas encore réussi à forcer toutes les portes, toutes les demeures où l’enfant souffre et agonise.
Commenter  J’apprécie          120
Notre réelle et universelle infériorité réside dans une absence presque totale de forces défensives. Une telle affirmation semble hasardée et démentie par les faits, par les propos courants : « Oh ! Les femmes sont très fortes » », dit-on volontiers, « plus fortes que nous » ajoutent les hommes.

Il s’agit ici, bien entendu, de la force des esclaves, faite de ruses et de trucs triomphants. Mais ne nous dissimulons pas l’évidence, cette force là n’est qu’une faiblesse mal déguisée…. Nous n’atteignons jamais par les moyens détournés qu’à une Défaite décorée du nom de Victoire.

Forces défensives in "Le Semeur /L’Entente", n°9, 13 décembre 1906
Commenter  J’apprécie          120
Un événement important pour toutes les femmes, en novembre 1906, relaté par Louise Grouès: une femme scientifique, Marie Curie, donne son premier cours à la Sorbonne. Louise en profite pour inciter ses compatriotes à ne pas être seulement admiratives mais à en prendre de la graine et à devenir, elles-aussi, selon leurs compétences et savoir-faire des forces, actives et responsables. Elle écrit un peu plus tard, dans Le Semeur associé à l'Entente, le journal qu'elle dirige:
Pour avoir invité les femmes à devenir une force en renonçant au rôle de servantes, dont elles se contentent généralement, j'ai encouru le reproche d'être une féministe intellectuelle, bourgeoise théorique. Je ne mérite pas tant d'honneur; féministe tout court, voilà le seul titre auquel j'aspire. Persuader toutes les femmes, de toutes les classes de la société, que la conquête de leurs droits sera l’œuvre de leurs facultés, affirmées dans toutes les manifestations de l'activité humaine, voilà mon but.
Citation tirée de "Une doctoresse aux Alpes et autres textes", textes rassemblés et commentés par Luce Van Torre. Page 119.
Commenter  J’apprécie          00

Video de Louise Grouès (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Louise Grouès
http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=60016&motExact=0&motcle=&mode=AND
LE PROCÈS DE MADAME BASSARABO
La ténébreuse affaire de "l'Amazone rouge"
Michel Leroy
Qui a tué Georges Bassarabo ? En août 1920, la police a découvert son cadavre dans une malle expédiée par le train. Sa femme est arrêtée. Née Louise Grouès, tante de l'Abbé Pierre, elle était connue comme militante féministe, auteure d'une oeuvre littéraire abondante, sous le nom d'Héra Mirtel. Etait-ce un crime passionnel ? Un crime d'intérêt, lié aux affaires troubles de la victime ? le passage à l'acte d'une féministe radicale ? Dans son enquête appuyée sur des archives inédites, Michel Leroy tente de dénouer les fils de cette ténébreuse affaire.
Historien de la littérature, ancien recteur d'académie, Michel Leroy a contribué à la redécouverte et à la réédition des oeuvres d'Héra Mirtel.
Broché - format : 15,5 x 24 cm ISBN : 978-2-343-14496-2 ? 1 juin 2018 ? 370 pages
+ Lire la suite
autres livres classés : chroniquesVoir plus

Autres livres de Louise Grouès (1) Voir plus

Lecteurs (6) Voir plus



Quiz Voir plus

Les emmerdeuses de la littérature

Les femmes écrivains ont souvent rencontré l'hostilité de leurs confrères. Mais il y a une exception parmi eux, un homme qui les a défendues, lequel?

Houellebecq
Flaubert
Edmond de Goncourt
Maupassant
Eric Zemmour

10 questions
562 lecteurs ont répondu
Thèmes : écriture , féminisme , luttes politiquesCréer un quiz sur ce livre

{* *}