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EAN : 9782812602207
128 pages
Editions du Rouergue (11/01/2012)
4.75/5   2 notes
Résumé :
Depuis son plus jeune âge, Denis Grozdanovitch fait des photographies qui prolongent et illustrent ses textes. On y trouve un goût certain pour les maisons en ruines, les jardins à l'abandon, les puissantes averses, les friches industrielles et les bouts du monde. Des amis passent, certains sont morts, d'autres peignent inlassablement le même arbre, pour chacun il y a une histoire. On habite Paris, l'Aveyron, puis la Nièvre. Judith, la compagne, est de tous les voya... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Denis Grozdanovitch
L'exactitude des songes
(éditions du Rouerge 2012, 125 pages, 22€)
L'écrivain photographe

Le lectorat fidèle de Denis Grozdanovitch connaît l'écrivain , " le plus nietzschéen des tennismen".
Le voici dans un autre registre, nous dévoilant son talent de photographe. Passion qui remonte à l'enfance après avoir reçu son premier Kodak. Depuis , son Minox en bandoulière , il bat la campagne ou arpente des horizons lointains. Son oeil, sans cesse aux aguets a moissonné une multitude de clichés déclinés en noir et blanc ou en couleur. Il nous offre une succession de vues: gros plan , plongée, contre plongée, plan rapproché, panoramique, grand angle.

Dans l'introduction , l'auteur explique son besoin de souvenirs d'images, de figer des moments intimes, de capter la beauté d'un paysage , de visages. Il souligne « la faculté sensorielle de la photo de ressusciter les émotions ».
Partageant son temps entre la campagne et la capitale, il a pu engranger un éventail d' images très contrastée .Certaines dégagent le calme absolu, la solitude, la froidure des scènes hivernales ( rappelant «  les primitifs flamants »), la lenteur, mais d'autres émanent les lumières et la chaleur du sud .Rien n'échappe à «  cet éternel chasseur d'images » qui déploie son art du détail.
L'objectif se focalise sur une façade du 16ème dont « l'aspect rococo,les moulures grumelées » rappelant le style de Gaudi ou saisit « la grâce désuète d'une vigne .

Denis Grozdanovitch a glissé quelques clichés plus personnels, plus intimes: on fait connaissance de Judith, «  à la beauté égyptienne » , la complice de toujours à qui l'ouvrage est dédié,d'Émilie (leur fille), de Madeleine: la grand-mère de l'auteur. Il nous laisse entrevoir son bureau parisien , un huis clos où il écrit, lit, rêvasse, en sirotant du thé, entouré de ses « objets fétiches » dont un de « ses éternels carnets » et la pointe Rodring.
Il convoque la figure paternelle, l'éditeur de Gracq :José Corti, des amis disparus. Il rend hommage aux artisans( sculpteurs sur bois, ébénistes) dont le savoir- faire l'émerveille.
Il exhume sa période estudiantine , quand il fréquentait le quartier latin.
Si, selon la photographe Dominique Isserman: « On n'épuise pas un visage ».Il en est de même pour les paysages , toujours en devenir , d'un instant à l'autre. L'écrivain photographe met en exergue la douce beauté des jardins à l'abandon. Il nous fait partager ses souvenirs d'adolescent, ses voyages. «  Les voyages ne nous conduisent pas seulement à découvrir de nouveaux lieux, mais aussi des richesses intérieures »: pensait Durell. La lumière d'Italie rayonne , contrastant avec le clair obscur d'un café parisien. Les rues de Florence et de Sienne font écho au dernier roman de Denis Grozdanovitch: «  La secrète mélancolie des marionnettes ». Il nous offre une escapade à Corfou, dans le sillage de Ritsos. Ile qui lui inspira le poème: « Les enfants et les hirondelles à Corfou » publié dans La faculté des choses. A Lisbonne , il récite Pessoa, tout en débusquant « les herbes folles sur la balustrade » d'un palais en ruines.
Comme Manet, il décline sa fascination pour les gares. Il nous embarque à bord d'une micheline ou d'un TGV , nous fait plonger dans ses pensées devant l'infinitude des étendues où l'homme est absent. Il ouvre son grand angle sur « la vastitude des cieux ».
On sillonne la France du Mont ST Michel à l'Aveyron, en passant par la région nivernaise. L'auteur sait nous imprégner de « la pluvieuse celtitude » qui baigne la côte bretonne, restaurer une atmosphère festive de Noël. Il puise ses sujets dans la vie quotidienne: du linge qui sèche, des assiettes, une vitrine, une station de métro, un vélo d'enfant: « objet dérisoire », pourtant.
Après avoir parcouru cet ouvrage éclectique, le portrait de « l'observateur mélancolique », aimant la compagnie d'un chat, se dessine en filigrane: amateur de vélo, de randonnées pédestres, goûts pour les cimetières, pour les jardins à l'abandon où règne «  l'imbrication envoûtante du touffu et du géométrique ».On subodore la patience du photographe pour capter les jeux de lumière, comme un rai de soleil matinal qui sublime la porte de l'abbaye de Corbigny. Déambuler dans les rues, les ruelles, sur les marchés , à l'affut de l'inédit, de l'insolite, d'un décor magique, lui procure une jubilation incommensurable. Sensibilisé aux pratiques novatrices de l'artiste américain Rauschenberg ( pour qui la photographie est «  comme tailler un diamant »), à Auxerre,ce fut « un surgissement inopiné, une composition murale fortuite » qui lui procura une extase instantanée.
Sa prédilection pour les bistrots dès potron-minet le conduit à musarder , pratiquant « l'art difficile de ne presque rien faire »,comme dans ce café du jardin du Luxembourg, photo de la couverture. Une parenthèse enchanteresse pour «les désoeuvrés de son genre, au coeur du maelström » où le temps se plie, un refuge, un havre de paix, à l'écart de « cette course effrénée actuelle ».
Denis Grozdanovitch signe un ouvrage plein de charme, de sérénité, d'un esthétisme raffiné, restituant un témoignage du passé. Il y a cristallisé des instants suspendus,des moments inoubliables. Il a immortalisé des lieux à jamais disparus, remplacés par du béton. Des lieux mémoire d'entreprise florissante s'étant délitée comme «  ces friches industrielles ou ces carrières éventrées ». Un souffle de poésie, une note de nostalgie traversent les commentaires,laissant deviner la sensibilité de l'auteur. Il instille une ambiance zen, épinglant « l'agitation des hommes », « la gabegie industrielle » ainsi que « ces cités déshumanisées ».

Denis Grozdanovitch s'est constitué une galerie de photos,au fil des saisons, d'une richesse inouïe,où se côtoient l'abstraction,le réalisme des natures mortes, des portraits, et la belle indifférence de la nature. Une belle invitation à s'attarder pour en savourer la quintessence.
« Un merveilleux rempart contre l'oubli », pour Denis Grozdanovitch, tout comme « La beauté serait peut-être la faculté qu'ont les choses d'être là ».

Denis Grozdanovitch, estampillé « iconoclaste, inclassable » reste incontournable.
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critiques presse (2)
Bibliobs
23 avril 2012
Dans cette galerie de photos, d'une richesse inouïe, se côtoient abstraction, natures mortes, portraits, et la belle indifférence de la nature. Une invitation à s'attarder pour en savourer la quintessence. L'inclassable Grozdanovitch reste incontournable.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Lexpress
24 janvier 2012
Un recueil de photos et de textes bercé au rythme des souvenirs et des émerveillements.
Lire la critique sur le site : Lexpress

Videos de Denis Grozdanovitch (10) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Denis Grozdanovitch
L'académicien Erik Orsenna publie «Géopolitique du moustique», chez Fayard, dans lequel il entraîne les lecteurs dans un grand voyage pour tenter de mieux comprendre la terre et la mondialisation. À ses côtés, René de Obaldia, de l'Académie française, évoque la sortie de son ouvrage «Perles de vie», publié chez Grasset, un recueil de pensées et de citations. Cinq grands noms du théâtre - François Morel, Jean Rochefort, François Berléand, Bernard Murat et Michel Bouquet - rendent hommage à son oeuvre. La biologiste Emmanuelle Pouydebat publie «L'Intelligence animale», chez Odile Jacob, tandis que Denis Grozdanovitch fait paraître «Le Génie de la bêtise», chez Grasset. L'émission propose également un entretien, enregistré aux Etats-Unis, avec la romancière américaine Toni Morrison, prix Nobel de littérature en 1993.
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