Ouf, terminé ! Si mon avis restait mitigé à mi-livre, il est définitivement négatif au terme du récit. Pas de trame. Pas d'homogénéité, pas de tension, pas de contenu, peu de style. C'est très dur, je m'en rends compte mais l'auteur ne va au bout de rien, il ouvre des portes et n'explore pas les pistes qu'il crée.
Par exemple, on a deux récits clairement distincts:Irak et Dubaï. le lien est faible pour ne pas dire inexistant. Chaque moitié se lit (quasiment) sans référence à l'autre moitié. D'où l'incompréhension finale du lecteur.
OK, l'écriture est fluide. Cela se lit vite, sans peine, sans vraiment même réfléchir ou fournir un effort. Mais cela vient aussi du propos assez creux. Et surtout de l'absence de tension.
L'impression très plate laissée par les première pages laisse la place à quelques améliorations, c'est vrai. Mais à peine. le propos se durcit. On arrive dans les déviances et les questions existentielles... mais sans vraiment que le roman décolle. Ce ne sont que des bribes de trames qui restent sans suite.
Je n'arrive pas à m'imprégner de l'atmosphère (indo-suisse) du roman. Aucune empathie. Aucune compréhension. Quel roman sans aura.
Si je n'avais pas pour principe de toujours terminer les livres commencés, de poursuivre un peu une lecture qui m'ennuie... j'aurais sans doute mis le livre de côté pour y revenir (ou pas) plus tard.
Reste une inconnue de taille. Sans dévoiler l'intrigue. Et si... et si tout cela était vrai (cf. le procès final)? Là, on pourrait avoir un réel sujet, entre vérités et faux-semblants. Il y avait une vraie perle à magnifier. Au lieu de cela, l'intrigue fait flop. Et il y avait de la matière: le sujet, les questionnements soulevés, les doutes existentiels, le contexte politique international, le rapport à soi et aux autres, la vie en société, les us et coutumes, le choc Orient/Occident.... tout cela appelait davantage de contenu, de fond, mais l'auteur semble plus intéressé par soigner son écriture que le propos. le sous-titre du livre est "Voyage en absurdie", j'ai plutôt l'impression que l'on se trouve dans "Martine découvre le monde". Finalement, je suis d'accord avec une réflexion du personnage principal... il n'a que ce qu'il mérite.
J'ai enfin le sentiment que le mode utilisé pour le récit n'est pas le bon. Je n'éprouve aucune sympathie ou empathie pour le personnage principal. Son destin, à ce stade, m'importe peu et en tant que lecteur je ne ressens aucune tension. Et j'ai besoin de cette tension pour éprouver quelque chose. Pour m'intéresser au propos. L'usage d'un narrateur omniscient, externe, extérieur, déteint sur le lecteur. Cela fonctionne à quelques reprises, mais pas souvent. Il y a tant de ficelles d'écriture, par exemple éviter le roman purement chronologique, émailler le récit des lettres de la Croix-Rouge, se positionner dans la tête de Nina dont le revirement scatologique est tout à fait ridicule à mon sens... Mais ce n'est que mon avis.
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C'est le premier livre que je lis de cet auteur et je suis restée chamboulée après sa lecture : je ne savais pas quoi en penser... C'est un livre marquant en tout cas. le sujet, l'écriture très soignée, la construction particulière en font un livre qui se lit très rapidement et avec intérêt.
L'apparente neutralité du ton couplée à la passivité du protagoniste posent question : les événements s'enchaînent et la situation intrigue beaucoup. Pourtant, ce livre est l'occasion de réflexions, de réactions nombreuses. Les sentiments sont bien là, les personnages sont rendus très réalistes.
C'est en fait un moyen de souligner l'absurdité de l'existence, des choix de vie et des événements actuels. Ce livre est très relié à l'actualité et au monde contemporain, c'est une vision éclairante.
Je pense que cet ouvrage a malheureusement manqué de visibilité dans la Rentrée littéraire. Je le conseille vivement, il se lit très vite, il est très bien écrit et invite à la réflexion : c'est une lecture stimulante !
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Ecrivain néerlandais installé à New York, Arnon Grunberg détourne les codes du suspense dans «l'Homme sans maladie», un chef-d'oeuvre d'humour noir qui évoque le style des frères Coen, avec un zeste de Nouveau Roman.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Avec «l’Homme sans maladie», le romancier néerlandais plonge son héros dans l’enfer moyen-oriental. Cauchemar réussi.
Lire la critique sur le site : Liberation
Plus encore que son physique indien […] la chose qui constitue le cœur de son identité est la suivante : l’absence de maladie. Il n’a besoin ni de fauteuil roulant, ni de soins permanents ; il est seigneur et maître de son propre corps. Aussi fut-il d’abord l’enfant, puis le garçon, et maintenant l’homme sans maladie. Quoi qu’il soit et devienne par ailleurs, l’essentiel est sa bonne santé, à la fois physique et mentale.
Il était devenu l'homme de la maison, un rôle qui ne lui convenait pas et qu'il avait accepté à contrecoeur. Il n'aimait pas les conflits. (p.13)
N'était-ce pas cela l'amour? Quand tout ce qui était dégoûtant devient bon, quand tout ce qui était impur devient sacré? (p.19)
Pendant quelques jours, Sam a gardé le nouveau mail de John Brady dans sa boîte de réception sans y répondre. Il a failli le supprimer deux fois, mais quelque chose l'a retenu.
Elle possède cette sorte d'entrain qui vise à faire toujours plus travailler les autres. (p.179)