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EAN : 9782213027647
762 pages
Fayard (04/09/1991)
4.33/5   6 notes
Résumé :

Une entreprise colossale dont on a peine à se représenter la démesure: en un demi-siècle, une poignée de conquistadores s'emparent de 2 millions de km2 pour y bâtir une réplique de leur société. Les incroyables richesses qu'ils découvrent leur font vite oublier la quête des épices. Une gigantesque machine colonisatrice se met en route.La conquête de l'Amérique nous apparaît aujourd... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Livre très remarquable et extrêmement fouillé et documenté, moins romancé – et c'est tant mieux – que Les Conquistadores de Jean Descola (1954) qui insiste beaucoup sur le rêve de la mythique Atlantide alors que Bernand et Gruzinski n'en parlent pas.
Une large part (186 pages) est consacrée au contexte historique en Europe ; la conquête elle-même ne démarre qu'à la page 247.
Avant cela, 43 pages présentent la situation en Amérique et les moeurs des indigènes avant la conquête, exercice difficile mais utilement évocateur.
Les conquêtes d'Hispaniola et de Cuba sont expédiées sans beaucoup entrer dans les détails.
La partie la plus intéressante est le tiers central (246 pages) sur le Mexique et le Pérou qui nous fait suivre pas à pas les avancées de Cortés et de Pizarro et la façon étonnante dont Moctezuma et Atahualpa se font piéger.
Le livre montre très bien et dans le détail la multitude de différences (faune, flore, valeurs, moyens techniques…) mais aussi de similitudes (architecture, réseau urbain, une bonne part de la faune du Mexique…) entre les deux continents
Toponymes et patronymes sont pléthore et nécessitent un examen fréquent sur Wikipédia.
Le livre offre assez peu de cartes, aussi il est très utile de suivre la progression des envahisseurs à l'aide de Google Earth, même si de nombreux noms de lieux dans le livre ont une forme ancienne et sont parfois difficile à retrouver.
On regardera avec intérêt les vidéos de Serge Gruzinski sur la tentative de conquête de la Chine par les Portugais qui se fait au même moment et presque en vain, la réaction des Chinois étant à l'opposé de celle des Amérindiens ce qui permet d'apprécier le comportement de ces derniers dans un contexte plus large.
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excellent !
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
L'exploration des eaux atlantiques et africaines tout au long du XVème siècle permit au Portugal d'accumuler une expérience maritime sans précédent qu'à l'instar de Colomb venaient partager les nombreux étrangers qui fréquentaient l'estuaire du Tage. Les navigateurs portugais avaient mis à profit les leçons de l'Europe du Nord et de la Méditerranée, adopté la voile triangulaire (ou latine) et créé la caravelle, appelée à devenir l'instrument privilégié des découvertes. Celles de Lisbonne disposaient d'une superficie de voile considérablement accrue qui autorisait la navigation à la bouline, c'est-à-dire contre la direction du vent : elles jaugeaient une cinquantaine de tonneaux et possédaient deux mâts gréés de voiles latines triangulaires. Les nefs, par contre, étaient des navires aux voiles carrées qui avançaient vent en poupe. Ce qui n'excluait ni les aménagements ni les combinaisons les plus diverses entre ces types de bâtiments : sur les trois navires de Colomb, la Santa María était un navire marchand à voiles carrées motrices tandis que la Niňa et la Pinta étaient des caravelles qui ne portaient originellement que des voiles latines plus aptes à la manœuvre. La Niňa perdit l'une de ses voiles latines pour une voile carrée. Seule la Pinta demeura en l'état, ce qui laissa à son capitaine Pinzõn une liberté et une rapidité de manœuvre qui exaspérèrent Colomb.

Mais pour s'éloigner des côtes du monde connu, encore fallait-il une connaissance précise des courants et des vents et de bons instruments. Henri le Navigateur s'était entouré de cosmographes et de cartographes qui mirent au point des documents sans cesse plus précis. L'école de cartographie de Lisbonne devint si fameuse qu'elle attira autant les navigateurs étrangers soucieux de se former que les espions, guère différenciables des précédents, avides de percer les secrets des contrées nouvelles. C'est ainsi qu'on vit apparaître vers la fin du XVème siècle sur les cartes, à côté de l'échelle des lieues, une prolifération d'informations toponymiques, les roses des vents orientées vers le nord, l'échelle oblique des latitudes qui tenait compte de la déclinaison magnétique. Ces informations n'auraient pu être recueillies sans une pratique constamment affinée de l'observation du ciel comme des terres nouvelles : à bord des bateaux, des scribes relevaient scrupuleusement les singularités des côtes aperçues et consignaient les renseignements rassemblés par les interprètes auprès des indigènes.
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Colomb redoutait par-dessus tout qu'on lui dérobât sa découverte. Et s'il avait eu d'obscurs prédécesseurs qui avaient abordé les côtes nouvelles mais n'avaient pu s'en prévaloir aux yeux du monde? Durant le retour du premier voyage, au milieu de la tempête qui menaçait d'anéantir les vaisseaux, l'Amiral prit soin d'envelopper dans une toile cirée le récit de son heureuse navigation, d'enfermer le paquet dans un gâteau de cire et d'introduire le tout dans un baril qu'il fit jeter à la mer. Il répéta ensuite l'opération en plaçant un second tonneau en haut de la poupe, «pour qu'en cas de naufrage du bateau, le baril restât à la surface des vagues à la merci de la tourmente». Colomb souhaitait de toutes ses forces que «par quelque voie que ce fût, la couronne fut informée du succès de son voyage». Le tonneau se perdit sur les flots, mais l'Amiral revint sain et sauf. Une publicité exceptionnelle -et inusitée si l'on songe au secret qui recouvrait les expéditions portugaises!- entoura son premier retour au printemps 1493 lorsque partout les foules se pressèrent «pour le voir». L'Amiral dorénavant était assuré que nul le priverait de son «succès».
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En 1479, le traité d'Alcaçovas établit la suprématie du Portugal au-delà des îles Canaries. Les expéditions de La Mina, sur la Côte de l'Or -le Ghana actuel-, se multiplièrent : Colomb y participa les années suivantes, avant de quitter le Portugal pour Palos et La Ràbida. Les rivages africains, les pépites d'or échangées contre de la verroterie et des coquillages, l’exubérante végétation équatoriale, le culte des idoles et des fétiches lui tendirent le prisme à travers lequel, quelque temps plus tard, il observa les côtes tropicales de cette «pointe asiatique» qu'était à ses yeux l'Hispaniola.
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Entre Espagnols et Portugais le choc maritime était inévitable. Les navires de Lisbonne entrèrent en conflit avec ceux du roi de Castille, qui, non contents de coloniser les Canaries, avaient également abordé les côtes guinéennes. Cette concurrence maritime prit une tournure franchement hostile : les Portugais tuaient et torturaient les Castillans qu'ils surprenaient au sud des Canaries, pour répandre la terreur chez l'adversaire, «ils mutilaient [leurs victimes] en leur coupant les pieds et les mains».
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À l'occasion du 26ème "Rendez-vous de l'Histoire" à Blois, Carmen Bernand vous présente son ouvrage "L'Amérique latine précolombienne: Des premiers peuples à Tupac Amaru (Dernière glaciation-XVIe siècle)" aux éditions Belin.
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