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EAN : 9782940431304
La Baconniere (10/04/2015)
3.33/5   3 notes
Résumé :
Beau livre en format à l'italienne de 112 pages sur le nouveau bâtiment de l'Institut du Rosey dédié à l'art: le Carnal Hall. Un texte explicatif de son utilité et de sa philosophie est illustré par plus d'une cinquantaine de photos du bâtiment et de sa vie pratique.

Edition bilingue anglais-français

Fondé en 1880, l’Institut le Rosey à Rolle (Suisse) est le plus ancien pensionnat suisse à vocation internationale. Le Rosey ne cesse d’in... >Voir plus
Que lire après Paul & Henri Carnal Hall, les arts au service de l'éducation; une vieille idée si moderneVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Avant de parler du contenu de ce livre reçu dans le cadre d’une masse critique, je souhaiterai avant tout remercier Babelio et les éditions LaBaconnière, puis vous faire partager mon impression sur l’objet livre en lui-même et mon ressenti à sa réception.
Ce livre est un bel objet : qualité et format en font un livre prometteur. Mon premier réflexe a été de le feuilleter, et là, j’avoue, j’ai été un peu « refroidie» face à la qualité assez inégale des photos qui le composent. La photographie d’architecture, c’est une œuvre dans une œuvre, la continuité du trait de crayon de l’architecte : Cette mise en lumière manque !
C’est le seul bémol que je peux trouver à cet ouvrage, plus une déception face au fait qu’on « sacrifie » l’image au bénéfice du texte, car franchement, éditer un si bel ouvrage en lésinant sur le budget photo, j’ai du mal...
Mais, bon, refermons la parenthèse et revenons-en au Paul & Henri Carnal Hall :

Donc, voici entre mes mains un bien bel ouvrage, dont le propos, édité en anglais et en français, a renforcé l’intérêt que je lui portais. Philippe Gudin, directeur de l’institut Le Rosey, en Suisse (une école privée qui accueille les enfants des fortunés de ce monde), nous fait partager cette passion de l’éducation qui l’anime et ce projet de lier au patrimoine historique déjà existant, la construction d’un bâtiment moderne qui saurait se fondre dans ces lieux traditionnels, sans les écraser, ni disparaître dans l’ensemble. Et faire de ce nouveau lieu d’enseignement le fer de lance d’un apprentissage moderne favorisant l’accès immédiat et naturel à la pluralité des arts et des savoirs, sans perdre de vue tout l’apport de la tradition.

Ses réflexions font l’objet d’un discours quasi philosophique sur les bienfaits d’une éducation holistique ne négligeant ni l’art, ni le sport, et sur ce qu’il y a d’enrichissant pour un enfant à évoluer au sein d’une communauté multiculturelle et multiethnique. Philippe Gudin est pertinent dans ses affirmations et on ressent tout du long de son discours sa bienveillance et son investissement dans ce qui est pour lui, une vraie « mission ».
Alors, je vous l’accorde, nous sommes ici dans « une école de riches », où toutes les diversités sont présentes, sauf peut-être la diversité sociale (et encore, vu de leur point de vue, la différence doit se faire également entre les « très, très, riches » et les « tout juste riches », les têtes couronnées de la vieille Europe et les nouveaux leaders des pays émergents). Certes, me direz-vous, à 120 000 francs suisses l’année de scolarité pour un enfant, Philippe Gudin peut se targuer d'offrir une éducation irréprochable à ses pensionnaires. Mais là n’est pas le propos et cela ne nuit en rien à l’intérêt de son discours.
Ce que j’en retiens surtout c’est que ces écoles sont la preuve vivante, si tant est qu’on en ait encore besoin, de ce que peut une éducation qui se donne les moyens et qu’en nivelant l’enseignement par le bas, il n’en ressortira rien de bon. Ici, le latin et le grec, les classes européennes (que dis-je internationales) sont le minimum syndical.
Philippe Gudin accueille au Rosey les enfants des plus grosses fortunes du monde et leur offre une éducation qui non seulement va leur donner les moyens de s’épanouir personnellement, mais également leur permettre de préserver « l’empire », la fortune, l’entreprise... de leurs parents et de les faire fructifier.
Philippe Gudin ne fait pas mystère des frais de scolarité, ni du discours d’entrée destiné aux enfants qui franchissent le seuil de cette institution : «Reconnaissons d'emblée que les Roséens sont des privilégiés. Ils le savent, et savent que cette situation a des exigences. A l'intention de ceux qui auraient encore un doute à ce sujet, nous ne cessons de leur rappeler la fragilité de toute situation. Par exemple, à ceux qui sont persuadés de succéder à leurs parents, estimant légitime d'hériter automatiquement de leur trône, leur entreprise, leur fortune, nous démontrons que les trônes sont soumis aux aléas des mouvements rapides de l'histoire, que les entreprises exigent des compétences de plus en plus pointues et que les fortunes se défont au gré des caprices de bourses, sans oublier les appétits, fiscaux sur les successions ! »

Personnellement, qu’il existe des écoles de ce type ne me choque pas. Ce qui me choque, c’est que le concept qu’on y applique ne se développe pas dans les écoles de nos enfants et qu’au contraire, on est en train de nous expliquer que cette réforme vers le bas est pour « leur bien ». Les notes les traumatisent ? Mais seront-ils armés face à ceux à qui on aura donné les codes et les règles du jeu de notre monde et qui seront en position de faire tourner la société sans eux ?
Est-ce qu’on fabrique des décideurs, des dirigeants d’un côté, et de l’autre des exécutants et des manœuvres, avec de temps en temps, quelques uns qui sortent du lot par une idée lumineuse, un projet génial qui leur permettent d’aller jouer dans la cour des grands ?
Je vous entends de là : « c’est déjà le cas ! ». Oui, c’est déjà le cas. Alors qu’attendons-nous pour nous donner les moyens, si ce n’est de changer les choses, d’au moins réduire l’écart ? (Je ferme la parenthèse).

Le livre se clôt sur une interview des deux protagonistes principaux : Philippe Gudin et Bernard Tschumi, architecte, porteur du projet.
Bernard Tschumi a une démarche qui correspond tout à fait à l’état d’esprit dans lequel est né ce projet. pour un architecte de cette renommée, cela fait du bien de constater que sa motivation première n’est pas de créer du « Bernard Tschumi » à tout va dans le seul but d’imprégner sa patte dans les lieux pour s’inscrire dans le temps (certains diront l’Histoire), mais de proposer une construction qui s’inscrit dans le vécu, les aspirations, la nécessité de ceux qui vont y vivre. (oui, je sais, c’est le credo des architectes, mais bon, comment dire, dans les faits...)
Il arpente les lieux, prend des notes, respire les odeurs du temps, interroge les élèves et évalue la vie de ce campus pas tout à fait comme les autres. Son but n’est pas de convaincre Philippe Gudin de la nécessité de réaliser la vision de Bernard Tschumi, architecte renommé qui va illuminer de son aura ce grand projet, mais de prendre en compte tous les espoirs, les attentes afin de trouver un concept novateur et beau qui saura convaincre l’ensemble de la communauté de son évidente nécessité.
La différence peut sembler minime, mais elle est essentielle.

« En juin 2013, le gros œuvre était fini et les Roséens, incapables d'attendre la fin des travaux, ont confié au béton une capsule scellée qui ne devra être ouverte que dans cinquante ans. Ils lui ont confié messages, photos, films et divers reflets de la vie des jeunes gens d'aujourd'hui. J'ai aussi écrit une lettre à mon successeur de 2063 et lui dit notamment :
Je vois le Carnal Hall comme un antidote au développement rapide et spectaculaire de la culture numérique. J'estime que l'ouverture à la sensualité et à la créativité, que seuls peuvent donner les arts, répondra à la nécessité d'élever les leaders de demain dans une culture humaniste (…) Je confie ces espoirs à cet édifice ».

Et dire que cette petite merveille d’architecture n’est qu’à une centaine de kilomètres de chez moi...
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Cet ouvrage, d’une taille d’envergure, est un beau livre bilingue français-anglais alternant textes et jolies photos du Carnal Hall et de sa construction.

Divisé en deux parties, il nous présente le projet ambitieux de cette école un peu particulière. Un pensionnat innovant, dont on rêverait tous, je suis sure ! Vieux de 135 ans, il a toujours cherché à construire un programme éducatif de qualité, un enseignement différent, loin des sentiers battus et des conventions.

Aujourd’hui encore, cette école (du primaire au lycée), nommée le Rosey et située à Rolle en Suisse, vise le meilleur programme possible pour ses élèves. L’idée de ses directeurs actuels est alors d’y intégrer l’art, au sens large, afin de développer la créativité, la sensibilité, l’ingéniosité… des élèves. C’est pourquoi, le 27 juin 2014 a été inauguré en son sein le Carnal Hall : un lieu destiné à l’art dans toute sa pluralité : « salles de dessin, sculpture, peinture, photographie, art de la main, fabrication de décors et costumes ; des salles de musique pour chaque type d’instrument, de travail pour les orchestres classiques et rock, de répétition pour les chœurs, de danse, de classes ; une Black Box pour le théâtre et les techniques de son et lumière ; une cuisine d’apprentissage et son restaurant d’application. Une salle de concerts qui accueille 900 personnes et, sur scène, un orchestre symphonique et un chœur au complet. Lieu qui peut aussi devenir salle de conférences, de théâtre, de cinéma, de réunion, de fêtes. Mais sans compromission : l’acoustique et les installations techniques sont d’abord celles d’une salle de concerts ». Un lieu qui permet donc aux élèves de découvrir l’art, de s’y exercer, de se présenter sur scène en public… mais aussi d’assister régulièrement à des spectacles d’envergure.

Ce projet, c’est celui de Philippe Gudin et de sa femme, les directeurs actuels du Rosey depuis 1980. Au sein d’une école voyant déjà les choses en grand, ils ont souhaité aller encore plus loin en construisant sur le campus, un lieu destiné à l’art et au développement des élèves par l’art.

Dans la première partie, Philipe Gudin nous présente ce projet, tout en nous expliquant sa vision, l’importance d’un tel bâtiment au sein d’un campus éducatif, ses enjeux, sa modernité… . Au fil des pages, nous découvrons donc en même temps la pensée remarquable de cet homme, résolument tournée vers la culture et sa valorisation dans le milieu scolaire, tout comme vers une prise en compte des différences de chaque enfant – cela est vraiment passionnant. J’ai adoré découvrir ce projet qui vient parfaire le beau programme de cette école : prendre en compte l’apprentissage de l’enfant dans sa globalité, pas seulement la construction d’une future carrière mais aussi le développement de sa sensibilité, de son esprit critique… . Comme cela est souligné dans l’ouvrage en citation à Montaigne : non plus « une tête bien pleine mais une tête bien faîte ».

Cela fait tellement plaisir de voir une école qui donne enfin à l’art toute la place qu’elle mérite au sein du milieu scolaire. Pas seulement une initiation à certains de ses domaines, mais bien un enseignement au même niveau que les autres matières, tout au long de la scolarité : permettre à chacun des élèves d’acquérir des connaissances artistiques poussées, tout en pouvant les expérimenter, s’y former, laisser libre cours à son côté artistique… (voire d’envisager son futur professionnel grâce à cette pratique).

Tout en plaidant en faveur de l’art, Philippe Gudin démontre en quoi l’art est bien plus sérieux qu’un simple divertissement et qu’il est grand temps de considérer pratiques artistiques à leur juste valeur : comme des pratiques permettant de former des hommes plus imaginatifs, dotés d’esprits critiques et d’une meilleure vision du monde… et qui pourrait peut-être bien être, grâce à elles, bien plus épanouis tout au long de la vie (car pour former les futures adultes de demain et les futurs acteurs de notre monde, c’est tout de même aussi important, non !?)… .

Après avoir questionné l’art, une sous-partie nous dévoile aussi ses questionnements tournés cette fois-ci vers le numérique et les chamboulements qu’ils pourraient bien entrainer au sein de l’enseignement. Une autre partie très intéressante et toujours très bien, et très justement, pensée.

Vous en apprendrez également un peu plus sur les prémisses d’un tel lieu d’enseignement !

La deuxième partie de cet ouvrage, conçue sous forme d’une interview avec l’architecte lui-même - Bernard Tschumi -, se focalise sur ce talentueux architecte et sur son travail entrepris pour la réalisation de ce splendide lieu destiné au projet. Une partie également très intéressante qui nous dévoile les coulisses de sa construction, l’idée folle d’un lieu si moderne à côté de l’architecture magistrale des années 1880 des bâtiments dédiés à l’enseignement, un lieu si beau et si bien pensé, un lieu qui innove autant qu’il rassemble.

Si le gros point négatif de cette école est qu’elle n’est malheureusement pas réservée à tous, cet ouvrage reste vraiment très intéressant puisqu’il questionne notre système scolaire traditionnel autant qu’il imagine celui du futur.
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Un livre imposant à l'esthétique bien travaillée. On appréciera la qualité du papier et la beauté des illustrations.

Il nous fait découvrir le Carnal Hall depuis l'idée née dans l'esprit de Philippe Gudin en passant par les croquis de Bernard Tschumi; les matériaux de construction; l'édification; et finalement le Carnal Hall achevé, inauguré et accueillant ses premiers élevés et ses premiers concerts.

Son point fort reste à mon avis les merveilleuses illustrations: le Carnal Hall mais aussi le campus dans son ensemble, mêlant vues aériennes et terrestres, des grands plan et de longue focale.
Les prises de vue sont différentes et la perspective photographique fascinante. Certaines photos pourraient constituer à elles seules un livre à part entière.

Le livre est bilingue, il y a donc moins de récit que ce qui apparaît à premier abords quand on ne lit qu'une seule des deux langues (francais ou anglais).
Si les images nous permettent d’apprécier l'oeuvre et le travail de l’architecte (Bernard Tschumi), la partie manuscrite nous propose la vision et les idées du directeur de l'Institut Le Rosey (Philippe Gudin).

L’Institut le Rosey, c'est l'établissement scolaire qui a décidé de créer le Carnal Hall au sein de son campus pour qu'il bénéficie à l’éducation de ses étudiants. C'est un établissement de type pensionnat à Rolle en Suisse.
A vrai dire je n'avais jamais entendu parler de l’Institut le Rosey avant de lire ce livre, après quelques recherches sur le net, je reteins que l’Institut le Rosey est l'une des plus chères école au monde voire simplement la plus chère au monde. Un fait qui, mis à part son caractère marquant, donna un autre sens à ma lecture et aux récits de Philippe Gudin...

Je pense que quand l'art se déplace jusqu'au porte de l'éducation, il faut être fou pour ne pas se lever et se servir. Aussi est il plus facile d’appliquer cette "vieille idée" et toutes les autres dans une configuration telle que celle du l'institut de Rosey et de son fabuleux Paul & Henri Carnal Hall...

En somme c'est une monographie pseudo-publicitaire de haut calibre.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Habitué à être actif en permanence, un élève peut-il se retrouver à écouter plus ou moins passivement en classe ? Car, hors de la classe, il est un chef d'orchestre qui maîtrise sur sa tablette le défilement des messages, l'écriture d'un message phonétiquement orthographié, la prise de photos et le choix de sa musique favorite dans son oreillette ! Habitué à zapper avec les sources de son et d'images, que reste-il de sa faculté d'attention et de concentration sur un travail unique qui exige du temps ? Au moindre moment creux, l'enfant se connecte au monde : il accède par le portable à toutes les personnes, par la Toile à toute la connaissance, par le GPS à tous les lieux. Films, séries, images, jeux sont disponibles sans limite de lieu ni de temps.
Cette nouvelle organisation de la vie semble avoir réduit la faculté d'attention d'un nombre croissant d'enfant en leur transmettant le syndrome d'hyperactivité ou de déficit chronique d'attention (ADD), nouveau péché originel sans baptême connu qui l'efface !
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C'est une nécessité, une mutation, de passer de l'école qui transmet, heure après heure, des savoirs soigneusement saucissonnés en une dizaine de branches, à une école qui donne un sens à la connaissance, qui lie le bouquet des diverses leçons par des éclairages croisés. (...)
Le rôle du maître n'est plus limité à exiger de ses ouailles l'acquisition de sa matière et à la contrôler ; il doit encore organiser une mise en scène qui permettre à l'enfant de relier horizontalement diverses disciplines.
Les ressources pour acquérir les connaissances sont actuellement plutôt mieux maîtrisées par les enfants nés avec une machine que par les professeurs un peu dépassés par la multiplication des ressources et logiciels chargés de les supplanter, de contrôler ce qu'ils disent en cours et de rédiger les devoirs à la place des élèves.
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Conduire un enfant vers son épanouissement, c'est révéler ses talents en lui donnant envie de les identifier, le moyen de les développer pour construire une vie personnelle et professionnelle. Combien d'hommes ont-ils le sentiment d'être passés "à côté" d'une vie plus épanouie, plus utile et plus heureuse ?
Je suis convaincu qu'une éducation holistique aurait pu les aider à forger leur destin. Voire le forcer ! La jeunesse n'est qu'une étape de cette révélation qui dure toute la vie mais une étape première et tout entière consacrée à ce travail. A aucun autre moment il ne sera habituellement possible de s'occuper de soi-même à plein temps !
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Montaigne a privilégié la tête bien faite au moment où les livres devenus disponibles dans les bibliothèques ont allégé la nécessité de tout retenir ; nous portons désormais en permanence dans un Smartphone tout le poids de mémoire de tous les livres du monde : la tête va devoir être de mieux en mieux faite !
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Personne ne s'éduque tout seul. On se construit en apprenant à vivre ensemble, en s'enrichissant des différences entre les hommes, leurs cultures et leurs croyances. On comprend et on déplace ses limites en se mesurant aux autres.
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