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Jean-Pierre Guéno (Directeur de publication)
EAN : 9782290321522
158 pages
J'ai lu (11/10/2002)
4.21/5   173 notes
Résumé :
Librio vous propose une série de témoignages exceptionnels, recueillis par Jean-Pierre Guéno auprès des 14 millions d'auditeurs de Radio France. Ces extraits de lettres, de journaux intimes et de récits autobiographiques sont authentiques, tendres et poignants ; ils illustrent notre mémoire collective et rendent à l'histoire sa dimension humaine. 72000 enfants d'origine juive vivaient en France en 1939. Ils ont été jetés dans la guerre, marqués de l'étoile jaune, et... >Voir plus
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Jean-Pierre Guéno - Paroles d'étoiles, Mémoire D enfants cachés (1939-1945) - 2002 : A cette époque l'indicible avait un nom : état français, police française, extrême droite. Alors qu'en Angleterre un grand escogriffe de général peinait à rassembler sous sa bannière quelques centaines de patriotes, des millions de citoyens français épousaient les lois antisémites d'un gouvernement scélérat coupable d'anticiper l'horreur pour plaire à l'occupant allemand. Ce qu'on voit à travers les yeux de ces enfants est ignoble. D'abord les anciens combattants de 14, les mutilés, les gueules cassées de confession juive jetés au fond des wagons plombés comme des paquets de linges sales abandonnés par celui qui fut leur chef dans les tranchées de Verdun. Pétain un des personnages les plus misérables de l'histoire de France, manoeuvrier indigne de la solution finale, homme monstrueux naufragé dans une vieillesse servile qui n'eut de cesse par ces décrets infâmes de lécher les bottes de l'organe de commandement nazi. Il faudrait faire lire à tous ceux qui flirte encore avec cette idéologie affligeante ces témoignages écrit cinquante ans plus tard avec des mots d'enfants qui n'ont pas eu d'enfance, des mots d'adultes aussi témoins de l'ignominie que fut le traitement affligé à ces petits être innocents. Toujours reviennent les mêmes mots d'ailleurs, "maman", "papa" comme les ombres merveilleuses d'un paradis perdu à tout jamais. Les récits atteignent d'insondables sommets dramatiques. Comment supporter ces lignes qui décrivent la séparation des mères et de leur petits hâtées par les matraques de gendarmes abrutis et trop heureux par cette lâche obéissance d'acheter une vie tranquille dans une France défigurée par les croix gammées. le lecteur vit en filigrane l'horreur des camps d'internement, du vel d'hiv, des transports contrebalancés par l'affection reçu pour la plupart de ces enfants dans des familles d'accueil qui les cachèrent au nez et à la frange hitlérienne d'une milice vichyssoise enragée dans son délire xénophobe. Tous ne furent pas heureux mais tous furent protégés malgré la menace mortelle qui pesait sur leurs hôtes. Car cacher un enfant juif était passible de mort et de déportation pour l'ensemble du foyer. La fin de la guerre ne sonna pas pour tout le monde la fin des épreuves car pour beaucoup le retour du père ou de la mère s'accompagna de la peur ressentie devant ces êtres faméliques et décharnés par des années de camp de concentration que les plus petits avaient oubliés. Et que dire de la détresse de ceux qui ne revirent jamais leurs parents et qui pendant des années attendrons que le cher disparu ouvre la porte. "Parole d'étoile" permet d'inscrire dans le marbre des témoignages qui ne seront grâce à cette initiative jamais oublier sauf si un jour une autre tyrannie débilisante décide de bruler à nouveau les livres qui la gênent... bouleversant
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Rien ne sera jamais assez pour rappeler un passé peu glorieux dans l'histoire de notre pays. Entre 1942 et 1944, près de 12000 enfants juifs ont été déporté sur les 72000 que comptait notre pays en 1939. Il n'y a pas eu que la rafle du Vel d'Hiv mais beaucoup d'autres plus sournoises et individuelles et ceux depuis 1941. Cette collaboration avec l'ennemi a conduit à l'ignominie et l'infamie la plus totale.

Cette bd raconte le témoignage d'enfants qui ont vécu la disparition de leurs parents et qui ont dû se cacher pour échapper à ce funeste sort qu'est la déportation dans les camps de concentration. On parle des 60000 enfants qui ont survécu à l'horreur mais au prix de beaucoup de sacrifices et de souffrances. Ces mots d'enfant décrivent une page de l'Histoire et tous portent en eux une grande charge émotionnelle qu'il convient de comprendre pour ne pas faire de mauvais choix dans les valeurs.

Il n'est jamais inutile de montrer que les parcs d'enfants parisiens portaient l'écriteau « interdit aux chiens et aux juifs ». Il faut savoir que les dénonciateurs étaient partout dans une sorte d'hystérie collective à balance ton juif. Horrible société et on dit souvent que c'était mieux avant. Je ne partage pas vraiment cet avis.

Pour en revenir à la BD, j'ai été particulièrement sensible à ces neufs récits qui démontrent l'horreur de cette période qu'on a peu à peu oublié. A force de stigmatiser une catégorie à cause d'une histoire de religion, on finit par perdre son humanité. Les temps sont difficiles pour tout le monde et ce contexte ne pousse pas à la générosité d'esprit. L'espoir en l'homme doit toutefois perdurer.
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Paroles d'étoiles (Mémoire D enfants cachés de 1939à 1945) /Jean Pierre Guéno
Ce petit ouvrage bien conçu de 150 pages nous présente des témoignages bouleversants recueillis en 2002, d'enfants déportés ou cachés lors de la seconde guerre mondiale.
Une très belle présentation par J.P.Guéno initie ce recueil :
« Certains hommes ont brisé les quatre bras de la croix dans le sens contraire des aiguilles du temps pour montrer à quel point ils maitrisent le pouvoir d'inverser l'ordre des choses et de distribuer la mort. »
J.P.Guéno nous explique que certains idéologues français purent être plus nazis que certains nazis en traduisant leur fanatisme dans des textes de loi.
Des camps d'internement (au nombre de 44) en France furent aménagés un peu partout, de Rivesaltes à Drancy et de Beaune la Rollande à Pithiviers avec noté sur la fiche d'internement du sujet : Cause d'internement : en surnombre dans l'économie nationale !!
Dans les restaurants, on put lire à l'entrée : interdit aux chiens et aux Juifs !!
Les enfants de l'époque qui ont échappé à la mort ou qui ont pu se cacher se souviennent en 2002, et racontent ce que leurs yeux d'enfants ont vu alors. Les souffrances physiques et morales, les privations, la maladie, les coups, la peur, une peur viscérale, etc…
En 1939 il y avait 72 000 enfants d'origine juive en France.
Marqués de l'étoile jaune comme leurs parents, 12 000 d'entre eux furent éliminés méthodiquement par les nazis avec la complicité des autorités françaises.
Beaucoup furent cachés par des familles qu'on a appelés les « Justes » bravant tous les dangers.
« Pouvez-vous imaginer qu'à neuf ans, quelqu'un vous regarde dans les yeux et vous dise : à partir de maintenant tu t'appelles comme ça, tu es seul au monde, tu n'as pas de frères ni de soeurs et tes parents sont morts dans les bombardements. Quoi qu'on te dise, quoi qu'on te fasse, tu diras toujours la même chose sinon on te tuera. »
Imaginez le drame de ces enfants cachés survivants qui voient revenir un ou deux parents des années plus tard qu'ils ne reconnaissent pas, et qui vont devoir être arrachés à leurs parents « adoptifs » du temps d'une guerre !
Témoignage : « Si c'est pour ne plus reconnaître maman, il vaut mieux qu'elle ne revienne plus ! Dire papa à ce monsieur avait sans doute été traumatisant, mais l'était plus encore toute la tragédie qu'il incarnait et qu'il me rappelait : celui d'une famille si harmonieuse, si chaleureuse à jamais disloquée, fracassée… »
« Dans la tourmente, j'avais perdu mon nom et par la même occasion celui qui me l'avait donné. Enfant de personne… »
Deux témoignages entre autres dans un autre domaine :
« Ce 16 juillet 1942, il ya eu 7000 assassins en uniformes. Tous français. Tous glorieux. Tous ignobles. Intermédiaires de la Gestapo, drapés dans le respect de la légalité. »
« Dans Bordeaux, il en sortait de partout de ces brassards tricolores ! Résistants de la dernière heure et collabo de la première. Tous clandestins, tous héros de l'ombre…C'était à se demander comment les Allemands avaient pu survivre sans être étouffés par tant de héros… »
« Je crois que collectivement en France, à la Libération, il y a eu la volonté de jeter un voile, d'oublier beaucoup de choses qui s'étaient passées… »
« Les traumatismes des enfants qui étaient très petits au moment de l'Occupation n'ont pas été pris au sérieux. La société a occulté une grande partie des problèmes de l'Occupation. »
C'est un petit livre qu'il faut lire histoire par histoire, chacune de ces histoires suscitant un temps de réflexion indispensable. Une ou deux pages chaque jour. On a vraiment du mal à imaginer que cela s'est passé il y a à peine 72 ans ! Une ère de barbarie absolue.
Totalement bouleversant.
À noter les annexes très intéressantes en fin d'ouvrage sur le Mémorial de Caen, l'Association des enfants cachés, le Centre de documentation juive contemporaine et le Comité français pour Yad Vashem. Et une importante bibliographie.
« Les drapeaux et les religions, je m'en méfie comme de la peste. »


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Une page d'histoire : les mots des enfants juifs cachés pendant la Seconde Guerre Mondiale. Certains étaient seuls parmi des étrangers, d'autres vivaient avec une partie de leur famille, en zone libre ou occupée, en famille d'accueil ou dans un couvent, mais tous avaient trouvé un refuge qui leur a permis d'échapper au sort des 12 000 enfants déportés de France.
Leurs mots sont écrits pendant cette période ou bien après, mais ils portent tous une charge énorme : celle de la peur, de la guerre, de la discrimination et de l'éloignement des siens.
J'ai lu le livre quand j'avais leur âge, il y a dix ans, mais certaines phrases résonnent encore aujourd'hui dans mon coeur. Une lecture bien plus pertinente que d'affecter à chaque enfant de CM2 le souvenir d'un enfant de son âge...
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ecueil très émouvant issu d'un vaste appel auprès des auditeurs de Radio France, qui a reçu 800 témoignages.

Des enfants cachés par leur parents, juifs, déportés.

Une première partie de l'ouvrage regroupe les témoignages de la vie d'avant. Avant la guerre, avant l'explosion d'antisémitisme. Des vies simples et déracinées, souvent pauvres, mais des familles souvent unies et pleines d'amour.

Et l'orage gronde. La France est occupée. Les mesures à l'encontre des juifs se multiplient. D'abord les dénaturalisations en cascade. Puis l'infamie. Croissante. Interdiction d'exercer certaines professions, puis de fréquenter certains endroits publics. L'étoile Jaune. Mais toujours, quelque part, l'espoir que ça aille mieux.

Ensuite, la terrible séparation. Les parents qui l'ont pu ont tenté de placer les enfants à la campagne, dans des familles, des pensions...

Après, la douloureuse attente, lancinante. Les visages des êtres chers qui s'estompent dans le quotidien.

Parfois les êtres aimé reviennent de l'enfer méconnaissables. Parfois non, et on croit, à chaque fois que l'on rentre chez soi le soir, que l'on va retrouver son père devant la porte, avec une petite valise à la main.

Réapprendre à vivre, construire sur un gouffre.

Les témoignages sont vraiment touchants, parfois très durs. La monstruosité du système donne froid dans le dos, mais on retrouve, ci et là, des gens foncièrement bons et généreux, juste histoire que vous puissiez vous dire que l'espoir en l'Homme n'est pas tout à fait impossible.

http://lelabo.blogspot.com/2008/09/paroles-dtoiles.html
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
J'étais lecteur assidu à la mairie du 3e. Et j'aimais lire. Et le jour des décrets, il a fallu que je rende mes livres. Je les ai rendus, et cette Mlle Boucher m'a dit " Je vous connais bien, vous aimez lire, je vois le choix de vos livres. Voudriez-vous continuer ? " J'ai répondu : " Oui, bien sûr, mais ce n'est plus possible. " Elle m'a dit : " Attendez-moi ce soir, à cinq heures et demie, en bas de la mairie." Evidemment, j'ai attendu. Elle m'a fait monter sur sa bicyclette, derrière, et avec mon étoile elle n'a pas eu peur, moi non plus, et nous avons remonté la rue de Bretagne ; elle m'a amené chez elle. C'était au musée Carnavalet : elle était la fille du conservateur. Et il y avait des bibliothèques, des bibliothèques magnifiques, qui leur appartenaient en propre. Elles étaient plusieurs filles. Et j'ai puisé dans ces livres assez longtemps, jusqu'au jour où j'ai dû quitter Paris.

Georges

731 - [Librio n° 549, p. 47]
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Mon père a été envoyé à Beaune-la-Rolande; le circuit classique. Sur la fiche d'internement de Beaune-la-Rolande, il y a écrit, avec un tampon, c'est dire qu'on a pris la peine de fabriquer un tampon: "Cause d'internement: en surnombre dans l'économie nationale."
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Que vais-je devenir sans toi, ma mère? Comment ferai-je pour devenir grande, moi qui n'ai pas eu d'enfance? Comment tenir plus tard un enfant dans mes bras si je ne peux t'imiter...? Il me faudra tout inventer.
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Aliénor: " Pour la vie, pour la durée de notre pays sans retard, nétoyons la gangrène juive. Débarassons nous de cette vermine comme l'ont fait des hideuses punaises et des rats." page36

Lily: " Ils sont venus en france, pensant qu'ici tout serait bien, que ce serait le pays du lait et du miel. " page16

Angélica: " Les drapeaux et les religions, je m'en méfie comme de la peste. La personne que j'ai devant moi, ca m'est égal de savoir ce qu'elle pratique. C'est un être humain." page137
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Je crois que collectivement en France, à la Libération, il y a eu la volonté de jeter un voile, d'oublier beaucoup de choses qui s'étaient passées et nous n'avions pas à parler parce qu'il n'y avait personne pour nous entendre.
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Vidéo de Jean-Pierre Guéno
Ecrivain, historien, ancien élève de l'école normale supérieur, ancien directeur de la Culture des Musées des Lettres et Manuscrits de Paris et de Bruxelles, Jean-Pierre Guéno est un "passeur de mémoire" qui aime retrouver les manuscrits, les sources, et les partager.
Retrouvez ici sa présentation des correspondances de Guillaume Apollinaire pendant la Première Guerre Mondiale.
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