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EAN : 9782729873127
256 pages
Ellipses (26/06/2012)
3/5   1 notes
Résumé :

Les « Chinois d'outre-mer » sont entre 44 et 50 millions installés en Amérique du Nord, en Asie, en Europe, en Afrique et en Amérique latine.

En 2009, leurs envois de fonds au pays ont atteint 34 milliards de dollars et ils ont participé à hauteur de 60 % des IDE entre 1991 et 2003.

Commerçant, ouvrier, professeur de physique nucléaire, étudiant ou dirigeant d'entreprise multinationale, hommes et aujourd'hui femmes de tous âge... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Spécialiste de la Chine contemporaine, Carine Pina-Guerassimoff avait consacré sa thèse de sciences politiques à la diaspora chinoise (« L'Etat chinois et les communautés chinoises d'outre-mer, L'Harmattan, 1997). A la demande de son éditeur, elle actualise et synthétise, sous une forme très pédagogique, sa présentation d'un sujet très polémique.
La diaspora chinoise est en effet un sujet de fantasmes. Les incertitudes qui entourent sa masse laissent libre cours aux chiffrages les plus exorbitants. La réussite de son intégration, aux Etats-Unis ou en Europe, force l'admiration. Sa progression rapide, en Afrique ou en Amérique latine, font suspecter son instrumentalisation par un État aux visées impérialistes.
L'ouvrage de Carine Pina-Guerassimoff a le mérite de remettre les choses en place. Il procède à une double mise en perspective. Mise en perspective historique : la Chine a toujours été un pays d'émigration, en témoignent les nombreuses communautés chinoises implantées de tout temps en Asie du sud-est et, depuis le XIXème siècle, sur la Côte ouest des États-Unis ; loin d'adopter une politique migratoire novatrice, elle traverse, depuis l'ouverture économique décidée par Deng Xiaoping, un « renouveau migratoire » (c'est le titre de la première partie) caractérisé par la réactivation de pratiques transnationales traditionnelles. Mise en perspective géographique : on a tendance à analyser la diaspora chinoise par le petit bout d'une lorgnette sud-est asiatique, américaine ou africaine ; l'approche globale et sino-centrée de l'auteur inscrit la « politique diasporique » de la Chine (c'est le titre de la deuxième partie) dans la perspective plus globale d'une gestion fine d'une main d'oeuvre excédentaire et de la recherche de débouchés économiques et relativise les arrière-pensées géopolitiques qu'on lui prête.

Ce qui frappe au premier chef, c'est l'ampleur et la diversité de cette diaspora. Quoi d'étonnant de la part du pays le plus peuplé du monde ? Tout en restant un phénomène très marginal si on le rapporte à l'ensemble de la population chinoise, les Chinois d'outre-mer représentent environ 50 millions d'individus inégalement répartis à travers le monde. Ils sont les plus nombreux en Asie : 1 million au Myanmar, 650.000 au Japon, 440.000 en Corée. Ils sont plus de 1.5 million aux États-Unis où leur nombre croît très rapidement. Comparativement, leurs effectifs peuvent sembler plus modestes dans les autres régions du monde : ils sont quand même 320.000 en Australie, 200.000 au Brésil ou 17000 en Italie (qui est, on l'ignore souvent, le pays européen qui accueille la plus large communauté chinoise). La diaspora chinoise en France est très réduite : 66.000 ressortissants seulement.
Diversifiée dans ses destinations, la diaspora chinoise présente des profils sociologiques multiples. le coolie chinois, homme à tout faire des chantiers de construction des chemins de fer américains, est une figure historique révolue. Première évolution : l'émigration chinoise s'est féminisée – comme le montre par exemple le film tout en sensibilité du réalisateur italien Andrea Serge La petite Venise (2011). Seconde évolution : les migrants sont de plus en plus qualifiés ou en cours de qualification. La Chine est devenue le premier pourvoyeur d'étudiants étrangers au monde.

Au-delà de cet état des lieux, l'ouvrage de Carine Pina-Guerassimoff pose une question cruciale : les migrants sont-ils les « agents transnationaux de la puissance chinoise » (c'est le titre de la troisième partie) ? La réponse est prudente. Sans doute, la Chine est-elle soucieuse de maintenir un lien avec ses ressortissants à l'étranger, en soutenant par exemple un réseau très dense d'associations culturelles. Elle ne manque pas de motivations pour le faire. Motivations économiques au premier chef : les Chinois d'outre-mer sont les premiers investisseurs étrangers en Chine. Motivations politiques : ils constituent un atout pour la réunification nationale avec Taïwan. Motivations en termes de soft power : l'image que véhiculent les Chinois de la diaspora influence la conception que le monde se fait de la Chine.
Pour autant, il serait paranoïaque d'imaginer que Pékin gère sa diaspora comme un général dispose de ses soldats. Depuis qu'il a ouvert la boîte de Pandore de l'émigration, le pouvoir chinois ne peut au mieux que l'accompagner. Les migrants chinois ne quittent pas la Chine avec un ordre de mission signé par Pékin. Ils le font de leur propre initiative, mus par des motivations individuelles, souvent à la recherche d'opportunités économiques que la Chine ne leur offre plus.
Ces considérations permettent de relativiser la percée chinoise en Afrique. Elle a frappé les esprits car la Chine, longtemps absente du continent, y a fait une entrée fracassante en dix ans seulement. Pour autant, on se tromperait en imaginant que l'Afrique est devenue l'objectif d'une Blitzkrieg chinoise. Sans doute Pékin y voit-il non sans raison un débouché pour ses exportations bon marché et une zone d'approvisionnement en matières premières. de là à faire des quelques dizaines de milliers de Chinois débarqués en Afrique les éclaireurs d'une armée d'occupation, il y a un pas que Carine Pina-Guerassimoff a raison de nous conseiller de ne pas franchir.
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