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EAN : 9782841568635
406 pages
Editions du Rouergue (07/09/2007)
3.82/5   152 notes
Résumé :
Rush Island, 2037. La loi Bradbury interdit toutes les images depuis vingt ans sur l'ensemble du territoire. La propagande matraque : Les photographies sont nocives.

Le cinéma rend fou. La télévision est l'opium du peuple. Les agents de la Brigade de l'Oeil, les yeux armés du gouvernement, traquent les terroristes opposés à cette dictature. Brûlent les images encore en circulation et les pupilles de ceux qui en possèdent. Parce qu'un bon citoyen est ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (35) Voir plus Ajouter une critique
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L'excellente idée de départ était pleine de promesses, la 4ème de couverture n'hésitant pas à évoquer Bradbury. Il serait exagéré de dire que le roman est raté mais il ne tient pas ses promesses.

Le style, abrupte, qui sonne presque comme un premier jet est plutôt réussi et apporte au récit du dynamisme.
Certains passages sont très réussis, comme par exemple le moment où le héros découvre un grenier rempli de bobines de films. La litanie des titres, assez bien choisis d'ailleurs, est assez enivrante.
L'intrigue est menée de façon efficace et accroche suffisamment le lecteur pour l'emmener jusqu'au bout du livre malgré ses défauts.

Pour qu'une dystopie soit réussie, elle doit apparaitre comme plausible. Or, ici, même si l'univers décrit est à peu près cohérent, quelques petites choses empêchent d'y croire totalement. Tout d'abord, il est impensable qu'un pouvoir autoritaire interdise les images mais ne fasse peser aucun interdit sur la littérature. Dans les livres se trouvent pourtant les germes de la contestation. Ensuite, le personnage de l'impératrice Harmony enlève une bonne part de crédibilité à la société décrite.

Certaines bonnes idées ne sont qu'esquissées. Par exemple, l'auteur ne donne pas assez de relief à la légende du diaphragme, énorme gisement de films qui serait caché quelque part, et se contente de l'évoquer rapidement.
Lorsque Kao sauve 3 films, Guéraud choisit très bien les titres (Nuit et brouillard, Les temps modernes, La jetée) mais finalement n'exploite pas suffisamment leur potentiel d'évocation. D'ailleurs, parmi ces 3 films sauvés, il y en a un qui n'est même pas visionné, c'est La jetée (alors que c'est celui qui collait le mieux avec le thème du roman).

Par ailleurs, le lien qui se noue entre kao et la jeune fille donne lieu à une sous-intrigue sans intérêt. de toute façon, j'aurais préféré que le héros ne soit pas un adolescent.

En bref, une lecture divertissante mais très dispensable.
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C'est une relecture et c'est assez rare que cela m'arrive ! J'avoue qu'au départ, c'est pour raisons professionnelles dans le cadre d'un travail avec des classes de Troisième. Malgré tout, je suis retombée dedans et l'ai relu tout de go avec beaucoup d'intérêt. Un roman de Guéraud, c'est un peu toujours un coup de poing dans l'estomac. Alors, bien sûr, on aime ou on déteste ! Il aura fallu que je rencontre deux fois l'auteur avec des classes particulièrement « sportives » pour que j'éprouve pour cet auteur admiration et respect. Sous des abords peu faciles, il aura suscité à chaque fois de l'intérêt pour l'écriture et la lecture chez des adolescents qui le prenaient pour un « bouffon » et qui n'avaient pas lu son livre et étaient assis au premier rang par pure provocation. le lendemain de la rencontre, ces gamins-là venaient chercher les romans de Guéraud pour les lire ! Bref, oui c'est racoleur dans certains choix de thèmes, c'est violent dans les images, le langage est volontairement cru parfois un peu gratuitement mais à chaque fois, Guillaume Guéraud touche son lectorat et incite à réfléchir les adolescents qui le lisent. La brigade de l'oeil aborde des thèmes ô combien d'actualité : un régime totalitariste qui a banni toutes les images fixes ou mobiles et qui condamne tout contrevenant à avoir les rétines brûlées au chalumeau par cette fameuse brigade, un adolescent, Tao qui se révolte non pas par pur esprit de contradiction mais parce que sa mère l'a éduqué en forgeant son esprit critique et sa libre pensée. C'est aussi un récit qui parle de la mémoire individuelle et collective, de la charge émotionnelle d'une photo et d'un souvenir, du pouvoir de l'union d'un peuple autour d'une valeur à défendre, du drame de la pensée unique qui condamne toute société qui l'adopte. La révolte de Tao qui deale les images interdites sous le manteau porte en elle la tragédie de l'individu qui se brise les ailes contre les murs érigés par la dictature mais nulle autre option n'était envisageable pour un adolescent pleinement conscient de son humanité et des valeurs à défendre. Son engagement le conduira à affronter le terrible et cruel lieutenant Falk. Un personnage plus complexe que ce qu'il n'y paraît dans les premiers chapitres. Certes, le roman n'est pas « parfait » : on peut penser que certains passages auraient pu être plus comme ci ou comme ça. Quoiqu'il en soit, on se laisse emporter par le souffle brûlant de l'écriture de Guillaume Guéraud très visuelle et immersive. La trame ne nous laisse aucun répit et même si l'on voit se dessiner la succession des événements, on se lance tête baissée dans la cohue. le livre refermé, on relit l'histoire à l'envers, on tisse des liens avec l'Histoire, avec le présent, on zoome et on dézoome en réfléchissant sur la destinée de nos sociétés de plus en plus injonctives, imposant de plus en plus des diktats de pensées politiquement correctes. Alors, si ça fait ça dans la tête de mes ados à casquette, c'est un auteur qui pour moi mérite amplement d'être lu.
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Imaginez un monde où l'image même est interdite. Où tout ce qui l'évoque, film, jeux vidéo, bande dessinées etc, sont confisqués et détruis par une brigade spéciale. Où quiconque osant diffuser ces formes d'art où même en le visionnant risque d'être aveuglé.
Ce monde là, c'est Rush Island en 2037. Une loi promulguée vingt ans auparavant glorifie la littérature et bannit l'image car empoisonnant les esprits et les corrompant. La Brigade de L'Oeil est chargé de traquer les terroristes et d'annihiler jusqu'au bout leurs armes. Pourtant, certains résistent. Kao, un jeune adolescent dont une bonne partie de la famille a été victime de cette loi veut voir des films, les découvrir. Il tente alors de faire bouger les consciences et de faire accéder à son entourage ce qui est interdit. Mais la Brigade rôde...
Si le récit vous rappelle quelque chose, c'est totalement voulu : ce roman est un grand hommage au chef d'oeuvre qu'est Fahrenheit 451 de Ray Bradbury. Il l'assume complètement: la loi se nomme Bradbury, l'un des personnages porte le nom de Holden, certains passages s'inspirent de ceux du livre original. Mais la Brigade de l'Oeil le détourne aussi : si dans Fahrenheit 451, les livres étaient brûlés et dénoncé par une société de consommation abjecte, là c'est quasiment le contraire... et pas pour le mieux ! Tout ce qui évoque les images (critiqué chez Bradbury) subissent un sort affreux, rappelant que l'extrême conduit l'extrême. Falk fait penser au pompier Montag mais il n'est qu'un pâle reflet. Emma, la jeune fille, est une réminiscence de la Clarisse mais en soutenant pourtant le régime.
C'est dire comme la littérature est important : dans ce monde, les rues et lieux portent les noms des auteurs, les citations sont gravés et partout les ouvrages sont valorisés... mais d'un autre côté, la répression envers les images est d'une cruauté !
La Brigade de l'Oeil, cette unité au service du gouvernement, ne recule devant rien pour faire respecter le règlement : ils brûlent les images tout comme ils brûlent les pupilles et rétines des contrevenants. D'une violence inouïe, ils agissent et leurs actes vous donnent des cauchemars. Imaginer vous dans une salle de cinéma cachée et d'un coup, ils débarquent et incendient tout, mêmes les pauvres spectateurs...
Le fait que les images soient dénigrés rappellent aussi sinistrement les arguments convoqué de nos jours contre le cinéma, jeux vidéo et BD "violent", contre la brutalité diffusée, faisant froid dans le dos.
L'auteur clame son amour pour le cinéma. le septième art est au centre du livre, les Temps Modernes et Nuit et Brouillard sont cruciaux, tout un ensemble de films et détails à cet art montre son importance capitale dans notre vie.
Et un écriture brute, qui ricoche souvent, violente elle aussi, qui saisissent à pleine gorge.
En revanche, si le roman est captivant, il n'est pas exempté de défauts dommageables.
Alors de un, certaines idées de cette dystopie ne sont pas exploitées, alors que leurs potentiels étaient énormes : le Diaphragme, lieu où serait terré tous les films interdits, n'est qu'esquissé sans plus par exemple. de plus, si une dystopie veut interdire des idées contestataires, elle bannirait également certains livres qui en regorgent de ces idées !
Ensuite, certaines personnages sont creux et comme les idées, peu approfondies : l'Impératrice ne figure à peine que deux où trois chapitres et pourtant, elle aurait méritée plus de développement et d'intégrité dans l'histoire puisque c'est elle qui est la cause de cette interdiction. Et même Emma est peu construite, un peu pauvre. Quant à Falk, le méchant, j'aurais voulu un peu plus de consistance et plus de référence à Montag vu qu'il était censé y conformer au début (bah oui, Montag au début de Fahrenheit 451 était lui aussi froid et sévère avant de changer...)
Et la fin, argh. Certes les fins tragiques ne me déplaisent pas mais celle-là arrive trop rapidement, clos abruptement l"histoire et prend même un peu de facilité..
Et les scènes violentes se succèdent. Je suis pas contre la violence mais trop c'est trop, et parfois sans argument.
Bref un livre qui s'inspire de Fahrenheit 451, bien mené, mais qui n'exploite pas certaines idées potentielles et un peu court pour moi. Et évidemment, il ne faut pas oublier de lire et relire l'original, qui surpasse pour moi toute autre dystopie.
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2037, Rush Island, 20 ans après que la loi Bradbury ait été votée, interdisant toutes images sur l'ensemble du territoire. Plus de photographies, plus de films, plus de dessins, le septième art s'est envolée, les cinémathèques, cinémas, expositions ont disparu. Seul compte le texte. le texte si facilement manipulable, si mensonger. C'est dans cette société que vit Kao, un citoyen de la génération pure selon Harmony, la dictatrice au pouvoir. La première génération à ne jamais avoir connu l'abrutissement des écrans, la perversité du cinéma, la violence des images. Tel est son discours. Telle n'est pas la réalité.

Car sous le manteau, les images courent toujours, et ce ne sont ni les plus jolies, ni les plus paisibles, pornographies, sangs, meurtres, elles s'échangent contre des informations, des souvenirs, parfois contre une pellicule abimée, un Charlie Chaplin sur film. Elles sont toutes issues de la Résistance, qui collecte, en contant danger de mort, les dernières images de Rush Island.
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Parce que si tu te fais prendre, tu n'es ni roué de coups, ni envoyé en prison, ni exécuté. Non. On fait appel à la Brigade de l'Oeil et celle-ci te crame les yeux, avant de te renvoyer chez toi, aveugle. C'est dans celle-ci que navigue le Capitaine Falk. Falk qui dessine au fusain. Falk qui a brûlé les images de sa femme.
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Quel roman, mais quel roman ! Court, incisif, particulièrement critique, oscillant sans cesse entre la conscience profonde que l'image peut être mauvaise, pervertir, mentir, mais qu'elle est aussi essentielle à notre société qu'à notre imaginaire. Un hommage au 7e art comme on en voit rarement, aussi bien dans le texte, que dans l'écriture, empruntant la douleur des images aux reportages télévisés et la tendresse des amours au premier regard des comédies romantiques. le tout, avec ce langage cru, ces gestes durs, ces scènes en clair obscur du cinéma noir.
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Dans cette société que l'on devine pacifiée, dixit le ralentissement des meurtres et l'ennui de la Brigade criminelle, Guillaume Guéraud nous ouvre les yeux sur un envers du décor beaucoup plus sombre, des coulisses cauchemardesques et violentes. Ainsi le roman s'ouvre avec La Brigade de l'oeil, le Capitaine Falk et ses compatriotes Strummer, jeune, colérique et impulsif, qui cramerait bien les yeux de tout le monde si son capitaine ne lui rappelait pas constamment la loi Bradbury que non, une moquerie, c'est pas suffisant pour devenir aveugle ; et enfin Kaneshiro. Ce dernier est un personnage assez effacé de cette brigade, étrangement plus « doux » que les deux autres. C'est lui, qui, par exemple, passera une boite de peinture et de fusain à son chef en sachant que cela lui faisait du bien. Lui qui le sauva du gouffre dans lequel il était plongé et lui redonna envie de faire quelque chose si ce n'est de vivre. C'est étrange, parce qu'il symbolise une amitié presque fraternel, d'une certaine façon touchante, alors que je n'avais pas envie d'être touchée par lui, ni par Falk d'ailleurs. Et pourtant… Non, Guillaume Guéraud est très fort, nous faisons voir le pire et les tourments chez un homme ravagé par un drame, un vétéran de la Brigade criminelle qui en a trop vu et qui préfère se brûler les yeux plutôt que les ouvrir.
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C'est lorsqu'ils interviennent auprès d'un homme que nous faisons la connaissance de Kao, fils d'un homme ayant voulu s'échapper de l'île et ayant été exécuté, petit fils d'un projectionniste ayant été fusillé sur une colline si haute que la vue en est magnifique depuis le sommet. Des drames sous la beauté, des meurtres sous la paix. Kao a quinze ans, il a en tête des scènes entières de films que lui a raconté sa mère mais il n'en a jamais vu. Par contre il a remarqué Emma, la pointe de ses cheveux noirs, le pli sur sa lèvre. Emma qui va à la Grande Bibliothèque, a un nom de personnage romanesque, ne semble pas sortir des sentiers battus. Et qui, pourtant, sort du cadre. Irrévocablement. Chancèle et vomit devant cet homme dont on brûle les yeux. Emma, qui joue du théâtre aux Tréteaux.
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On ne va pas se mentir, c'est violent. Morbide. Gore parfois. Je n'avais encore jamais lu la description de yeux en train de se faire cramer. Mais c'est aussi immense, surprenant, plein de poésie douloureuse, abrupte. Il y a des fulgurances, des moments qui m'ont fait frissonner. On reprend des codes bien connus des dystopies, une révolution en marche, de la brutalité crasse ; mais on y ajoute autre chose. de l'espoir, du chaos, un hommage, des personnages torturés, par si manichéens, où les gentils sont parfois violents, et les méchants surprennent par leurs fêlures.

Grandiose.

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La Brigade de l'oeil est un coup de coeur. La fin m'a laissée abasourdie, je ne m'en suis pas rendue compte tout de suite, mais en écrivant cette chronique, comment en douter ? Un roman court, incisif, violent, aux images fortes et choquantes, qui rend hommage avec brio au 7e art, que ce soit au cinéma noir, aux comédies burlesques, aux Temps Modernes de Chaplin, à la comédie romantique. Tout en conduisant un scénario classique, une dystopie, une résistance, de la bêtise humaine ; Guillaume Guéraud offre des virages étonnants, des fêlures chez les pourritures, de la tendresse chez les résistants, un amour, étincelant. Et une fin, comme un coup de massue.
Lien : https://lesdreamdreamdunebou..
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Mouais est le premier mot qui me vient à l'esprit lorsque j'ai reposé ce livre. Et franchement, c'est dommage !

La direction que prenait le livre me paraissait bonne, pas excessivement pertinente, mais une sorte d'hommage bien vu à Farenheit 451 dans lequel on réfléchit à la condition de l'image. Mais dans la fin du livre, j'ai compris que plusieurs promesses ne seraient pas tenues.
Déjà, la question de la société : c'est un régime totalitaire, une dictature ou un simple régime légèrement oppressif avec la considération des images ? La question n'est pas très claire, de même que le souci que cela pose d'interdire les images : la société semble plus égalitaire et juste (on notera une réplique qui vise le capitalisme), mais en même temps on parle de hausse de consommation de drogue et de suicides. Quelle est la réalité de ce monde ? Je comprends l'idée de faire un monde complexe et travaillé, mais j'ai eu le sentiment d'un monde assez brouillon, au final. Alors que les idées de considérer que ce sont les images qui amenaient la violence, alors qu'un autre pense qu'il s'agit surtout de faire un monde plus juste qui a aidé à la réduction des crimes. Il y aurait eu matière à creuser un peu plus, à mon gout.
D'autre part, les personnages sont assez peu développés, le flic étant parfois trop brouillon dans sa façon d'agir. Et le final m'a laissé un gout amer d'inachevé, là encore. le destin de plusieurs d'entre eux me parait très téléphoné (pourquoi tout le monde décide de faire cette action ?) et un peu trop pathos.
Enfin, je trouve qu'il manque totalement l'intérêt d'un tel monde : la critique. Une critique pertinente de notre rapport aux images, dans un monde où l'on truque, triche, modifie, reprend et développe chaque image. Un monde où l'image est omniprésente, tel que le notre, pourrait largement être critique de façon sérieuse. Pas simplement dans un rapport d'image qui déforme notre réalité et notre perception. C'était justement ce que j'attendais du livre, une mise en parallèle entre un monde sans image et un monde où celle-ci est sur-représenté, pas seulement en film (qui occupent un peu trop d'espace dans le livre à mon gout, par rapport à la bande-dessinée, l'affiche, le dessin, la photo, l'illustration ...). Bref, une critique réelle de ce que l'image nous apporte mais aussi ce qu'elle peut développer comme nocivité (publicité, spots, reportages foireux, deepfake, etc ...).
Je comprends l'intention, mais je trouve l'exécution faiblarde et trop simple.

Le style est sympathique, assez nerveux et colle bien à l'idée d'un thriller qui est développé. Cela dit, c'est aussi une faiblesse du récit : l'action est rapide, trop à mon gout, et la résolution devient alors brutal. C'est certes un parti pris (la répression brutale), mais empêche une certaine immersion et donne à des scènes des accents un peu foutraques voir hors du propos (comme avec l'impératrice qui apparait sans que je n'en comprenne réellement l'intérêt). C'est un peu brouillon dans l'exécution, trop rapide sans doute et le livre aurait gagné à creuser en profondeur sa thématique bien trouvée et qui donne envie d'un développement plus ample.
Cela dit, je m'interroge aussi sur la pertinence d'un tel propos en livre, justement. Mais ça c'est plus une question personnelle.

En fin de compte, le livre est plutôt une déception, alors que je l'ai lu très vite et très facilement. Mais l'auteur m'intéresse, surtout depuis que j'ai découvert l'adaptation de son "Je mourrai pas gibier" par Alfred, et je pense que je regarderais ses autres livres par curiosité. Par contre, celui-ci est assez dispensable, malheureusement. J'aurais voulu aimer.
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critiques presse (2)
Ricochet
01 septembre 2022
Un roman de science-fiction bourré de références cinématographiques qui dénonce, avec des scènes d’une extrême violence, les dérives d’une société totalitaire.
Lire la critique sur le site : Ricochet
Lecturejeune
01 décembre 2007
Lecture jeune, n°124 - Sur l’île de Rush Island en 2037, la loi Bradburry, édictée par l’impératrice Harmony il y a plus de vingt ans, interdit toutes les images. La littérature constitue la référence absolue de cette société. Ici les habitants se prénomment Emma ou Ulysse, se promènent dans le quartier de Badwords et fréquentent des salles de jeux baptisées Correspondances… La propagande contre les images sévit. Les agents des Brigades de l’Oeil sont chargés de punir ceux qui de façon illégale tenteraient de se procurer des images : elles sont brûlées et leurs détenteurs subissent un même sort, l’aveuglement. Le pays compte des millions de citoyens aveugles. Kao lui, porte un prénom en hommage à un acteur – Jack Kao vu dans les films d’Hou Hsia Hsien ? –, l’adolescent est un de ceux qui participe au réseau clandestin de diffusion des images. Il va être amené à prendre part aux actions d’un groupe de résistants qui tente de sauver et de projeter les derniers films. Guillaume Guéraud se prête avec brio à l’exercice de style ; expérimenter le genre de la science-fiction. Le genre lui sied bien puisqu’il s’agit de condamner les dérives d’une société autoritaire sur fond de répression et de violence extrême. L’occasion pour lui de multiplier les références, ses références. Derrière chaque prénom – Holden -, chaque personnage – Falk vieux flic veuf bourru, amant de l’impératrice – chaque situation on trouve les éléments d’une culture littéraire et cinématographique, savante rencontre de classiques européens, de films d’actions asiatiques et d’« entertainment » américain. Le style, vif, percutant, accompagne une traque sans temps mort où la violence extrême croît jusqu’à l’écoeurement. L’ouvrage est un bel hommage au septième art. Hélène Sagnet
Lire la critique sur le site : Lecturejeune
Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Dans cette cave, parmi ces hommes et ces femmes, Kao était le seul représentant de "la génération pure", le seul à ne pas avoir connu le cinéma, le seul à ne jamais avoir vu un seul film.
Et là où tous furent bouleversés par le sujet même de Nuit et Brouillard, par le témoignage terrible des images de ce film, par les abjections commis par les hommes, Kao se demandait en plus si le cinéma correspondait à ça. Si les images avaient la vocation de provoquer de telle douleur. Si un film était forcément une somme de tourment.
Kao ne fut tout à coup plus certain de comprendre la nécessité de sauver le cinéma.
On lui avait autrefois raconté une histoire.
Celui de la première projection publique- quand les spectateurs avaient bondi de leurs sièges devant un film des frères Lumières, l'Arrivée d'un train en gare de la Ciotat.
Il avait entendu cette histoire tant de fois.
Il avait aussi eu le temps d'imaginer des choses bien plus effrayantes sur un écran -des missiles, des araignées géantes, des mutants aux ailes érectiles, des vagues chargées de pieuvres, des anthropophage affamés sortant de la vase, des météores fouettant la nuit.
Mais pas ça.
Pas les barbelés, pas les chambres à gaz, pas les fours crématoires. Ni les champs vides, ni les fosses surchargées de cadavres. Pas ces rapprochements.
Pas ces corps, pas ces visages, pas ces yeux. Ni ces plans, ni ces mouvements. Pas cette lumière.
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« Le cinéma est plutôt comme une bataille. Contre mille ennemis différents et contradictoires. Contre l’ennui. Contre la frénésie. Contre le quotidien désenchanté. Contre les lendemains qui chantent. Contre les bourrasques qui avalent nos cauchemars. Contre les usines qui broient nos rêves. Contre les laisses invisibles qui nous étranglent. Contre les habitudes qui nous ferment les yeux. Et dans cette bataille, Nuit et brouillard, avec son texte et ses images implacables, lutte aux avant-postes. Contre l’oubli. Contre les monstres du passé. Contre l’effacement des crimes effroyables de l’Histoire. Nuit et brouillard lutte contre tout cela. Et prouve que le cinéma peut abriter le temps. »
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Le soleil éparpillé par les milliers de vitres lui fit plisser les yeux- la Grande Bibliothèque ressemblait par beau temps à un gigantesque prisme spéculaire.
Kao baissa la tête et en profita pour lire quelques-unes des citations qui dallaient l'esplanade.
"Ne jugez pas un livre d'après sa couverture"- Ray Bradbury. "Je n'ai jamais eu de chagrin qu'une heure de lecture n'ait dissipé." Montesquieu." Une bibliothèque est un foyer" Charles Bukowski.
-Tu parles d'un foyer...
Un air froid le cueillit dès qu'il franchit les portes du bâtiment.
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- On a seulement trouvé une bobine de film et un projecteur. Rien de plus.
Des agents dont les combinaisons ignifugées étaient couvertes de suie confirmèrent :
- Pas davantage de matériel compromettant, aucune trace de photographie, pas le moindre document interdit... Ce qui signifie que le stock des images terroristes est entreposé ailleurs.
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« - le cinéma est plutôt comme une bataille, déclara Fuji.
- Une bataille contre quoi ?
- Contre mille ennemis différents et contradictoires. Contre l’ennui. Contre la frénésie. Contre le quotidien désenchanté. Contre les lendemains qui chantent. Contre les bourrasques qui avalent nos cauchemars. Contre les usines qui broient nos rêvent … »
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