Avant toute chose, je tiens à remercier Babelio pour l'opération Masse Critique ainsi que les éditions le Rouergue pour l'envoi de ce livre (et du petit mot qui allait avec ♥).
Bien entendu, cette critique a été rédigée en toute objectivité.
On aimerait tous avoir une grand-mère aussi rock n'roll que celle de Louis. Une grand-mère qui ne se laisse pas marcher sur les pieds, n'hésite pas à dire ce qu'elle pense, apprend des gros mots à son petit fils au lieu de le sermonner... Oui, bon, à condition d'avoir aussi un faible pour les maisons isolées au fond des bois, les soupes d'orties et de préférer la lecture à la télé. C'est mon cas, mais pas celui de Louis, bien ennuyé lorsque ses parents décident de l'envoyer durant une semaine chez cette vieille dame fantasque dont l'esprit n'a rien perdu de sa jeunesse, ni de son côté révolutionnaire... le séjour était donc plutôt mal barré, jusqu'à ce que des promoteurs décident de raser la forêt pour construire une route, provoquant ainsi l'ire de mémé Kalachnikov! Il est temps pour elle de reprendre les armes, et de montrer de quel bois elle se chauffe...
... Par où commencer? Probablement par la première chose qui saute aux yeux, à savoir l'humour décapant, omniprésent dès le départ, et qui m'a arraché quelques fous rires, provoquant l'incrédulité de mon conjoint à côté. Alors certes, le ton du récit devient de plus en plus sérieux au fur et à mesure, mais ne perd jamais ce petit côté délicieusement acide propre au caractère d'Elena.
Un récit dont le fond se veut moins léger que la forme, donc. Cette histoire de projet routier à court-circuiter sera, comme on pouvait s'y attendre, l'occasion pour Louis et sa grand-mère de se rapprocher, d'apprendre se comprendre, à se connaître et à se faire confiance, sur fond de leçon écologique somme toute discrète. C'est là le tour de force de
Ma grand-mère est une terreur: délivrer ses messages sans en faire des caisses ni prendre son jeune lectorat pour des buses. Pas de bourrage de crâne, le récit reste divertissant et prend position sans pour autant inciter les jeunes à faire pareil.
(
Sans doute la raison pour laquelle la grand-mère de Louis le laisse seul lorsqu'elle part démonter les machines de chantier, en contraste avec son insignifiant braconnage sur lequel le garde-chasse passe l'éponge: il y a les petits délits sans gravité, et il y a les autres... )
Les idées sont donc délivrées de manière plutôt subtile et intelligente, tandis que le ton employé, lui, se veut simple et accessible pour les plus jeunes, avec l'emploi ici et là de quelques mots plus compliqués dans la bouche des personnages adultes. Bref, c'est très jeunesse mais en toute logique parfaitement adapté au lectorat visé. Pas de quoi rebuter les adultes curieux, surtout qu'il faut le redire, c'est très drôle.
Quant aux illustrations, elles sont plutôt sympathiques, avec un trait efficace et, là encore, une petite subtilité... Il s'agit toujours du même décor, et pourtant toujours différent! Et observez bien la maison sur les premières pages de chapitre...
Bref,
Ma grand-mère est une terreur est un coup de coeur absolu, conte moderne désopilant et feel-good à recommander aux petits comme aux plus grands.