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EAN : 9782234077386
320 pages
Stock (24/09/2014)
3.33/5   9 notes
Résumé :
« Cuba est une femme. » Nirvana del Risco, jeune mannequin noire, incarne cette île à la fois sensuelle, métissée et mystérieuse. Elle se montre à nu et livre son histoire sans complexes ni tabous. Celle d’une femme libre et passionnée qui, le temps d’un voyage à Paris et Marseille, vit une aventure sulfureuse avec une amie cubaine puis un Français. De retour à La Havane elle lance une affaire de produits naturels, initiative périlleuse dans un pays tiraillé entre t... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Wendy Guerra fonce bille en tête pour déboulonner le mythe cubain, gratifiant son roman d'un titre revendicatif qui claque comme un coup de fouet, "Negra".
Destinée tragique et flamboyante que celle de Nirvana del Risco, femme prise au piège d'une société paternaliste, noire dans une île où le métissage triomphant n'est qu'un leurre, mannequin vantant des produits de consommation au sein d'une société qui redoute la libre entreprise, fille et petite fille de santeros discrédités par une révolution "rationnelle".
"Je voyage au centre d'un Tiers Monde instruit, un no man's land et un autre Occident" Cette phrase pourrait synthétiser ce roman poil à gratter, qui narre le quotidien aliénant d'une jeune femme noire, de la Havane à Marseille, marqué par les préjugés raciaux, les pressions administratives et policières, le carcan sociétal, parfois illuminé par le danzón, les livres, les fantômes et le sexe.
Cabrera Infante et sa Havane pour un Infant défunt, Miguel Barnet et sa Biografía de un cimarrón, Lezama, Gutierrez, les souvenirs des intellectuels de la "gauche sucrée", Sartre et Beauvoir, venus autrefois se frotter à l'utopie tropicale... font de Negra un roman qui réjouira tous les amoureux de la culture cubaine.
Mais au delà d'une radiographie de la vie quotidienne, des souvenirs de la Havana vieja, de la carte postale pour Occidentaux en quête d'un idéal, racontés en leur temps par Zoé Valdes ou Pedro Juan Gutierrez, Wendy Guerra met le doigt sur quelques tabous et dit tout haut les contradictions qui régissent cette île versatile.
Le racisme qui aurait été banni de l'île par la Révolution, est toujours présent, ségrégation larvée, évidente, là où les noirs sont absents des postes clés, des emplois importants, des quartiers résidentiels. A part feu Juan Almeida Bosque, compagnon de Castro, et vice-président du Conseil d'Etat, a t-on depuis vu des noirs aux plus hautes fonctions de l'état alors que les Américains ont élu un président métis ? En 2013, nous sommes bien loin de la "Balada de los dos abuelos " chantée par Nicolás Guillén, le père du "negrismo" .
Negra est aussi une une voix singulière, unique, qui clame et revendique l'héritage afro-cubain de la Santeria, présent depuis l'arrivée des premiers esclaves. Les Orishas sont toujours là, à Cuba ou dans la vie de Nirvana del Risco et la magie est partout, dans les voix qui murmurent, dans les invocations, dans les recettes. On se souvient alors d'Aphrodite, de la Chilienne Isabel Allende, même souffle, même sexualité joyeuse.
Il y aurait mille choses à dire sur ce roman d'une grande richesse, sur ce beau personnage de femme et sur les hommes-métaphores qui partagent sa vie, Jorge, le Cubain blanc, Philippe, le soixante-huitard de la vieille Europe, Tom la Caraïbe unie aux Etats-Unis... Mais en dehors de la polémique et des interrogations que l'ouvrage ne manque pas de susciter chez le lecteur, Negra est, et reste, une lettre d'amour adressée à La Havane. C'est ce que dira Nirvana à son amant français: "Je ne veux pas te montrer le pire aspect de ma ville; c'est le moment de tomber amoureux du meilleur de moi, qui est aussi l'endroit où je vis."
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Tout d'abord, je remercie Masse critique qui m'a permis de lire le dernier roman de Wendy Guerra « Negra » paru aux éditions Stock en 2014.

J'aime bien Wendy Guerra parce qu'elle parle bien de Cuba et qu'elle aime son pays mais j'ai quand même un problème avec son écriture qui me laisse perplexe. Je m'explique : c'est le troisième livre de Wendy Guerra que je lis et, une fois de plus, je trouve que les sujets abordés son passionnants mais c'est comme si elle voulait en faire trop. J'ai l'impression qu'elle s'éparpille en voulant traiter de nombreux thèmes. Cela se ressent sur la forme avec beaucoup de petits chapitres qui sont tous introduit par un ou plusieurs épigraphes, qui rendent la lecture très agaçante. C'est comme si on avait besoin de coder le titre du chapitre, des fois que le lecteur ne comprenne pas de quoi il s'agit.
J'avoue qu'au fil de la lecture j'ai « zappé » ces épigraphes. Par contre, j'ai bien aimé les « encarts » sorte de définitions ou recettes qui ponctuent bien la narration et qui sont utilisés sans abus.

Cependant, « Negra » est un livre intéressant, un peu long à mon gout pour les raisons que je viens d'évoquer mais qui permet de vivre Cuba de l'intérieur, avec Nirvana del Risco nommée Nina, jeune cubaine bisexuelle qui cherche l'épanouissement et revendique son indépendance. J'y ai donc vu l'histoire d'un pays mais aussi celle d'une jeune femme d'aujourd'hui.

La narratrice, Nina, raconte sa propre histoire à la première personne. C'est une belle métisse, mannequin, née d'un père blanc et d'une mère noire appelée « la noire » documentariste de cinéma. Nina veut vivre le présent mais n'échappe pas à son passé, au passé des cubains, celui de l'esclavage et de la métisation de l'ile. Elle est révoltée contre le racisme et les préjugés raciaux et c'est le fil rouge du roman. Cette révolte, toujours présente donne le ton.
D'ailleurs la narratrice fait référence au cimarron et cite le livre de Miguel Barnet « Esclave à Cuba » qui raconte la vie d'Esteban, un cimarron, c'est-à-dire un esclave noir fugitif, dans la Cuba coloniale et sucrière.

Mais ce que fuit Nina c'est d'abord l'injustice. L'injustice d'avoir perdu l'enfant qu'elle attendait, la souffrance d'être rejetée et maltraitée par son compagnon, Jorge, d'un autre milieu social et cubain blanc. Elle connait même la prison pour avoir erré dans Siboney, quartier riche de la Havane.

Celle qui vient la chercher et tentera de la sauver tout au long du roman c'est sa grand-mère, Cuca, qui représente Cuba des anciens, celle de la religion. La religion de Cuca est fondée sur le culte des orishas.
Les orishas qui accompagnent Nina sont des divinités afro-américaines originaires d'Afrique, et plus précisément des traditions religieuses yoruba. Ils ont été introduits à Cuba par la traite des Noirs. Ils sont vénérés comme divinités de la santeria des Caraïbes et représentent les forces de la nature.
Nina ne croit pas aux orishas. Pourtant, elle va vivre avec le fantôme de sa mère qu'elle a peu connu ayant été élevée par sa grand-mère, et qui est décédée précocement.

Et puis, il y a Lu son amie métisse de père chinois, sociologue, qui est aussi son amante. Il faut dire que le sexe a beaucoup d'importance dans le livre et que toutes les expériences mènent Nina à l'extase physique. Par contre, moralement ça va beaucoup moins bien.
Lu et Nina vont partir à Marseille pour répandre les cendres de Marie décédée à Cuba. Marie était la compagne de la mère de Nina « la Noire » elle aussi bisexuelle.
En France, un nouvel homme apparait dans la vie de Nirvana, Philippe, l'ex-mari de Marie qui, même avec un âge plus avancé que le sien semble assez immature. Cet ex-soixante-huitard ressemble au grand amour et ils font l'amour passionnément.

L'expérience française n'étant pas très heureuse (et oui le racisme existe aussi en France) le retour à Cuba permet à la jeune femme de réaliser un projet professionnel : celui de s'installer dans les montagnes de l'Escanbray avec Cuca et Alina (grand-mère de jorge), pour fabriquer des produits naturels. Philippe va la rejoindre mais ses plantations de marijuana vont poser de gros problèmes. le système Cubain rigide et sclérosé ne les aide pas pour obtenir une autorisation d'exercer et cela va finir par une expulsion.
Cuca essaie d'aider sa petite fille grâce aux offrandes et spiritisme mais Nina ne veut pas faire appel à la religion pour vivre. Elle va trouver un emploi à la revue de cinéma « Cuba imago » grâce à Aurelio, ami homosexuel qui a connu sa mère.
Un nouvel homme va entrer dans la vie de Nina, Tom, métis américain de San Domingue qui partage ses incertitudes mais qui travaille pour les américains. La jeune fille ne va pas se laisser mépriser pour être allée avec l'ennemi et revendique sa liberté. Cela va mal finir mais je ne veux pas raconter la fin d'autant plus que le dernier rebondissement est plutôt inattendu.

Wendy Guerra nous inonde de références, qu'elles soient musicales, littéraires, sociologiques ou religieuses et c'est plutôt appréciable : on rencontre dans « Negra » des auteurs cubains comme Guillermo Cabrera Infante, José Lezama Lima ou encore Pedro Juan Gutiérrez mais aussi des français comme Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir qui ont fait le voyage à Cuba pour en saisir sa réalité. Par contre, ce qui est moins appréciable, c'est le portrait assez caricatural que dresse Wendy Guerra des amants de l'attirante Nina: Jorge le cubain blanc odieux, Philippe le français immature et Tom le métis américain au gros sexe.

A lire donc par amour pour La Havane.


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Nina (Nirvana selon son état-civil), l'héroïne de Negra, est une guerrière. Et il en faut aujourd'hui de l'énergie, du courage et de l'audace pour (sur)vivre à Cuba, dans un pays étranglé économiquement et moralement, au bout du rouleau après plus 50 ans de dictature et de privations. Libre dans sa tête et dans son corps, Nina est une figure symbolique de la résistance. Wendy Guerra s'est imposée en peu de livres comme une romancière cubaine majeure (Karla Suarez en est une autre), qui n'a pas peur de décrire la réalité telle qu'elle est. "Nous vivons entre l'interdit et l'obligatoire" a t-elle écrit dans un livre précédent. On ne saurait mieux dire mais dans Negra elle aborde un sujet relativement peu évoqué jusqu'alors, à rebrousse poil des tenants de la "Cubanidad" qui voudraient nous faire croire que toutes les races et toutes les couleurs vivent en parfaite harmonie. Etre noire à Cuba, c'est pourtant se soumettre à une discrimination sournoise dans cette île de tous les métissages. Dans une prose flamboyante, Wendy Guerra a écrit un livre qui semble déborder de ses pages. Un mélange détonant qui manque peut-être de méthode mais certainement pas de style. le roman part souvent en vrille, se joue de sa propre fiction pour nous faire humer les odeurs de Cuba. Une terre sensuelle et complexe, difficile à comprendre pour les occidentaux, jusque dans ses pratiques païennes et religieuses qui se heurtent au matérialisme socialiste. Negra a tout de la tempête tropicale. On en retient l'essentiel : l'attachement à une terre splendide où l'on ne cessera de croire en des jours meilleurs tant que ses habitants continueront à danser et à se moquer de leurs propres malheurs.

PS : le 3 décembre, Retour à Ithaque sera sur les écrans. Les amoureux de Cuba ne doivent pas rater ce film formidable coécrit par Laurent Cantet et Leonardo Padura.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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Dès les premières lignes j'ai été charmée par cette écriture sensuelle, parfumée et voyageuse. J' aime beaucoup les récits écrits à la première personne. Néanmoins les passages de sorcellerie m'ont un peu dérangé mais cela fait parti des pratiques cubaines. Arrivée à l'avant dernière partie du livre je me suis prise d'ennui, j'ai trouvé aussi que les dernières scènes tragiques sur Marseille n'étaient pas assez développées.
Pour les scènes érotiques je les conseille au fans des cinquantes nuances de Grey (je n'ai pas approuvé ce livre), je les trouve plus agréables et bien plus épicées...

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critiques presse (1)
LeFigaro
14 novembre 2014
D'une voix originale et profonde, Wendy Guerra plonge le thème de la discrimination raciale, censée avoir disparu depuis 1959 et qui reste encore taboue, au cœur de l'identité cubaine (la fameuse cubanidad).
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Dans le Parc central, on donne de rendez-vous interlopes, on encaisse des paris, un vieux pédé vous dit tout bas "Une pipe?" C'est plutôt la Havane de Reinaldo Arenas: militaires assoupis, larmes sordides et regards éternels à la mer verdâtre, oxydée; homosexuels qui s'affichent jusqu'à l'aube, femmes en quête de sexe et de bestialité. Le sang coule et le scandale qui ne vous laisse pas dormir se fait jour. Voici la ville qui n'a pas été reconstruite; et voilà celle que les gens ne parviennent pas à restaurer.
Nous, nous n'avons jamais vu la ville de Cabrera Infante, mais nous avons vécu des années dans celle d'Arenas. ..., et pour être honnêtes, il faut reconnaître que notre vie a déjà été racontée par Pedro Juan Gutierrez. Arenas appartient déjà au passé. Nous, nous voyons déjà des choses que Pedro Juan rapporte sans hésiter, En ce moment, il doit être là-haut, sur sa terrasse, à transpirer nu devant une page noircie, en absorbant tout pour écrire la prochaine.
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Les français laissent tant de questions sans réponse. Les cubains disent tout ; cela ne garantit pas plus de clarté, mais au moins ils se parlent.
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Je suis actrice de ma vie, c’est mon film et je peux le changer quand je veux.
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Le problème des restrictions budgétaires dans les fondations ou les institutions est partout le même. Pas besoin du socialisme tropical pour comprendre que la répartition équilibrée des ressources constitue partout un écueil.
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- Je suis ravi de savoir qu’à Cuba vous n’êtes pas obsédés par les marques. Ce sont la publicité et les marques qui ont fini par renverser le Mur. Le Mur n’est pas tombé, on l’a démoli avec ce genre de choses.
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