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EAN : 9782020936231
Points (31/01/2007)
3.42/5   46 notes
Résumé :
Tous les valets n'ont pas été acteurs de cinéma. Lui, si. Mais ce valet-là est une parodie, un tyran qui congédie le personnel de son maître à coups de couteau, dort dans son lit, lui interdit les émissions de variétés et l'habille en Nike et blouson de cuir. Méchant mensonge ou vrai journal ? Le maître, asservi aux volontés de son valet, laisse planer le doute...
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Quand on embauche un valet pour se faire aider dans les tâches quotidiennes, voire même pour tout lui déléguer, on s'attend au moins à une chose : rester maître de son domaine et de la relation qui s'instaure. Un domestique n'a-t-il pas pour essence d'obéir aux ordres et de se soumettre, dans la mesure du raisonnable, à la volonté de son maître, quelle qu'elle soit ? Raisonnable oui évidemment, il est bien connu qu'aucun larbin n'a jamais été de par le monde traité autrement qu'avec raison, j'ose à peine dire avec respect.

Eh bien, gros bol d'air grâce à Hervé Guibert qui envoie cet axiome au diable (Vauvert, pour la rime) et nous retourne la situation comme une crêpe Gigi sans rien perdre pour autant de sa crédibilité.

Pourtant il a l'air gentil ce valet, prévenant, attentif, alors pourquoi cette sensation de malaise qui s'enracine insidieusement à peine les dix premières pages achevées ? Peut-être parce que, sous couvert de confort et de serviabilité, peu de valets se penchent sur la garde-robe de leur employeur afin de physiquement les faire passer de 80 ans à la petite vingtaine, peu de valets mettent tous les médecins de leur employeur à la porte pour, sans la moindre connaissance médicale, prendre sa santé en main. Peu de valets installent leur employeur dans le salon pour coloniser sa chambre, vendre ses tableaux de maîtres et se servir tranquillement sur son compte en banque avec la fallacieuse excuse de faire des affaires qui vont rapporter gros au taulier.
Exposé comme ça, c'est quand même un peu gros mais ce valet-là a le génie d'opérer avec patience et intelligence, ses motifs démontrés pour expliquer pourquoi c'est lui maintenant qui prend le pouvoir sont si bien argumentés qu'on a aucun mal à imaginer un vieux gonze quasi grabataire y céder pour qu'au final on ne sache plus trop qui est le domestique et qui est le bourgeois. La dépendance de l'un faisant écho à la dépendance de l'autre, chacun de manière différente a besoin de son partenaire pour respirer, vivre pour le maître, exister pour l'employé de maison.

Entre relation masochiste et amour impossible, on passe les presque 100 pages de ce très court roman à essayer de deviner si ce valet est maléfique, tordu ou curieusement amoureux et ce que son patron, à tout accepter sans broncher, se figure y trouver au bout du compte.
Rien finalement mais qu'importe, Hervé Guibert avait l'esprit suffisamment tortueux pour nous embarquer dans ce genre d'histoire malsaine, nous y voir adhérer et à la fin, nous trouver perversement à en redemander.
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Nous assistons ici à une relecture des relations de maître à valet. Roman autobiographique écrit dans les dernières années de sa vie, Hervé Guibert transpose le ressort de la comédie dans un registre tragique. Il décrit avec précision le double jeu des relations au seuil de sa mort.
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Oeuvre très courte, qualifiée de roman "cocasse" et que je vois plus comme une nouvelle d'autant que le texte est imprimé en gros caractères. Ce livre est surprenant, inattendu... et je n'étais pas habituée à un tel sujet avec les précédents ouvrages, que j'ai lus de cet auteur.
J'y découvre une satire de la vieillesse et de la solitude, ainsi qu'un regard accusateur vis à vis des auxiliaires de vie, qui parfois profitent de la situation et abusent de la fragilité des gens chez qui ils travaillent, au point de les dépouiller et surtout de leur faire subir des maltraitances.
Tout semble réuni ici pour que le scénario soit conforme, même si "les ficelles sont un peu grosses"...
Une autre facette des écrits d'Hervé Guibert.
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Quand Hervé Guibert écrit "Mon valet et moi" il n'a que 35 ans mais s'imagine dans la peau d'un vieil homme de 80 ans. Et ce n'est pas par hasard qu'il évoque la déchéance physique ; il est atteint du sida et va mourir quelques mois après la publication de ce texte court.
Il est court mais d'une grande profondeur et d'un cynisme qui lui donne toute sa valeur.
Il s'agit d'une sorte de journal, celui du vieil homme qui raconte la fin de sa vie avec son valet. Ce dernier est un jeune homme qui a fait du cinéma à l'adolescence et qui n'avait plus de travail. Il a été recruté par le narrateur, ancien auteur de pièces de théâtre légères.
Mais le valet sous ses airs courtois est un voyou.
Il va congédier le personnel et gérer l'ensemble des affaires de ce vieux et riche dandy qui habite rue de Varenne dans un hôtel particulier parisien. D'ailleurs, l'octogénaire il lui a cédé sa chambre pour dormir sur le canapé du salon car c'est plus pratique.
On voit comment petit à petit l'emprise du valet sur le maître va être de plus en plus importante jusqu'à lui voler sa morphine alors qu'il ne peut pas se défendre.
On ne sait jamais de quel côté est la servilité et c'est ce qui est très impressionnant dans l'écriture d'Hervé Guibert.
Et puis ça ne l'empêche pas d'avoir de l'humour notamment quand il se moque de Marguerite Duras. Petite revanche peut-être alors qu'ils ont tous les deux un point commun, cette écriture minimale et pourtant très puissante.

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Je me suis placée dans la peau d'une lectrice qui lisait un conte imaginaire avec un personnage malintentionné. Guibert est un octogénaire dans ce roman. Lui, le gentil et pauvre être qui est victime de son valet subissant le joug de celui-ci. Méchant valet, fouineur, voleur, barbare et cruel.

Lu en avril 2019 / Points - Prix : 4,50 €.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Les narrateurs des romans russes ont des valets qui dorment comme des chiens dans des vestibules traversés de courants d'air, aiguisent le fleuret de leurs duels et portent leurs vieux pardessus. Ce sont des ratés, souvent des doubles de leurs maîtres, qui auraient pu l'être à leur place, mais qu'une infortune de naissance ou un revers, une femme, le jeu, a abaissé à ce rang. Ils sont serviles par lassitude, tout leur être exhale quelque chose de rance. Ils travaillent sans amour et sans précision, cirer les bottes de leurs maîtres ne les enthousiasme même pas.
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Nous partons en forêt de Rambouillet, j’y ai découvert par hasard une usine qui pilonne les livres de Marguerite Duras, un auteur des années quatre-vingt. Je fais garer la Skoda devant l’usine, portières et vitres ouvertes pour mieux entendre ce bruit divin du papier écrabouillé dans des mâchoires d’acier, qui le ressortent en pâte pour refaire du bon papier vierge. J’ai l’impression d’entendre hurler le vice-consul de Lahore sur les bords du Gange. Cette occupation ne distrait pas mon valet, il la trouve malsaine, il dit : « Qu’est-ce que vous avez contre cette pauvre femme ?
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Je n'ai jamais imaginé que mon valet m'aimerait. J'ai plutôt pensé, à partir du moment où j'en ai fait mon valet, qu'il me haïrait. C'était un jeune homme désoeuvré qui, par accident, avait obtenu le premier rôle d'un film, et à qui aucun metteur en scène n'avait plus rien proposé. Mal m'en a pris d'avoir eu envie, cet après-midi-là, de me fourrer au hasard dans une salle obscure.
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Quitte à prendre sa température, autant avoir un peu de fièvre. Mon anus reste chaud quand tout mon corps est engourdi par le froid. Mon valet dit que ce sont des habitudes barbares et obsolètes, peu hygiéniques, qu'il n'y a que les Français pour faire des cochonneries comme ça, ou se mettre des suppositoires, que ni les Allemands ni les Espagnols ne seraient assez tordus malgré leur culture.
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J'avais tenté d'imposer un uniforme à mon valet, et c'est lui qui a fini par m'en imposer un. J'avais hésité pour lui entre plusieurs types d'habits : j'aurais tellement aimé le voir dans ces livrées à col rond, rouges ou noires, à gros boutons dorés ou argentés, comme en portent les liftiers du Train Bleu, accusant la cambrure des reins sur le fessier moulé dans le tergal. On raconte que les homosexuels sont attirés par les uniformes, ceux des marins, des pompiers, des légionnaires. Moi qui n'en suis pas, j'ai toujours été fasciné, presque érotiquement, par l'habit des larbins de tout poil.
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Vidéo de Hervé Guibert
Mathieu Lindon Une archive - éditions P.O.L où Mathieu Lindon tente de dire de quoi et comment est composé son livre "Une archive", et où il est notamment question de son père Jérôme Lindon et des éditions de Minuit, des relations entre un père et un fils et entre un fils et un père, de Samuel Beckett, Alain Robbe-Grillet, Claude Simon, Marguerite Duras et de Robert Pinget, de vie familiale et de vie professionnelle, de l'engagement de Jérôme Lindon et de ses combats, de la Résistance, de la guerre d'Algérie et des Palestiniens, du Prix Unique du livre, des éditeurs et des libraires, d'être seul contre tous parfois, du Nouveau Roman et de Nathalie Sarraute, d'Hervé Guibert et d'Eugène Savitzkaya, de Jean Echenoz et de Jean-Phillipe Toussaint, de Pierre-Sébastien Heudaux et de la revue Minuit, d'Irène Lindon et de André Lindon, d'écrire et de publier, de Paul Otchakovsky-Laurens et des éditions P.O.L, à l'occasion de la parution de "Une archive", de Mathieu Lindon aux éditions P.O.L, à Paris le 12 janvier 2023.

"Je voudrais raconter les éditions de Minuit telles que je les voyais enfant. Et aussi mon père, Jérôme Lindon, comme je le voyais et l'aimais. Y a-t-il des archives pour ça ? Et comment être une archive de l'enfant que j'ai été ?"
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