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EAN : 9782246852995
256 pages
Grasset (01/02/2017)
2.5/5   27 notes
Résumé :
Décembre 2016. Trente ans après s’être perdus de vue, deux anciens camarades d’études se retrouvent à l’occasion d’une émission de télévision. La fille en noir est écrivain, Guillaume Fronsac un marquis de l’aristocratie d’État devenu banquier d’affaires.
De 17h à minuit, au cœur d’un Paris hanté par le terrorisme mais où la beauté de l’histoire française se révèle à chaque pas, ils vont se juger, se jauger, se confier, se séduire peut-être. À travers la con... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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J'ai trouvé ce livre puant et repoussant, sinon ahurissant.

Le style d'abord. Ça mouline ad nauseam. L'auteure veut nous convaincre qu'elle a du (très très) grand style, qu'elle sait trousser des (très très) longues phrases débordantes de locutions latines et d'expressions surannées. Sauf que ça mouline dans le vide. Tout ce déballage de style pompeux (et pompant) pour dire quoi ? On a l'impression de lire un édito de Libé étiré sur 200 pages le long d'une interminable masturbation.

Tout est prétexte à l'étalement de références qui claquent, mais dont le fond est creux. Exemple : comme par hasard, l'auteure et l'inspecteur des finances avec qui elle passe la soirée marchent dans la rue et, oh suprise, voient sur le trottoir Stéphane Fouks (Euro RSCG, Havas, ex conseiller de DSK) et David Pujadas. Tout ça pour permettre à Cécile Guilbert de nous dire : "L'homme qui s'était fait poser des implants capillaires par son pote Cahuzac [comprendre : Pujadas] papotait ferme avec celui qui avait les mêmes talonnettes que Sarko [comprendre : Fouks]". Belle dénonciation de la collusion des élites : un présentateur télé se fait poser des implants par un futur ministre de gauche, et un ex-conseiller de gauche a les mêmes talonnettes qu'un ex-Président de droite ! Ah oui, tous pourris ! du haut du crâne au talons de leurs chaussures ! (les arguments sont hélas de ce niveau).

Surtout, toute la construction du livre est à la gloire personnelle de Cécile Guilbert (qui est la narratrice assumée de ce texte, évoquant son parcours, ses précédents livres). Qui va dénoncer durant d'improbables monologues tout le personnel politique qui "se sert" au lieu de "Servir", ces "quinquas politiques incultes entourés d'énarques ignares" (p. 95) quant elle a échappé "à cette histoire à laquelle tu aurais pu prétendre et que tu avais fuie par amour de la liberté, par amour de l'amour", etc Bref, il sont tous nuls, mais elle est géniale, l'incarnation de la Liberté et de l'esprit critique voltairien (jusqu'à nous enfoncer le clou page 121 en nous expliquant qu'elle ne fait que de la "Grande Littérature" et a refusé livres trop faciles, genre "storyboard à stories"). Très supérieure à toute cette bassesse, elle qui a choisi l'amour, la liberté et l'eau fraiche, tout en assumant sans gêne durant trois pages stupéfiantes (p. 101 à 103) qu'elle ne connait strictement rien ni du peuple, ni de la pauvreté, ni du déclassement, pas davantage que l'inspecteur des finances qui l'invite durant cette soirée dans deux palaces. "Non, ils [ni elle ni lui] ne savaient rien de la dureté du monde auquel se cognaient chaque jour dans leur pays entre 5 et 9 millions de pauvres, et plus de 3 millions de chômeurs officiels."

C'est bien là ce qui est ahurissant dans ce livre. L'impression qu'une ultra-privilégiée, fréquentant le tout petit milieu des ultra-riches et des artistes bobos qui ont "pages ouvertes" dans tout un tas de magazines branchouilles et à France Inter, vient faire des démonstrations clinquantes sur le thème "tous nuls ces pantins de politiques".

Mais elle, l'artiste, l'écrivaine, éditorialiste, l'incarnation de la Culture et de l'Esprit critique ? Elle nous décrit dans ce livre qu'elle se fait inviter à dîner dans le plus cher palace parisien par un inspecteur des finances, ancien Haut-fonctionnaire devenu banquier d'affaires. Elle va jusqu'à décrire les Saint-Honoré qu'elle y déguste dans des assiettes en porcelaine, avec de l'eau d'Australie dans des verres en cristal (oui, jusqu'à ce niveau de détails). Ce n'est pas tout : elle flirte avec le banquier d'affaires. Elle a envie qu'ils couchent ensemble. Elle l'embrasse et lui glisse sa carte de visite espérant qu'il la rappelle. Et elle l'absout totalement, terminant à la toute fin du livre (avant dernière page) par "il n'est pas détestable", "plus [intéressant] que je ne pensais, on a des préjugés". Bref, ces élites dont elle a passé 200 pages à nous expliquer qu'elles sont pourries de fric et de combines ne sont finalement pas si détestables que ça, quand on apprend à les connaître, c'est nous qui avons des préjugés. Waaaaaaaaaaa !!! Tous ces monologues ampoulés pour en arriver à cette chute ? Sérieusement ?!

Ecrit au 2e degré, ce livre pourrait être une attaque féroce contre les artistes (qui ne voient plus la misère et ne demandent qu'à manger dans les menottes du grand capital et à se faire baiser par lui).
Sauf que non, le livre de Cécile Guilbert est bien du premier degré. Elle ne réalise même pas, semble-t-il, à quel point ce livre est consternant pour la figure des artistes, qu'elle incarne.

L'anti-Florence Aubenas, l'anti-"Quai de Ouistreham".









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Le sujet est très parisien (deux anciens de Sciences-Po se retrouve après 30 ans et discute dans Paris) et pourra décourager beaucoup de lecteurs : il faut être un fan de la politique française et un fin connaisseur des événements de ces dernières années.

Ce roman avait été conseillé par le Masque et la Plume et j'ai été très déçu. L'auteur a une écriture très ampoulée, un style lourd (de nombreux changements de narration, de locutions latines ou de néologismes en italique par exemple...). Se rajoute à cela qu'elle évoque un monde qui vit en vase clos avec ses codes (qui ne seront pas expliqués aux lecteurs), ses personnages de l'ombre (Nicolas Bazire et Aquilino Morelle par exemple), ses lieux importants (les bars et restaurants des grands hôtels parisiens). Tout cela a rendu cette lecture très déplaisante. Le seul moment où l'écriture m'a plu est lorsque l'auteur se met dans la peau de son ancien camarade de Sciences-Po, elle lâche son style pompier et parle plus simplement de choses intéressantes.

Néanmoins, on pourra être impressionné par l'extrême actualité de ce texte (on évoque les "fake news" de Trump, le regain d'intérêt pour Fillon...).
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Précisons tout de suite que le titre ne fait pas référence au parti, mais à la classe politique en général et qu'il tient autant du pamphlet que du roman.
En novembre 2016, la narratrice, "la fille en noir", retrouve un ancien de Sciences-Po, Guillaume Fronsac. Trente ans ont passé, ils ont suivi des voies différentes. Elle est devenue écrivain, il fait partie de l'élite politique, avec passage obligé dans une banque d'affaires. Sans en parler, ils ont tous deux en mémoire un baiser torride échangé dans une fête où l'alcool et la coke avaient bien circulé.
Ils vont passer la soirée ensemble à évoquer l'état du monde et de leurs désillusions, loin de leur jeunesse ouverte à tous les possibles.
Je suis embarrassée pour parler de ce roman, tout simplement parce qu'il est tombé au mauvais moment. La saturation d'informations sur les turpitudes de notre classe politique ces dernières semaines a atteint un tel niveau que pour moi c'est l'overdose. Or, ici, il est énormément question de l'entre-soi, des petits arrangements entre amis, du cynisme et de la malhonnêté de trop d'élus ou de hauts-fonctionnaires qui n'ont en tête que leurs intérêts personnels, tout en se croyant d'une essence supérieure.
Je n'ai rien découvert que je ne sache déjà, dans les grandes lignes et je n'ai pas envie d'en savoir davantage. Certains sont nommés et le portrait féroce qui en est fait est sans doute trop vrai, comme Nicolas Sarkozy et François Hollande, d'autres ne le sont pas et dans les milieux parisiens, je pense que l'on joue au petit jeu de qui est qui, mais personnellement, ça m'est égal. Ce que je retiens, c'est que le constat est glaçant et ne laisse aucune place à l'espoir.
Reste l'aspect roman. Je n'ai pas cru vraiment à cette histoire ancienne entre Guillaume Fronsac et "la fille en noir", histoire qui n'a d'ailleurs pas eu lieu. Ils jouent à se séduire d'un bar de luxe à un grand hôtel, dans un périmètre parisien chargé d'histoire, tout en restant sur leurs gardes l'un et l'autre. C'est peut-être le côté déambulation dans un Paris nocturne et désert qui m'a le plus intéressée, avec la découverte d'une belle plume.
Je suis certaine que ce roman trouvera ses lecteurs, qui sauront l'apprécier, moi je suis passée à côté.

Lien : http://legoutdeslivres.canal..
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Réunion d'anciens copains d'école version bling-bling matinée de bobo.
30 ans après leur sortie de Sciences Po, la narratrice retrouve sur le plateau de Thierry Ardisson ses anciens copains de promo. Ils sont tous devenus de plus ou moins grands noms de ce que l'on appelle aujourd'hui la médiacratie alors qu'elle végète dans sa condition d'auteur au succès minimum mais à caution intello maximum aux côtés de son artiste de mari.
Une virée nocturne dans Paris et ses palaces en compagne de Guillaume Fronsac, un vague ex-béguin d'alors, devenu banquier d'affaire, est l'occasion de remonter le fil de l'histoire. Portraits assassins, radiographique d'une époque éperdue d'envie de réussir, il y a un peu de tout cela dans ce roman à clés. Si la peinture de ce petit monde est grinçante à souhait, le ton auto-complaisant de la femme en noir (le double à peine voilée de l'auteur) est quant à lui parfaitement irritant.
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Les Républicains est un titre qui, dans le houleux contexte actuel peut prêter à confusion. Il s'agit effectivement d'un roman politique, mais qui englobe l'ensemble de la classe politique, très parisien...mais très bien écrit, ce qui n'est pas si fréquent...peut-être excessivement sophistiqué ici ou là. Cela fait passer un contenu de type tir à vue, très "tendance", et du coup schématique.
C'est un livre décevant car on reste à la surface des choses , comme dans un mouvement d'humeur. Cette soirée entre les deux protagonistes pouvait se suffire à elle-même à condition de lui donner suffisamment de consistance. Un roman plaisant mais oublié sitôt lu.



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critiques presse (2)
Telerama
22 mars 2017
Cécile Guilbert brosse un portrait d'époque aussi ténébreux qu'altier, et d'une saisissante lucidité sous-tendu par une réflexion mélancolique sur la démocratie et le spectacle, la folie du pouvoir et ses armes.
Lire la critique sur le site : Telerama
Culturebox
01 mars 2017
Un constat assassin, rédigé au stylet.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Il y avait d'abord l'immense rectangle du jardin des Tuileries, dont ils ne distinguaient plus ni les allées ni les bosquets, seulement l'étendue sablonneuse à travers les branches dénudées des marronniers, toute sa canopée disparue sous la herse du général Hiver. Demeuraient seuls perceptibles ses vastes contours, délimités par le fleuve invisible, et l'harmonieuse enfilade d'arcades parallèle à la terrasse des Feuillants d'où Fronsac et la fille en noir apercevaient simultanément la masse sombre du musée d'Orsay, l'or bruni du dôme des Invalides dialoguant avec celui du pyramidion couronnant l'obélisque de Louxor et, plus à l'ouest, comme dans l'arrière-plan d'un tableau, les scintillements argentés de la tour Eiffel.
De ce somptueux paysage urbain qui déployait dans ses axes et ses perspectives une théorie de vestiges monarchiques et révolutionnaires, de ce panorama désormais immuable dans lequel surnageaient, pour qui savait les lire, tant d'événements, tant de signes et de symboles, tant de destructions et de reconstructions sorties du tumulte de l'Histoire, se dégageait pourtant une harmonie, une unité, qui est comme la poésie de l'ordre. Accolée à ce qu'il y a de plus français dans Paris, cette concordance résumait bien le génie national, mélange de principes et d'idées claires culminant dans la mathématique incisive de ses constitutions comme de ses grands livres souverains qui, à l'instar de ceux de Laclos et Stendhal, n'ont rien de bourgeois.
Ce plaisir des yeux conducteur d'un plaisir de tête les plongeait dans une rêverie dont toute la douceur était d'être flottante. Fermées à cette heure, les laides échoppes à camelote de souvenirs avaient de nouveau laissé place à la pureté des lignes architecturales sur lesquelles leurs regards erraient. Un charme aristocratique enveloppait ce décor tandis qu'ils croisaient, le long du sol en pierre dure de cette rue percée sous le premier Empire qui portait le nom d'une victoire napoléonienne, une plaque signalant un ancien logis de Vauban, une rue du 29 juillet rappelant la révolution de 1830, et d'autres traces qui ne disaient plus rien aux français mordus d'amnésie.
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"Ecoute, je vais te dire un truc dont je suis convaincu : même si je me trompe, même si ce n'est pas pour demain, ce changement arrivera après-demain ou encore plus tard mais il arrivera. Regarde autour de toi, tout craque de partout, notre modèle est obsolète et l'aspiration à davantage de démocratie directe est en marche, on ne l'arrêtera plus, le divorce entre le monde politicien et la société civile est consommé, le roi est archi nu, ce qui suffit à juger complètement déphasé le bal hors-sol des prétendants à l'Elysée qui feraient bien de revoir de fond en comble leurs logiciels antiques. Tu te rends compte, trente candidats il y a six mois ! Et pour quoi ? Faire un 20 heures, peser dans l'appareil, obtenir un portefeuille dans le futur gouvernement, et toutes ses prétentions risibles sans la queue d'une idée neuve !".
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Quand on écrit bien, on a contre soi deux ennemis : le public, parce que le style le contraint à penser, l’oblige à un effort, et les gens de pouvoir parce qu’ils sentent en vous une force qui rivalise avec la leur. Or ton style, qui découlait de ton tempérament, était ton unique force, pensais-tu. Personne ne te l’avait jamais contesté, pas même ceux qui te détestaient. Et la force, dixit Napoléon, parce qu’elle est dépourvue d’erreur comme d’illusion, c’est le vrai mis à nu. Ces pensées galvanisantes t’avaient calmée.
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(...) la vanité, cette poupée mécanique qui rend idiots les plus intelligents, ridicules les plus talentueux, et résume à Paris toutes les passions.
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« Le pouvoir réside là où les hommes s’imaginent qu’il doit résider : c’est un leurre, une ombre sur le mur… Et un très petit homme projette quelquefois une très grande ombre. »

Varys dit « L’Araignée »
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Vidéo de Cécile Guilbert
D'où vient la critique littéraire ? À quoi sert-elle ? Aujourd'hui, quelle place occupe-t-elle encore ? On en discute avec nos invités, l'essayiste et romancière Cécile Guilbert, la journaliste Gladys Marivat et l'historien de la littérature Samuel Baudry.
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