Mais elle a perçu peu à peu ce que ces prêtres s'attachent à lui démontrer : que c'est elle, la mauvaise chrétienne, qu'elle trahit le Ciel, qu'elle est en révolte contre le Ciel, qu'elle est une hérétique à l'égal de ces hussites dont elle a entendu parler et qui lui font horreur. Et qu'on puisse la prendre - elle ! elle ! - pour une ennemie de la Foi, une une adversaire hypocrite du Seigneur Jésus dont elle amis l'image sur son étendard, elle n'en revient pas. Voilà donc pourquoi on lui a demandé, dès le début, si elle pratiquait la communion fréquente. Et elle avait répondu : "Passez outre. cela n'est pas du procès." Pas du procès ? Mais, pour ses juges, c'est là le procès même. Il s'agit de démontrer qu'elle n'est pas du bercail, qu'elle n'a rien à y faire, qu'elle doit en être chassée. Bien autre chose qu'une pècheresse ; une pernicieuse, une contagieuse qui risque de tout infecter. Elle se fait passer pour catholique, et rien n'est plus dangereux, car elle est le contraire d'une chrétienne ; elle est la honte et l'opprobre du catholicisme. La voilà, la thèse du tribunal.
Henri Guillemin : Entretiens à propos de Gustave Flaubert (1963 / France Culture). Diffusion sur France Culture les 11, 12 et 13 juillet 1963. Par Benjamin Romieux. Présentation des Nuits de France Culture : Il se définissait comme un "homme-plume" et laissa derrière lui, en plus de quatre romans et trois contes fameux, quelques 30 000 pages de manuscrits et une correspondance riche de plusieurs milliers de missives. C'est dans cette dernière, surtout, qu'en juillet 1963, pour trois émissions diffusées sur France III Nationale, Henri Guillemin allait puiser pour tenter d'approcher ce qu'il appelait "la personnalité profonde de l'écrivain", ou plutôt comment il la voyait. 1963, période à laquelle, dans le même temps, les écrivains du Nouveau Roman redécouvraient l'auteur, qui n'était pas alors — il faut s'en souvenir — cette référence incontournable de la littérature contemporaine qu'il est depuis devenu. Ainsi François-Régis Bastide qui, cette année-là précisément, en préface à la première "Éducation sentimentale" parue au Seuil, écrivait : « Nous le savions bien, mais nous le savons mieux : le patron, c'est bien Flaubert. » C'est donc au "patron" qu'étaient consacrées ces trois émissions, diffusées pour la première fois sur France III Nationale les 11, 12 et 13 juillet 1963.
Gustave Flaubert est un écrivain français né à Rouen le 12 décembre 1821 et mort à Croisset, lieu-dit de la commune de Canteleu, le 8 mai 1880. Considéré, avec Victor Hugo, Stendhal, Balzac et Zola, comme l'un des plus grands romanciers français du XIXe siècle, Flaubert se distingue par sa conception du métier d’écrivain et la modernité de sa poétique romanesque. Prosateur de premier plan de la seconde moitié du XIXe siècle, Gustave Flaubert a marqué la littérature universelle par la profondeur de ses analyses psychologiques, son souci de réalisme, son regard lucide sur les comportements des individus et de la société. La force de son style se révèle dans de grands romans comme "Madame Bovary" (1857), "Salammbô" (1862), "L'Éducation sentimentale" (1869) ou le recueil de nouvelles "Trois Contes" (1877).
01:22 : 1er entretien
17:49 : 2ème entretien
37:03 : 3ème et dernier entretien
Sources : France Culture et Wikipédia
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