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EAN : 9782070385560
256 pages
Gallimard (03/11/1992)
3.82/5   25 notes
Résumé :
« Pour une journée qui s'annonçait vide, elle commençait de bien bonne heure... »
Durant cette journée du 11 septembre 1939, sur une passerelle de la gare de Saint-Brieuc, le narrateur, comme s'il attendait quelque train toujours retardé, se rappelle une rencontre : Salido, combattant antifranquiste, qu'il a connu du temps où il était chargé d'accueillir des réfugiés de la guerre d'Espagne. Ainsi ses souvenirs vont-ils s'organiser autour de Salido, ce rebelle... >Voir plus
Que lire après Salido (suivi de) O.K., Joe !Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
A l'aube de ce 11 septembre 1939, le ciel est clair, le soleil déjà haut ; une belle journée d'été s'annonce. le narrateur se promène dans la gare de Saint-Brieuc. Volontaire au sein d'un centre d'accueil, il attend un train de réfugiés originaires de Paris ou du nord du pays. Une sirène d'alerte qui se met à hurler et la présence de soldats anglais rappellent que la France est entrée en guerre une semaine plus tôt. le narrateur aperçoit au loin un vagabond et se remémore sa rencontre trois mois plus tôt avec un soldat Républicain nommé Salido. le narrateur s'occupait alors de l'accueil de réfugiés espagnols pour le Secours rouge. Au sein d'un groupe de miliciens blessés, le lieutenant Salido se singularise par son « regard de bête folle de rage derrière les barreaux ». le narrateur le compare à un chat sauvage. Lors d'une entrevue, Salido lui a communiqué son souhait de s'évader pour gagner Moscou. le narrateur accepte d'aider le fugitif.

Le second récit débute peu après la libération de Saint-Brieuc. Louis, le narrateur, est interprète auprès du maire de la ville. Désoeuvré, il accepte la proposition d'officiers américains d'assurer la traduction des enquêtes et des procès de la justice militaire des forces armées américaines. de par sa mission, il se situe au coeur de l'action. Il a beau être le témoin privilégié de l'Histoire en marche, il se sent étranger aux événements. Les GI sont bienveillants à son égard et affichent une assurance impressionnante et un optimisme naïf. Lors des séances de la cour martiale, les fractures de la société américaine apparaissent au grand jour. Les soldats jugés pour des faits de viol ou de meurtre sont exclusivement des afro-américains. Ils sont condamnés à mort dans la plupart des cas. le seul blanc poursuivi pour le lâche assassinat d'un résistant est acquitté. Cet officier des Rangers s'était pourtant déjà illustré par sa folie furieuse en abattant gratuitement des prisonniers allemands. C'est la guerre, son lot d'injustices, de tueries et de malheurs...

J'ai retrouvé dans ces deux récits la marque de fabrique de Louis Guilloux. L'écriture est précise et limpide. Tout est raconté avec justesse et simplicité. Il raconte aussi bien l'histoire de militants communistes qui organisent la fuite de leur camarade espagnol, par solidarité, que celle d'un maquis breton écrasé par la milice. Les témoignages sont poignants, réalistes et sans fioritures. Figure oubliée, Louis Guilloux demeure pourtant un écrivain majeur du XXème siècle.

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11 septembre 1939, cela fait onze jours que la deuxième guerre mondiale a commencé, les trains sont désorganisés, la priorité est donnée aux transports militaires.

Des soldats anglais sont déjà en France, bloqués dans des gares dans l'attente du départ au front. Les nouvelles sont inquiétantes : Varsovie a été bombardée…

Louis Guilloux se souvient d'une rencontre à la fin de la guerre d'Espagne, la rencontre avec Salido, combattant républicain, communiste arrivé de Port-Vendres avec une blessure à la tête. La mère Gautier disait que c'était un salaud…Guilloux était chargé de l'accueil des combattants communistes, de leur trouver une planque, de les accompagner…

Salido fuyait la police, qui l'aurait immanquablement renvoyé dans les camps.
Il voulait partir en Russie afin de poursuivre le combat contre le fascisme et avait demandé à Louis Guilloux de l'aider, mais il fallait attendre l'accord de « la-haut », des camarades du Parti, de Paris…
Souvenir d'une cavale,
Souvenir d'une époque, celle de la fin de la Guerre d'Espagne, atmosphère du début de la Deuxième Guerre mondiale.
O.K., Joe
C'est, grâce à un auteur américain John Edgar Wideman que j'ai découvert dans « Écrire pour sauver une vie », d'une part Louis Guilloux, d'autre part la condition des soldats noirs enrôlés dans l'armée américaine qui débarqua en 1945.
Il n'en fallait pas plus pour piquer ma curiosité et trouver « O.K., Joe », dont il faisait mention. Merci à Recyclivre auprès de qui je l'ai trouvé.
Dans cette deuxième nouvelle de ce livre, Louis Guilloux nous raconte son expérience d'interprète au service de l'armée américaine qui venait de débarquer en France. Il officiait au sein des tribunaux militaires saisis par des français à la suite d'exactions de soldats américains, meurtres, viols,etc. « La guerre n'était pas finie. le débarquement avait réussi, mais de nombreux Allemands résistaient encore, dans Saint-Malo, dans Brest, à Lorient. »
Il travaillait souvent en relation avec deux officiers de cette cour martiale, d'une part le lieutenant Robert Stone, avocat dans le civil devenu procureur dans ce tribunal et d'autre part le lieutenant William Bradford, étudiant en droit avant la guerre, officiant en qualité d'avocat des accusés.
Louis Guilloux, après avoir juré de traduire fidèlement les propos des plaignants leur demandai de prêter serment, traduisait les questions de la cour et les réponses des plaignants….La cour jugeait essentiellement des soldats noirs accusé de meurtre, de viols…Ils emplissaient les prisons militaires :
« Aucun n'avait de veste. Presque tous des hommes de couleur.
– Ce n'est pas une prison spéciale pour les hommes de couleur, dites, Joe ?
– Non. C'est la prison. »
Des soldats vite jugés, vite pendus. L'image de cette armée américaine, de ses GI propres, apportant la liberté en prend un coup. On découvre une armée et un peuple racistes, des tribunaux ayant deux poids, deux mesures, selon la couleur de peau des accusés. Une armée et une nation qui versent aussi des dommages et intérêts dérisoires aux plaignants et quelques paquets de cigarettes
Une armée et un interprète qui assistent aussi, sans intervenir aux exactions diverses commises après le départ des soldats allemands, femmes tondues en place publique, arrestation de collabos.
Bref..une image inconnue jamais lue auparavant, bien loin des images et messages traditionnels
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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OK, Joe ! (Folio 2€)
L'écrivain breton Louis Guilloux a écrit ce court témoignage plus de trente ans après les faits. En août 1944, dans une ville bretonne récemment libérée par les troupes américaines, il avait été embauché comme interprète par la justice militaire expédiant des affaires de viols et de crimes qui impliquaient des soldats US.
Encadré de deux lieutenants cultivés et cordiaux, vite appelés par leurs diminutifs Bob et Will, véhiculé dans la jeep conduite par Joe, le voilà par les routes de campagne, dans les fermes, à recueillir et à traduire les témoignages des victimes. Puis en cour martiale, après une audience rondement menée, il va constater que les accusés sont toujours condamnés. À la corde.
« Mais pourquoi toujours des Noirs ?* » telle est la question dérangeante qu'il pose à ses interlocuteurs américains, qui lui répondent par des boutades.
Ces faits ont pesé sur sa conscience pendant des décennies, ont mûri dans son souvenir : mais son texte, rédigé à l'américaine, à partir de faits et de dialogues bruts, rapportés sans analyses psychologiques ni commentaires, nous livre un témoignage de poids, concis et tout en allusions. Il nous laisse confrontés à cette interrogation non formulée : comment l'armée régulière d'une grande démocratie occidentale, venue en Europe combattre le nazisme et son racisme génocidaire, a-t-elle pu se rendre coupable d'un racisme inconscient et systémique ?
S'y ajoutent des scènes vues, de pillages spontanés, de bravades des FFI, de filles tondues, qui livrées sans aucun jugement, font revivre de façon saisissante cette période de bouleversements humains de fin de guerre.
Un texte bref mais d'une très grande force.
* Je cite le texte

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salido :magnifique et désuète peinture sociale d'entre la fin de la guerre d'Espagne et la 2ème guerre mondiale dans une petite ville.

OK JOE : chronique de la libération par l'armée américaine avec son cortège de justice et d'injustices, de mesquineries et d'espoir. Louis Guilloux regarde étonné, bienveillant, parfois révolté, toujours plein d'humanité envers les gens qu'il rencontre.
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Voici un livre que je vais oublier bien vite. Les deux histoires se lisent facilement, on s'intéresse aux personnages, mais on termine les récits avec une sensation d'inachevé. Dans le premier comme dans le deuxième, on arrive au bout et on se dit "Et alors ?"
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Les Français que nous sommes se croient un peu trop facilement à l'abri des malheurs qui partout en Europe et ailleurs frappent des centaines de milliers de gens. Vous pensez, comme moi-même, tout en sachant que ce n'est pas vrai, que parce que la France est la France cela n'arrivera jamais chez nous ! Vous avez la plus haute opinion de votre pays et vous l'aimez. N'est-ce pas vous qui un jour m'avez parlé des grandes traditions d'accueil de la France et ajouté que, justement, parce qu'elle pouvait se croire à l'abri des persécutions qui s'exercent ailleurs contre les juifs, les intellectuels, les communistes, les démocrates ou contre le peuple tout court en Espagne, et les Noirs en Amérique, cette même France se devait plus que jamais de maintenir ses traditions, en accueillant, en protégeant, en réconfortant les persécutés ? Et comme ce ne sont pas toujours les gens de droite qui s'en chargent, il faut bien que ce soient les autres ? Au nom de la France, pas seulement au nom de la solidarité ou de l'action politique. Il faut que certaines choses soient faites non seulement pour mettre fin au scandale, mais pour l'honneur.

Salido
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Elle a ouvert la porte. Je suis entré dans une pièce à peu près vide. Sans un mot, la vieille femme est allée tout droit à une commode dont elle a ouvert un tiroir. Elle a sorti du tiroir des photos qu'elle a étalées sur une table : les portraits de ses enfants et de ses neveux que les Allemands étaient venus chercher ici. Une fois ils en avaient emmené trois d'un coup. Elle m'a dit cela d'une voix sans larmes, puis elle a remis les photos dans le tiroir et elle m'a fait entrer dans une pièce voisine où se trouvait couché sur un grabat un vieillard chauve aux joues creuses, aux yeux creux, à la longue barbe blanche, un Job moribond...

(...)Elle a ouvert la porte et nous nous sommes regardés, nous ne savions quoi nous dire. A la fin, je lui ai demandé pourquoi elle ne m'avait pas répondu tout de suite, quand j'avais frappé ? Mais j'ai compris, à son regard, que je n'aurais pas dû lui poser cette question. Est-ce que je ne savais pas l'horreur dont elle avait été saisie en entendant le bruit de mes brodequins sur les marches ?

J'ai redescendu l'escalier lentement, en m'efforçant de faire le moins de bruit possible.
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... L'espèce d'indifférence contre laquelle j'avais eu tant de mal à lutter depuis des mois était toujours la même. Et pourtant l'événement était là, et j'y étais moi-même, mais étranger. Je me ressentais peut-être du récit horrible que nous avait fait notre hôtesse la veille. Récit, hélas, qui venait s'ajouter à tant d'autres non moins horribles, de maisons brûlées de jeunes gens pendus sous les balcons des places de villages, de rafles et de massacres comme aux temps les plus sombres de la vieille histoire.

O.K., Joe !
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Vidéo de Louis Guilloux
Une île : Maurice. Quatre personnages : un oncle et sa nièce, une femme qui vient de quitter son mari, un chef de bande assoiffé de vengeance. Une journée où tout va exploser : la cité, les haines et les colères, peut-être l'île aussi. Enfin, d'étranges animaux qui attendent que les humains finissent de se détruire pour vivre seuls, en paix : les caméléons. Unité de lieu, de temps, d'action ; le compte à rebours est lancé, la tragédie peut commencer. Dans ce roman impossible à lâcher, tout à la fois drame social, fable contemporaine et méditation sur l'avenir de notre humanité divisée, Ananda Devi lie le destin de quatre anti-héros qui, sans le vouloir, vont allumer la mèche d'une révolte impossible à arrêter. Avec sa langue tour à tour tendre et ironique, tranchante et poétique, elle nous plonge dans le chaos des hommes, met à nu nos travers et nos fautes, et interroge la possibilité d'une rédemption rêvée. On ne sort pas indemne d'un livre si puissant. Mais on en sort réveillés.
Ethnologue et traductrice, Ananda Devi est née à l'île Maurice. Auteur reconnue, couronnée par le prix du Rayonnement de la langue et de la littérature françaises en 2014, elle a publié des recueils de poèmes, des nouvelles et des romans, notamment "Ève de ses décombres" (Gallimard, 2006, prix des Cinq Continents, prix RFO), "Le sari vert" (Gallimard, 2009, prix Louis Guilloux), et "Le rire des déesses" (Grasset, 2021, prix Femina des lycéens).
En savoir plus : https://bityl.co/Jcds
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