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EAN : 9782070361274
160 pages
Gallimard (20/06/1972)
4.12/5   39 notes
Résumé :
Posté matin et soir rue dix Havre pour vendre des billets de loterie, Julien Legris se distrait de la monotonie des jours en observant le flot pressé des gens de banlieue que déversent à heure fixe les trains de la gare Saint-Lazare. Il a ses préférés parmi ces passants. François, par exemple, lui semble fait pour Catherine mais onze minutes séparent l'arrivée de leurs trains respectifs et, on le sait, la S.N.C.F. ne badine pas avec l'horaire. Julien rêve, sans rien... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Pour ma troisième lecture de Paul Guimard, j'ai choisi le dernier arrivé dans mon container à lire: Rue du Havre... Dans son édition du Livre de poche de 1967. Numéro 2125. Avec la tranche rose des pages, et le format moindre du volume en hauteur.
Bonne pioche, bon choix: Rue du Havre raconte trois tranches de vie d'avant la Noêl, rythmées par l'arrivée des trains de banlieue à la Gare Saint-Lazare.
Saint-Lazare qui expulse ses flots d'existences livrées à leurs journées travailleuses.
Julien les voit passer, lui qui vend sans grand art ni conviction, ses dixièmes de la Loterie nationale. "Tentez votre chance".
Julien a ses deux favorits: François et Catherine, qu'il pressent faits l'un pour l'autre, même s'ils ne peuvent se rencontrer... Leurs trains respectifs arrivent l'un après l'autre. C'est ballot! C'est triste. C'est la vie.
Paul Guimard, dans trois parties plus une, va nous raconter non sans humour, légèreté et gravité juste comme il faut, l'itinéraire de ces trois êtres. Singulière triangulation, dans laquelle l'auteur (c'est son deuxième roman) affute son style, sa marque... Triangle du hasard et de la destinée, que le lecteur entraîné se demande s'il sera refermé.
Chacun des trois personnages, en tout cas, est à un carrefour de son existence: Julien, le vieil homme; François, le trentenaire et Catherine avec ses dix-huit ans.
Il y a, sur Rue du Havre, cette patine du Paris des années d'après-guerre.
Guimard (Paul), se montre le digne chroniqueur de la respiration de la capitale qui inspire, expire. Ce flot, cette marée dont Julien Legris observe le mouvement.
Du bel ouvrage, à lire sans restriction et à relire à l'occasion.
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La force du destin ou le hasard du destin, l'un ou l'autre, l'homme se perd toujours. Il faut se méfier des marchands qui restent des journées entières devant leur étal, ils connaissent tous les passants réguliers, leurs habitudes quotidiennes du moins celles qui se révèlent à leurs yeux, le physique, les fringues, les horaires, l'air qu'ils reflètent le stress ou la détente. Julien Legris, posté sur la rue du Havre à l'entrée de la gare Saint-Lazare pour vendre des billets de lotérie, se familiarise discrètement avec chaque passant, il récite les horaires de chacun avant que celui-ci ne se présente. Mais deux jeunes personnes vont attirer son attention...si sa vie, à lui, a filé aussi vite qu'il ne se souvient plus d'avoir connu des moments assez extraordinaires, puisqu'il est dans la soixantaine, il aimerait créer une surprise pour ces deux jeunes gens qui, d'ailleurs, ne se connaissent pas. Lui, c'est François, elle, c'est Catherine, onze minutes les séparent dans leur horaire respectif, Julien Legris mijote un moyen de créer une rencontre des jeunes gens, il faut trouver une occupation à l'un pendant onze minutes...entre temps, des deux jeunes gens, chacun a une vie...aussi vide que celle de Julien Legris, seulement dans la jeunesse, on espère bien rattraper les choses...
Un livre saisissant sur l'étrangeté de la vie, des rencontres, du temps, des circonstances, et l'homme est l'être qui subit tout, qu'il crie, qu'il crève, pas de pitié, la vie suit son cours, que l'homme veuille une chose, en tout cas la vie n'en fait qu'à sa tête....
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Comme tous les jours, matin et soir, Julien Legris est fidèle au poste, rue du Havre à quelques pas de la Gare Saint-Lazare. Il propose ses billets de loterie au flot pressé des habitués que la gare toute proche lui envoie chaque jour à heure fixe. Des anonymes, bien entendu…Et dans ce flot de passant grisâtres, deux personnages en couleur : François et Catherine. Pourquoi eux ? Julien n'en sait rien, mais chaque jour qui passe le conforte dans son idée : ces deux là sont faits l'un pour l'autre et l'ignorent. Comble de tout, la SNCF a mis onze minutes entre l'entrée en gare de leurs trains respectifs ; la rencontre est impossible. A moins que…
A moins qu'un le hasard ne vienne mettre sur la parcours de François un motif de retard, Julien hésite à intervenir mais un jour François s'arrête : le Grand Magasin qui l'emploie a besoin d'un père Noël pour les fêtes de fin d'année. Julien est-il intéressé ? L'occasion est trop belle pour lui ; alors il parle et parle, et parle encore… Onze minutes…
Toute l'oeuvre de Paul Guimard, dont c'est ici le deuxième roman, sera construite autour de l'inéluctable d'une rencontre, du croisement des destinées. Inéluctable certes... Si l'on fait abstraction du hasard et de sa gestion toute particulière de l'impondérable.
A mon goût, un des meilleurs Guimard, une histoire ironique et tendre.
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A Paris, St Lazare, les passants sortant de la gare défilent sous les yeux de Julien, modeste vendeur de billets de loterie. Il observe, Julien, il imagine, il fait même des projets pour ceux qu'il voit passer. François et Catherine font partie de ceux-là et Julien aimerait les voir un jour ensemble. Mais...
Chaque chapitre entre dans la vie de chacun des personnages, dans leur intimité, leurs espoirs et leurs rêves. Une belle écriture, un roman tendre et doucement ironique.
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Je n'ai pas encore lu les autres romans de Paul Guimard mais cet auteur semble aimer jouer avec ce que l'on nomme généralement l'effet papillon, c'est-à-dire qu'il s'intéresse aux détails d'une situation présente et en les changeant observe les répercussions qu'ils créeront dans le futur. Dans Rue du Havre c'est un des personnages, Julien, vendeur solitaire de billets de loterie à la sortie de la gare Saint-Lazare, qui tente de perturber le présent pour influencer l'avenir. Chaque jour, parmi les nombreux passants sortants de la gare il a repéré François et Catherine qu'il sent comme étant faits l'un pour l'autre. Malheureusement ces deux tourtereaux imaginaires sont séparés par onze minutes, le temps qui espace les arrivées en gare de leurs trains respectifs, une éternité si l'on considère qu'ils ne se rencontreront jamais…

Un tel scénario pourrait glisser rapidement vers la facilité mais heureusement tout ne se déroule pas comme on aurait pu le penser. Il y a beaucoup de poésie dans cette histoire, un peu parce qu'on ressent le charme désuet de l'époque où elle a été écrite (1957) mais surtout parce que Guimard arrive très bien à illustrer la fragilité des liens qui nous unissent ou la sensibilité des différents chemins que peuvent prendre nos vies, le hasard y étant pour beaucoup.
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critiques presse (1)
LeFigaro
22 mars 2024
Les Éditions de l’Échappée, qui exaltent la poésie du Paris d’hier, rééditent le roman de ce cher ami d’Antoine Blondin.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
La femme que j’aimerai n’aura pas achevé sa création du monde. Elle ne sera pas clouée au sol par les brodequins de plomb de la certitude. Elle hésitera souvent au bord des attitudes à prendre, des gestes à faire. Elle ne verra pas le monde en blanc et noir. Elle sera perméable et vulnérable aussi. Elle connaîtra le goût des solitudes où l’on s’égare. Nous avancerons côte à côte comme deux funambules sur un fil incertain et nous ne trouverons notre équilibre qu’en nous donnant la main.
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Aux matinées de Saint-Lazare on peut mettre une heure sur chaque visage et cette particularité imprime aux environs de la gare une caractère singulier. Le quartier Saint-Lazare est soumis aux marées. Le flot montant déferle chaque matin. Les mascarets de la Seine ou du Couesnon se prolongent dans la vague énorme des banlieues de l'Ouest comme si, par d'invisibles correspondances, tous ces rails qui viennent de la mer en transmettaient les pulsations.
L'amplitude des marées ne varie guère. A l'exception de l'équinoxe d'été ou le flot monte plus haut sur les quais de la gare, c'est chaque jour le même volume, le même niveau et la même couleur triste des océans du Nord.
La marée est moutonnante tout le jours, et le jusant, le soir venu, découvre le quartier comme il découvre une grève. Le flot se retire, laissant dans son lit à sec quelques mares à crevettes, des flaques de petites vendeuses du "Printemps" prises au piège du reflux. Les rues frénétiques deviennent des chenaux vides sous le balisage inutile des enseignes au néon.

Page 14 et 15 chez "Le livre de poche"
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Ses sentiments restaient à l'échelle d'un vocabulaire mesuré où transparaissait la timidité des humbles en face des mots. Pour parler de ses chagrins il disait "mes ennuis". Il disait "c'était dur" en parlant de Verdun et "je suis fatigué" lorsqu'il était malade. Il faut avoir des loisirs et une certaine fortune pour "adorer" ou "souffrir atrocement".
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Elle m’a dit cette phrase il y a trois semaines? quatre semaines?... Ces choses-là ne se comptent pas en heures, minutes, ni secondes. C’est d’une autre mathématique qu’usent les amants et les prisonniers. Le système métrique ne rend pas compte de toutes les dimensions. Aux portes des prisons, il y a toujours un bistrot, surmonté le plus souvent d’une enseigne : « On est mieux ici qu’en face. » Pour les gardiens ce bistrot est à trente mètres. Pour les prisonniers, il est à trente mètres et un an, deux, cinq ou dix ans, selon le cas. Irène m’a dit cette phrase il y a trois semaines et une séparation.
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Julien mesura la fragilité des liens qu’il avait longuement et tendrement noués. Aussi longtemps que François n’avait été qu’une silhouette lointaine, Julien avait pu se l’approprier et créer entre eux une intimité imaginaire. Mais voici que le précaire équilibre était rompu et qu’en cessant d’être un mythe familier, François devenait un étranger.
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Videos de Paul Guimard (9) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Paul Guimard
L'émission "Le coup de coeur des libraires est diffusée sur les Ondes de Sud Radio, chaque vendredi matin à 10h45. Valérie Expert vous donne rendez-vous avec votre libraire Gérard Collard pour vous faire découvrir leurs passions du moment ! • Retrouvez leurs dernières sélections de livres ici ! • • Un si petit monde de Jean-Philippe Blondel aux éditions Buchet-Chastel https://www.lagriffenoire.com/1074724-article_recherche-un-si-petit-monde.html • La grande escapade de Jean-Philippe Blondel aux éditions Folio https://www.lagriffenoire.com/1072353-romans-la-grande-escapade.html • La mère morte de Blandine de Caunes aux éditions Livre de Poche https://www.lagriffenoire.com/1075301-romans-la-mere-morte.html • Journal amoureux de Benoîte Groult et Paul Guimard aux éditions Stock https://www.lagriffenoire.com/1076462-article_recherche-journal-amoureux.html • La chaîne de Adrian McKinty aux éditions Livre de Poche https://www.lagriffenoire.com/1075296-romans-la-chaine.html • Tant qu'il y aura des cèdres de Pierre Jarawan aux éditions Livre de Poche https://www.lagriffenoire.com/1071150-litterature-anglophone-tant-qu-il-y-aura-des-cedres.html • le jeu de la dame de Tevis Walter aux éditions Gallmeister https://www.lagriffenoire.com/1075620-poche-le-jeu-de-la-dame.html • Des messages portés par les nuages de Jean d' Ormesson aux éditions Bouquins https://www.lagriffenoire.com/1075325-romans-des-messages-portes-par-les-nuages.html • Brejnev de Andreï Kozovoï aux éditions Perrin https://www.lagriffenoire.com/1070516-essais-brejnev---l-antiheros.html • Rose de sang, rose d'Ouessant de Janine Boissard aux éditions Fayard https://www.lagriffenoire.com/1075330-romans-rose-de-sang--rose-d-ouessant.html • • Chinez & découvrez nos livres coups d'coeur dans notre librairie en ligne lagriffenoire.com • Notre chaîne Youtube : Griffenoiretv • Notre Newsletter https://www.lagriffenoire.com/?fond=newsletter • Vos libraires passionnés, Gérard Collard & Jean-Edgar Casel • • • #lagriffenoire #bookish #bookgeek #bookhoarder #igbooks #bookstagram #instabook #booklover #novel #lire #livres #sudradio #conseillecture #editionsbuchetchastel #editionsfolio #editionslivredepoche #editionsstock #editionsgallmeister #editionsbouquins #editionsperrin #editionsfayard
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