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Critique de Diabolau


Avec ce recueil, hormis pour une ou deux nouvelles, on s'éloigne un peu de la Normandie natale de l'auteur, très souvent exploitée, pour aller visiter les îlots et les méandres de la Seine lors de promenades dominicales avec un canotier sur la tête. Une atmosphère délicieusement surannée pour un ensemble très cohérent.
Les sujets traités sont très polémiques pour l'époque :
- La prostitution – que l'auteur semble décidément très bien connaître, après Boule de suif
- L'homosexualité féminine
- le suicide
- Les filles mères
- L'adultère, comme dans "Une partie de campagne" où une mère et sa fille se font purement et simplement sauter par deux canotiers pendant que leurs époux/prétendant sont en train de pêcher, mazette ! Shocking ! :-)
Pas étonnant donc que l'oeuvre ait offensé la morale bourgeoise de l'époque, ce qui a valu à Maupassant les foudres de pas mal de chroniqueurs conservateurs, mais cela lui a surtout valu un immense succès populaire, ce qui prouve bien sa capacité à traiter des sujets éminemment sociétaux, au plus proche des préoccupations de son temps. Maupassant, l'auteur social par excellence, qui a dépeint les moeurs de son siècle comme personne.
Sans rentrer dans le détail des nouvelles, ce n'est pas forcément la nouvelle titre, "La maison Tellier", qui me laissera le souvenir le plus impérissable, même si elle est fort sympathique. De même, "Sur l'eau" m'a paru assez secondaire (et j'avais deviné la fin), ainsi que "Au printemps", où Maupassant exprime – c'est récurrent chez lui – sa méfiance envers les attraits vénéneux de la femme, et en particulier envers l'institution du mariage.
"Le papa de Simon" que j'avais déjà lue par ailleurs dans une anthologie, pose la difficile question d'un enfant sans père et préfigure ce qu'on appellerait aujourd'hui le harcèlement.
"En famille", déjà lue également dans une autre occasion, m'a été un peu gâchée dans la mesure où je connaissais la fin, mais elle est bien cocasse et punit joliment la mesquinerie et l'avarice (encore une fois, la femme en prend pour son grade, alors que le mari est niais, on retrouve souvent cette ambivalence chez Maupassant, et dans ce recueil on la retrouve aussi dans "La femme de Paul" et dans "Une partie de campagne").
"Histoire d'une fille de ferme" m'a touché en plein coeur, comme très souvent quand Maupassant nous parle des petites gens et qu'il nous les décrit dans leur émouvante et authentique simplicité (voir "le gueux", par exemple, hors de ce recueil.)
Enfin, dans "Les tombales", il a réussi à m'avoir totalement avec sa chute que je n'avais pas vue venir, alors que Maupassant, le maître de la nouvelle, comme il le prouve encore ici avec brio, ne met pas toujours l'accent sur cet aspect.
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