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Critique de Hiroyuko


Ayant acquis le Horla dans la collection « Folioplus classiques », j'ai donc entre les mains un petit livre contenant les trois versions de la nouvelle ainsi qu'un dossier écrit par Christine Bénévent. Et non ! je ne l'avais jamais lu auparavant malgré l'envie que j'en avais et certains conseils.

Trois versions, donc, et trois formes différentes pour un contexte similaire : une lettre, un récit, et un journal intime. Des textes dans un style réaliste donc qui tanguent entre la folie et le fantastique, entre la réalité et le rêve, entre le connu et l'inconcevable.

Le premier des trois textes, “Lettre d'un fou”, prémisse au « Horla » est une courte nouvelle présentée sous la forme d'une lettre envoyée à un docteur et décrivant les faits anormaux que le rédacteur vit. C'est très bien écrit, très réaliste, mais la frayeur ne prend pas ; la folie du rédacteur prédomine le surnaturel et le doute plane sur la crédibilité de ses dires.

Le deuxième texte, qui est donc la première « vraie » version du Horla — on le mentionne nommément cette fois-ci — n'est plus présenté comme une lettre mais comme un récit. le locuteur s'adresse à une assemblée de médecins venus le voir, à la demande d'un pair, dans sa « chambre » d'hôpital ; le pair en question semble avoir des doutes quant à la folie du patient.
Au départ de la lecture, on pourrait penser que le rédacteur du premier texte et le locuteur du second sont une même personne, mais on comprend que c'est vraiment une refonte du texte d'origine ; des morceaux du premier figurent d'ailleurs tels quels dans le deuxième.

Une différence notable entre les deux textes : là où, dans la première version, le rédacteur demande clairement à être pris en charge par une institution, on est ici en face d'une personne qui cherche à convaincre qu'il n'est pas fou et que le Horla « existe » bel et bien. de plus, la folie peut être invoquée dans la lettre du premier texte, sans avoir de moyen de la contredire tandis que le témoignage du médecin dans le deuxième texte le rend plus flou quant à la réalité des faits. Est-il fou ? Dit-il la vérité ? Est-ce une maladie inconnue qui se répand et qui provoque des hallucinations ? A chacun de juger, mais le mystère reste entier.

Le troisième texte, sous forme de journal, commence par la contemplation de navires sur la Seine et d'une fièvre qui s'ensuit. Se sentant oppressé, il décide de faire un voyage qui le guérira. Mais à son retour...
On traite du Horla sans mentionner son nom pendant quelques paragraphes, avant une parenthèse sur l'hypnose, pour enfin revenir au sujet principal : les phénomènes étranges au domicile. Cet écart du récit est sympathique et a sa raison d'être dans une explication plus lointaine, mais il coupe malheureusement un peu l'immersion en nous faisant sortir du contexte oppressant. Cependant, on suit toujours la chute du protagoniste dans la folie, la paranoïa, l'oppression et l'obsession pour le Horla.
On notera un paragraphe (14 juillet) où il exprimera plutôt une opinion sur la société, qui n'a pas grand-chose à voir avec le reste du texte, mais qui se termine par une allusion à son thème. Ce n'est pas vraiment gênant, mais j'ai trouvé que ça tranche fortement avec le reste, d'autant plus que c'est un avis très direct et incisif.

Finalement, on reste à se demander si tout cela vient de son imagination ou si le Horla est bien réel ; dans tous les cas — indépendamment de la réalité du Horla — on peut considérer que le protagoniste est tout de même tombé, d'une certaine manière, dans la folie à la lecture de la fin.

Globalement, on a trois très bons textes qui, remis dans leur époque, sont d'une qualité extrême et d'une originalité personnelle qui ont, d'ailleurs, influencé de façon importante l'oeuvre de H.P. Lovecraft qui est devenu une référence du genre.

A recommander à ceux qui n'ont pas lu ce classique de la littérature française du XIXè s.

Hiroyuko.
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