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EAN : 9781022601512
Editions Métailié (27/08/2015)
3.58/5   19 notes
Résumé :
Maja Haderlap raconte l'histoire d'une fillette et de sa famille, mais aussi l'histoire d'un peuple, la minorité slovène en Autriche. Elle raconte une enfance dans les montagnes de Carinthie, et son écriture sensible fait entendre les bruits de la maison et du village, les disputes des parents, elle fait sentir les senteurs de l'été, le parfum de la cuisine de sa grand-mère. Son héroïne est aussi une adolescente qui essaie de trouver sa voie dans un univers extrêmem... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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En Autriche, les montagnes de Carinthie abritent une communauté de paysans slovènes depuis la nuit des temps. Mais elles hébergent aussi depuis la seconde guerre mondiale des forêts peuplées de fantômes qui ont combattu le nazisme.
Car ici et nulle part ailleurs, ce sont les souvenirs douloureux qui sédimentent et laissent une empreinte indélébile dans les familles et les paysages. Il y a les fermes laissées à l'abandon après la déportation et la mort de leurs propriétaires, les traumatismes de la guerre, la forêt qui cachait les Partisans, ensemble conduisant toute une communauté ethnique à se souder autour de la mémoire des résistants ignorés voire méprisés par L Histoire autrichienne.

Comment vit-on lorsqu'on est une fillette élevée sur le flanc de ces montagnes labourées par la tragédie, à l'ombre d'une histoire familiale dramatique ?
C'est ce que raconte la narratrice, vraisemblablement le double de l'auteure au regard de sa biographie. Avec une certaine distance, comme pour anesthésier un passé qui ne veut pas passer, Maja Haderlap raconte une fillette qui, privée des joies élémentaires des préambules de sa vie, grandit avec une mémoire saturée de vieilles histoires qu'elle ne comprend pas toujours et qui échappent à son langage.
La narratrice raconte sa tentative de se frayer un chemin solitaire entre un père qui a été martyrisé enfant par la gestapo, une grand-mère déportée et des voisins prisonniers de leur mémoire…Avec la conscience que les mots sauvent, elle "marche vers quelque chose qui se trouve vaguement vers l'avenir".

L'ange de l'oubli est un roman habité par le désenchantement, celui que peuvent ressentir ceux qui ont le sentiment d'être oubliés ou enfermés dans un monde étranger au sein même de leur propre pays. Poursuivre le dialogue avec les fantômes apparaît alors comme le meilleur moyen pour que leur histoire, leur culture ne s'éteignent pas.

On est sous le charme des particules de lyrisme et de poésie mais cette lecture m'a laissée dubitative. Malgré une constellation de vies douloureuses et une écriture qui exige le silence, l'émotion est quelque peu lointaine. Certainement parce que Maja Haderlap a construit un roman qui creuse un sentiment accablant d'immobilité et de désespoir : à l'image de la narratrice, le texte étouffe sous le poids des souvenirs et des blessures familiales. En mêlant ce qui est tout à la fois obscur, étranger et familier à une fillette, l'auteur nous délivre un texte plutôt confus voire chaotique. Entre des résurgences du passé et des constructions intellectuelles posées noir sur blanc, on ressort de cette lecture avec l'impression que l'auteure n'a pas su déterminer la nature de son récit. Il manque peut-être quelque chose qui ressemble à un élan ou des vibrations pour m'imprégner pleinement de ce récit trop désincarné à mon goût si ce texte est réellement à coloration autobiographique.


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Prisonnière des atrocités de la 2ième guerre mondiale qui ont touché violemment sa famille, une petite fille porte en elle les douloureuses traces du passé.
Celui de la minorité slovène au coeur des montagnes de Carinthie en Autriche.
Entre une grand-mère qu'elle adore mais dont l'esprit est resté à Ravensbrück et un père très fragilisé par une enfance engloutie dans les forêts sombres où les arbres ont des veinures de sang, la petite fille cristalise en elle toutes les peurs dont elle parvient adulte à s'extraire par la littérature.

Son enfance à tout jamais fichée dans les blessures et les plaies de la guerre, la jeune fille a la force et le courage de s'émanciper de ce cercueil de souvenirs pour aller vers l'oubli, vers elle-même.

Devenir une femme qui s 'échappe de la chrysalide de douleur en composant un récit, un témoignage de reconnaissance à tous les disparus.

L'ange de l'oubli de Maja Haderlap est ce lent cheminement sombre, mais aussi une victoire contre tous les démons d'une enfance meurtrie qui apprivoisés et vaincus laissent place à la mémoire et à l'écriture d'une femme libre.

Je remercie infiniment Babelio et les éditions Métaillié pour la lecture de ce livre dans le cadre de l'opération Masse Critique.
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Je remercie vivement les éditions Métailié et les organisateurs de "Masse critique" pour m'avoir permis cette lecture. Il me semble bien difficile d'en faire une critique, et j'ajoute que la 4ème de couverture est très bonne.
Je savais bien qu'il s'agissait d'un roman plutôt triste, en rapport avec la grande Histoire que je connais encore mal. Mais il m'a pratiquement été impossible de le lâcher. Il m'a bouleversée, touchée au plus profond, réveillant dans ma mémoire des souvenirs, des odeurs, des bruits, des sentiments contradictoires...
L'auteur s'exprime dans une langue poêtique sans occulter les réalités. Elle évoque des souvenirs d'enfance dans un milieu très éprouvé lors de la seconde guerre mondiale. Originaire de Carinthie, région située aux confins de l'Autriche et de la Slovénie où vit une minorité Slovène qui lutte aprement pour survivre et pour garder sa langue et sa culture, elle se souvient de son enfance. Une grand-mère, un père, des oncles et amis marqués par un passé douloureux. Dans leurs têtes et dans leurs corps ils gardent les stigmates des horreurs vécues pendant la résistance, les arrestations, les camps de concentration... ils tentent de les oublier. La grand-mère et le père de l'auteure peu à peu transmettent à leur fille, plus ou moins facilement, non seulement ce qu'ils savent ou ont vécu mais aussi leurs pensées. Marquée, la jeune fille n'aura de cesse de combler les vides de l'Histoire cachée, ces faits que personne n'évoque de peur de voir ressurgir les démons qui les ont ont fait souffrir. Etouffée par les secretss, dans une nature qui pourrait bien convenir au "Mur invisible" de Marlene Haushofer, elle lutte trouver sa voie, exister autrement que par les souvenirs du passé. "Je songe aussi qu'il est arrivé bien plus de choses que n'en peut supporter une enfance et qu'il est grand temps que je me transporte vers ce pour quoi je n'ai pas de notion toute prête" (p.82) Attirée par l'écriture elle trouvera dans cet art et dans le théâtre les moyens d'extérioriser son histoire de vivre sa vie de femme et d'artiste. Toujours, de retour au pays elle sera "portée par des sentiments d'appartenance et troublée par les contradictions politiques". La fin du roman est plutôt historique, et de ce fait un peu plus difficile à suivre. Une Postface de Ute Weinmann peut se révèler également très utile avant de commencer, pour ma part de l'ai découverte en cours de lecture. Un livre que je ne suis pas prète d'oublier.
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Oppressant. C'est le qualificatif qui vient immédiatement à l l'esprit pour décrire le sentiment éprouvé à la lecture de la plus grande partie de L'ange de l'oubli de Maja Haderlap. Et même si l'étau se desserre quelque peu au fil des pages, l'impression stagne toujours comme une eau marécageuse. La petite fille qui évoque sa vie dans la Carinthie des années 70 doit affronter un lourd héritage. Sa grand-mère est rescapée du camp de Ravensbrück et son père a combattu, dès l'âge de 12 ans, dans les rangs des partisans. Des années plus tard, les stigmates de cette période sont encore bien présents, alimentés par les histoires tragiques racontés par les voisins et les membres de la communauté slovène, minoritaire dans cette province autrichienne et seule à avoir combattu, les armes à la main, l'occupation nazie. Entre sa grand-mère, un père dépressif et ne souhaitant que mourir alors que son épouse dépérit et angoisse faute d'avoir vécu dans sa chair ces évènements dramatiques, c'est une enfance marquée par la douleur et les souvenirs de ses aînés que vit cette fillette, comme un traumatisme qu'elle ne cessera de vouloir exorciser en grandissant. Entre fiction et récit historique, Maja Haderlap a composé un livre difficile et sombre, qui prend parfois les allures d'un manifeste lorsqu'elle décrit le déni d'un pays et sa méfiance vis à vis d'une partie de sa population qui a refusé la soumission. le style de l'auteure est perturbant, sans émotion facile et avec une écriture parfois directe quand elle n'est pas imbibée d'une pointe de lyrisme noir. Maja Haderlap est poète avant d'être romancière et sa narration en témoigne. Mais Dieu que ce livre est harassant et embarrassant dans le sens où on aimerait l'apprécier davantage ne serait-ce que pour le devoir de mémoire.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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Maja Haderlap est née en 1961 à Einsenkappel, en Autriche. Ecrivain, poète, dramaturge, elle écrit en allemand et en slovène. Elle vit dorénavant à Klagenfurt, capitale de la Carinthie. Son premier roman, L'Ange de la l'oubli a été récompensé par de nombreux prix littéraires. En commençant ce livre, je ne connaissais pas l'histoire de ce peuple slovène, minorité autrichienne, qui fut victime de terribles massacres pendant la guerre et fut accusé par le peuple autrichien de trahison (d'allégeance au communiste Tito, Chef de la Yougoslavie voisine). Les Slovènes sont présents, en Slovénie mais aussi, sous forme de minorités en Autriche (en Carinthie, au sud des Alpes) et en Hongrie.

carinthie

Maja grandit au milieu des forêts, les hommes sont bûcherons et éleveurs. Les familles sont toutes liées les unes aux autres. Maja dort avec sa grand-mère chérie. Celle qui lui apprend le secret des plantes, les noms des fleurs, les remèdes magiques et l'histoire du peuple Slovène. Mais la grand-mère ne peut s'empêcher de raconter à la petite fille l'horreur des camps. Déportée à Ravensbrück, elle a vu sa filleule, sa famille et ses amies mourir. Survivante, elle est rentrée au pays sans la moindre reconnaissance. On lui refuse son passé. On ne reconnaît pas ses blessures. le peuple autrichien a nié toute allégeance à Hitler – se déclarant lui-même victime au même titre que leurs voisins polonais ou hongrois. Mais la grand-mère sait que c'est faux. Les autrichiens avaient accueilli favorablement le Fürher, lui-même de nationalité autrichienne. La minorité slovène, très pratiquante, rentre immédiatement dans la résistance. Les partisans s'organisent et partent se cacher dans les forêts. La forêt devient un lieu de survie mais également d'atrocités, de mort, de tortures. Les nazis viennent tuer des familles entières, brûler les fermes, déporter les femmes, frapper à mort les enfants. La résistance, les Partisans, s'affaiblit et enrôle de force des garçons de plus en plus jeunes. La guerre est sale. Les partisans volent ou menacent les fermiers pour se nourrir et subsister. Ils sont communistes, sauf le père de Maja qui refusera toute sa vie de croire aux pouvoirs politiques. La Yougoslavie communiste voisine, avec à la tête Tito, et capitale historique de la Carinthie place les slovènes autrichiens dans une situation délicate vis-à-vis de l'Autriche qui leur reproche cette proximité....

(...)

Ce roman a été une parenthèse dans mes vacances. La romancière décrit tout – les horreurs de la guerre, le père, alors âgé de douze voit sa mère arrêtée et lui-même sera sera pendu à trois reprises par les nazis…. Rien ne nous est épargné, mais la poétesse sait aussi redonner vie à la nature, aux hommes et guérir les maux par les mots. Ce roman est un formidable hommage à une minorité totalement oubliée, dont j'ignorais l'existence. Elle donne un visage à tous ces êtres meurtris profondément par la guerre à une époque où aucune aide psychologique n'existait, où les mot dépression et traumatisme n'existaient pas. On se pendait. On se noyait dans l'alcool. C'est un livre magnifiquement écrit qui dévoile une partie méconnue de l'Histoire. Un roman passionnant qui rend hommage à ce peuple sylvestre aux contes et légendes fascinants. Un peuple qui, caché dans les bois, m'est apparu parfois comme fantastique.

Il ne faut pas oublier l'histoire en parallèle de Maja, qui raconte son émancipation, mais aussi sa fuite puis son retour parmi les siens, et en filigrane rend un superbe hommage à son père, un homme d'une extrême violence car blessé à jamais.

Une histoire déchirante, très émouvante mais où le lyrisme des mots de Maja Haderlap donne une voix à la nature, à cette forêt et un peuple oublié, le sien.

(...) suite et fin sur mon blog ! Un coup de coeur littéraire pour une grande poétesse.
Lien : http://www.tombeeduciel.com/..
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Autrefois, les mots me semblaient être accueillis par les sensations, désormais je m'encombre de tout ce pour quoi il n'y a pas de langue, et s'il y en a une, je ne sais pas l'employer.

(...)

Je songe à me retirer de l'enfance dont le toit s'est mis à fuir, je risque de couler avec elle.
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L'ange de l'oubli a dû oublier d'effacer de ma mémoire les traces du passé. Il m'a fait traverser une mer ou flottaient vestiges et fragments. Il a fait s'entrechoquer mes phrases avec des ruines et des débris charriés par les eaux pour qu'elles se blessent, pour qu'elles s'affûtent. Il a définitivement chassé l'image de l'angelot accrochée au-dessus de mon lit. Je ne le verrai pas, cet ange. Il restera sans forme. Il disparaîtra dans les livres. Il sera un récit.
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Les souvenirs des habitants des vallées se rebiffent, se soulèvent, reprennent possession d'eux. Après la fin du nazisme, ils connaissaient encore leurs histoires, ils se racontaient ce qu'ils avaient vécu, ils se reconnaissaient dans la souffrance d'autrui. Puis était venue la peur de s'exclure à force de parler de ces histoires, d'être étranger dans un pays qui voulait entendre d'autres récits et considérait les leurs comme négligeables. Ils savent que leur passé n'apparaît pas dans les livres d'histoire autrichiens, et moins encore dans les livres d'histoire carinthiens, où l'histoire du Land commence à la fin de la Première Guerre mondiale, s'interrompt puis reprend à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Ceux qui racontent le savent et ils ont appris à se taire.
Mais maintenant, ils extirpent le souvenir, ils le ressortent de leur sac, ils le laissent tomber comme par mégarde dans l'espoir qu'il sera ramassé par l'un des auditeurs. Il se pourrait que quelqu'un veuille en savoir davantage. Il serait temps.

Bien sûr, les questions ne sont pas posées avec insistance. Les questionneurs dont preuve de circonspection, comme s'ils voulaient éviter de fouiller dans d'anciennes blessures, comme s'ils avaient peur d'en apprendre trop, peut-être même sur leur propre famille. Bien vite, ceux qui s'apprêtent à raconter, ces quasi-narrateurs, sont envahis par leur vieille crainte de leurs récits utilisés contre eux ou contre d'autres, de voir réveillées de vieilles inimitiés, des amitiés trahies, ou de se rendre suspects d'une manière ou d'une autre.
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Dans les livres que je lis, les corps des gens restent intacts, ils montent au ciel avec un air de félicité ou sont rattrapés dans leur chute. Au contraire de cela, comme je m'en rends compte brusquement, dans nos vallées encaissées les corps ont toujours été anéantis, détruits pour mettre en garde ceux qui restent. Ici fait rage la dilapidation la plus hasardeuse, ici on jette la vie par les fenêtres, ici on abat les corps que c'en est à pleurer. (p.89)
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Pendant un instant je me suis sentie comme un enfant qui a couru pour échapper au temps, le temps qui, derrière moi, glisse comme un glacier invisible, lent et lourd, sur tout ce qui a jamais eu lieu, qui enfouit sous lui, broie et réduit en poudre tout ce qui semblait inamovible.
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Vidéo de Maja Haderlap
Maja Haderlap - L'ange de l'oubli .Maja Haderlap vous présente son ouvrage "L'ange de l'oubli" aux éditions Métailié. Traduit de l'allemand (Autriche) par Bernard Banoun. Postface Ute Weinmann. Rentrée littéraire automne 2015. Retrouvez le livre : http://www.mollat.com/livres/haderlap-maja-ange-oubli-9791022601511.html. Notes de Musique : constellation by Ieva. Free Musique Archive. www.mollat.com Retrouvez la librairie Mollat sur les réseaux sociaux : Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat You Tube : https://www.youtube.com/user/LibrairieMollat Dailymotion : http://www.dailymotion.com/user/Librairie_Mollat/1 Vimeo : https://vimeo.com/mollat Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Tumblr : http://mollat-bordeaux.tumblr.com/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Blogs : http://blogs.mollat.com/
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