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EAN : 9782368900581
80 pages
Le Passeur (29/08/2013)
3.5/5   2 notes
Résumé :
Et s’il n’y avait pas de spectacle ? Si, pour une fois, après la montée du rideau rouge, le public était mis face à une scène vide, sans décor ni réplique ? C’est ce à quoi nous convie Pol Bouchard, clown de son état, qui devient ici guide du rien, commentateur du silence, saisi par l’intrigue du simple fait d’être là… Comme si le seul acte de présence suffisait à nous faire entrer dans une aventure plus vivante que les cinq actes du théâtre classique. Mais son invi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Il s’agit d’une pièce de théâtre écrite pour Philippe Rousseaux à sa demande pour son clown Pol Bouchard qu’il interprète (l’auteur en explique les circonstances dans sa postface) pièce qui fut jouée pour la première fois en 2013 à Strasbourg.
Monologue en apparence léger sur le rien d’un clown qui endosse l’habit d’un looser, mais qui fait mouche en chacun de nous sur ce qui nous habite au plus profond de notre existence, un rien....essentiel. C’est poétique, lyrique, tendre et émouvant et clown oblige, souvent drôle. Le style est plutôt familier pour ne pas dire qu’il s’autorise même une certaine licence de langage.

Un livre rikiki à peine 80 pages dont une douzaine pour la postface, mais oh combien jubilatoire !
Truffé de tiroirs dont un pour le lecteur dont vous serez je l’espère : « ce livre n’a de sens que d’être refermé, et de vous laisser un peu plus béant » oui mais oh combien humain.


« Ça déchire, comme on dit….
C’est du lourd, comme on dit…
Je kiffe grave, comme on dit…
Enfin, je m’exprime de la sorte au cas où il y aurait des membres éminents de la jeunesse dans la salle, afin qu’ils se sentent représentés dans leur enthousiasme. » (p.20)


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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Quel salut est-ce qu’on pourrait bien prêcher ?
Au fond, ce que je voudrais, un jour, c’est d’entrer sur scène et de pouvoir juste dire : « Bonjour les petits enfants », sans hypocrisie, sans aucun mensonge…
Le mensonge n’est pas dans le fait que je vous appellerais « petits enfants ». Petits enfants, nous le sommes, même avec une prothèse de hanche, même avec un prix Nobel de physique, petits enfants devant toutes ces choses qui nous dépassent, devant même un seul grain de poussière qui contient plus d’énigmes que n’en peut résoudre toute la philosophie… Le mensonge, ça serait plutôt dans le fait de dire : « Bonjour ».
Pourquoi donc, depuis le temps qu’on meurt, pourquoi donc est-ce qu’on s’obstine à se redire « Bonjour »…
« Bonjour », est-ce que ça n’est pas une prière ça aussi ? Est-ce que ça n’est pas appeler sur nous un jour absolument bon ? Est-ce que ça n’est pas réclamer le Jour du Jugement où la bonté triomphe et les morts se relèvent ?

« Bonjour »… « Shalom »… j’entrerais comme ça sur scène, toutes portes closes, et je dirais seulement cette parole : « Bonjour les petits enfants », et nous serions guéris… ou encore je dirais « Shalom aleikhem », comme entre ces gens qui pouvaient partir en train pour partir en fumée dès le surlendemain, « Shalom aleikhem », même si les sales hommes sont les mêmes, « La paix soit avec vous », même si c’est la guerre partout, oui, voilà l’incroyable événement que j’imagine : un type entre, comme ça, toutes portes closes, et dit simplement la paix soit avec vous », et voilà que pour la première fois cette parole est complètement vraie, voilà que la paix descend dans nos cœurs comme la colombe se pose sur la branche pour y chanter sa chanson, oui, juste cela, j’entre sur le plateau, et avec une audace folle, avec une prétention exorbitante, avec une hardiesse surhumaine, je vous lance comme ça : « Bonjour », mais pour de vrai, pour de bon, que tout le jour tienne enfin sa promesse de bonté, qu’est-ce qu’il pourrait y avoir de plus fabuleux ?
Mais je dois vous dire au revoir, maintenant …
Au revoir !
Qu’est-ce que j’ai dit ?
« Au revoir », encore une prière qui se prie malgré moi, avec ma propre langue !... Comme si j’avais l’espérance de vous revoir encore, de vous revoir toujours, comme s’il était impossible qu’il n’y ait pas quelque part revoyure et retrouvailles…
Et si on ne devait se revoir jamais, qu’est-ce que je devrais dire ?
Adieu ?
Adieu ?
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Et la fatigue, si c’est pas une chose ingénieuse, la fatigue, que même les meilleurs constructeurs de robots ne songeront jamais à la fabriquer… Imaginez une seule seconde que nous n’ayons pas cet accablement, le soir, l’après-midi, après un gros repas, après un vain effort, cette lassitude qui nous cotonne les jambes et nous désarme le bras et nous pompe la cervelle. Imaginez-nous sans le quotidien retour de claquage dans tous les membres, comment qu’on trouverait le repos ? Sans l’énergie de la fatigue pour nous jeter dans n’importe quel plumard, sans le ressort du matelas pour recueillir la fin de notre ressort…
Car voilà soudain qu’on sait exactement ce qu’on veut, et ce ne sont plus les honneurs, les palaces, toutes ces carrières fuyantes et incertaines, non, c’est un lit, qu’on veut, notre plus cher désir est dans de beaux draps pour oublier qu’on est dans de beaux draps, pour que notre vanité tombe dans les vapes, pour que nos rêves fassent de beaux rêves … Heureux le blaireau qui hiberne tout l’hiver !

Dans la force de l’épuisement, le corps n’a plus peur de se livrer à la terre, l’âme n’a plus peur de se perdre dans l’inconscience, l’homme tout entier va jusqu’à oser dire au présent : « Ch’ui mort ! » pas au futur, non, au présent de l’indicatif, sans que ça lui file les jetons : « Ch’ui mort ! » et même : « Ch’ui crevé ! »
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Parfois ça m’échappe comme ça : « Mon Dieu ! » C’est pas que je soye croyant. C’est pas que je soye pas croyant non plus. C’est simplement que je suis et que je vois que je serai plus, alors ça me sort comme ça : « Mon Dieu ! »
Parfois même : « Mon Dieu, au secours ! »

Est-ce que c’est comme ça que les gens font leur prière : ils font rien, ils arrivent plus à faire des phrases, mais ils sont là, au bord du rien, et ça leur sort d’eux malgré eux, comme un vieil incontinent qui se fait pipi dessus, ça leur sort d’eux malgré eux à cause du poids du rien sur leur muscles qui lâchent, et ça s’adresse au silence malgré le silence à cause de l’élan de leur souffle qi devra bien se rendre jusqu’au dernier ?
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Et le nez (du clown), objectera-t-on, n’est-ce pas un masque ? N’est-ce pas de l’artifice ? Très certainement, oui, mais c’est un masque qui démasque, jusqu’à permettre de perdre la face, sans que ce soit trop douloureux – de perdre la face et de laisser affleurer la nouveauté réfractaire, immotivée, inconvenante, d’un vrai visage.
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A quoi bon le miracle de revenir à la vie, si la vie n’est pas déjà un prodige ?
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