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Critique de mariecesttout


Ce livre de Yannick Haenel est un roman, et doit être lu comme tel. Car c'est évident que, sur le plan historique, je comprends un peu ses détracteurs . Particulièrement quand il met presque sur le même plan de responsabilité le régime nazi et les alliés dans l'extermination des Juifs.. Même si ses arguments géopolitiques tiennent la route à la lecture, c'est aller trop loin. Mais peu importe, finalement, Yannick Haenel a le droit d'écrire ce qu'il veut et d'introduire sa propre sensibilité dans ce personnage qui a eu un parcours tout à fait hors du commun .

Quel courage et aussi quelle chance.. C'est raconté dans les deux premiers chapitres avant que le romancier ne laisse libre cours à son imagination ,et surtout à son indignation, dans la dernière partie du livre.
C'est vrai que cette dernière partie- et la polémique qui a suivi - incite à en savoir plus sur ce qu'a réellement vécu et raconté Jan Karski ,de son rôle de messager. Je ne l'ai pas fait suffisamment , c'est certain, mais , dans ce que j'ai lu , il m'a quand même semblé que Claude Lanzmann n'était pas très bien placé pour hurler au mensonge , lui-même ayant censuré dans Shoah une bonne partie du témoignage de Karski..

Bref, tout cela est source de débat légitime, reste le roman qui l'est aussi et dont j'ai aimé cette troisième partie et ce qu'elle évoque de douleur, de rage, de constatations lucides sur l'impossibilité de transmettre , de faire comprendre et même simplement imaginer ce qui n'est ni compréhensible ni même imaginable. du moins n'était.

Un petit extrait , c'est de la fiction, bien sûr, mais cela sonne tellement vrai..!

"Il y avait parfois des moments cocasses; je me souviens d'une vieille dame couverte de perles et de rubis, qui s'était jetée sur moi pour me dire qu'elle venait de lire la scène où la Gestapo me torture, et qu'il n'y avait rien de plus beau que cette scène: le moment où on me torture, c'est magnifique. Après chaque conférence, j'étais invité à dîner , et chacune voulait me montrer combien elle était désolée pour moi. Au fond, ce qui les touchait, ce n'était pas le fait qu'on extermine des Juifs en Europe, c'était que je sois si malheureux. C'est moi qui les touchais, pas le sort des Juifs, encore moins celui de la Pologne. Bien sûr qu'elles trouvaient ça affreux, bien sûr qu'elles voulaient que les nazis arrêtent ces horreurs; et puis certaines de ces femmes étaient juives et avaient de la famille en Europe. Mais, bizarrement, lorsque je parlais des Juifs, c'est moi qu'on plaignait. Au fond, ce que ces femmes écoutaient, ce qu'elles aimaient, c'était ma souffrance. Je sentais qu'elles voulaient faire quelque chose pour moi, me consoler, peut-être me guérir.."



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