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3,34

sur 1620 notes
Ce livre se lit, comme on observe le temps qui s'étire, accoudé à une fenêtre, un jour de pluie grise.

On y découvre le parcours d'une famille allemande, que l'héritage de la maison de famille par Iris, la petite fille, fait progressivement remonter à la surface ; un portrait de femmes sur 3 générations, de la grand mère aux petites filles ; 3 générations de mémoires qui se mêlent, s'entremêlent et se démêlent, aux odeurs nostalgiques des souvenirs d'enfance, au gout métallique des blessures secrètes mal pansées, et bien sur, aux saveurs inoubliables des pommes du terroir !

Vous l'avez deviné, j'ai aimé l'atmosphère très particulière qui s'y dégage. Une atmosphère chaloupée de rythmes lents, presque lourds, mais toujours harmonieux. Une atmosphère au charme cosy, un brin désuet. A l'image d'une bulle de savon, énorme et difforme, sur le point d'exploser, qui roule péniblement vers le ciel, comme en état d'apesanteur. On aime, ou on n'aime pas, mais c'est à mon avis, le point fort ce livre.

Un agréable moment de lecture en marge du temps.

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Katharina Hagena est née à Karlsruhe, en Allemagne, en 1967. Avec « der Geschmack von Apfelkernen » (en français, « le goût des pépins de pomme »), ouvrage paru en 2008 aux éditions Verlag Kiepenheuer & Witch, elle signe un roman gai, énigmatique, sensible, tendre, émouvant, sensuel, parfois drôle, nostalgique et un peu douloureux qui se prête à de multiples lectures. Qualifié de « pur chef-d'oeuvre » par Jean-Louis Ezine, du Nouvel Observateur, le livre a suscité à ce jour 137 critiques sur Babelio !

« le goût des pépins de pomme » est d'abord une saga familiale. A la mort de Bertha, ses 3 filles et sa petite-fille, Iris, la narratrice, se retrouvent dans la maison familiale, à Bootshaven, petite ville située entre Hambourg et Berlin. On lit le testament rédigé par la défunte : Iris, à sa grande surprise, hérite de la maison familiale. Au début, étant bibliothécaire à Fribourg, ville située dans le Bade-Wurtemberg (à l'extrême sud-ouest de l'Allemagne), Iris n'envisage pas de garder la maison. Elle prend toutefois son temps pour en explorer chaque recoin. Iris (page 35) se sent comme à un inventaire et (page 37) se demande s'il faut s'acharner à tout sauvegarder. La fin est cousue de fil blanc.

« le goût des pépins de pomme » est ensuite une malle aux secrets. Ce sont 3 générations qui se rencontrent à l'occasion de l'ouverture de la succession. le lecteur parcoure toutes les pièces de la maison, remonte dans le temps et partage avec Iris les souvenirs, les odeurs, les sons et les goûts qui lui remontent à la mémoire. Dans ces « remontées », il y a des choses anodines (page 29 – le pavillon galvanisé était plus bas que dans mon souvenir ; page 30 – la 3ème marche à partir du bas grinçait encore plus fort qu'à l'époque), un peu de mélancolie (page 39 – du jardin d'hiver, il ne restait rien ; page 42 – au fil des ans, la végétation avait envahi les berges) et des souvenirs plutôt gênants : deuils, jalousies, cachotteries, passé très probablement nazi du grand-père, Bertha adultère, décès inexplicable de Rosemarie (fillette très liée à Inga, une des filles de la défunte). Une vraie tragédie familiale, toute en puzzle avec ses pièces et ses « trous ».

« le goût des pépins de pomme » est également un essai sur la mémoire, l'oubli et la vérité. La vieille Bertha est morte amnésique. Mais il n'y a pas d'âge pour commencer à oublier. Parmi les souvenirs, dont la date et le contenu s'effacent ou se modifient, Iris « pêche », compose et recompose son identité, taisant – dans un non-dit qui finit par être très présent - ou transformant les « remontées » les plus « acides ». « Dans la mémoire, il y a un faux sentiment de refuge ». Les souvenirs (page 102) sont des îles qui flottent dans l'océan de l'oubli, mais la vérité n'est pas au rendez-vous. Iris se remémore (page 66) des choses que Bertha avait racontées, des choses qu'elle avait cru deviner ou qu'elle s'était figurées ; elle en vient à se demander (page 203) si ces histoires n'étaient pas plus vraies que ses rêveries éveillées dans la mesure où (page 203), nombre d'histoires inventent la réalité. Comment démêler alors le faux du vrai quand Iris se forge une histoire personnelle arrangée et stabilisatrice ?

« le goût des pépins de pomme » est enfin un roman du terroir : une vieille demeure, un verger et des plates-bandes nimbés de soleil estival, des pommes qu'on croque ou dont on fait des confitures, du jus ou de la gelée, des vêtements qu'on extirpe de vieilles malles gisant dans la poussière d'un grenier et qu'on enfile en se regardant dans un miroir un peu piqué, le bruissement des feuilles du saule, la rivière où il fait bon se baigner en pleine canicule, une discrétion toute campagnarde qui conduit chacun à respecter la vie de ses voisins tout en guettant le moindre détail de leurs vies quotidiennes …

Katharina Hagena est habile et intelligente. Dans ce récit, et dans un style très allemand, elle crée une ambiance singulière, bien ficelée, touchante, toute en finesse et attachante. Les descriptions sont détaillées, la plume est délicate. Mais l'auteure fait également sa thérapie : « il y a un sentiment de perte contre lequel j'essaye de lutter en écrivant ; (avec ce livre) j'ai réussi à dépersonnaliser ma mémoire et à faire en sorte que ce roman ait son existence propre, indépendante ». Évidemment, pour notre plus grand plaisir.
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La planche botanique de la pomme de Friedrich Guimpel, qui sert de couverture au livre de Katharina Hagena, me faisait saliver depuis longtemps.

Une fringale soudaine m'y fit mordre à pleines dents, une fois passé le seuil de cette demeure familiale, cadre du roman, qui évoque bien des souvenirs. Il y est d'ailleurs question de mémoire et d'oubli.

Ce sont huit portraits de femmes sur trois générations, qui s'entremêlent, qui chuchotent, ont des fous-rires et des larmes, qui se font des confidences, se chamaillent, se rebellent mais aussi des femmes qui serrent les dents et se serrent les coudes.

C'est l'histoire d'un héritage de la grand-mère à sa petite-fille qui, contre toute attente, reçoit la maison qui abrita tant de vies, de souvenirs et tant de pommes. Car le merveilleux jardin véhicule aussi ses histoires. Un pommier surtout avec ses pouvoirs quelque peu surnaturels, mais également le poulailler désaffecté qui a fait les délices des enfants et l'escalier qui a rassemblé sur ses marches, à la belle saison, les générations successives.

Pourtant ce cadre idyllique compte aussi ses drames et ses questions sans réponse : un passé nazi étouffé, un amour volé, un futur père volatilisé, un suicide déguisé et la maladie de l'oubli qui touche cette grand-mère qui semblait inébranlable.

Chaque fois que la fraîche héritière ouvre une porte ou un tiroir, qu'elle se promène dans le jardin ou sur l'antique vélo de son grand-père, s'envolent des bribes du passé joyeux, insolite ou tragique. Que faire de tous ces souvenirs, îles flottantes sur l'océan de l'oubli ? Faut-il réveiller les secrets de famille qui unissent ou séparent ?

Accepter la maison, c'est aussi hériter de toutes ces vies et ces non-dits jusqu'à saturation. Est-il possible de les contenir dans le goût d'amande amère des pépins de ces innombrables pommes ?

Sensibilité et sensitivité se retrouvent à chaque page et se cueillent comme les pommes sucrées et juteuses qui donnent leur titre à ce livre fort agréable à déguster.
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Le ver était dans le fruit.
Ce roman aux accents proustiens: la pomme tenant lieu et place de la madeleine se lit facilement et c'est peut-être le hic...heu... le pépin.
Je ne vais pas plagier les pertinentes remarques de Zébra concernant le style somme toute assez plat et contrastant avec la violence des événements relatés au sein de cette famille allemande pour qui la vie n'a certes pas été un long fleuve tranquille.
Je retiendrai les portraits de femmes: la grand-mère et ses trois filles et cette maison, coeur vibrant d'une vie familiale faite de terribles secrets.
Je vous invite à pousser le portail et à venir vous promener dans le jardin... Laissez-vous guider à travers les groseillers et savourez une délicieuse boscop.
Un bon moment de lecture mais pas un chef d'oeuvre !
Pas de quoi se pâmer ni tomber dans les pommes...
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Heureux celui qui en croquant une pomme ou en dégustant une compote pomme-cannelle maison peut se transporter au pays de son enfance, de préférence pendant des vacances estivales caniculaires, entouré de sa famille, de ses cousins et des copains du village qui collectionnaient les bleus aux genoux et les trésors dans les cachettes !

Heureux le lecteur qui en lisant "Le goût des pépins de pomme" retrouvera un peu de cette atmosphère et des souvenirs d'enfance qui prennent, à l'âge adulte, une saveur particulière et feraient presque oublier que l'adolescence n'est pas, et de loin, un long fleuve tranquille.

Best-seller vendu à plus d'un million d'exemplaires, ce roman est à la fois une histoire de famille racontée avec sincérité et simplicité, et une jolie romance qui met du baume au coeur sans mièvrerie.

La structure narrative abolit la temporalité, change sans cesse d'époque et de protagoniste, ce qui, à la longue peut fatiguer et nuire à l'attention, mais sur un roman qui compte moins de 300 pages, c'est encore supportable.

Pas de grand suspense à attendre de la relation entre Iris et Max mais on se prend au jeu amoureux avec facilité alors, pourquoi bouder un plaisir aussi innocent ? Croquez dans la pomme !


Challenge MULTI-DÉFIS 2019
Challenge PLUMES FÉMININES 2019
Challenge Notre-Dame-de-Paris
Challenge ABC 2019 - 2020
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A la mort de Bertha, ses trois filles et sa petite-fille se réunissent à Bootshaven, pour les obsèques. A leur surprise à toutes, c'est Iris, la petite-fille, qui hérite de la maison familiale. Mais la jeune femme a un emploi, un appartement, une vie à Fribourg. Elle s'installe néanmoins dans la maison pour quelques jours, le temps de ranger un peu et de prendre sa décision.

Une maison de famille recèle des souvenirs, parfois doux, parfois amers, des odeurs, des sensations, des secrets, des non-dits. En s'installant dans la maison, Iris sera assaillie par la nostalgie qui accompagne les retrouvailles avec l'enfance perdue. A sa suite, on traverse les couloirs, on choisit un livre dans la bibliothèque, on essaye une robe de soirée. Et puis, sous le soleil ardent de Bootshaven, on s'égare dans le jardin, on goûte une pomme du verger, on va se rafraîchir dans la rivière. C'est l'occasion pour Iris de repenser avec tendresse à sa grand-mère, sa mère, ses tantes, ses amies perdues de vue. Cette famille, comme toutes les autres, a aussi connu le drame avec Rosemarie, trop tôt disparue. Elle a aussi ses secrets, amours contrariés, amours adultères. Et n'oublions pas que nous sommes en Allemagne, le spectre de la guerre n'est jamais loin, certains ont flirté avec le nazisme...
Je me suis laissée emportée par ces histoires de femmes, par cette famille et je me suis glissée dans cette maison pour goûter à la nostalgie qui affleure entre les pages. Une lecture qui berce mais qui secoue aussi car elle renvoie à ses propres souvenirs d'enfance.
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Très beau texte en deux parties. La première place la mémoire au centre de toute la macération d'Iris qui vient de perdre sa grand-mère qui lui a légué sa maison ; celle dans laquelle elle passa une partie de son enfance, celle dans laquelle vécu sa mère et ses tantes, celle qui connu la tragédie.
Tout remonte pour devenir entêtant comme l'odeur des pommes d'abord douce puis rapidement énervante.
Les portraits dressés par Katharina Hagena sont magnifiques.
Et puis il y a la subtilité du goût des pépins de pomme, subtilité qui nous fait entrevoir une ébauche d'intrigue.

Mais la dernière page de cette première partie tourne soudainement avec l'arrivée de l'amour. Avec lui les souvenirs passent en arrière plan, l'avenir s'éclaire et l'intrigue perd de son importance.

Finalement ce beau roman est un éloge de la mémoire ; pas une mémoire étouffante, invalidante mais une mémoire-fondement, saine, rédemptrice, capable de se faire elle-même oublier et devenir celle sur laquelle peut s'appuyer un avenir serein.
C'est, à mes yeux, ce rôle fondamental joué par la mémoire comme alliée, qui fait de ce texte un grand roman.
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Contre toute attente, c'est Iris, la petite fille de Bertha qui hérite de la maison de famille à Bootshaven dans le nord de l'Allemagne.
Après l'enterrement et la lecture du testament, elle décide de rester quelques jours dans cette demeure familiale pour savoir si elle décide de le garder ou non.
Iris prend alors le temps de fureter dans chaque pièce, elle ouvre les armoires, essaie les anciennes robes de ses tantes. Les souvenirs remontent ainsi à la surface au détour d'un coin de jardin ou d'un objet.

Bien qu'ayant trouvé une première partie de lecture un peu longue, j'ai souhaité poursuivre l'histoire jusqu'au bout et je n'ai pas été déçue par la fin où les secrets de famille sont dévoilés. Les personnages féminins sont également attachants.
A découvrir!
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C'est la couverture que je trouve plus qu'originale qui m'a attiré en premier pour ce livre découvert au hasard de mes pérégrinations sur Babelio. La quatrième de couverture et les critiques ont fait le reste du travail …et voilà…dernière page tournée .
Amis des jardins, potagers et de la nature ce livre est fait pour vous !
Iris, une jeune allemande vivant dans le sud de son pays, vient de perdre sa grand-mère. Cette dernière, vivait quant à elle dans le nord de l'Allemagne. Apres l'enterrement, Iris va apprendre que sa grand-mère Bertha lui a légué la maison familiale. Cet héritage lui tombe un peu dessus car après tout, comment s'y attendre quand votre mère et vos deux tantes sont encore bien en vie ?
Iris va donc se retrouver seule dans cette maison, en attendant de prendre une décision concernant son héritage…. Apres tout, pourquoi s'encombrer d'une maison quand vous habitez dans une autre région ?
Cette maison recèle de souvenirs familiaux mais pas seulement. Elle est entourée d'un jardin et d'un verger et ce sont eux en réalité les personnages principaux de cette histoire.
Katharina Hagena possède un véritable talent pour nous transposer dans ce lieu et ses descriptions font appel avec délice à notre mémoire visuelle et olfactive. On sent le gout des groseilles quand Iris se met à en déguster une poignée.
L'histoire familiale de la jeune femme se laisse suivre avec intérêt. Entre sa grand-mère Bertha, atteinte de démence sénile , sa mère et ses deux tantes, nous sommes vraiment dans un monde de femmes. Et je ne parle pas de sa cousine Rosemarie et de leur amie d'enfance Mira… Et les hommes, me direz-vous ? Oui, il y en a un peu comme par exemple le grand père, Hinnerkt, un personnage au passé pas si lisse que cela d'ailleurs….
Une lecture sympathique, au charme un peu désuet, qui m'a permis de retrouver certains souvenirs d'enfance…

Challenge Pyramide II
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La gravure colorée de Friedrich Guimpel appelle déjà le regard, le titre intrigue aussi...

La pomme est ici ,en effet, vraiment le fil conducteur de l'histoire.Elle jalonne les instants de vie de trois générations de femmes.Iris, la petite fille et la narratrice écrit: " Depuis toujours, dans notre famille comme ailleurs,le destin se manifeste en premier lieu sous la forme d'une chute.Et d'une pomme."

Pour Bertha, sa grand-mère, la chute d'un pommier de leur verger l'entraîne dans l'oubli, la perte de mémoire et préfigure sa mort.C'est justement à l'occasion de son enterrement que ses filles Inga, Harriet et Christa se retrouvent et l'on apprend que c'est Iris qui hérite de la maison, dans ce petit village du Nord de l'Allemagne, Bootshaven.

Des bribes de souvenirs nous sont rapportées, les pommiers dans lesquels on grimpe, on travaille, on rêve, étant au coeur de tous les secrets, les émerveillements, les douleurs.Au coeur de l'amour aussi: " Il ferma les yeux,la bouche était chaude et avait un goût de pomme.De boscop.Et d'amande amère.Un goût qu'il ne devait jamais oublier."

Iris, au départ, ne désirait pas garder la maison de famille.Elle est bibliothécaire à Fribourg.Mais le charme suranné de l'endroit, l'empreinte familiale et surtout le verger la retiennent irrésistiblement...

Quel joli roman, bien écrit, présentant des personnages originaux et attachants ! L'odeur acidulée, douce-amère des pommes me pénètre encore le coeur et l'esprit...

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