http://traindelivres.unblog.fr/2010/06/09/
la-piste-du-temps-par-eric-halphen-rivagesthriller-2010-une-piste-trop-attendue-et-pas-suffisamment-hors-du-temps/
Eric Halphen nous amène dans un univers que j'espérais plus surprenant… mais dans un univers qui reste digne d'un bon polar. Les personnages sont là : le Commandant Bizek, bourru à souhaits ; le juge Jonas, consciencieux et policé. Nos deux enquêteurs n'ont rien pour plaire et pourtant, ce statut d'enquêteur précisément nous les rend aimables. D'autant plus qu'ils ont le monde politique, le monde du pouvoir contre eux.
Les deux personnages sont complémentaires tant dans le travail que dans les caractères. Ils ont en outre à se battre contre un ennemi commun si ce ne sont pas d'ailleurs des ennemis communs. Car les mobiles se multiplient et l'on s'interroge : est-ce bien d'un crime politique dont il s'agit ? Qui nous dit en effet que le meurtrier de Marc Chaussoy était au fait des petites magouilles dans lequel celui-ci trempait en compagnie d'une partie de la crème politique, alors que d'autres avaient intérêt à le supprimer. Pour une sombre histoire de montres… Mais, les deux – politique et mesure du temps – sont parfois bien liées…
L'intrigue est bien menée, les points de vue diversifiés et les mobiles différents assez sympathiques. Cependant, selon moi, l'écriture reste trop propre, trop juste parfois. Comme si c'était le juge Jonas qui tenait la plume sans déconcentration.
Et puis, si l'on remonte
la piste du temps, au fur et à mesure que celui-ci s'écoule, une piste prend le dessus et nous fait oublier de remonter le temps, le bon. Or, cette piste, celle des mains sales du microcosme politique devient sinon dérisoire parfois caricaturale. Et ce, d'autant plus, que tout lecteur part avec un a priori sur l'auteur, dont on soupçonne le penchant à la dénonciation d'affaires à gros titres. J'ai l'impression que l'ancien juge tombe dans la facilité autobiographique, loin du roman. le roman est là, certes, mais il est trop manifestement une excuse.
Alors bien sûr le livre se dévore, bien sûr l'histoire est intéressante mais je crois que le juge – le personnage – ressemble trop au juge – l'auteur – puisqu'il se prend au jeu du monde politique et en devient la proie. On aurait pu avoir mieux, moins policé et plus dérangeant, moins dans l'air du temps peut-être.
Claire,
Paris, le 9 juin 2010.
Lien :
http://traindelivres.unblog.fr