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Les femmes de l'islam tome 1 sur 3
EAN : 9782221133842
374 pages
Robert Laffont (10/04/2014)
3.78/5   208 notes
Résumé :
Après le succès de sa trilogie La Bible au féminin, Marek Halter nous raconte Les Femmes de l Islam.
Le premier volet de cette magnifique épopée romanesque rend hommage à Khadija,
la première épouse de Muhammad.

La naissance de l islam, c est d abord l histoire d une femme, Khadija, la première épouse de Muhammad ibn Abdallâh. Si Khadija n avait pas dit : « Moi je crois », l aventure musulmane n aurait jamais commencé.
Khadija, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (59) Voir plus Ajouter une critique
3,78

sur 208 notes
Avec Khadija, Marek Halter commence une trilogie orientée sur l'Islam, et concernant particulièrement la présence et l'influence des femmes dans l'évolution et le développement de cette religion.
Sous une forme romancée, l'auteur va nous conter au fil des pages, l'histoire d'une femme libre et moderne dans une civilisation pré-Islamique, formatée par les traditions et la culture du lieu et de l'époque. (VIIème siècle de notre ère Chrétienne). Et c'est l'occasion de lever bien des préjugés concernant l'Islam, cette religion aussi décriée, mais également tant exploitée à notre époque sous des prétextes différents. Bien des habitudes et des préceptes que nous associons aujourd'hui à ce courant de pensée monothéiste sont en réalité issus (comme dans toutes les autres grandes religions) de croyances « payennes » et traditionnelles qui avaient construit la culture des régions où elles sont nées et se sont développées.

Khadija, femme d'affaire forte, volontaire et autonome autant qu'on peut l'être dans des civilisations patriarcales, aurait été à notre époque taxée de féminisme. Veuve, appelée à gérer les affaires de sa famille, elle ne s'attaquera jamais de front aux blocages de la société quant à sa condition. Elle utilisera toujours la diplomatie, la ruse, mettant en oeuvre une sorte de lobbying avant l'heure.
Elle se permettra d'aimer et de favoriser un homme (Muhammad ibn Abdallah) qu'elle aide à évoluer, à affirmer sa condition d'homme, (en véritable coach) alors qu'il n'appartient pas à son milieu ni à la lignée de ceux “qui font généralement des affaires” en armant des caravanes dans le désert.
C'est bien l'histoire d'une partie de la vie d'une femme qui nous est contée, et non pas l'histoire des origines d'une religion. La vie de Khadija permet de décrire et de préparer la personnalité de Muhammad, la révélation au sujet du Coran n'intervenant que dans les dernières pages de l'ouvrage.

Babelio et les éditions Robert Laffont nous ont permis, outre de découvrir le livre (Qu'ils en soient remerciés), mais aussi et surtout de rencontrer l'auteur lors d'une soirée exceptionnelle.
Quel homme ! Marek Halter est un conteur, un messager de la paix, avec une vie extraordinaire, des expériences politiques et historiques qui pour le moins, ne sont pas communes. Avec en plus une culture aussi bien sur des sujets dont il traite dans ses ouvrages que sur les aspects sociologiques et l'économie politique de notre époque comme des périodes plus anciennes.
Cet auteur est passionnant, aussi bien à lire qu'à écouter.On aurait envie de,posséder ne serait-ce qu'une petite partie de son savoir et de sa réflexion.

Le prochain volume de cette série sera consacré à Fatima, la plus jeune fille du prophète.
Vous aurez compris que l'on ne peut que l'attendre avec impatience.
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Je connaissais Marek Halter de réputation sans n'avoir jamais tenté un de ses romans. Mais lorsque j'ai appris qu'il avait pour projet d'écrire une trilogie sur les femmes de l'islam comme il l'avait déjà fait pour le christianisme, je me suis décidée à enfin découvrir sa plume.
Surtout que le premier tome de la trilogie en question se concentre sur la figure féminine de l'islam que j'admire le plus : Khadija, la première épouse du prophète Muhammad.

A travers le portrait de cette très grande femme, c'est l'histoire des tous premiers temps de l'islam, celle de la Mecque préislamique et celle de la révélation, que nous conte Marek Halter.
Il fait resurgir la vie quotidienne de l'époque à travers ses divers aspects. Religieux bien sûr avec d'abord l'omniprésence et le culte des nombreuses idoles de la Kaâba puis le bouleversement lié à la révélation. La vie politique et sociale est concentrée aux mains des chefs des plus grandes familles se réunissant à la mâla au cours de laquelle sont prises les décisions. Les caravanes et les marchés illustrent la vie économique mecquoise. le lecteur est complètement immergé dans cette atmosphère d'une ville puissante du moyen-âge oriental.

Ce roman met à terre tous les préjugés qu'ont bien des gens sur les femmes musulmanes. En effet, Khadija était une femme de caractère, intelligente et dotée de grandes valeurs humaines. Veuve, elle avait hérité de la fortune de son mari et était ainsi à la tête d'une des familles les plus riches de la Mecque. Sa condition de femme ne lui permettant pas d'être présente à la mâla et d'ainsi pouvoir faire entendre sa voix, elle se devait de trouver un époux qui veillerait à la défense de ses intérêts et de ceux de la ville contre les vues d'Abou Sofiane et ses partisans. Ce qui ne l'empêchait pas de s'exprimer haut et fort dès qu'elle en avait l'occasion.
Khadija jeta son dévolu sur Muhammad qu'elle avait chargé de conduire ses affaires et de prendre part pour elle aux caravanes mecquoises.
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, il ne s'agissait pas que d'une question d'intérêt. L'histoire entre Khadija et Muhammad était une magnifique histoire d'amour, pleine de tendresse, d'attachement, de confiance et de profond respect. Les doutes de chacun face à l'autre sont très touchants : complexée par son âge, Khadija craignait de déplaire au jeune homme, peu fortuné et illettré, Muhammad ne s'imaginait pas pouvoir susciter l'intérêt de la femme la plus belle et puissante de la ville.
A ceux qui critiquent les pratiques polygames du prophète, il faut savoir que, tant que Khadija était en vie, Muhammad lui a toujours été fidèle et n'a jamais pris d'autre épouse et ce , malgré toutes les tragédies vécues par le couple.

J'ai appris beaucoup de choses grâce à cette lecture alors que je pensais déjà en savoir pas mal sur le sujet. Par exemple, le rôle qu'ont joué l'oncle de Khadija et Zayd le fils adoptif de Muhammad. Waraqa, l'oncle de Khadija, était un imminent sage et avait en sa possession d'anciens manuscrits retraçant l'origine du monothéisme et l'histoire des précédents prophètes du judaïsme et du christianisme. Son étude de ses manuscrits a permis à Muhammad et ses proches d'inscrire la révélation dans la suite des précédents monothéismes. de même, Zayd était chrétien et sa profonde foi en un Dieu unique a aussi eu une influence sur la conviction des premiers musulmans.

En dehors de la question religieuse qui n'est pas centrale dans le roman puisque la révélation ne survient que dans les dernières pages, c'est toute une ville, ses habitants, ses querelles de faction, ses dangers qui revivent. Khadija doit mener ses affaires et s'imposer comme une égale aux hommes qui commandent la cité. Elle sera d'ailleurs la seule parmi les puissants à rester à La Mecque alors qu'une grave calamité s'abat sur la ville et à prendre en main les mesures nécessaires pour sauver la population.
Le roman est aussi l'occasion de faire de Muhammad un portrait juste, celui d'un homme droit et honnête, courageux et généreux, ayant un grand sens du relationnel, sachant ménager chaque parti et faire preuve d'équité.

Khadija est donc un roman remarquable loin de tout prosélytisme qui rend un bel hommage à une femme tout aussi remarquable. C'est aussi une façon intelligente et bien menée de raconter l'histoire de l'islam, surtout du point de vue des femmes, souvent victimes de préjugés ou de la sottise des hommes.
De plus, Marek Halter est un très bon conteur. On se laisse réellement emporter par sa plume qui parvient merveilleusement bien à créer une atmosphère particulière et l'on se sent voyager dans le temps et l'espace tantôt sous le soleil du désert, à travers les dunes tantôt au sein des rues fourmillantes de la Mecque.

En tant que musulmane, je n'ai rien relevé qui soit contraire ni à l'Histoire ni à la foi, ce qui est une prouesse de Marek Halter que d'avoir su concilier les deux !
J'ai lu dans une interview qu'il espérait, à travers ce roman, donner un modèle aux jeunes musulmanes d'aujourd'hui, un modèle qui les sorte de l'image des femmes opprimées et soumises que véhiculent les médias. Je souhaite de tout coeur que son objectif réussisse !
J'ai maintenant très hâte de lire le deuxième tome qui sera consacré à Fatima, la fille de Muhammad et, à travers elle, aux premiers heurts entre convertis et idolâtres.

Je remercie infiniment Cécile et les éditions Robert Laffont d'avoir accepté ce beau partenariat.

Lien : http://0z.fr/zsx7L
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Khadija bint Khowaylid a presque tout pour elle : la trentaine, belle encore, elle est veuve, et riche d'un grand commerce qui voyage sous forme de caravanes et apporte les denrées rares et précieuses à Mekka. Mais son statut de femme ne lui permet pas de prendre place à la ma'la, l'assemblée qui dirige la ville, et la contraint à louvoyer avec son cousin, le puissant Abu Sofyan, qui aimerait en faire sa quatrième femme et mettre la main sur ses chameaux et ce qu'ils transportent.
Bien que dans une position pas toujours simple, les pensées de Khadija ont du mal à s'éloigner du jeune homme, Muhammad, auquel elle a confié sa dernière caravane. Il est jeune, vingt ans à peine, illettré, et est le neveu d'un petit commerçant de Mekka, à savoir pas grand-chose. S'il n'y avait ces dix ans entre eux, elle en ferait avec joie un homme riche et puissant, qui représenterait leurs intérêts à la Ma'la.
Pour la première fois de sa vie, Muhammad s'est vu confier la charge de ramener intègre sa première caravane. Entouré d'hommes d'expérience, il a ceci dit préparer un piège dans le cas assez probable d'une attaque qui ne manque pas d'arriver. Se battant avec courage et sauvant les biens de sa patronne, il ne tarde pas à se rendre compte que ce sont des hommes d'Abu Sofyan qui sont à l'origine de l'attaque !

Soyons honnête : avant de lire Khadija, je n'avais jamais lu Malek Halter. Je connaissais l'homme de paix, qui a oeuvré pour rapprocher les hommes à la tête d'Israël et de Palestine, l'homme de tolérance, qui a participé à la création de SOS racisme. J'avais également entendu parler des polémiques autour du fait qu'il s'appropriait les épisodes de vie d'autres personnes pour en rendre compte en son nom, dans La mémoire d'Abraham (mais bon, comme il le dit lui-même, il écrit de la fiction…).
J'ai été assez étonnée par cette lecture. D'abord, j'ai cru avoir à faire avec un mauvais roman à l'eau de rose, en présence de cette Khadija qui ne pensait qu'à son (manque de) charme et au beau Muhammad. Mais c'était le temps de planter le décor, de faire connaissance avec les personnages qui l'entourent, le contexte social et politique de la Mekka (La Mecque) avec son lot de partis opposants, d'attaques sournoises, d'alliances cachées, et sa galerie de dieux auxquels on sacrifie assez souvent nourriture et dévotion.
J'ai été donc étonnée par cette entrée en matière, et ce qui m'a sauté aux yeux juste après, c'est l'incroyable modernité de cette femme, qui veut être aimée pour ce qu'elle est, qui est forte et courageuse, tendre et sensuelle, sage et aimante, et qui veut à la fois être mère et épouse, et conserver l'indépendance de son commerce. Enfin, j'ai été étonnée de découvrir en Muhammad un homme. Un homme bien, aimant et aimé, s'occupant de son commerce et de ses enfants, courageux et intelligent. C'est toujours étonnant de se dire qu'avant d'être le Prophète, il était époux, père et caravanier. Bien sûr, on a affaire à une fiction, à un récit romancé, mais il n'est peut-être pas inutile de rappeler que certains ont été des hommes normaux avant d'être des hommes de dieu.
Si j'ai trouvé que le récit manquait parfois de consistance, l'écriture de Marek Halter est très fluide, enchevêtrant les actes et pensées de Khadija et Muhammad, de leurs enfants, compagnons et amis, vers la destinée du Prophète qui jettera les fausses idoles de leur socle et aura la révélation de la parole divine.
En un contexte mondial difficile, quand les amalgames entre musulmans et intégristes sont légions, quand des enfants sont enlevées pour être vendues, quand les exécutions sont sommaires et les conflits interminables, les civils bombardés, le Khadija de Malek Halter est une voix qui porte encore et toujours vers la vie, la modernité, la tolérance et la piété, une petite pierre courageuse (j'ai du mal à imaginer l'accueil de ce livre dans la communauté musulmane) à l'édifice de la paix, et un rappel de l'héritage de Khadija, la femme qui fit le Prophète, sur l'importance et de la place de la femme.
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Marek Halter est un écrivain très connu et dont on a beaucoup entendu parler pour ses ouvrages rendant hommage aux femmes et à leur rôle dans la fondation des monothéismes. Après une trilogie consacrée au christianisme (La Bible au féminin), il nous en offre une nouvelle, cette fois dédiée à l'Islam. le premier volume prend pour figure principale la première femme de Muhammad, amené à devenir le Prophète de cette religion.

J'ai eu le privilège de rencontrer hier soir Marek Halter, pour échanger autour de ce livre. L'auteur est passionnant, touchant et l'homme l'est tout autant. Communicatif, chaleureux, intelligent, porteur de messages de paix et de tolérance, érudit et très accessible, il m'a vraiment impressionnée ! Deux heures avec lui sont passées à la vitesse de l'éclair et j'avais envie qu'il continue de nous parler de ses recherches, de sa volonté active d'oeuvrer pour la paix au Moyen-Orient, de son parcours, de ses découvertes pendant qu'il préparait Khadija.

J'ai parcouru les 340 pages qui composent ce livre en moins de deux soirées. La plume de Marek Halter reflète le portrait que je viens juste de vous livrer de l'auteur : on nous entraîne dans un récit vif, composé de chapitres relativement courts qu'on souhaite enchaîner sans s'arrêter. Une fois le livre refermé, on aimerait pouvoir tout de suite commencer le second volume et pour moi, cela signe la réussite de l'auteur à captiver durablement notre attention et notre intérêt. Les ingrédients concourant à nous passionner autant par ce roman historique sont au fond assez simples : l'écrivain a pris le temps de bien se renseigner sur l'époque, les lieux, les personnages historiques, les coutumes et habitudes alimentaires, l'économie (un an de recherche nous a-t-il dit !) et il s'est tant et si bien imprégné de ces connaissances qu'il nous les transmet avec une fluidité magistrale. Quand j'étais étudiante en Histoire, j'avais eu l'opportunité de suivre pendant tout un semestre un cours sur l'Islam médiéval avec Mr Gabriel Martinez-Gros, qui m'avait passionné car ce professeur savait nous transmettre de la même manière un savoir immense sans jamais tomber dans l'écueil de la simple récitation. J'ai retrouvé avec plaisir ce monde du haut Moyen-Âge oriental avec Marek Halter.

L'auteur nous plonge avec délice dans l'univers de ces terres et de ce siècle. Il nous emmène en balade dans l'ambiance exaltée de la Mecque, nous fait ressentir la dévotion des êtres priant leurs 360 idoles entourant la Pierre Noire de la Ka'bâ, on traverse nous aussi les dunes arides du désert et nous entendons le silence, puis le vent balayant ses contrées hostiles. La description de la vie de cour de Khadija, les mets savourés, les jeux des enfants, les traditions d'hospitalité mais aussi les trahisons, coups bas, les intrigues viennent nous plonger totalement dans la vie de l'époque, et met tous nos sens et émotions en éveil. On savoure d'autant plus l'atmosphère car Marek Halter manie anecdotes et détails en les intégrant dans une trame globale extrêmement bien construite, qui permet de densifier le récit.

Lors de la rencontre, il a souligné un point qui est très important à mon sens : celui des personnages fictifs, qui accompagnent ceux ayant réellement existé. Ces premiers apportent selon lui (et je suis entièrement d'accord), de l'épaisseur au récit historique et nous permettent de nous identifier au récit, ainsi qu'aux figures de l'Histoire. Et ils viennent dans ce récit renforcer la présence et la personnalité de Khadija et de Muhammad, en soulignant certains aspects de leur vie. Ashemou et Barrira, deux servantes de Khadija, par exemple, permettent de mettre en avant les doutes, les peurs et les craintes de leur maîtresse, en tant que femme qui se livre, à l'abri des regards qui guettent la moindre faiblesse de sa part.

Second point qui a également retenu mon attention : l'importance du détail, qu'il soit psychologique ou physique. Marek Halter nous a expliqué que c'est souvent cela qui reste en mémoire et permet de se rappeler d'autant plus le récit. le cousin Waraqà, sage, érudit, possédant les rouleaux de mémoire des Anciens, a une jambe plus courte provoquant une démarche claudicante le rendant reconnaissable entre mille. Simple détail ? Peut-être, mais en attendant, je me souviens de beaucoup de passages du livre où il se trouve grâce à cela ! Surtout que c'est lui qui instruira Muhammad avec ses manuscrits sur les prophètes du judaïsme et du christianisme, qui ébranlera ses croyances, notamment autour de la Ka'bâ et des deux principales idoles de la Mekka, Hobal et Al'lat.

Passons à l'un des points essentiels et fil conducteur de ce livre : Khadija, et plus globalement, les femmes et leur rôle. Khadija, c'est une femme moderne. Elle veut bien se remarier, mais n'être ni la seconde épouse, ni voir son mari entourée de concubines, une norme à l'époque. de plus, elle veut faire un mariage d'amour. C'est une business woman avant l'heure, qui dirige sa maisonnée avec autant de poigne que ses oncles et cousins le font avec les leurs. Quand la peste s'abat sur la ville, elle est la seule puissante à rester, à essayer de trouver une solution, à injecter de l'espoir parmi la population. Un mot de l'auteur m'a beaucoup touchée. A un certain moment, il a dit que quand il s'agit d'une question de vie ou de mort, les femmes sont plus intuitives et plus efficaces que les hommes pour prendre une décision…L'avenir donne raison à Khadija : elle ne fuit pas et gagne ainsi d'autant plus le respect des habitants de la Mekka quand le mal est vaincu. Son amour avec Muhammad témoigne d'une grande force de caractère pour l'époque. Il ne faut pas oublier qu'il y avait 15 ans d'écart entre eux deux et que Khadija a déjà 40 ans quand elle épouse le jeune Muhammed (que l'auteur a ramené à 35 ans dans le livre). On comprend que ce n'est pas un mariage d'intérêt car Khadija veille à d'abord sonder le coeur de celui-ci avant de lui accorder sa couche. Et il lui restera fidèle et monogame jusqu'à ce qu'elle meurt, même quand elle l'enjoint à prendre une maîtresse pour avoir des fils. Marek Halter dresse le portrait d'une femme pleine de conviction, à la fois mère, amante, épouse et dirigeante. Vu depuis ses yeux, on découvre Muhammad avant qu'il ne devienne prophète et cela offre une angle particulier, bien qu'évidemment teinté de romance. On découvre ici des femmes fortes, notamment ses cousines, bien loin de l'image effacée et simplement soumises aux hommes. Bien évidemment, tout n'était pas rose, les femmes n'avaient aucun pouvoir politique. Mais Khadija contourne la règle en imposant Muhammad, droit et honnête, à l'écoute, comme l'une des figures prépondérantes de la mâla – où les clans mènent leurs querelles de faction, s'allient et s'opposent continuellement – prouvant que derrière un grand homme, il y a souvent une femme.

Khadija, pourrait-on penser, il doit y en avoir des tonnes et des tonnes d'écrits sur elle ? Pas du tout ! L'auteur m'a étonnée quand il nous l'a dit mais très peu de choses ont été écrites sur elle, c'est une figure historique que beaucoup connaissent de nom (et les musulmans en particulier) mais dont la vie est ignorée. Comme Marek Halter le dit, les femmes sont encore trop à la marge de l'Histoire, et on ne peut que le remercier grandement de réparer cette injustice au travers de ses romans.

Enfin, la question religieuse n'est pas centrale dans ce volume puisque la révélation n'intervient que dans les dernières pages. Tout au long du volume, on évolue dans le culte qu'on pourrait dire païen et animiste qui régente jusqu'alors la vie de la Mekka, mais pas seulement. Zayd, le fils adoptif de Muhammad, est lui croyant en un dieu unique, Christus. Loin de tout prosélytisme, Marek Halter délivre un beau message de tolérance. En racontant l'histoire de l'Islam depuis le regard des femmes, il les met à l'honneur et comme l'origine de la vie humaine vient du ventre de la femme, il raconte l'origine de nos religions en les prenant comme piliers fondateurs.

En ces temps de guerres religieuses, de montées des tensions, Khadija et Marek Halter viennent apporter leur pierre à l'édifice de la paix. Et comme il l'a mentionné très justement lors de notre rencontre, retracer les origines de nos religions, c'est revenir à la source de nos comportements, pour mieux les comprendre et arriver ensemble à vivre mieux. Et pour finir, je citerai une de ses phrases que j'ai pris le temps de noter "Si le monde doit changer – et il doit changer ! – cela passera par les femmes".

C'est un très long article que celui-ci mais Marek Halter est un excellent conteur, un être exceptionnel, de ceux qui laissent durablement une empreinte sur nous et qui nous donnent envie de parler des heures durant de leur travail. Il m'a énormément appris par ce livre ainsi que lors de notre échange. Je vous recommande fortement la lecture de Khadija, tant pour l'histoire – la petite et la grande – que pour les messages qui en ressortent, les connaissances qu'elle vous apportera et la qualité de ce récit qui fait vivre le lecteur au pays des Mille et Une Nuits. J'attends de mon côté le second volume, où Fatima Zhara sera à l'honneur, avec impatience.

Je remercie chaleureusement l'auteur, les éditions Robert Laffont et Babelio pour ce très beau moment en leur compagnie et pour cette très belle lecture.
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Mais quel conteur ! Marek Halter m'a totalement hypnotisée avec ce fabuleux roman. J'ai eu l'occasion grâce à Babelio et aux Editions Robert Laffont de le rencontrer afin qu'il nous parle de ce livre et j'ai adoré l'écouter. Je ferais un billet là-dessus.

Après les femmes de la bible, Marek Halter retrace l'histoire de celles de l'islam et commence par la première musulmane de l'histoire Khadija la femme de celui qui va devenir grâce à elle le prophète Mahomet.

J'ai lu le livre très rapidement tellement j'étais happée par l'histoire et le style, j'ai adoré en apprendre plus sur un personnage qui est à mon sens un peu trop oublié (comme bien des femmes dans l'histoire d'ailleurs) et dont on ne parle pas assez. Je n'avais pas lu la trilogie que l'auteur avait fait sur les femmes du christianisme mais j'ai du coup très envie de m'y plonger en attendant le deuxième tome de cette trilogie.

J'ai découvert le portrait d'une femme forte, belle,libre, intelligente, avec des valeurs humaines indéniables et une force de caractère qui force le respect et l'admiration. Elle ne s'en laisse pas conter par les hommes et mène ses affaires d'une main de fer. Bien qu'elle soit puissante à la mort de son mari elle n'est pas autorisée à siéger à la maala et de ce fait doit trouver un époux pour faire valoir ses droits mais elle ne veut pas choisir n'importe qui. Ce qui est incroyable c'est de voir à quel point les femmes étaient libres , pas voilées, ayant le droit de s'exprimer et de sortir. Que s'est-il passé pour que cela régresse autant ? Ca me fait mal au coeur, un peu comme quand je vois à quel point le monde arabe était en avance au niveau scientifique et culturel et ce qu'il en reste, quel gachis ! Mais revenons au livre.

Marek Halter a bien réussi à nous retranscrire les endroits, les coutumes, les habitudes alimentaires, les conventions sociales et sociétales de l'époque et la multitude d'idoles autour de la Kaaba. Il a fait de longues recherches et ça se sent pour notre plus grand bonheur. J'ai été très touchée par les rapports harmonieux entre Mohammed et Khadija, le grand respect et l'admiration qu'ils se portaient mutuellement, à mille lieues des préjugés actuels sur la condition des femmes. Il est intéressant de voir à quel point celui qui allait devenir le prophète de l'Islam était pour l'égalité homme femme et combien il était conscient et reconnaissant envers sa femme. C'est un couple harmonieux et émouvant je trouve j'aime la bienveillance qu'il y a entre eux. Il est magnifique aussi de savoir que tant que Khadija est restée vivante , il lui est resté fidèle, une belle preuve d'amour alors que la polygamie était autorisée. Un autre personnage que j'ai aimé c'est Waraqa, l'oncle de Khadija qui était un imminent sage et avait en sa possession d'anciens manuscrits retraçant l'origine du monothéisme et l'histoire des prophètes du judaïsme et du christianisme. Ce n'est qu'à la fin du livre que les révélations sont évoquées ce n'est donc pas un livre sur l'Islam mais vraiment un témoignage sur la vie à cette époque et sur le parcours d'une femme exceptionnelle. J'ai aimé le prophète avec ses qualités d'homme juste, bon, honnête et généreux, des qualités qu'on aimerait et qu'on devrait tous avoir.

Les qualités de conteur de Marek Halter sont indéniables et moi j'en redemande encore , c'est une belle manière d'apprendre tout en voyageant et en rêvant à travers ses mots . Tout les ingrédients pour nous tenir en haleine sont là : intrigues, complots, trahisons, amour, espoir, maladie… Quelle aventure !!! Il n'y a de plus aucun prosélytisme.

Marek Halter est un homme de paix et compréhension entre les peuples tout cela transparaît dans son écriture.

Le deuxième volet de la trilogie rendra hommage à Fatima, sa plus jeune fille, la guerrière, et son principal soutien. Sans elle, Muhammad n aurait pu imposer l islam dans la péninsule arabique.

Le troisième tome sera consacré à Aïcha, sa jeune épouse, sa « bien-aimée », qui a fidèlement retranscrit les paroles de Muhammad, donnant ainsi naissance à la sunna, tradition sur laquelle s'appuie aujourd'hui la majorité des musulmans.

VERDICT

Vous l'aurez compris je le conseille à tous croyants , non-croyants, athées, agnostiques, adultes, ados … Lisez-le, Offrez-le, partagez-le.
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critiques presse (1)
LaLibreBelgique
04 juillet 2014
Marek Halter, à 78 ans, n’a rien perdu de son enthousiasme et de sa faconde. L’écrivain juif d’origine polonaise, militant du dialogue entre les religions, se lance dans un nouveau cycle romanesque autour "des femmes de l’islam".
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (44) Voir plus Ajouter une citation
Après la fournaise diurne, la nuit possédait cette paix où se devinait le premier souffle de l'automne.
Khadija, un grand voile de laine sur la tête, pieds nus afin de ne faire aucun bruit, quitta sa chambre.
Une simple tenture servait de porte. Kadija connaissait d'expérience le sommeil léger.
Légère, habile dans l'obscurité, elle glissa sur ses orteils dans un parfait silence devant le dortoir de ses servantes.
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- Demain à l'aube, tu retourneras dans la grotte. Peut-être retrouveras-tu Celui qui t'est apparu. Et moi, dès que tu seras prêt, je ferai venir des scribes. Tu leur réciteras ce que l'ange t'aura dit et ils traceront tes mots avec des calames sur des feuilles de palmier et des pierres plates. Ainsi nous aurons, nous aussi, comme les chrétiens et les Juifs, notre livre.
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Le sommeil ne vint pas. Au contraire, fermer les paupières tournait au supplice.
Elle voyait la face chafouine d'Abu Sofyan.
Elle voyait le massacre de ses caravanes, entendait les moqueries des hommes de la mâla.
Elle voyait sa faiblesse, son impuissance de femme seule. De veuve obstinée. Et aussi sa rage, sa volonté de ne pas se soumettre à l'arrogance des hommes qui ne désiraient des femmes que la satisfaction égoïste de leurs plaisirs, l'accroissement de leur pouvoir et de leur richesse.
Et surtout, elle voyait le sombre chemin de son âge, quoi qu'ai prétendu la cousine Muhavija.
La jeunesse s'aveugle. Elle oublie les vérités de la vie dans l'éblouissement de l'amour et les folies de l'espoir. Mais comment s'aveugler quand on est sur la pente qui conduit aux corps flétris et aux cœurs gros des temps passés?
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La jeunesse s'aveugle. Elle oublie les vérités de la vie dans l'éblouissement de l'amour et les folies de l'espoir. Mais comment s'aveugler quand on est sur la pente qui conduit aux corps flétris et aux cœurs gros des temps passés ?
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Désormais aussi dodue qu'une jarre bien pleine, Muhavija avait abandonné le soin de sa personne autant que l'ambition de séduire. Sans pour autant s'aigrir, ni que le fiel de la jalousie lui gâte le caractère. Elle savait montrer un esprit aussi aiguisé qu'une pointe de flèche, et de grande sagesse. Elle était drôle et légère. En outre, toute curieuse et bavarde qu'elle fût, elle tenait sa langue quand il le fallait ou, au contraire, s'en servait abondamment si le besoin s'en faisait sentir.
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Videos de Marek Halter (36) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marek Halter
Un roman vrai sur un incroyable exode oublié "La Juive de Shanghai" de Marek Halter, disponible en librairie et en ebook. https://bit.ly/la-juive-de-shanghai
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