Ce livre retrace le difficile combat intérieur subi par Samba qui oppose son éducation traditionnelle, musulmane, à l'école "étrangère", celle des colons, qui n'est pas centrée sur la religion et la tradition.
Un livre à lire!
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L 'Aventure ambiguë est un livre de l 'écrivain Sénégalais ,
Hamidou Cheikh Kane .Ce dernier joui d 'une grande estime auprès de l 'intelligentsia africaine et francophone . Durant sa vie ,il n 'a publié que deux romans : l''Aventure ambiguë et Les Gardiens du Temple .Deux romans considérés comme deux classiques non seulement en Afrique francophone mais au-delà aussi .
Dans l''Aventure ambiguë , le personnage principal ,Samba Diallo vit une violente crise identitaire .Il est écartelé et tiraillé entre sa culture musulmane et la civilisation occidentale principalement française .Cette dernière , il l 'a acquise au contact des Pères Blancs venus au pays au cours de la colonisation et durant ses études supérieures en France .
Un très beau roman .Le style de l 'auteur est flamboyant .
Les questions qu 'il pose dans son roman sont toujours
d 'actualité jus qu "à nos jours .Est-ce le choc des cultures ?
Est-ce le choc des civilisations ?
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En vérité, ce n'est pas d'un regain d'accélération que le monde a besoin : en ce midi de sa recherche, c'est un lit qu'il lui faut, un lit sur lequel, s'allongeant, son âme décidera une trêve. Au nom de son salut ! Est-il de civilisation hors l'équilibre de l'homme et sa disponibilité ? L'homme civilisé, n'est-ce pas l'homme disponible ? Disponible pour aimer son semblable, pour aimer Dieu surtout. Mais, lui objectera une voix en lui-même, l'homme est entouré de problèmes qui empêchent cette quiétude. Il naît dans une forêt de questions. La matière dont il participe par son corps – que tu hais – le harcèle d'une cacophonie de demandes auxquelles il faut qu'il réponde : « Je dois manger, fais-moi manger ? », ordonne l'estomac. « Nous reposerons-nous enfin ? Reposons-nous, veux-tu ? » lui susurrent les membres. À l'estomac et aux membres, l'homme répond les réponses qu'il faut, et cet homme est heureux. « Je suis seule, j'ai peur d'être seule, je ne suffis pas, seule… cherche-moi qui aimer », implore une voix. « J'ai peur, j'ai peur. Quel est mon pays d'origine ? Qui m'a apporté ici ? Où me mène-t-on ? » interroge cette voix, particulièrement plaintive, qui se lamente jour et nuit. L'homme se lève et va chercher l'homme. Puis, il s'isole et prie. Cet homme est en paix. Il faut que l'homme répondre à toutes les questions. Toi, tu veux en ignorer quelques-unes… Non, objecta le chevalier pour lui-même. Non ! Je veux seulement l'harmonie. Les voix les plus criardes tentent de couvrir les autres. Cela est-il bon ? La civilisation est une architecture de réponses. Sa perfection, comme celle de toute demeure, se mesure au confort que l'homme y éprouve, à l'appoint de liberté qu'elle lui procure. Mais précisément les Diallobé ne sont pas libres, et tu voudrais maintenir cela ? Non. Ce n'est pas ce que je veux. Mais l'esclavage de l'homme parmi une forêt de solutions vaut-il mieux aussi ?
– La courge est une nature drôle, dit enfin le maître. Jeune, elle n'a de vocation que celle de faire du poids, de désir que celui de se coller amoureusement à la terre. Elle trouve sa parfaite réalisation dans le poids. Puis, un jour, tout change. La courge veut s'envoler. Elle se résorbe et s'évide tant qu'elle peut. Son bonheur est fonction de sa vacuité; de la sonorité de sa réponse lorsqu’un souffle l’émeut. La courge a raison dans le deux cas.
Ces rues sont nues, percevait-il. Non, elles ne sont pas vides. On y rencontre des objets de chair, ainsi que des objets de fer. À part cela, elles sont vides. Ah! on y rencontre aussi des événements. Leur consécution encombre le temps, comme les objets encombrent la rue. Le temps est obstrué par leur enchevêtrement mécanique. On ne perçoit pas le fond du temps et son courant lent.
Moi, Grande Royale, je n'aime pas l'école étrangère. Je la déteste. Mon avis est qu'il faut y envoyer nos enfants cependant. L'école où je pousse nos enfants tuera en eux ce qu'aujourd'hui nous aimons et conservons avec soin... Ce que je propose c'est que nous acceptions de mourir en nos enfants et que les étrangers qui nous ont défaits prennent en eux toute la place que nous aurons laissée libre.
L'école étrangère est la forme nouvelle de la guerre que nous font ceux qui sont venus